Après nous être attelés au plaisir retrouvé des navetteurs montois et carolorégiens, voyons ce que nous pouvons offrir à ceux qui prennent la route depuis la capitale wallonne pour gagner Bruxelles.
Nous nous mettons donc en quête d’un itinéraire qui respectera essentiellement deux critères : éviter l’inflation kilométrique ainsi que proposer des routes suffisamment roulantes et diversifiées pour transcender l’ennui rectiligne des voies rapides. En l’occurrence, notre parcours n’excède que de dix kilomètres un trajet autoroutier (75km contre 65km) et fait la part belle aux routes de campagnes. A plusieurs moments, il offre aussi la possibilité de reprendre facilement la E411. Suivez le guide.
Citadelle
Admettons que pour un Namurois, partir de la Citadelle n’est pas un choix immédiat, mais pour un « allochtone » comme moi, le bastion fortifié est tout de même un symbole fort de la ville. Stratégiquement située au confluent de la Sambre et de la Meuse, la citadelle namuroise constitue une des places fortes les plus importantes et les plus convoitées d’Europe. On l’ignore souvent, mais la fonction militaire du site remonte au troisième siècle de notre ère, rien d’étonnant dès lors à ce qu’il fasse l’objet d’un classement au titre de patrimoine exceptionnel de Wallonie. Soit dit en passant, l’endroit est attrayant et visiter la citadelle est une plongée dans l’histoire savamment orchestrée par la ville de Namur qui en est propriétaire : musée, exposition, train touristique qui vous emmène au gré des remparts, tout est fait pour y passer un moment agréable et didactique.
Et comme on n’arrête pas le progrès, figurez-vous que la sinueuse montée –la bien nommée route merveilleuse- qui vous y emmène dispose depuis l’an dernier… d’un radar tronçon. Résultat, vous voilà dans la descente invectivé par les cyclistes que vous bouchonnez ! Encore une illustration du surréalisme belge… En élargissant le point de vue, il faut convenir que Namur, depuis qu’elle est capitale, s’est faite séduisante pour le visiteur (pensons aux piétonniers le long de la Sambre) tout en gardant le charme d’une ville à dimension humaine et la dynamique d’une cité universitaire. Cela dit, il est temps de penser à notre itinéraire.
Depuis le sommet de la citadelle, on redescend l’avenue Jean 1er vers la Sambre et c’est gauche/droite pour la traverser et ensuite remonter à gauche le boulevard Frère Orban qui invite à la flânerie au bord de l’eau. Quelques centaines de mètres plus loin, on oblique à droite en direction de la gare, en longeant un parc, avant de prendre à gauche vers « autres directions ». Dès qu’on pénètre à Saint-Servais, on part à droite en direction de Perwez. Le tracé est d’abord urbanisé avant de s’éclaircir tout en restant sinueux. A Emines, au petit rond-point marquant l’entrée du village, ce sera à gauche vers Rhisnes.
Mystérieux Transalpin
Alors que je suis arrêté pour tenter d’apercevoir le château d’Emines, une riveraine m’interpelle, se demandant ce qu’un motard italien peut bien y faire en ces temps de confinement. Sa curiosité satisfaite, elle me recommande de prendre à droite la rue du Hazoir pour profiter d’un décor champêtre, et le choix est judicieux. On traverse d’abord un quartier résidentiel aéré avant, au fil des kilomètres, de se retrouver en rase campagne. Un peu plus loin, la MV Agusta sera suivie par deux motards de la police ; je m’attends à un contrôle qui serait somme toute logique, vu le tribut payé au virus par l’Italie, mais rien ne vient…
Après quelques kilomètres des plus bucoliques, on intercepte la nationale menant à Perwez et on l’ignore pour tirer tout droit vers Grand-Leez tout en traversant Meux que l’on quitte par un giratoire menant à la rue du Chainia. On ondule alors à nouveau en rase campagne jusqu’à Grand-Leez, plus riche en casse-vitesse qu’en curiosités architecturales, se dit-on. Parvenu à un té constitué d’une ancienne ferme fraîchement repeinte, ce sera gauche/droite jusqu’au té suivant où prendre à droite vous conduira vers un ancien moulin reconverti en habitation, un endroit qui valait bien un arrêt et une photo. Un peu plus loin, on coupe la N29 conduisant à Tirlemont pour continuer vers Walhain-Saint-Paul à travers des bois chaleureux et ombragés. Lorsque vous en sortez, juste avant l’entrée dans Lerinnes, vous prendrez à gauche vers Walhain-Saint-Paul et traverserez le très charmant bourg de Sart-Lez-Walhain. Globalement du reste, cette plongée dans le Brabant wallon nous fait découvrir ses nombreux atours.
