En 2018, AGV tentait de révolutionner le créneau des modulables avec son Sportmodular tout en carbone. L’exercice de style était convaincant mais ce « modulable racing » souffrit de son tarif élitiste (799€) pour devenir un vrai succès commercial. Aujourd’hui, le fabricant italien nous revient avec le Tourmodular. Moins cher, il se veut plus confortable tout en revendiquant le niveau de sécurité d’un intégral.
Le Sportmodular, ultraléger et doué en aérodynamique est depuis quatre saisons un des casques que nous portons le plus fréquemment, preuve d’un concept réussi. L’histoire aura pourtant donné tort à AGV : trop iconoclaste et décalé avec ses caractéristiques de casque racing (sa boucle double D par exemple), le Sportmodular n’a pas eu le succès escompté, de sorte que la sortie de son successeur revêt pour le manufacturier transalpin une réelle importance stratégique. Notez du reste que le Sportmodular reste au catalogue de la marque chère à Valentino Rossi. Ceci dit, pour reconquérir le public des routards et autres navetteurs, AGV devait comprimer les coûts tout en accentuant le confort car, et les Italiens n’en font pas mystère, il s’agit pour le nouveau Tourmodular de concurrencer les ténors de la catégorie que sont les Shoei Neotec II et Schubert C5. Eh bien, sachez qu’AGV ne s’est pas fourvoyé.
Le concept en statique
D’abord, le Tourmodular se veut toujours comparable à un intégral ; ensuite, il souscrit à la nouvelle norme 22.06 et offre la double homologation P/J, de sorte qu’il vous est loisible de circuler avec la mentonnière fermée ou ouverte, en configuration intégral ou jet, donc. Mais ce n’est pas tout : pour offrir le même niveau de sécurité qu’un intégral de course, le Tourmodular est l’aboutissement du protocole AGV Extreme Safety, soit plus de 75 ans d'expérience en matière de protection de la tête. Ici, la calotte résulte d’un alliage de carbone, d’aramide et de fibre de verre ; des matières nobles de nature à limiter le poids tout en optimisant la protection. En termes de poids, notre Tourmodular taille XXL accuse 1650g sur la balance, ce qui reste plus léger que ses deux cibles japonaise et allemande. Dans son argumentaire, AGV souligne aussi un encombrement « réduit au minimum » mais nous tempérons le propos parce que le Tourmodular affiche les mêmes mensurations que ses concurrents ou que le Sportmodular et reste nettement plus volumineux que le Kabuto Ryuki essayé dans nos colonnes il y a quelques mois. Il est probable qu’il faut entendre par là qu’AGV a limité l’encombrement au pro rata de ce que permet la nouvelle norme. L’excellent système de fixation d’écran métallique reste de mise et se singularise à la fois par sa compacité et par sa grande facilité. De tels systèmes miniaturisés préservent mieux la structure de la calotte en cas de chocs latéraux.
Ce qui nous amène à parler de l’écran : le Tourmodular est construit selon les paramètres AGV Ultravision. Une forme qui permet un champ de vision horizontal de 190° et un champ vertical de 85°, afin de ne pas limiter les capacités de l'œil humain. De fait, le champ de vision offert par le Tourmodular excède celui de tous ses concurrents et largement celui du Sportmodular pourtant déjà peaufiné sur ce point. Grâce à son système de fermeture et à son épaisseur allant jusque 4mm, comme pour les meilleurs intégraux racing, l’écran du Tourmodular se veut solide et stable quel que soit le contexte. D’un point de vue optique, il est de classe 1, c’est-à-dire qu’il ne provoque ni distorsion ni altération de votre vision. Notons, pour en finir avec l’écran, qu’il vous permet aussi de le laisser entrouvert tout en étant verrouillé, ce qui est un gage de sécurité et de confort.
Avec sa longue expérience de la course, AGV ne peut commercialiser un casque qui ne ferait pas de l’aération un point essentiel. La face du casque ne laisse d’ailleurs planer aucun doute à ce propos ; mais AGV a voulu aller plus loin et a doté son Tourmodular de quatre prises d’air doublées de seize (!) extracteurs répartis dans la calotte interne. La surface totale de ventilation du nouvel AGV atteint 22,53cm2, ce qui est énorme dans le segment.
L’air nous amène logiquement à l’aérodynamique : le Tourmodular a été conçu en soufflerie alors que de nombreux concurrents se contentent d’une CAO moins onéreuse. En théorie, le résultat est des plus probants puisque l’indice Z-Lift du nouvel AGV est nul à vitesse de croisière, ce qui signifie qu’à 130km/h, le poids dynamique du casque sur la tête est nul.
Comme certains utilisateurs du Sportmodular incriminaient un confort rêche du revêtement au contact du visage, AGV a tenu cette fois à utiliser une qualité de matériaux inédite doublée d’une technologie optimisée d’absorption de l’humidité superficielle de la peau. Par ailleurs le revêtement interne présente une trentaine de combinaisons possibles des mousses (faciles à ôter/remettre d’ailleurs) pour une adaptation parfaite à la morphologie. Il faut encore mettre en lumière l’utilisation de matériaux déperlants sur le col et dans les parties les plus exposées de l’intérieur. On voit ainsi le désir d’AGV d’éradiquer au maximum toutes les causes de désagréments pour qu’en ressorte un confort maximal.
Par ailleurs, le Tourmodular est le premier casque modulable permettant d’intégrer le système de communication répondant à la technologie DMC, AGV INSYDE by Cardo. Cette dernière permet une connexion ininterrompue indépendamment de la position du motard au sein du groupe et gère jusqu’à 15 systèmes sur une distance maximale de 8km. Des caractéristiques de haut vol mais qui majorent le prix du casque de… 345€ !
