Ceux qui nous suivent le savent désormais, nous disposons d’une Turismo Veloce Lusso SCS en test longue durée; une manière pour l’usine d’attester de la fiabilité de ses produits. Passablement entravé par la situation sanitaire (confinement, télétravail, vacances et événements annulés …), notre essai a certes pris du retard, mais la belle Italienne a néanmoins parcouru quelque 11.000km. L’occasion d’un premier bilan.
- 11.000km parcourus entre mars et octobre 2020 ;
- Problèmes rencontrés : néant ;
- Intervention sous garantie : remplacement d’un clignotant défectueux par MV Agusta Namur.
Comme vous l’ont appris un propriétaire de BMW GS et un concessionnaire multimarques à qui nous l’avons confiée, la Turismo Veloce ne laisse personne indifférent. Tant par son esthétique que par ses prestations, la MV place la barre très haut dans son créneau. A moins qu’elle n’ait initié à elle seule un segment nouveau, celui du trail sportif où l’ont suivie ensuite la BMW S1000XR et la Ducati Multistrada. N’oublions pas que Giovanni Castiglioni en disait, lors de son apparition initiale en 2014, qu’il s’agissait en réalité d’une « sportive confortable », une machine moins radicale que les autres productions de Varèse, mais qui ne reniait en rien le patrimoine de ses ascendantes. Pas un trail donc... Pour preuve, les tailles de ses jantes : exactement celles d’une superbike!
La banane
Bien des choses sont de nature à vous donner le sourire lorsque vous êtes aux commandes de la Turismo Veloce. Et d’abord le fait qu’il s’agisse d’une MV Agusta, comme le disait Didier, le concessionnaire qui l’a essayée : « Même quand on vend des productions concurrentes, il faut laisser à MV Agusta le prestige qui l’accompagne: 75 ans d’histoire, 37 titres mondiaux (seuls les géants Honda et Yamaha ont fait mieux), Giacomo Agostini et toute une lignée de machines exclusives; il n’y a pas à dire, ça vous pose une marque. »
Outre cet attrait de l’exclusivité inhérente au constructeur, la liste des qualités d’une Turismo Veloce est longue : un trois-cylindres débordant de caractère, une maniabilité hors normes grâce au poids plume, à l’empattement court et au vilebrequin contrarotatif, un confort réel, un freinage de sportive et une électronique de haute volée. Pour couronner ce tableau flatteur, le SCS (Smart Clutch System) vient rendre obsolète le levier d’embrayage tout en vous facilitant considérablement la vie en ville ou dans les ralentissements : s’arrêter en première au feu rouge et repartir sans toucher à rien, c’est magique !
Au surplus, on apprécie aussi grandement la présence de poignées chauffantes d’origine, et celle des valises permettant d’envisager sereinement des déplacements à plus long terme. Leur forme profilée les rend parfois malaisées à remplir, mais l’élégance est à ce prix. Les possibilités de paramétrage des assistances électroniques constituent aussi un gage de sérénité au guidon, par exemple en optant pour la cartographie Sport avec une réponse aux gaz directe mais en conservant une sensibilité plus élevée de l’anti-patinage au cas où… Ne méconnaissons pas non plus l’intérêt des suspensions semi-adaptatives gérées électroniquement car le dispositif s’avère bien plus intuitif qu’un système traditionnel à réglages mécaniques tout en assurant un surcroît de confort grâce à l’adaptabilité des suspensions en fonction du profil routier.
Ce qui frappe le plus à l’usage ? La personnalité mécanique du trois-cylindre est sans conteste une qualité marquante de la Turismo Veloce ; cette MV vous rappelle opportunément qu’une moto, ce doit être avant toute chose un moteur vivant qui donne envie de mettre gaz. Et nul besoin pour ce faire d’une cavalerie indécente ! Ensuite, les qualités dynamiques de la MV la rapprochent effectivement d’une sportive à grand guidon qui tiendrait sans mal la comparaison avec les plus extrêmes roadsters sportifs ; laissons la conclusion de ce chapitre à Didier, le concessionnaire concurrent qui l’a testée : « Vous y pensez, elle y va ; point final. » Enfin, le confort est aussi un point fort de l’Italienne : sellerie et suspensions suaves, protection réelle, position naturelle ; tout y est pour vous rendre la vie agréable. Et on ne vous parle même plus de l’épatant SCS…
Grise mine ?
