"Innover ou disparaître", cette devise, revendiquée par le fabricant sud-coréen, illustre sa volonté de s'affirmer comme un acteur primordial sur le marché concurrentiel du casque. Et, en une dizaine d'années seulement, il y est parvenu. Le nouvel Exo-R1 Air, son haut de gamme racing, ne déroge pas à ce credo.
Les intégraux racing conjuguent les technologies de pointe maîtrisée par leurs fabricants respectifs. Portés par des pilotes de renom, Bautista (SBK) et Quartararo (MotoGP) dans notre cas, le marketing en fait des objets désirables qui font payer leur exclusivité. A ce point de vue, Scorpion s'est toujours démarqué en offrant un excellent rapport prestations/équipement/prix. Appelé à prendre la succession de l'Exo-2000 Air sorti en 2013, le R1 se doit de faire mieux que son (très bon) prédécesseur, nous avons donc vérifié ses prestations au quotidien autant que sur piste, et sur différents types de motos comme dans les conditions les plus diverses (pluie, fraîcheur, ...) En théorie, la nouveauté entend briller sur trois plans principaux: l'aérodynamique, le confort et l'aération. Y parvient-elle?
Qui aime bien châtie bien
En général, on relègue les bémols à la fin d'un article; faisons précisément le contraire...
On ignore si les têtes pensantes de Scorpion ont eu recours aux neurosciences pour nommer leur nouvel intégral, mais nous trouvons qu'affubler un casque d'un patronyme identique à celui d'une célèbre moto est une maladresse difficilement compréhensible. Certes, tout acheteur ne fera pas systématiquement l'amalgame entre le fabricant coréen et le constructeur aux trois diapasons; n'empêche, chez Ducati Aarschot, où j'étais parti chercher la V4 S Corse, je me suis entretenu avec un propriétaire de V4 dont l'avis tranché était le suivant: "J'aime beaucoup la calotte agressive du nouveau Scorpion; s'il existait avec des couleurs italiennes, je serais tenté. Mais je ne craquerais pas: rouler en "R1" quand tu peux rouler en Duc', jamais!" Ne méconnaissons pas la futilité de ce raisonnement, reconnaissons néanmoins que le choix de Scorpion reste, à tout le moins, discutable. S'explique-t-il par le fait que Fabio Quartararo a signé chez les Coréens lors de son passage chez Yamaha? On n'est pas loin de le penser...
Chez Scorpion aussi, on comprime les coûts. Alors que l'Exo-2000 était décliné en douze décos distinctes, il n'en reste que huit pour le R1 et, franchement, nous trouvons que les designers maison se sont déjà montrés plus inspirés. Cela reste quelconque selon nous et on se demande aussi pourquoi aucun coloris réplica n'est disponible.
Deux récriminations encore à un niveau de détail: il y a du "jeu" aux commandes des aérations qui, de ce fait, nuisent un peu à la qualité perçue en statique. Enfin, le nouveau mécanisme de (dé)pose de la visière Ellip-tec II, supposé simplifier les opérations, ne nous paraît pas des plus intuitifs, surtout quand vous vous escrimez avec la visière fumée qui masque évidemment les crémaillères.
Ceci dit, il s'agit là en toute objectivité de remarques mineures n'altérant en rien les prestations d'ensemble de cet Exo-R1 Air, lesquelles en font un authentique haut de gamme. Attachons-nous à présent aux (nombreuses) qualités de ce casque.
Soyons justes
Nous vous le disions plus haut, l'Exo-2000 regorgeait de qualités que ce R1 transcende, nous en dirions volontiers qu'il concrétise l'avènement de Scorpion dans le créneau du casque prestigieux. Avec ses lignes tendues qui en soulignent l'agressivité, son spoiler généreux et ses reliefs aérodynamiques, le nouveau Scorpion est un très beau casque qui n'est pas sans rappeler le Shoei X-Spirit III. Décliné en 3 tailles de calottes, le R1 vous est fourni d'origine avec une visière fumée supplémentaire dont on apprécie les qualités optiques lorsqu'on roule au soleil et principalement sur circuit.
