Des mensurations à faire peur.
Le gabarit de la Rocker C en impose de lui-même. Sans parler de son look, les mêmes commentaires reviennent : elle est immense, longue (2415mm), lourde sans doute et avec ses 320 kg avec les pleins, ils ne se trompent pas vraiment.
Le pneu arrière est énorme : un Harley de 240mm à peine caché sous le garde boue affleurant, un monument à lui tout seul.
Le guidon en V semble surdimensionné et prolonge une déjà longue fourche toute chromée. Seule la selle qui culmine à 641mm est basse, c'est bien la seule mesure qui ne donne pas le vertige, même le moteur et ses carters semblent bien trop larges pour le cadre.
La Rocker C sortirait-elle d'une séance de bodybuilding?
Rien qu'en donnant ses mensurations, on sait déjà que la Rocker ne passera pas inaperçue et c'est bien là le but recherché.
Brillante de mille feux, un look d'enfer
Harley nous a habitué à soigner la présentation de ses machines et la Rocker fait partie de ses chefs-d'oeuuvre. Il serait même difficile de convaincre tout le monde qu'elle est livrée ainsi d'origine.
Beaucoup pensent au contraire qu'il s'agit d'un tuning.
On retrouve du chrome partout : les jantes à bâtons, la fourche, le guidon, le moteur, les carters... La peinture n'est pas en reste, le bleu de notre moto d'essai contraste à merveille avec le chrome et le flaming (aussi d'origine) est du plus bel effet.
La Rocker C ne fait pas dans la discrétion, pour mettre le train avant en évidence elle sacrifie un disque de frein, découvrant ainsi un côté de la jante. L'imitation d'un cadre rigide apporte aussi sa touche tout comme la selle qui semble juste accrochée au réservoir en équilibre au dessus du garde-boue, et c'est encore plus vrai quand vous sortez la selle passager cachée... sous la selle pilote.
La Rocker C attire la foule intriguée par les dimensions et le côté bling-bling qui fait incontestablement penser à une moto customisée à la sauce US.
Du couple et... du couple
Le bicylindre 1600 (1584 cc exactement) vient bien à point pour propulser les 320 kg de la Rocker C plus son pilote et son passager. Le moteur se montre à la hauteur du plumage de la belle, certes pas aussi fougueux qu'un coeur de sportive débordant d'étalons mais vaillant et puissant à l'accélération.
Il faudra d'ailleurs se méfier des sprints musclés, si vos bras s'allongent, c'est normal, par contre si vous exagérez, vous risquez de vous retrouver sur le garde-boue arrière. La selle pilote bien que confortable n'est pas assez creusée pour empêcher un pilote trop généreux de glisser, méfiance, c'est désarçonnant.
Avec la Rocker, nous pouvons vraiment parler de sprint, sur courte distance bien sûr. Les deux pistons vous catapultent jusque 120 km/h, au-delà, il ne se passe plus grand-chose. Et quand bien même elle pourrait en donner plus, vos épaules et votre cou demanderaient rapidement grâce sous la pression du vent.
Le coeur de la Rocker préfère de loin jouer sur son couple de 117 Nm à 3200 tours seulement et cruiser tranquillement vers les 100 km/h. Il est ainsi capable de vous propulser rapidement à cette vitesse et de la maintenir facilement par après, bien aidé il est vrai par une boîte de vitesses douce, rapide et agréable. C'est un argument non dédaignable car si le bicylindre n'aime pas vraiment les bas régimes sur les derniers rapports, il est très facile de rétrograder pour éviter trop d'à-coups. La poignée d'embrayage et la commande au pied obéissent sans effort.
Le high-tech au service du confort.
La Rocker C, malgré son look de gros custom fait appel aux dernières avancées techniques Harley pour le plaisir du pilote.Nous commençons ce chapitre par l'alarme au boîtier imposant. Cette commande contraste d'ailleurs fortement avec la taille mini de la clé de contact. Elle fait d'ailleurs très gadget, on risque de la perdre facilement et elle ne tient pas en place qu'en position " on ".
Sur " accessoire " et " off " elle ne reste pas dans son emplacement, caché sous votre cuisse gauche.
Revenons à cette alarme pour féliciter le choix du RFID, pas besoin de manipulation pour l'utilisation. Elle s'arme quand on s'éloigne de la moto et se coupe quand on l'approche.
Pratique et monté en usine, ce système devrait être proposé par d'autres marques...
Si pour certaines motos, l'absence de jauge d'essence est pointée du doigt, la Rocker vous propose une jauge analogique sur le faux bouchon de réservoir à gauche (le vrai à droite se fermant sans clé...) et en prime sur le petit écran LCD, vous pouvez afficher l'autonomie restante, une info rare en moto.