La perfection n’étant pas de ce monde, que peut-on reprocher à la Turismo Veloce ? Objectivement, peu de choses et rien qui soit rédhibitoire. Son prix de 21.000€ n’en fait évidemment pas une machine démocratique mais jusqu’ici, ça n’a jamais été la philosophie de la maison. Et puis, l’équipement et les prestations justifient au moins partiellement ce tarif. Les passagers de leur côté incriminent des poignées de maintien trop reculées pour être vraiment appréciées, par contre, ils confirment les impressions du pilote concernant le confort de selle.
En vérité, la seule vraie frustration de notre essai jusqu’ici provient non pas de la machine elle-même mais de son application dédiée « Turismo Veloce + ». D’abord, cette "app" n’est disponible que sous iOS, ce qui interdit aux utilisateurs d’Android de pouvoir l’utiliser. Comme c’était notre cas, nous avons acquis un iPad spécialement pour pouvoir nous y connecter. Sur le papier, les bénéfices de cette application sont incontestables puisqu’elle permet un réglage encore plus fin de la moto, par exemple en permettant un paramétrage séparé des suspensions avant et arrière ou en proposant des services de type GPS (enregistrement de parcours) voire des données télémétriques comme en course.
Malheureusement, et en dépit d’essais répétés, nous n’avons jamais été en mesure de connecter notre iPad à la moto. C’est un problème récurrent sur certaines Turismo Veloce alors que d’autres se connectent sans souci aucun à leur terminal Apple. Manque de pot, nous sommes dans la mauvaise catégorie et les concessionnaires restent démunis face à ce problème qui relève plus des compétences d’informaticiens…
Ceci dit, ne boudons pas notre plaisir, d’ailleurs sans cesse renouvelé au guidon de la Turismo Veloce : se passer de l’application n’est en aucun cas un grave problème au regard de ce qu’offre la moto au gré d’un usage quotidien. Rouler sur cette MV reste rien moins qu’un privilège.
Pour rappel, la Turismo Veloce en quelques données techniques:
Moteur
Trois cylindres, 4-temps, 12 soupapes; double arbre à cames en tête avec tendeur mécanique
Cylindrée 798 cm3
Puissance (à l’arbre) 110cv à 10150rpm
Couple 80Nm à 7100rpm
Refroidissement Liquide et huile avec radiateurs séparés
Boîte et transmission
6 rapports avec chaîne secondaire
Embrayage
S.C.S. ( Smart Clutch System) Embrayage automatique avec commande hydraulique, multi-disques à bain d'huile.
Cadre
Type Treillis tubulaire en acier ALS; matériau plaques latérales en alliage d'aluminium
Suspensions
AVANT Fourche Sachs télescopique hydraulique inversées semi-active MVCSC (MV AgustaChassis Stability Control), Ø Tiges 43mm, Course sur l’axe 160 mm
ARR Sachs progressive, semi-active, mono-amortisseur avec réglage hydraulique de la précharge du ressort MVCSC (MV Agusta Chassis Stability Control), bras oscillant: monobras en alliage d’aluminium, course roue165 mm
Freins
Avant double disque flottant (Ø 320 mm), étriers de frein avant radiaux Brembo à 4 pistons (Ø 32 mm)
Arrière disque en acier (Ø 220 mm), étrier de frein Brembo à 2 pistons (Ø 34 mm)
Système ABS Bosch 9 Plus avec sécurité anti-retournement
Dimensions
Empattement: 1445mm
Chasse: 108mm
Hauteur selle: 850mm
Garde au sol: 140mm
Capacité réservoir: 21,5L
Poids à sec: 191kg
Consommation moyenne sur 11.000km: 5,8L/100km (extrêmes mesurés: 4,9L/100km et 8,3L/100km)