Bella
Le nom de Caponord ne vous est peut-être pas inconnu, normal, il n'est pas nouveau chez Aprilia et entre 2001 et 2008, il existait déjà un trail du même nom, dôté d'un twin issu de la sportive de l'époque : la RSV 1000.Pour 2013, la voici donc de retour, visant cette fois la catégorie des trails sportifs adoptant un look plus dynamique
.A l'avant, on retrouve le même design que la RSV4 avec ses 3 blocs optiques, les deux latéraux sont allumés en permanence. Confort oblige, la tête de fourche est équipée d'une bulle, réglable facilement sans outil et qui en plus de ne pas alourdir la ligne de la moto se montre très efficace.
Derrière celle-ci, le tableau de bord entièrement digital reprend un tas d'informations, à s'y perdre parfois : en plus des trips, compteur et compte-tour, on y trouve une jauge, la température du refroidissement, le choix de la cartographie, le niveau du contrôle de traction.On peut même y voir une horloge, les kilomètres restant sur la réserve et sa vitesse maximale... " Non monsieur l'agent, mais en fait je reviens d'Allemagne là... c'est pour ça le 195 km/h...si, si je vous jure "
A placer en cas de contrôle inopiné ! Ensuite l'oeil se pose sur les réglages de fourche, le bleu ne passe pas inaperçu même sous ce grand et large guidon alors que les protège-mains collent tout à fait au genre passe-partout. Derrière le réservoir, la selle noire au liseré rouge se montre à la fois accueillante en gardant un look sportif, même celle passager semble confortable même si un peu haute. Sur les flancs, la Caponord vous laisse aussi voir une partie de son cadre tubulaire, emprunté d'ailleurs à la Dorsoduro ainsi que les plaques alu le constituant.
Si la partie arrière est renforcée pour pouvoir emmener passager(e) et valises, tout se cache sous une splendide coque arrière et son passage de roue, un vrai régal pour les yeux. Même les poignées pourtant assez grandes ne gâchent pas la vue et pour ne pas tout salir à la moindre goutte de pluie, Aprilia a ajouté un garde boue à l'arrière de la roue, effet garanti là aussi. On a presque oublié le feux arrière intégré et ses leds disposées en V. C'est sûr, le design, les Italiens savent ce que ça veut dire.
Parole d'un pilote de Multistrada croisé sur la route : " Elle est belle ton Aprilia... " tout est dit ! Et en vidéo, elle est encore plus belle.
Faites parler la foudre !
Economie oblige, on ne retrouve pas que le châssis tubulaire de la Dorsoduro mais aussi son moteur : un bicylindre en V à 90°. à peine plus civilisé puisqu'il développe ici 125 cv à 8250 tr/min contre les 130 cv à 8700 tr/min de la Dorso. En pratique on la sent en effet plus exploitable mais la Dorsoduro que nous avions essayée était le modèle 2011.
La valeur du couple reste identique : 115 Nm mais il s'obtient un peu plus tôt à 6800 tr/min au lieu de 7200 tr/min.Comme on parle chiffre, il faut bien reconnaî.tre qu'on est encore loin derrière les 150 cv de la Multistrada même si le couple, lui, est à peine plus élevée avec 124,5 Nm à 7500 tr/min.
Rassurez-vous ! Il y a plus que de quoi s'amuser, quand on parle de trail sportif, on ne s'est pas trompé. Ce n'est sans doute pas pour rien qu'on a le choix entre 3 cartographies : Touring, Sport ou Rain. Si ce dernier limite la puissance à 100 cv et adoucit le comportement du twin dans ses accélérations, les deux autres ne vous décevront pas, le mode sport étant juste un peu plus brutal que le Touring. La majeure partie du temps, vous opterez probablement pour ce dernier qui se montre un excellent compromis tout en restant très sportif. Ce sont de vrais étalons qu'il y a là dedans !
