Monkey 125
Désormais, les scooters de petites et moyennes cylindrées font vivre les fabricants généralistes. Rien de curieux dès lors à ce que Honda Europe soigne spécialement la présentation de ses nouveaux Forza à l’adresse de la presse internationale. Allons à leur rencontre sur la Côte d’Azur avec, en guest star, le nouveau Monkey 125.
Le Forza 125 (4999€) est un réel best-seller puisque le premier constructeur mondial en a écoulé plus de 30.000 depuis son lancement. De Nice à Monaco en passant par Cannes, de nombreux propriétaires français ont d’ailleurs manifesté leur intérêt pour le nouveau modèle en croisant notre route. Dame, 15 Forza immatriculés en Italie avec quelques motos satellites portant photographes et vidéastes, ça ne passe pas inaperçu ! Au cours d’une pause-café, j’aurai l’occasion de discuter avec un Marseillais, « Forziste » de la première heure : « Je possède le modèle précédent et mon concessionnaire m’a permis d’essayer le nouveau durant une heure la semaine dernière. Je trouve que la finition a progressé, le look est plus soigné et la bulle électrique, c’est un gros avantage. Je pourrais bien me l’offrir prochainement ; par contre, les rétroviseurs vibraient trop à mon goût. » Étrange, cette réflexion sur les rétroviseurs car aucun des journalistes présents ne la partageait.
Côte d’Azur et cote d’usure
Avec des pilotes anglais, italiens, espagnols, autrichiens, hollandais et belges, il y avait largement de quoi mettre sur pied un « ScooterGP » durant les diverses sessions de roulage prévues dans le superbe écrin des routes en front de mer. Eh bien oubliez ça tout de suite et, sachez-le, la Côte d’Azur en juillet, c’est surpeuplé et surencombré à un degré tel que nous avons plutôt eu l’impression d’avoir passé nos journées dans un gigantesque embouteillage. Le pompon ? Monaco car, outre la circulation congestionnée, la topographie particulière du « Caillou » fait que l’atmosphère fleure les gaz d’échappement bien plus que l’air marin. On vous dit ça au cas où vous auriez décidé d’y passer des vacances. Remarquez, le Honda Events Team ne s’est pas fourvoyé puisque les trois véhicules présentés sont avant tout des acteurs du milieu urbain. N’empêche, avec des températures qui ont culminé à 38 degrés durant nos essais, nous avons fini plus usés qu’azurés…
Forza Honda !
Rien de surprenant à ce que ces scooters soient désignés d’un vocable italien (tout le monde connaît le classique Forza Italia !), ils sont en effet produits en Italie, dans l’usine d’Atessa, avec pour seule destination le marché européen. Dans l’argumentaire développé par Honda lors de la conférence de presse, il appert que le public cible des nouveaux Forza est constitué de navetteurs de 25 à 50 ans, avec des revenus relativement confortables et qui parcourent entre 50 et 80km quotidiens sur leur deux-roues. Ces données ont guidé les concepteurs du projet Forza dans le développement de leurs nouveaux produits. De fait, un public jeune appréciera une image dynamique et un comportement sportif tandis que des clients plus âgés préféreront une plus-value en termes de confort et de qualité perçue. Ce sont précisément les deux axes retenus par les développeurs, comme nous l’a confirmé Junji Aihara, le Project Leader de la gamme Forza. Pour la petite histoire, ce Japonais amateur de football nous expliqua aussi à quel point il avait souffert de l’élimination des siens lors de la récente coupe du monde de football… Après s’être affranchi du douloureux but tardif de Nacer Chadli, Aihara San enchaîne sur le Forza 125 : « Ce que nous avons cherché, c’est que le nouveau Forza donne à son propriétaire le maximum de ce qu’un 125 peut offrir et qu’aucun autre scooter de cette cylindrée ne puisse lui contester le titre suprême. » Projet ambitieux, certes mais, chez Honda, on a les moyens de ses ambitions et il nous faut reconnaître que le Forza 125 a fait impression sur les confrères présents.
Junji Aihara, Project Leader Forza
En regard du millésime 2017 qui embarquait déjà un démarrage sans clé, une nouvelle suspension arrière et une monte Michelin, le nouveau Forza 125 présente une esthétique plus dynamique, une finition premium, des LEDs tous azimuts, un espace sous la selle optimisé ET modulable (4 configurations), une nouvelle instrumentation, une bulle électrique (réglable sur 11cm) et un système Start & Stop. On le voit, il s’agit bien d’un nouveau modèle et pas d’un timide upgrade de l’ancien.
Force nous est de constater qu’à l’usage, le Forza 125 ne déçoit en rien. D’abord, son moteur de 15cv à 4 soupapes est toujours aussi volontaire : alors que Honda annonce une vitesse de pointe de 108km/h chrono, nous avons dépassé 120km/h, en légère descente, avec des véhicules neufs. Au démarrage –c’est fou ce qu’il y a de feux sur la Promenade des Anglais !-, le Forza n’a aucun mal à surclasser la plupart des voitures et , grâce à ses quatre soupapes, il peine moins que certains autres 125 au moment d’entamer un dépassement. D’autre part, son empattement court et son poids modéré (159kg tous pleins faits), de même que sa jante avant de 15 pouces, lui confèrent une excellente maniabilité, encore renforcée par le travail des suspensions grâce aux quelles le scooter ne se désunit jamais, même sur de grandes courbes bosselées. Cette masse contenue profite également au freinage que nous qualifierions d’excellent alors que, à matériel identique, le 300 nous a moins convaincus à ce point de vue.
