Dans une société où on interdit l'accès à certaines villes pour les véhicules soit-disant polluants, on parle de plus en plus de moyens de locomotion propres. Mais je dois bien l'avouer, quand on me parlait de 2 roues électriques, je m'imaginais plutôt une trottinette qu'une vrai moto même si je n'ignorais pas que certaines marques proposaient des alternatives intéressantes au moteur thermique.
Je fus donc dépucelé par cet essai et je le dois à BMW, pour une première expérience, j'en garderai un très bon souvenir.
C'est donc le scooter C EVO qui eut la lourde charge de tenter de convaincre un utilisateur d'essence et c'est forcément avec toutes mes incertitudes que nous avons fait connaissance.
A première vue, rien ou presque ne le distingue d'un autre scooter si ce n'est les flancs verts faisant directement penser à l'énergie verte.
L'avant avec ses deux phares et feux de jour LED donne un air de famille commun aux autres scooters BMW. Le carénage gris ne manque pas d'allure et la coque arrière reste assez fine (pour un scooter s'entend).
Seule l'absence de silencieux pourrait le trahir si les panneaux latéraux ne l'ont pas fait.
La selle semble généreuse et large, les poignées pratiques et pour le côté visuel, on profite également du monobras pour dévoiler la roue arrière.
La bulle parait bien un peu plus large mais franchement au premier regard, c'est un maxi-scooter comme les autres et c'est loin d'être un constat péjoratif.
Derrière la bulle, c'est déjà un autre monde avec un écran TFT qui s'allume en couleur dès qu'on tourne la clé. On note aussi un vide poche fermant à clé à droite, étroit mais profond mais pas d'espace de rangement du côté gauche.
La clé ouvre aussi le coffre parce qu'il a beau être électrique, le BMW C Evo n'en n'oublie pas les aspects pratiques. Alors bien-sûr, seule la partie arrière de la selle s'ouvre mais l'espace est déjà généreux et si ça ne suffit pas, un top case existe dans les accessoires de la marque.
Les présentations étant faites, il est temps d'aller rouler.
Et là, c'est vraiment une autre histoire qui commence. J’appuie sur le start et rien... enfin si, le moteur est prêt mais pas un bruit ce qui forcément surprend.
Il faut aussi choisir le mode de conduite, comme les motos modernes sauf qu'ici vous avez des choix différents : road et dynamique, ça devrait vous parler mais aussi eco et sail.
On y reviendra, je vais commencer par le road qui me semble le plus familier.
Sur l'écran, l'autonomie apparait mais on y voit aussi la charge de la batterie et deux jauges (pas d'essence bien entendu). A gauche pour la recharge à la décélération et à droite l'accélération mais certaines cases restent grises. En effet, selon le mode choisi, vous aurez accès à toute la puissance du moteur et / ou à la récupération maximale d'énergie.
La vitesse apparait en grand et le contraste de l'écran n'a jamais été pris en défaut.
C'est parti, je tourne la poignée et le scooter se met en route toujours dans le silence.
Bon, le hic, c'est que je dois faire Bornem – Nivelles et j'ai un peu peur de l'autonomie. Pourtant il me donne un bon 100 kms à parcourir ce qui ne devrait pas poser problème. Néanmoins, je passe en mode Eco pour passer d'un coup à plus de 120 kms, je suis large, ça va le faire.
Ce que je n'avais pas capté tout de suite, c'est que pour faire des économies de batterie, la puissance est réduite, j'arrive péniblement à 95 km/h, caché derrière la grande bulle.
Soyons clair, c'est un mode à privilégier si vous devez faire des bornes, ce n'est pas le plus séduisant.
Bref, je suis arrivé à Nivelles, sans un bruit et avec encore largement assez de réserve pour rentrer chez moi après.
Bien installé, l'espace aux jambes devrait convenir mais sera peut-être limite pour les plus grands, la protection offerte par la bulle est très bonne et l'assise ne souffre d'aucune critique, en même temps, on a la selle confort en option.
Du coup, comme j'étais resté sur ma faim, je compte bien en découvrir plus.
Je tente direct une marche arrière : je ne vous en ai pas encore parlé mais il possède un bouton R au guidon qui tenu pressé permet de partir en marche arrière. Si, si, comme le livreur de pizzas dans le film taxi mais moins vite quand même. A quoi ça sert ? A vous faciliter le quotidien et c'est vrai qu'avec ses 275 kg, elle vient bien à point. Et quel bonheur pour le rentrer dans le garage sans risquer un tour de rein.
Je passe au mode Dynamique, à moi la puissance de l'électrique. Enfin l'équivalent de 48 cv et un couple de 72 Nm. Ah je vous vois sourire mais il faut l'essayer pour comprendre.
Le BMW C Evo accélère vraiment fort en passant de 0 à 50 km/h en 2,8 secondes. Avec une telle accélération, vous pourrez déposer beau nombre de 4 roues et même de deux roues, sans sourciller et toujours sans un bruit si ce n'est le sifflement caractéristique de l'électrique.