Malgré les 214 kg à sec (228 kg en version Travel), la Caponord vous colle les yeux au fond du casque à condition toutefois de rester au dessus des 3500 tr/min quand vous ouvrez les gaz.
C'est peut-être le point le plus gênant sur cette machine. Impossible par exemple de passer en ville à 50 km/en 6ème sinon ça cogne très fort, même en 4ème, à ce régime limite vous êtes déjà à 70 km/h.
Résultat : si vous roulez en groupe et que le rythme est plutôt lent (en respectant les limitations quoi) vous risquez de passer la balade en jonglant sur les 3 voire 4 premiers rapports. La poignée d'embrayage a beau être hydraulique comme en témoigne le petit bocal au guidon, elle reste assez ferme et même si la boîte est exempte de défaut, rapide et précise, ça n'en demeure pas moins fatiguant.
Les chevaux de la Caponord ont besoin de liberté pour s'exprimer : un comportement rageur qui donne la banane mais risque aussi de vous rapporter pas mal de prunes !
Eh oui, il faudra être parcimonieux avec la poignée Ride by Wire sous peine de braver tous les interdits. Notons qu'Aprilia semble (enfin) maîtriser sa technologie avec une gestion des gaz précise et sans à-coup ni désagréable surprise. L'électronique est d'ailleurs bien présent car en plus du tableau de bord et des cartographies, vous pouvez régler le contrôle de traction sur 3 niveaux. C'est votre injection qui sera utilisée pour calmer vos ardeurs, moins brutal que la rupture simple de l'allumage. Réglé sur le 2, il autorise quand même une légère dérive de la roue arrière si on ouvre en grand un peu trop tôt en sortie de virage. Surprenant la première fois, on en devient vite accroc... pas bon ça ! Et que dire de la mélodie du silencieux, pourtant d'origine.
Elle en fera fuir certains, ça c'est évident mais d'autres y trouveront une mélodie envoutante leur chuchotant à l'oreille " ouvre, ouvre les gaz mon fils " Qu'est ce qu'on hait ces essais, surtout quand on doit rendre les clés à la fin !
Confort, sport et voyage
La Caponord a de la pêche mais en plus on est bien installé. Bon il faut accéder à la selle haute de 840 mm, certains ne poseront pas les deux pieds au sol. Mais une fois au guidon, on ne se sent plus rouler. Il suffit de régler la bulle et on est parti, elle autorise même de rouler jusque 90 km/h visière ouverte sans être gêné par le vent. Pire, il faudra garder un &oelig.il sur le compteur car visière fermée, on ne ressent presque pas de pression et on se retrouve très vite au dessus des 120 km/h sans s'en rendre compte.
De leur côté, les suspensions font du vrai bon boulot, la fourche inversée de 43mm est réglable en compression et détente et elle est associée à un mono amortisseur Sachs latéral avec une molette de réglage très facile d'accès et d'utilisation. Avec un débattement plus important qu'un roadster, on peut ici rouler vite, presque partout, même sur une route en mauvais état. N'exagérons quand même pas, mettre la moto dans l'angle, sur un asphalte défoncé se fera avec précaution, comme on le ferait avec n'importe quel deux roues mais un poil plus vite. En plus la maniabilité apportée par le grand guidon est bien au rendez vous, le diamètre de braquage est même assez réduit.
Le freinage n'a pas été oublié avec des disques de 320mm, fixation radiale des étriers avec 4 pistons de 32mm secondés par un ABS peu intrusif. On peut aussi le débrancher via les menus mais on se demande bien pourquoi.
