Les professionnels de la moto américains doivent envier leurs confrères européens pourtant mal en point. En effet, sur les terres de Harley-Davidson, les ventes ne ralentissent pas leur chute libre. Michael Lock fait le point sur la situation pour le L.A. Times. Pour survivre, la moto va devoir faire rêver. Dans l'interview accordée au quotidien californien, l'ancien CEO de Ducati en Amérique du Nord détaille les raisons qui expliquent une situation commerciale préoccupante au pays des Harley-Davidson. Selon lui, c'est justement la domination de LA marque nationale qui plombe à ce point les statistiques. Le constructeur de Milwaukee cherche aujourd'hui à élargir son public vers les minorités et les enfants de ses clients traditionnels : les baby-boomers.
Harley-Davidson le reve Americain La crise économique n'a fait qu'accentuer l'inévitable en laminant le pouvoir d'achat de la génération descendante. "Harley était condamnée à heurter un mur de briques démographique entre 2005 et 2010", précise Mr. Lock. "Si la crise perdure encore 12 à 18 mois, il est très probable de ne pas voir les baby-boomers revenir dans les concessions aussi nombreux que par le passé". Quoi qu'il en soit, ce fin connaisseur du marché américain estime que les autres acteurs devront continuer à suivre dans une large mesure les directions prises par la Motor Company.Y compris les Japonais eux aussi sévèrement touchés par l'évaporation des clients. Plus jeunes, les amateurs de "sportbikes" (sportives mais aussi sport GT et roadsters) sont directement affectés par la crise du crédit. Leurs dossiers ne sont pas assez solides pour contracter des emprunts auprès d'organismes financiers devenus aussi frileux qu'ils furent prolixes à la grande époque des subprimes. En conjuguant les deux phénomènes, les ventes ont dévissé à un niveau inférieur à celui du début de la décennie. C'est ainsi qu'on apprend que les amateurs de motos locaux se contentent rarement d'une seule monture. Mais un garage familial bien achalandé peut avoir des effets pervers sur le business. "Si vous possédez 3 ou 4 motos, il est facile de laisser passer 1 an ou 2 avant d'en acheter une autre". "On se dirige droit vers le point bas du milieu des années 90". A l'époque, Triumph tout juste renaissante immatriculait 1000 machines par an et Ducati environ 1800 contre 10 000 exemplaires avant 2008...Passé depuis aux automobiles électriques, il s'interroge sur la pertinence des modèles haut de gamme actuels et à venir. Avec près de 200 ch cachés derrière la poignée, jusqu'à quel point les motos actuelles doivent-elles progresser ? D'après Michael Lock, le problème est simple : " le défi pour l'industrie consiste à justifier l'existence de moto haut de gamme à 15 000 $ dont personne n'a besoin alors qu'elle ne peut plus mettre en place des grosses opérations de communication"."Vous vendez quelque chose dont personne n'a besoin. Vous devez créer le désir"Bref, les constructeurs vont devoir vendre davantage le plaisir, l'émotion et plus seulement une nouvelle technologie ou une déco inédite. La moto est l'une des meilleurs façon de s'évader du quotidien qu'elle ne peut pas disparaître rappelle Mr. Lock, avant de conclure : "Le marketing bidon doit disparaître. La moto doit tout simplement redevenir un plaisir simple". Une perspective intéressante à quelques jours du salon de Milan où sera présentée une Ducati Diavel développée pour... les USA et sous la houlette de Michael Lock...
Source :L.A. Times
Marché US la simplicité contre la crise
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