La Kawasaki Eliminator ne devrait pas vous faire trembler contrairement à ce que son nom laisse croire mais vous marrer à son guidon par contre, c'est fort probable.
Les customs de moyenne cylindrée étaient légions il fut un temps et quitte à passer pour un vieux, je dois dire qu'on en voyait beaucoup, certains de stock et d'autres complètement modifiés. Même les 125 avaient droit à leur parfum de cruiser sauce US. Et puis pouf, plus rien ou presque, ah si, une Honda CMX500. A vrai dire, même ceux avec un moteur plus important ont presque disparus... ah fashion victimes que vous êtes amis motards.
Plus sérieusement, je voulais la tester cette Eliminator 500 parce que je lui trouve une belle bouille et puis, je l'avoue, j'ai fait mes premiers kilomètres sur une EL250. Ah vous en riez peut être mais j'étais fier comme un paon d'avoir ma moto à moi avec un look, finalement pas si éloigné de la nouvelle mais pas le même moteur.
La EL500 opte donc pour le style custom avec des jantes à bâtons de 18 et 16 pouces à l'arrière, une selle en deux parties, un large guidon et dans notre version SE, une petite tête de fourche. Des soufflets de fourche à l'avant, deux amortisseurs noirs tout comme le reste de la moto. Pas de fantaisie ni touche de couleur, noir, c'est noir ! La seule fausse note, à mon avis, se trouve au niveau des tubes d'échappement qui partent vers la roue avant et puis repartent vers le gros silencieux mat. On a connu mieux intégré.
Si on fait l'impasse sur les catadioptres arrière, l'ensemble a belle allure avec une moto basse, toute en longueur et avec une selle à 735mm, elle se montre accessible à toutes et tous. Le poids ne sera pas non plus un obstacle avec 177 kg sur la balance. Les pose-pieds en position médiane offrent au pilote une position relax avec le buste droit et même avec mon mètre quatre-vingt, je ne me suis pas senti à l'étroit.
Devant moi, un petit écran LCD tout rond, noir sur fond gris, lisible et complet avec une jauge, l'heure, le rapport engagé et même une connectivité bluetooth mais qui ne vous offre toutefois pas la navigation à l'écran. Des commodos classiques puisque le tableau de bord se pilote via les deux boutons sur le côté, pas de mode de conduite ni de quoi vous distraire. Mais... mais quel est donc ce drôle de truc près de la poignée droite ? Non, ce n'est pas un anti-radar, un tazer ou autre, c'est une prise USB... Il faut avouer que là, ils se sont un peu loupés je pense. Je ne sais pas vous mais moi je n'ai jamais vu ça.
Bon, ça ne nous empêchera pas de rouler et pour rouler, elle est plutôt bien servie avec son bicylindre parallèle de 451cc qui propose 45.4 cv à 9000 tr/min. Une puissance disponible assez tôt et qui permet de rouler à son aise mais aussi d'ouvrir les gaz quand on veut en profiter. Evidemment, rien de comparable avec un gros twin des US mais l'Eliminator est plutôt joueuse quand on lui demande. La sonorité n'est pas déplaisante même si le silencieux n'est pas des plus jolis. Le moteur permet aussi de se balader et de bien doser sa conduite, pas besoin de mode de conduite.
Si je ne l'ai testée qu'en solo, on peut bien entendu rouler avec une personne sur la selle arrière, enfin le pouf. Il faudra durcir un poil les deux amortisseurs arrière. Pas de matos high-tech ici, une fourche de 41 mm et les deux combinés arrière font bien leur boulot. Ca ne talonne pas sur les raccords de la route (enfin, jusqu'à un certain point), la moto ne plonge pas au freinage et en courbe, la EL trouve facilement sa place et ne se désunit pas même si on hausse un peu le rythme. Attention, ça n'en fait pas une sportive mais si je compare avec ma EL des années 90, la partie cycle a vachement bien progressé.
Pareil pour le freinage, il faudra penser custom et ne pas hésiter à utiliser les deux en cas d'urgence. Un disque de 310mm et un étrier deux pistons et un 240mm aussi à deux pistons se chargent de vous arrêter. C'est largement suffisant pour la plupart des utilisations que vous ferez de votre Kawasaki. L'ABS est bien entendu présent mais pas trop.
On a du coup entre les mains une chouette moto, facile à manier et qui n'a peur de rien. Que ce soit la balade tranquille, les petits virolos en ouvrant un peu plus les gaz aux trajets quotidiens, la EL assure et rassure. Evidemment, pas de protection, pas d'aspect pratique, c'est un custom ! Sortez votre perfecto ou votre tenue vintage et c'est parti !
A l'heure du choix, on se posera peut être la question du choix avec sa grande soeur, la Vulcan 650. Hé oui, la El n'est pas la seule chez Kawasaki et la Vulcan est un peu plus puissante, un peu plus coupleuse et peut être bien équipée avec une version tourer assez intéressante mais la Kawasaki El 500SE est bien moins chère proposée à 7.099 € alors que la "grande" demandera 8.499 €. Une différence conséquente pour 15 cv de plus mais plus de poids aussi mais si vous roulez à deux, les 20 Nm de couple peuvent être intéressants.
En bémol, je ne garderai que ces tubes d'échappement et la prise USB parce que même le réservoir de 13 litres n'est pas un obstacle à la balade vu la consommation qui peut tourner sous les 4 litres au cent et permet une belle autonomie.