Yamaha en point de mire
Forte d'une énorme expérience en GP, la marque ibérique nous présente une GPR 125 passée au 4-T pour répondre à la norme Euro3. Dotée d'un accastillage incomparable dans le segment, la petite Espagnole s'y entend pour vous accueillir dans une ambiance résolument racing où le ramage vaut le plumage.
A l'instar de la YZF 125 R, essayée l'an dernier dans nos colonnes, la Derbi GPR 125 impose d'emblée une esthétique léchée de sportive poids plume. Mais à y regarder de plus près, l'Espagnole en impose davantage que la Nipponne. Non seulement, sa finition est au diapason (si l'on ose dire...) de la Yamaha et sa ligne est tout aussi agressive, mais en outre, les composants Derbi lui permettent de prendre l'avantage objectif sur sa rivale désignée, et d'ailleurs sur tout ce qui se décline en 125cc, à l'exception - peut-être - d'une Aprilia RS 125 encore nettement plus onéreuse.
C'est que la Derbi s'offre une fourche inversée Paioli de 40mm, un disque avant de 300mm pincé par un étrier radial à quatre pistons, un affichage digital lisible et complet jusqu'au chrono intégré et à la shift light ( !), sans parler de sa partie cycle tout en aluminium là où Yamaha se contente d'acier... Ajoutez-y de superbes jantes allégées (chaussée d'un pneu en 130 à l'arrière pour plus de maniabilité), un té de fourche supérieur ajouré " à la Béhème ", des platines valorisantes et une face avant taillée au scalpel pour un résultat qui dépasse la simple valorisation pour confiner à la noblesse pure et simple. Avec en prime 7kg de moins sur la balance qu'une YZF... C'est vrai, cette Derbi ne laisse personne indifférent et s'impose définitivement lorsqu'on la détaille en mode macro.
Un comportement qui force le respect
Nous le disions l'an dernier, on a peu de choses à reprocher à une YZF 125 R. Néanmoins, la Derbi GPR parvient à faire mieux, c'est vous dire que l'Espagnole relève les standards de la catégorie à plus d'un point de vue. Tiens par exemple, il suffit de mettre le contact pour profiter d'une mélodie tout autre que sur la Yamaha. Ici, pas de son métallique, mais un hurlement qui rappelle souvent celui d'un propulseur 2-T : ça flatte l'oreille et ça évoque furieusement la course. Mais il ne s'agit pas que d'une mélodie . dépourvu d'injection (il y a un carbu de 30mm), le monocylindre à 4 soupapes affiche nettement plus de caractère que tous ses homologues japonais : un peu absent sous les 6000/7000rpm, mais furieux et prompt à dévorer le compte-tours jusqu'au rupteur dans une sonorité de GP... Ce moteur n'est pas avare de performances puisqu'il est monté (avec seulement 150km au compteur, précisons-le) à 128km/h avec un pilote de 100kg et dépassait allègrement les 100km/h avec pilote et passagère. Respectable, non ?
Ce qui nous amène à considérer l'ergonomie et le confort. Comme sur une YZF, la position de conduite s'adaptera à la plupart des gabarits, mais Derbi marque un point supplémentaire en termes de feeling du train avant : sur la GPR, le triangle platines/guidons/réservoir procure une " lecture " plus fine de la route, peaufinée encore par le travail d'orfèvre dispensé par la fourche Paioli. Plus ferme, l'amortisseur arrière sans biellettes ménage moins le postérieur mais conserve à la machine toute son efficacité sur tous les types de revêtements. De leur côté, les deux selles s'avèrent très fermes et ne seront guère supportables sur plus de 100km . c'est un autre tribut payé à l'orientation racing... Tout comme le manque d'aspects pratiques . ne comptez sur aucun rangement sous la selle mais sachez que les rétroviseurs et la bulle s'avèrent efficaces.
Du côté des transmissions, on notera le travail parfait du bras oscillant qui, couplé aux excellents Pirelli Sport Demon, gratifie la GPR d'une motricité et d'une stabilité exemplaires. A l'inverse, la boî.te 6 se démarque par son point mort capricieux tandis que l'embrayage, en authentique élément course, manque nettement de progressivité. Voilà qui incite à la précision du pilotage...