Les 18,9 litres permettent d'ailleurs une autonomie satisfaisante avec une consommation n'ayant pas dépassé les 6 litres de moyenne malgré une utilisation plus musclée que la majorité des futurs acquéreurs. Nous pouvons donc estimer une moyenne vers les 5 litres en balade tranquille.Une autre originalité : le retour automatique des clignotants se montre à l'usage bien pratique.
Si les commandes gauche-droite sont chacune de leur côté du guidon et vous demanderont un temps d'adaptation, ne plus devoir se soucier de les éteindre est un plus appréciable.Et ce système fonctionne assez bien pour la plupart des changements de direction . seuls les dépassements demandant peu d'inclinaison nécessitent un arrêt manuel.
Ci-dessous, nous vous présentons le système pour rouler en duo. Il faut soulever la selle pilote (simplement cliquée, pas très rassurant ça), retirer le petit pouf coincé sous la selle, remonter l'armature (sur la droite de la première photo) et la clipser dessus. Le passager se retrouve ainsi perché au dessus du garde boue, flottant dans le vide.
Pour clore ce côté technologie, nous ferons nos éloges à l'injection qui ne souffre d'aucune critique : l'absence d'à-coup à basse vitesse et une réponse immédiate à la poignée de gaz sont des atouts pour l'utilisation de cette moto.
Confortable n'est pas maniable
Vu les mensurations de la Rocker, son guidon en V et ses commandes avancées, un pilote d' 1,80 mètre sera juste à son aise. Plus petit, le motard risque d'avoir quelques difficultés à manoeuvrer tant à l'arrêt qu'en roulant.
Il faut en effet combiner avec le poids, l'empattement de 1760mm, un angle de chasse de 36,5° et surtout le pneu arrière de 240mm.
Les premiers kilomètres à son guidon vous amènent rapidement à la conclusion que la Rocher est faite pour les lignes droites, les longues lignes droites et pour cruiser à une vitesse raisonnable : le 100-110 km/h semble être la limite du confortable. Il faudra vraiment comprendre son fonctionnement pour en profiter car la longue fourche et le fin pneu avant de 90 en 19 pouces ne vous aident pas à tourner.
La clé pour rouler plus vite dans les virolos est à chercher du côté appuis et poids du pilote à bien placer pour incliner suffisamment le pneu AR pour qu'elle tourne. Tout excès d'optimisme sera d'ailleurs vite freiné par les pose-pieds qui toucheront probablement dans de ombreux ronds-points. Ce défaut de maniabilité contraste aussi avec les suspensions agréables qui gomment assez bien les bosses de nos chaussées et en respectant son rythme, le pilote peut envisager une longue escapade sans trop se fatiguer...
Il devra toutefois se méfier au freinage. Le frein avant, un seul disque, se montre tantôt trop faible pour s'arrêter sur une courte distance tantôt trop mordant en bloquant la roue sur un freinage d'urgence. Heureusement on peut aussi compter sur le disque arrière pour ralentir la Rocker C.
Toujours côté confort, gageons que les puristes partiront en croisade contre la Rocker. Pensez donc, une Harley qui ne vous secoue pas à l'arrêt, c'est troublant. On sent bien le balancement dû aux deux gros pistons mais rien de commun avec par exemple une sportster qui transforme chaque arrêt en un massage de vos lombaires.
La Rocker ne vous fait plus vibrer, du moins plus au sens littéral. Même la sonorité semble étouffée, domestiquée. Nul doute que les amateurs du son Harley trouveront de quoi se faire plaisir dans leur catalogue d'accessoires.
Un chef d'orchestre pour la Rocker C ?
En relisant nos remarques sur le poids et la maniabilité, il nous semble évident de la déconseiller à un débutant mais plutôt de la réserver à un pilote expérimenté qui pourra plus facilement la gérer. Idéalement, il sera plutôt grand pour tenir le guidon sans prendre une position inconfortable. Il sera aussi assez costaud pour la déplacer à l'arrêt et en rester maître dans la circulation.
Afin de tirer le profil type du propriétaire d'une Rocker C, il aura un goût pour le côté bling-bling avec une nette préférence pour le chrome et le tape à l'oeil d'une moto très voyante.
Il aura aussi un compte en banque bien garni vu les plus 20.000 euro qu'il faudra débourser... un tarif qui en arrêtera plus d'un.
Budget/Plaisir : 8/10 . Au quotidien : 3/10 .Sport : 2/10 .Duo : 4/10 .Débutant : 3/10.
Importateur :
Harley-Davidson Benelux
Rietschans 72
2352 BB Leiderdorp
31 715 813 737