Dixième province
Après avoir parcouru Walhain-Saint-Paul, empruntons la N4 sur environ 5km en direction de Wavre, ce qui donnera un petit coup d’accélérateur à notre itinéraire. N’oublions pas qu’on est en route pour aller travailler, que diable ! Dans le zoning commercial de Corbais, on prendra à gauche, au feu, vers Mont-Saint-Guibert. En traversant le très chic Hévillers où toutes les habitations semblent neuves, on mesure pleinement l’attrait du brabant wallon pour tous les candidats propriétaires ; on vient alors buter sur les voies de chemin de fer menant à la gare de Mont-Saint-Guibert, on y prend à droite et, en haut de la montée, on suit la direction d’Ottignies jusqu’à un rond-point où l’on ira vers Court-Saint-Etienne et le bien connu centre de délassement du Bois des rêves. On a ici la possibilité de remonter sur l’autoroute, ce serait dommage cependant car la dernière partie de notre trajet ne manque pas de charme.
En suivant la direction d’Ottignies/LLN, on longe le bois des Rêves déserté en raison du confinement et, au feu suivant, on intercepte la nationale reliant Nivelles à Wavre où l’on continue tout droit en direction de Céroux. Alors que j’attends le feu vert, un motard en Fazer 600 me rejoint, me donne une tape sur l’épaule et démarre en me criant : « Forza e onore ! » Je ne suis pas italien, mais cette démonstration d’humanité me touche.
Nous voilà de nouveau en pleine campagne, sur un tracé loin d’être plat et rectiligne, et c’est tant mieux. A Céroux-Mousty, alors qu’on se dirige vers Lasne et Ohain, je décide de m’arrêter pour prendre une photo sur la très ombragée place communale. Voilà que j’y surprends des employés de la maison communale buvant un verre en terrasse au plus pur mépris des règles de distanciation sociale ; et manifestement, ma présence « photographique » les inquiète, comme en atteste la photo ci-dessous…
Bruxelles la verte
Repartons, toujours en direction de Lasne et Ohain ; le parcours surprend parce qu’on y monte et descend en alternant le boisé, le rural et l’urbain. Parvenu au giratoire en haut de la côte d’Ohain, c’est tout droit vers Hannonsart qu’on remonte jusqu’à un té où l’on oblique à droite en direction de La Hulpe ; on l’atteint par un quatre-bras nanti de feux de signalisation ; on y prend à gauche vers Bruxelles, ce qui nous mène à passer devant l’entrée du remarquable domaine du Château de La Hulpe, un havre de verdure qui vaut une promenade agrémentée d’un pique-nique. Enfin ça, c’était avant le confinement…
Nous continuons donc vers Bruxelles par des voies sinueuses, arborées et roulantes. Notez que pour les avoir déjà arpentées aux heures de pointe matinales, nous pouvons affirmer qu’elles restent accessibles sans engorgement. On va alors croiser le Ring Ouest traversant la Forêt de Soignes : on y continue tout droit vers Groenendael et ce sera la dernière surprise de ce parcours. En effet, pour qui ne connaît pas cette portion de la traversée de la forêt domaniale par la Drève du Haras et, ensuite, par la Drève de Lorraine, c’est tout simplement étonnant. On comprend pourquoi les étrangers trouvent notre capitale si verte puisque, alors que vous roulez toujours en pleine forêt, vous êtes à moins de 10km de la Grand-Place. La Drève de Lorraine vous amène alors tout droit dans le Bois de la Cambre, où il appartiendra à chacun de se diriger comme il lui conviendra.
Comparé au sempiternel trajet autoroutier et à ses inévitables bouchons, notre itinéraire depuis Namur ne requiert qu’une petite demi-heure supplémentaire et vous offre bien plus de diversité. Et si vous êtes trop pressé le matin, empruntez-le donc dans le sens du retour!
Encart
MV Agusta Turismo Veloce Lusso SCS
Dans le cadre de notre test longue durée, focalisons-nous sur la dotation électronique de haut niveau de l'Italienne. La première bonne surprise, c’est que tout ce « marché aux puces » se commande très simplement avec une seule touche située au-dessus de la commande des clignotants. Inutile d’être ingénieur, tout y est très intuitif. Petit tour du propriétaire :
- 3 cartographies d’injection (Sport, Touring, Rain) ;
- 8 niveaux de Traction control (débrayable) ;
- ABS (On ou Off) ;
- Suspensions à réglage électronique (pilote seul, pilote + bagages, pilote + passager, pilote + passager + bagages) chapeautées par un setting général (Hard, Medium, Soft) ;
- Speed Limiter ;
- Cruise Control (avec fonction mémoire) ;
- Connection Bluetooth ;
- 2 prises USB ;
- Paramétrage séparé de l’arrivée de la puissance moteur, du frein moteur, de la réactivité de l’accélérateur et de la coupure moteur (rupteur) pour une machine « à la carte » ;
- Shifter up/down (débrayable) ;
- Application dédiée permettant un paramétrage fin à distance avec Iphone ou Ipad (pas Android !) Couplée au GPS de votre smartphone, l’appli peut aussi enregistrer vos trajets et les données télémétriques qui s’y rapportent.
Nous ne vous parlons pas ici de l'embrayage automatique puisqu'il s'agit d'un dispositif mécanique et si certains puristes peuvent ricaner devant cette pléthore de « puces savantes », ils restent qu’elles facilitent incontestablement la vie du motard. Dans le cas qui nous occupe, le large éventail de personnalisations possibles permet à chaque pilote de se concocter une Turismo Veloce sur mesures en fonction de ses désirs, des conditions de circulation ou du tracé parcouru.