Pour le reste, il est de fait que la qualité perçue est au rendez-vous sur les deux nouveaux Forza ; Honda revendique pour eux le segment premium, et c’est clairement justifié. L’instrumentation, qui reste visible même en plein soleil, est bien plus moderne que sur les millésimes précédents et aussi nettement plus complète et endosse à présent le rôle d’ordinateur de bord. Surprise à la pompe : le 125 (le 300 aussi, mais dans une moindre mesure) est remarquablement sobre avec une moyenne durant notre essai de 2,4L/100km ; autant dire qu’avec un réservoir de 11,5L, les 500km d’autonomie allégués par Honda (375km pour le Forza 300) sont effectifs.
Deux éléments encore à signaler : d’abord, la capacité de chargement sous la selle est étonnante. Il est rare en effet que nous puissions y ranger notre casque en taille XXL (la plus grande calotte donc) ; ici, pas de problème. De plus, si votre sac à dos est trop gros, il suffit de moduler l’espace différemment pour pouvoir l’y ranger, comme l’un de nos confrères anglais a pu s’en apercevoir. Enfin, qu’en est-il du Iddle Stop, ce dispositif qui coupe l’allumage après trois secondes sans toucher aux gaz ? « Je suis bluffé, disait un confrère belge, ce Start & Stop est plus efficace que dans ma voiture ! » En l’occurrence, la réactivité de l’allumage est telle qu’on n’a aucunement l’impression que le moteur était au repos lorsqu’on redémarre. Un plus incontestable pour la consommation comme pour la pollution puisque le Forza 125 ne rejette que 52g/km.
300 mais pas spartiate
Au fond, les Forza 125 et 300 (5699€) sont deux véhicules identiques qui se différencient par leur moteur et par l’absence du système Iddle Stop sur le 300. En compensation, ce dernier est le premier scooter Honda à présenter un contrôle électronique de motricité ou, pour le dire plus simplement, un anti-patinage. Ce dernier travaille dans la discrétion ; en accélérant à dessein dans des gravillons, on sent à peine les coupures d’allumage et, sans le clignotement d’un symbole au tableau de bord, on ignorerait l’intervention du dispositif. Nul doute qu’il est de nature à rasséréner ceux qui rouleront par tous les temps !
On retrouve évidemment la position naturelle du 125 ainsi que son confort de selle et le surcroît de bien-être inhérent à la bulle électrique qui se règle –très rapidement- sur une amplitude de 11cm. En position haute, un pilote de haute taille jouit d’une excellente protection du buste et des épaules. Le casque et les bras restent cependant dans les turbulences.
Avec 10cv de plus, le 300 gère naturellement mieux les dépassements que son homologue 125 et prend une vingtaine de km/h supplémentaires. Pourtant, il ne nous a pas autant convaincu que son alter ego de petite cylindrée. Nous entendons par là qu’avec son surpoids de 23kg (même s’il est 12kg plus léger que l’ancien 300) et son empattement plus long, le 300 freine un petit peu moins bien, se dandine davantage sur ses suspensions et perd un fifrelin de maniabilité. Sans surprise, il consomme davantage tout en restant sage : 3,6L/100km d’après nos mesures.
Signalons encore que, malgré leur démarrage keyless, les deux Forza disposent néanmoins d’une clé commandant l’alarme disponible en option ainsi que l’ouverture/fermeture du top case optionnel de 45 litres. Autre option disponible : des poignées chauffantes à 5 niveaux de chauffe.
Monkey business
En vedette américaine de cette présentation, le tout nouveau mais hautement vintage Monkey 125 (4099€), un véhicule qui peut sembler plus futile qu’utile, mais dont le charme opère puissamment sur celui qui l’essaie. Dans la tradition des Beach Bikes ou motos de plage que sont les Suzuki Van Van, Yamaha TW et autres Hyosung Karion, ce Monkey a une histoire qui remonte à… 1961. Le tout premier Monkey avait des jantes de 5 pouces ( !) et réjouissait les visiteurs d’un parc d’amusement japonais avant de devenir une vraie moto deux ans plus tard et d’épauler la Dax dans les années 70. Aujourd’hui, ce trublion de 9,4cv pour moins de 100kg à sec dispose de l’injection, de l’ABS, d’une fourche inversée, de LEDs omniprésentes, d’une instrumentation LCD et d’une alarme.
Très bien fini –Honda oblige !-, le Monkey s’avère confortable et offre une boîte à 4 vitesses d’une suavité exemplaire. Si sa vitesse de pointe se contente de fleureter avec les 105km/h, sa consommation est minuscule, de l’ordre de 1,5L/100km. A l’inverse, le plaisir ressenti à son guidon est majuscule. Normal : au guidon d’un Monkey, on a directement le sentiment d’être en vacances et de redevenir un hippy !