La Caponord n'a pas la vocation de jouer les enduros et le système est discret et efficace.Elle freine bien mais n'est pas trop brutale, elle ne plonge que sur un gros coup de frein et pour le reste, c'est tout à fait correct. Pour ne rien gâcher, la consommation est maîtrisée bien que la jauge soit parfois fantaisiste. Lors de notre essai, elle a tourné entre 4,5 et 6,6 litres aux cent, vu les performances du twin et notre utilisation, c'est plus qu'honorable. On a même refait 3 fois nos calculs pour être certains. Les 24 litres du réservoir, dont 5 de réserve, vous promettent ainsi de belles escapades, tout dépend bien entendu de votre utilisation de la poignée droite. Vous avez remarqué les drôles de rails le long de la selle arrière, ceux-ci sont d'origine et servent d'ancrage aux valises, en option ou de série sur la version travel.
La Travel, encore mieux équipée
La Caponord est disponible en deux versions : celle de base que nous avons essayée et une Travel qui ne se contente pas de l'ajout de valises et d'une béquille centrale.
Le silencieux passe vers le bas afin de préserver un volume identique des deux côtés et l'ACC apparaît au guidon. L'ACC c'est le Cruise Control qui vient s'ajouter au guidon, au dessus de la commande des poignées chauffantes.Mais le plus gros apport de cette version sera sans doute, l'ADD, une gestion électronique et dynamique des suspensions.
Vous pouvez choisir la précharge : solo, duo avec ou sans bagage mais probablement choisirez vous le mode full automatique qui adaptera les suspensions en fonction du poids embarqué.
Ce n'est pas tout, cet Aprilia Dynamic Damping modifiera les réglages selon la conduite et la situation : freinage, accélération, vitesse régulière... tout est pris en compte. Si ça ce n'est pas de la suspension active, on ne sait plus quoi vous proposer.
Cette version semble donc plus qu'intéressante bien que plus lourde et plus chère mais mieux équipée et puis rien ne vous interdit de laisser les valises à la maison pour une arsouille entre pote... enfin on dit ça comme ça, nous, on ne voudrait pas vous inciter.Photos constructeur.
Caponord ou au sud, on est partant
Non, elle n'est pas sans défaut : la gestion des menus est loin d'être intuitive et encore nous n'avions pas la version Travel avec cruise control et suspension dynamique. Pour vous dire, on a même dû consulter le manuel pour trouver comment changer de cartographie parce que le bouton mode ne le faisait pas et pour cause, seul, il sert à autre chose... fallait le savoir.
Autre défaut, la selle s'est décrochée de son ancrage sur le réservoir. En soit, ce n'est pas ennuyeux parce qu'elle n'a jamais bougé en roulant mais on le remarquait à l'arrêt et pour la remettre, il faut une clé Allen pour démonter et la replacer.
Son plus gros point noir reste le manque de souplesse du twin qui cogne sous les 3500 tours obligeant à jouer souvent du sélecteur. On sait que les bicylindres ne sont pas très souples mais quand même, ici c'est flagrant et pour la balade tranquille, c'est un peu raté.
A part ça, plus besoin de choisir entre fun et confort. Vous oublierez vite ses points faibles, on ne l'a pas lâchée de toute la semaine, même le week-end elle a roulé. Pas trop gourmande mais véloce, pas trop chère mais bien équipée, la Caponord a tout pour séduire tout comme son look d'ailleurs.Une belle italienne pleine de fouge dans votre garage, ça ne vous tente pas ?
Oups, j'attends déjà les dames se plaindre de nos propos. Mais la Caponord, c'est un coup de coeur, on l'aime ou on ne l'aime pas mais elle ne peut laisser indifférent et un motard passionné est un motard heureux.Ah oui, n'oublions pas les prix : comptez 13.290 euro pour la version de base comme celle de notre essai et 15.730 euro pour la Travel. La Multistrada commence en version de base à 16.590 euro et 19.890 euro pour la Touring et ses valises, ce qui laisse une bonne marge d'avance à l'Aprilia.
Dommage que nous n'avions pas l'occasion de comparer avec sa plus grande rivale ! Comme il existe une Dorsoduro 750, Aprilia ne tenterait il pas un coup de maître avec une Caponord 750 ? A coup sûr, elle pourrait faire très mal sur le marché...
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