Par ailleurs, cette précision, la GPR n'en manque pas : son châssis est absolument irréprochable et la conjonction d'une fourche et d'une position de conduite parfaites procurent à la Derbi une redoutable maniabilité. L'Espagnole va d'instinct là où vos yeux la conduisent, avec une aisance que renforce encore le choix d'un pneu plus étroit à l'arrière (130mm contre 150 sur une YZF). Les ronds-points et pifs-pafs en tous genres sont avalés goulument et avec une facilité déconcertante. Ici encore, et malgré ses qualités, la Yamaha doit s'avouer vaincue.
Tout comme en matière de freinage, du reste. En vérité, la Derbi GPR 125 est tout bonnement le meilleur freinage que nous ayons expérimenté sur une petite cylindrée : au fur et à mesure de notre essai, les plaquettes se sont rôdées jusqu'à nous gratifier de décélérations vraiment impressionnantes pour une 125cc . à telle enseigne qu'on pourrait presque craindre de plier le cadre... Sérieusement, la GPR 125 freine à la perfection parce qu'elle marie une puissance inattendue à un feeling parfait, tant à l'avant qu'à l'arrière les deux étant, notons-le, équipés d'origine de durites métalliques . encore un plus pour l'Espagnole !
Le budget qui tue
A ce stade de notre essai, la Derbi GPR 125 réalise le holeshot grâce à son moteur performant et doué de caractère, grâce à son incroyable freinage et grâce à sa maniabilité hors norme qui est en même temps un gage de facilité de conduite. Naturellement, on pourra arguer qu'un moteur creux en bas et énergique en haut réclame plus d'expérience, à l'instar de ce freinage très puissant. Mais ne boudons pas notre plaisir : la GPR est bel et bien une réussite qui parvient à prendre le meilleur sur l'excellente Yamaha YZF, non seulement par ses prestations objectives mais aussi par l'aura racing générée par les 19 titres mondiaux glanés par Derbi dans les championnats de petites cylindrées.
Alors, qu'est-ce qui fâche ? Le prix de vente de 4399&euro. ne se digère évidemment qu'après réflexion. Ce ne sont certes que 100&euro. de plus qu'une YZF, mais ce sont aussi 1100&euro. de plus que le best-seller CBR 125... Ceci dit, les différences tarifaires sont compensées à la fois par les prestations ainsi que par l'exclusivité et l'image de la course. Par contre, une pilule restera amère quoi qu'on en pense, c'est celle qu'il vous faudra avaler lors de chaque passage à la pompe : c'est que la belle Espagnole vous fait payer son caractère avec une consommation... double de celle d'une Yamaha YZF ! Près de 7L/100km, c'est beaucoup, même compte tenu des charmes spécifiques de cette très séduisante 125.
Fiche technique
Derbi GPR 125, 4399&euro. en mars 2010
Moteur : Monocylindre 4Temps - 4 Soupapes Euro 3 à refroidissement liquideAlésage et course (mm) : 58 x 47mmCylindrée (cc) : 124,2ccAlimentation : Carburateur Ø.30Taux de compression : 12.0:1Puissance : 15cv à 9250rpmCarburant : Essence sans plombLubrification : Pompe à huile mécanique
TransmissionsEmbrayage : MultidisquesBoî.te de vitesse : 6 vitesses Partie cycleSuspension Avant : Fourche inversée Paioli Ø.40 mm, débattement 110 mmSuspension Arrière : Mono-amortisseur, 120 mm de débattementFrein avant : Simple disque de Ø.300 mm, étrier radial 2 pistonsFrein arrière : Simple disque de ø.218 mm à étrier flottantCadre : Périmétrique en aluminium
Roues / PneusPneu avant : 100/80 x 17'Pneu arrière : 130/70 x 17' DimensionsLongueur (mm) : 1.977Largeur (mm) : 795Hauteur de selle (mm) : 800Empattement (mm) : 1.355Capacité du réservoir (litres) : 14Poids à sec (kg) : 120
Importateur : Motana 2 Wheels, Satenrozen 82550 Kontich, www.derbi-motors.be
"