La partie cycle permet en plus d'en profiter au maximum : une fourche inversée 40 mm à l'avant et un amortisseur arrière réglable manuellement en précontrainte sur 7 niveaux. Le C Evo peut vraiment se targuer d'être dynamique et honnêtement on peut vraiment rouler de façon sportive avec le scooter sans bien entendu prétendre avoir les mêmes capacités d'une sportive mais avec un peu de maîtrise vous pourrez faire douter certains pilotes. Évidemment, la vitesse étant limitée à presque 130 km/h, il ne faut pas les titiller sur des grands axes où là, il ne vous restera que les reprises jusqu'à cette vitesse pour briller mais c'est déjà la limite autorisée en France...
Bluffé, vraiment, je le suis... Je roule largement aussi vite qu'avec la plupart des motos dans ces petits chemins de campagne.
Forcément, plus vous êtes gourmands, plus l'autonomie diminue mais en mode dynamique, vous récupérez aussi plus d'énergie (autant qu'en mode éco) alors dès que vous lâchez les gaz, le scooter ralentit fortement, un frein moteur impressionnant qui peut aller jusqu'à vous arrêter même en pente. Au bout de quelques jours, on peut presque se passer des freins.
Pourtant il freine plutôt bien avec trois disques de 270 mm tous avec des étriers 2 pistons et l'ABS en prime.
Surprenant au début, on s'y fait très vite et on s'en amuse. Pensez toutefois aux autres véhicules qui pourraient vous suivre, si vous utilisez le frein moteur, le feu arrière ne le signalera pas et comme la décélération est importante, ils pourraient être surpris de ne pas vous avoir vu freiner.
L'autonomie a beau être diminuée, elle permet encore plus de 100 kms sauf si vous les faites à 130 km/h.
Il reste les deux autres modes à explorer. Le Road offre sans doute le meilleur compromis entre puissance et frein moteur : le C-Evo accélère bien et freine moins qu'en Dynamique.
Le dernier, le Sail me laisse dubitatif : en fait, il surprime tout frein moteur, la seule récupération d'énergie se fait si vous freiner. Quand vous lâchez la poignée droite, il continue en roue libre.
On n'y gagne rien en autonomie et je dois bien avouer ne pas l'avoir utilisé très souvent.
Une fois à destination, il faut recharger : le chargeur je l'avais dans le coffre du scooter. Une prise à brancher sous la trappe à gauche dans le tablier et une autre classique pour une prise standard dans votre garage. Ils auraient pu me prévenir chez BMW, ça fait plus de bruit que quand on roule. La charge rapide doit surement demander un refroidissement pour ne pas surchauffer.
Il devait rester entre 15 et 20 % de batterie et trois heures après il était rechargé. Je dois vous avouer ne pas être resté avec un chrono à côté du scooter, l'idée n'est pas là, c'est plutôt, on arrive là où on peut charger et on le branche. Une nouvelle façon de concevoir le deux roues mais d'un autre côté, je pars tous les matins dans me soucier de devoir aller à une pompe faire un plein.
Peut être comme vous, je me demandais si j'allais perdre de l'autonomie sans rouler comme une pile peut se décharger seule. Du coup, j'ai fait un jour 60 kms et j'ai volontairement oublié de le recharger la nuit. Le lendemain, j'ai de nouveau pu faire 50 kms sans avoir à le brancher. Donc non, il n'a rien perdu même en restant une nuit sans être alimenté.
Je trouve quand-même un souci pratique : le boitier nécessaire à brancher le scooter n'est pas intégré. Il faut donc soit l'avoir dans votre garage et ne pas devoir recharger en route, soit l'emmener avec vous et du coup perdre beaucoup de place dans votre coffre. Et encore, si chez vous, votre deux roues est dans un endroit protégé, ce n'est pas un souci, en déplacement, vous serez quitte à le poser quelque part et là, je trouve que c'est un risque (de vol ou de vandalisme). J'aurais nettement préféré un câble à sortir du scooter et à brancher directement dans une prise sans cet intermédiaire donc.
J'ai vraiment passé une bonne semaine en sa compagnie et je me suis même amusé comme un petit fou à son guidon dans les chemins de campagne.
Alors bien sûr, il ne faut pas oublier qu'on ne vous entend pas arriver et dans les files, c'est pire. On voit vraiment la tête de certaines personnes surprises de vous trouver à leur côté. Déjà que les normes Euro 4 ont rendu des motos trop silencieuses, je ne vous raconte pas en scooter électrique...
Oui bien entendu, l'autonomie reste limitée mais il faut prendre la question autrement : si vous utilisez principalement votre deux roues pour aller travailler et que vos trajets quotidiens entre dans le rayon d'action, elle n'est plus un souci. Entre nous, peu font plus de 50 kms pour aller travailler et encore, là, ce n'est que si vous ne pouvez pas charger sur place. De plus en plus de société proposent ce service à leur personnel.
Pareil pour aller faire quelques petites courses ou aller au sport, pas besoin de plus.
Évidemment, les longues sorties du week-end seront impossibles, partir en vacances aussi à moins de vraiment tout planifier pour avoir une borne à temps sur votre parcours.
Reste aussi un inconvénient de taille : le prix. 15.755 € dans cette version long range. Ah oui, il existe en version « normale » mais offrant moins d'autonomie et moins de puissance. A noter en passant que le long range est réservé aux détenteurs de permis A.
Soit, près de 16.000 € sans compter la selle confort à 110 €, les poignées chauffantes à 225 € et l'alarme à 235 € présentes sur notre modèle d'essai.