La Triumph speed Twin 1200 chapeaute la gamme des modèles Rétros de chez Triumph. A côté de la classique T120 au look intemporel et de la turbulente Truxton 1200, la speed Twin offre une alternative aux motards qui recherchent un look classique mais des périphériques modernes sur leur moto. Pour les contenter, Triumph propose depuis plusieurs années cette déclinaison speed Twin en 900 comme en 1200 et c’est cette dernière qui a passé une semaine entre nos mains.
Arrivée sur le marché en 2019 avec comme deal : look classique et performances d’une moto moderne, telle était la mission confiée aux ingénieurs des bureaux Triumph à Hinckley. Elle a été revue pour un passage au normes Euro5 et ils ont en profité pour l’agrémenter de quelques nouveautés techniques.
Avec ce passage aux normes Euro5, le Twin parallèle développe maintenant 100 cv à 7250T/Min et offre un couple de 112Nm à 4250T/min. La puissance arrive 500 tours plus haut tandis que le couple reste inchangé.
Ces valeurs proviennent de l’arrivée de nouveaux pistons haute compression (c’est indiqué sur les carters), échappements redessinés, arbres à cames avec un nouveau profil, vilebrequin allégé. Bref, que du bon pour l’agrément de conduite de ce moteur qui n'a jamais été poussif mais qui devient jouissif maintenant. La boîte à 6 rapports ne pose aucun problème, les rapports se passent net et sans bavure.
Contrairement à la classique T120, la fourche traditionnelle cède sa place à un modèle inversé de chez Marzocchi, diamètre de 43mm non réglable. Elle est ferme et on sent bien les raccords et autres différentes particularités de notre réseau routier Belge, pfffff….. Un peu de confort en plus n’aurait pas été superflu. Vos poignets ressentiront très vites les secousses et après une longue journée de roulage, l’intérieur de nos mains était douloureux.
Les deux amortisseurs arrières RSU se contentent d’apporter un réglage en précontrainte de base. On sent bien que cette manœuvre a été délibérément choisie pour garder le budget dans un tarif raisonnable. Les débattements des suspensions sont de 120mm pour l’avant comme l’arrière.
Avoir un moteur vigoureux et des suspensions efficaces bien que basiques, c’est bien mais les freins sont un autre élément important sur une moto. Sur ce point, pas d’économie chez Triumph. Exit les Brembo et les disques de 305mm on passe sur du lourd. Disques de 320mm pincés par des étriers Radiaux monobloc M50 pour la roue avant tandis que l’arrière se voit doté d’un disque de 220mm et un étrier flottant Nissin à double pistons. Autant vous dire que planter un freinage de trappeur est un jeu d’enfant et que l’ABS a du boulot vu la puissance de l’ensemble. Il est parfaitement calibré et ne se montre que très peu intrusif.
Merci l’électronique et surtout merci les pneus. Triumph a choisi de poser des Metzeler Racetec RR sur cette Speed Twin. Ce choix peut paraître surprenant au premier abord mais se révèle cohérent au vu des performances.
Les jantes sont très belles, elles se composent de 12 branches en aluminium coulé et disposent de valves coudes qui facilitent les opérations de maintenance. En parlant de maintenance, Triumph repousse les opérations courantes d’entretiens à un intervalle de 16000km, pas mal pour les gros rouleurs.
Cette Speed Twin possède une selle dure au premier abord et qui offre un confort surprenant en roulant. Elle se pose à une altitude de 809mm, ce qui permettra même aux moins grands d’entre nous de poser les pieds à plat au sol. Le poids de 216Kg tous pleins faits est aussi un atout, une moto basse et légère s’offre ainsi aussi à la gente féminine qui redoute parfois le poids et la hauteur de selle.
Comme partout de nos jours, les assistances électroniques sont de la partie, même sur moto au look classique. Les différents modes moteurs Rain, Road et Sport jouent sur la cartographie d’injection rendant le moteur plus ou moins souple ou agressif ainsi que sur l’antipatinage qui est le bienvenu au vu du couple de cette Speed Twin. On peut modifier les modes en roulant, il suffit de débrayer, gaz coupés, pendant plus d’une seconde et c’est fait.
Déconnecter l’antipatinage ne se fera qu’à l’arrêt via le menu au tableau de bord.
Parlons-en de ce tableau de bord. Il garde une allure classique avec compteur et compte-tours séparés à aiguilles mais dotés chacun d’un écran en leur sein pour afficher les informations suivantes : rapport engagé, odomètre total et partiels, niveau de carburant, conso moyenne et instantanée et aussi le niveau de l’antipatinage ainsi que le mode moteur choisi.
Ces informations et réglages se commandent via le commodo gauche. Pour recharger votre smartphone, un port USB es tinstallé sous la selle, guère pratique à notre avis.
Pour le look, Triumph a fait dans le sobre. Les coloris disponibles sont tous mat et il s’agit d’un rouge, d’un gris et d'un noir.
