Moto mythique chez Harley-Davidson, le Sportster avait disparu du catalogue, sans doute mise à la porte à cause des normes imposées. Et pourtant, HD ne lâche pas l'affaire avec un tout nouveau Sportster 1250S au look agressif accompagné d'un moteur qui dépote.
Bluffé par la nouvelle version de ce mythe ? Oui, on peut le dire et après une semaine d'essai, je peux vous dire qu'on ne s'est pas ennuyé.
Il faut dire que déjà sur le look, ils se sont lâchés avec le strict minimum pour la carrosserie : le réservoir, la coque atour d'une selle mono et un sabot moteur et puis c'est tout. La mécanique semble prise en sandwich entre les deux mais ça la met en valeur encore plus. Une ligne d'échappement haute avec deux gros silencieux sur le côté de la selle ajoute encore une touche plus racing. A l'avant, on trouve un gros pneu en 160/70, sous un mini garde-boue et un feu LED rectangulaire. La partie arrière est elle aussi étonnante avec une coque arrière coupée derrière la selle solo, un bras composé de deux tubes et la plaque et les clignotants prennent place sur un bras déporté.
La position sera aussi étonnante avec des commandes sur l'avant et un guidon pas très haut, le triangle selle, pose-pied et guidon est assez surprenant. Il améliorera sans doute la garde au sol mais implique que le pilote doit être assez grand pour la piloter à son aise.
Au guidon, c'est aussi du neuf et du moderne. Pas de barillet, la clé reste dans la poche mais on trouve plein de commodos différents avec à gauche un régulateur de vitesse, des poignées chauffantes et d'autres pour se déplacer dans les menus. Ce n'est pas tout puisqu'à main droite, on a les modes de conduite, le contrôle de traction et même de quoi piloter son téléphone.
Oui vous avez bien lu, on a à la fois des aides modernes comme les différentes cartographies dont une personnalisable ou un contrôle de traction et aussi une connexion au GSM pour ajouter par exemple via l'application dédiée la navigation. Vous pourrez aussi régler vos médias ou utiliser pour un kit main-libre.
Le tout se lit de façon assez facile sur un écran TFT couleur d'environ 10 cms qui reprend bien entendu toutes les informations. Certains menus sont néanmoins bloqués en roulant, c'est mieux pour la sécurité. Quelques informations sont par contre assez petites et ne seront pas forcément facile à lire en roulant.
Avec le Sportster S, on est aussi à la page pour la partie cycle puisque que la suspension avant fait appel à une fourche inversée de 43mm réglable en compression, détente et précharge sur les Tés de fourche et même le mono-amortisseur peut facilement être réglé via une molette séparée placée à l'arrière gauche de la coque arrière.
On est par contre plus surpris de ne retrouver qu'un seul disque de frein à l'avant, pour une moto dite sportive, le choix est étonnant même si l'étrier monobloc en fixation radiale se montre mordant et efficace. Il est en plus surveillé par un ABS qui réagit aussi en fonction de l'angle de la moto.
On verra à l'usage si ça sera suffisant pour freiner les 228 kg de la moto et son pilote. Il vaut mieux vu le twin qui anime le Sportster. 1252cc et pas moins de 121 chevaux à 7500 tours, ça pousse plutôt bien. Le twin passe vraiment pas la modernisation avec un refroidissement liquide, 2 arbres à cames en tête et une distribution variable. La tout nous donne un couple de 125 Nm à 6000 tours. Croyez moi, en mode sport, il faudra bien s'accrocher au guidon et vu la position de conduire, ce n'est pas peu dire ! Le pauvre petit réservoir de même pas 12 litres risque aussi souffrir si vous abusez de la poignée droite.
Il ne fait pas top pour cet essai, entre mi-figue et mi-raisin comme diraient certains mais ce n'est pas grave on va en profiter. Petit coup sur le starter pour démarrer la moto et bouf, le son est un poil étouffé. On est loin des Harley d'il y a à peine 10 ans qui faisaient nettement plus de bruit.
Je me pose sur la selle, pas très haute, à peine 765 cm mais pas très épaisse non plus. Où je mets mes pieds ? Ah oui, là devant, diantre, c'est bizarre, je suis comme plié en deux, en V du moins. Bon, on dit bien V-twin mais c'était pour le moteur, non ? Je m'y ferai au long de l'essai mais c'est assez spécial. En plus, on a l'impression d'être assis sur le pneu avant, ou presque. Il faut dire qu'il est particulièrement large.
Parlons direct du twin, c'est plus marrant. Et quelle pêche ce moteur Revolution Max ! Les accélérations sont franches et vous allongent les bras. Il faut dire que le rapport poids - puissance n'est quand même pas mauvais et le tout dans une moto compacte. Après, j'avoue ne pas avoir roulé qu'en mode sport mais aussi en mode route, plus reposant. Ce mode permet aussi d'accélérer et de s'amuser et la réponse à la poignée de gaz est un peu moins directe ou brutale, c'est selon. Puis, je dois bien économiser mon réservoir parce qu'avec plus de 5 litres au cent, je dépasserai à peine les 200 kms si je le vide entièrement, j'ai même allumé la réserve à 150 kms. Un peu plus de capacité n'aurait pas été un luxe. On n'est pas si mal que ça, on peut prendre la plupart des tournants sans risque d'y creuser des sillons même si dans certains ronds-points, j'ai usé un peu de ma botte gauche.
Le centre de gravité est bas et c'est aussi en partie dû à la conception originale de la moto avec le moteur qui permet de se passer d'un cadre traditionnel. La fourche avant remplit bien son rôle sur la plupart des routes, l'arrière a un peu plus tendance à talonner et vous renvoyer direct un impact sur un mauvais raccord. Heureusement, je n'ai eu trop souvent le cas mais ça surprend et ce n'est pas des plus agréables. Comme je le disais, le Sportster 1250S est classé dans la rubrique sport, et pas dans les motos de tourisme. On gagne en précision et en amusement mais on y perd en confort.
J'avais un peu peur du freinage, je ne suis définitivement pas fan du mono disque même si je peux reconnaître que cette Harley freine plutôt bien et je n'ai jamais été surpris. J'utilise aussi le frein arrière comme souvent sur un custom, question d'habitude. Ceci dit, le poids assez contenu limite aussi l'inertie et on ne risque pas d'oublier qu'on n'est pas sur une sportive comme la plupart des motards le comprend.
Les commodos sont faciles à utiliser bien que ça reste une belle source de distraction. Harley a bien bloqué l'accès en roulant, c'est une bonne idée et encore, je n'ai pas utilisé les fonctions GSM.
Une petite anecdote qui m'est arrivée pendant l'essai. En pleine séance photos - vidéos (bah oui, on fait ça nous même), deux personnes s'arrêtent pour venir voir la moto, en font le tour, posent plein de questions et puis demandent de la démarrer. Et là, drôle de tête : "Ce n'est pas le bruit d'une Harley ça, on est déçu"... C'est dire comme dans l'idée des gens, une H-D doit faire du bruit.
On m'a aussi demandé si c'était toujours une Harley avec toutes ces aides électroniques, on n'en a pas l'habitude. Pour moi, je répondrai que oui, c'est bel et bien une Harley mais moderne, il faut évoluer et les normes imposent aussi des changements et des évolutions.
Reste évidemment à passer à la caisse, enfin à la banque parce que le nouveau Harley-Davidson Sportster S vous coutera 17.495 € en version noire. Un fameux budget qui la place au dessus d'un Softail et du Nightster. La Pan America qui possède la même base moteur est, elle, un peu plus chère, on sera curieux de voir l'essai que notre collègue en a fait.