La vérité vient de la dynamique
Cette fois encore, AGV se signale par un packaging léché dégageant une belle impression de sérieux. Notre casque nous parvient dans sa finition Stelvio White, un coloris indéfinissable qui, en fonction des conditions d’éclairage paraît tantôt blanc, tantôt gris mais toujours chic. Décliné en Galassia Blue Matt, le casque italien ressemble à s’y méprendre au Shoei Neotec II, preuve que ce dernier a bien servi de cible privilégiée. Comme de juste, un sac de transport est fourni d’origine ainsi que deux cache-nez et une (grande) bavette anti-remous.
Dès qu’on porte le Tourmodular, le confort supérieur de l’habillage interne frappe par rapport au Sportmodular : c’est très doux et moelleux à la fois, ce qui rappelle effectivement le confort à la japonaise. Bon point aux yeux des bigleux : des cannelures spécifiques sont prévues dans l’habillage pour accueillir les branches de lunettes qui, de fait, se font immédiatement oublier. L’autre caractéristique que l’on remarque d’emblée, c’est le champ de vision : on a droit à un écran en Imax si dégagé qu’on pourrait croire porter un jet ! La sécurité y gagne, c’est incontestable. Comme l’annonce le fabricant, l’écran de classe optique 1 offre une transparence totale que ne vient troubler aucun reflet. Malheureusement, ce n’est plus le cas dès que le Pinlock (un Maxvision 120, soit le top) est installé parce que cette lentille supplémentaire amène son lot de reflets parasites ; mas ça, c’est inévitable et le casque n’y est pour rien.
Quand on roule, c’est l’équilibre général du Tourmodular qui apparaît : il ne pèse jamais sur aucune zone de la tête et ne semble en réalité pas plus lourd que le sylphide Sportmodular. Et lorsque l’allure s’accélère, comme sur autoroute, son aérodynamique vient justifier tout le bien que nous pensons de ce casque : en la matière, le Tourmodular ne souffre pas d’une comparaison avec un intégral ; il nous laisse même une meilleure impression que notre AGV K6. Il est clair que le développement en soufflerie plutôt que sur ordinateur n’y est pas étranger ; en termes d’aérodynamique, l’AGV fait légèrement mieux qu’un Neotec II et se hisse au niveau d’un C5. C’est évidemment tout bénéfice pour le confort et pour le niveau sonore.
Sur ce dernier point aussi, le Tourmodular peut se comparer sans rougir à un intégral moyen et fait à nouveau jeu égal avec le Shoei tout en concédant encore un (léger) retard sur le Schubert. L’écran solaire, toujours réglable, atténue bien le rayonnement sans altérer la vision (classe 1) et peut se porter aussi si le soleil n’est pas présent mais que la luminosité reste importante. De leur côté, les accessoires fournis viennent apporter leur pierre à l’édifice : le second cache-nez, plus volumineux que le premier, s’apparente au masque anti-pluie porté en course par les pilotes ; il sera un vrai plus en cas de forte pluie. On peut en dire autant de la large bavette anti-remous par temps plus frais ; toutefois, ces trois accessoires se signalent par une mise en place perfectible dans la mesure où ils s’enlèvent un peu trop facilement. C’est ainsi que nous avons perdu un de nos cache-nez tout en roulant…
L’argumentaire commercial d’AGV fait aussi référence à l’étanchéité de son nouveau modulable et ce n’est pas une vaine rhétorique parce qu’en effet, la pluie ne s’invite pas à l’intérieur, chose courante sur nombre de casques, même chers. Le Neotec II, par exemple. De même, les matériaux déperlants choisis pour les zones exposées de l’arrière font leur office et les laissent sèches au toucher après un roulage sous le pluie.
Pour conclure
Le Tourmodular nous a épatés par son aptitude à magnifier le comportement du Sportmodular et à gommer ses manquements en en faisant des qualités marquantes. Au total, on obtient ainsi un des meilleurs modulables du marché actuel. Une vraie réussite ; non content d’être très confortable, brillant en aérodynamique, plutôt silencieux et très bien ventilé (notamment sur le haut du crâne, ce qui est rare), le Tourmodular jugule également très bien les entrées d’eau lorsqu’il pleut. Bref voilà un casque qui recule les frontières atteintes par AGV sur le créneau du tourisme.
Caractéristiques casque AGV Tourmodular
- Coque en carbone, fibres d'aramide et fibres de verre
- 3 tailles de coque
- Calotin en EPS à 5 densités
- Double homologation ECE 22.06 P/J
- Système d'ouverture de la mentonnière en métal
- Profil sécurisé pour la clavicule
- Ecran de classe optique 1 de 4 mm d'épaisseur, anti-rayures
- Lentille anti-buée Pinlock MaxVision 120
- Mécanisme d’écran à (dé)montage rapide
- Ecran solaire rabattable et réglable
- Intérieur démontable et lavable en Ritmo et Shalimar
- Mousses de joues interchangeables
- Cannelures pour lunettes
- Ventilation : 4 entrées d'air, 16 extracteurs
- Bavette anti-remous et 2 cache-nez amovibles
- Compatible intercom AGV Insyde by Cardo
- Jugulaire à boucle micrométrique
- Poids : 1.620g pour la plus petite calotte ; 1650g mesurés en XXL
- Tailles : XS à XXL
- Prix : de 599,95€ à 629,95€ suivant déco