Le noir est présent aussi sur les cônes d’échappements, le moteur, le guidon et certains périphériques. Ici, on voit fort la différence avec la T120 qui se pare de chrome partout où elle peut en placer.
Il y a ici quelques belles pièces en finition alu brossé qui offre un contraste sur le noir et avec le rouge quasiment fluo de notre version d’essai, il faut reconnaître que cela en jette !
Niveau qualité de fabrication puisqu’on est sur ce sujet, il n’y a a grand-chose à reprocher à cette Speed Twin. Elle sort des ateliers Thaïlandais de la marque et malgré les craintes, les finitions sont excellentes, le soin du détail est présent et les contrôles qualité font leur job. Donc aucune crainte pour un acheteur à avoir.
Au guidon de cette Speed Twin, on se sent bien. Elle peut enrouler sur le couple comme se montrer joueuse si on tire dedans. Juste un bémol pour les manœuvres à bas régimes où le moteur ne fait pas preuve de grande souplesse et l’embrayage se montre sec. Il nous est arrivé de caler en manœuvrant. Autre point discutable, le rayon de braquage. Il est limité, empêchant d’opérer un demi-tour en une fois dans une petite rue. C’est dommage car c’est un lieu qui est faite pour elle, la ville est son terrain de jeu.
Les reprises seront franches et on peut évoluer en souplesse sans crainte à partir de 2500T/Min. En deçà, on jouera de la boîte et de l’embrayage. La rétro vision est bonne, les très beaux rétroviseurs en bout de guidon sont grands et offrent une vue arrière bien dégagée quelle que soit votre carrure.
La largeur totale de 778mm est un autre atout lors des remontées des files sur le périphérique Bruxellois le matin.
Sur autoroute, le 120 Km/h se tient sans problème aucun. Point de vibrations désagréables et la prise au vent est raisonnable malgré l’absence totale de protection.
Sortons vite de là et allons jouer sur les petites routes sinueuses ! La Speed Twin retrouve de sa superbe et offre à son pilote de purs moments de plaisir. Montées en régimes franches et amusantes, freinage au top et tenue de route convaincante laisseront au pilote d’excellents souvenirs au point qu’il nous est arrivé de parcourir 5 fois le même tronçon tellement l’expérience vécue à son guidon était cool. Le sourire beat sur notre visage en fût l’indicateur. Les pneus Metzeler apportent ici leur pierre à l’édifice. Inconnu pour nous, ces pneus aiment la conduite sportive mais ne sont pas fans des routes fort mouillées. Les dessins sur la gomme de la bande de roulage s’arrêtent à quelques centimètres du bord du pneu et il vous est fortement conseillé de ne pas angler comme un cochon dans le cas où vous roulez sur le mouillé. Des pneus avec un profil plus sport- tourisme nous semblent ici bien plus indiqué.
Sous une drache nationale, le mode de conduite Rain nous a été d’un grand secours pour assouplir la conduite de cette speed Twin ; il a effectivement lissé la courbe de couple et la puissance arrivait progressivement. Pour le reste de notre essai, nous sommes restés sur le mode Sport qui est plus réactif sans être brutal. Il permet d’enrouler comme de s’offrir des montées en régimes franches.
La Speed Twin est une très chouette moto pour qui recherche le look et les performances moteur sans se faire peur ou sans dévaliser la banque. Agrémentée de quelques accessoires choisis dans le très conséquent catalogue constructeur, elle se posera en compagne du quotidien comme des évasions lors de week-ends. La partie cycle assume son rôle avec entrain, le châssis est imperturbable si vous restez dans ses limites. Il va falloir sérieusement attaquer pour le prendre en défaut. Les freins seront là pour les entrées en virage un poil trop optimistes dont nous faisons parfois preuve.
Le seul bémol pour nous, c’est le duo. La selle n’est pas longue et même si la mousse dense offre un confort acceptable sur des petits trajets, un long trip d’une journée demandera beaucoup d’abnégation à votre passager. Point de poignées pour de se tenir, juste une malheureuse sangle posée sur la selle. C’est dommage car le moteur et le châssis s’y prêtent pourtant. L’autonomie de 250km avant réserve proposée sera donc la limite que pourra endurer votre passager.
La Triumph Speed Twin est une bonne moto qui se livrera à vous contre la somme de 14.495€ sans option ni accessoire. Dans cette gamme de prix, il y a de la concurrence : BMW Nine-T pure, Kawasaki Z900RS, Yamaha XSR900, la Suzuki Katana. La Triumph Speed Twin a pour elle son charme, son look ancien et sa technologie moderne. Elle est le trait d’union entre deux mondes, ce qui peut être un avantage comme un inconvénient pour les amateurs. Elle vaut un essai et si vous craquez, vous n’aurez pas de regrets, c’est une très bonne machine qui procurera des sensations et du plaisir à son guidon.
Lolobadboy