Soulignons que les deux visières, plates et verrouillables pour plus de sécurité, sont équipées du Pinlock Maxvision occupant virtuellement toute la surface de la visière pour ne pas gêner le champ de vision. Pour le confort sur route et sur piste, c'est un indiscutable plus. Néanmoins, on signalera que sur son pourtour inférieur, la zone creusée pour accueillir le Pinlock provoque parfois des reflets parasites assez gênants parce qu'ils peuvent vous faire croire qu'un véhicule surgit brutalement sur votre flanc alors qu'il n'en est rien. De son côté, le revêtement interne Kwikwick3 s'avère plus confortable encore que ne l'était sa deuxième mouture. Le R1 est devenu un chausson sur la tête.
Deux nouveautés encore pour achever ce tour du propriétaire : la nouvelle structure Ultra TCT (Thermodynamical Composite Technology) est censée offrir « une protection jamais atteinte dans l'univers du casque », affirme le fabricant, grâce à sa déformation progressive en cas de choc, de manière à mieux répartir l'énergie cinétique due aux impacts. Enfin, le système d'écran baptisé Ellip-Tec II, s'il ne facilite pas le (dé)montage de la visière, a été conçu en soufflerie pour limiter les bruits aérodynamiques à haute vitesse. Il est surtout équipé de ressorts plus puissants qu'avant pour un plaquage très appuyé de l’écran contre le joint. Résultat, l'écran s'avère maintenant totalement hermétique (il n'y a aucune infiltration de pluie et c'est un vrai confort!) et plus silencieux; ELLIP-TEC II est aussi plus résistant pour maintenir l’écran en place en cas de chute. Jusqu'ici, nous avons donc un racing réplica silencieux (un des meilleurs dans sa catégorie), très confortable et étanche à l'eau, ce qui est une caractéristique (trop) rare. On peut y adjoindre un champ de vision très large et bien dégagé verticalement, ce qui est important sur piste, lorsqu'on s'abrite derrière la bulle. Sur ce dernier point également, le R1 marque un net progrès eu égard à l'Exo-2000.
Par contre, le R1 prend un peu d'embonpoint par rapport à son prédécesseur; en taille XXL, notre Scorpion accuse 1462g sur la balance (il est supposé culminer à 1380g dans cette taille.) Ceci étant, son excellent équilibre général sur la tête fait que le surpoids n'est pas décelable en usage routier. On le sentira juste plus lourd qu'un casque tout carbone sur un circuit au tracé tortueux où, à la longue, on sent le casque peser (un peu) plus lourd lors des nombreux changements d'appui. En dernière analyse, le plus bel hommage à rendre à cet Exo-R1 Air, c'est que tout racing qu'il soit, il parvient à offrir un ensemble de prestations qui le font fort apprécier aussi dans le cadre d'un usage strictement routier.
Par exemple, les porteurs de lunettes apprécieront que le revêtement Kwikfit s'accommode d'une grande variété de montures sans jamais être gênant. Enfin, il est un dernier domaine d'importance où brille le R1 et c'est l'aérodynamique. Dans ce domaine, Scorpion vient de franchir un cap car ce nouveau casque profite d'une stabilité bluffante à toutes les allures licites ou non. C'est appréciable sur piste mais aussi sur autoroute ou, d'une manière générale, sur tout long trajet puisque moins de turbulences génèrent évidemment moins de lassitude chez le pilote, ce que nous avons vérifié en parcourant plus de 500km sur une même journée. En dépit de la présence d'une seconde aération de mentonnière dirigée non pas vers la visière mais vers la bouche du pilote (dans ce cas, la commande se trouve sur l'intérieur de la mentonnière et il s'agit de permettre au pilote de mieux s'oxygéner), nous dirions que l'efficacité globale des aérations présentes classent le R1 dans la moyenne des casques racing, sans plus. N'empêche qu'avec cet Exo-R1, qui offre en plus la technologie Airfit pour s'ajuster parfaitement à votre crâne grâce à sa petite pompe, Scorpion atteint un « package » dont l'homogénéité est résolument haut de gamme pour un prix qui sait rester démocratique dans ce créneau: de 396,9€ (versions unies) à 399,9€ (versions décorées). Alors, au total, bien joué, Scorpion!