Depuis 55 ans, Segura crée des vêtements moto comme d’autres créeraient de la haute couture, en restant à l'avant-garde tout en mariant classicisme et savoir-faire attesté. A des degrés divers, le blouson Lady Laxey (collection Revival 419,99€) et la chemise Sierra (Collection Street 239,99€) illustrent cette approche résolument qualitative.
Si au départ, Segura s'est beaucoup investi dans la course en vêtant quelques héros du Continental Circus (citons entre autres Patrick Pons et Christian Sarron), la marque des frères Jacques et Michel Segura s’est désormais orientée vers l'esprit néo-rétro, mais les quelque 140 références de ses collections continuent d'afficher la même passion du détail et de la qualité, jusqu’à faire office de référence en matière de vintage avant-gardiste.
Mais désormais, la griffe française désire aussi se positionner comme le premier fabricant de vêtements moto soucieux de l’environnement et de l’empreinte laissée par sa production. Ainsi, dès que c’est techniquement possible, Segura n’utilise que des matériaux respectueux de la planète, certifiés par des labels et organismes référents en la matière et dont les exigences garantissent le respect de l’environnement à l’instar de REPREVE ou de la certification GRS. A l’époque où nous vivons, il nous a paru pertinent de le préciser !
A l'arrêt
Le cuir de buffle retenu pour le Lady Laxey est connu pour traverser le temps sans en souffrir; on aurait pu craindre qu'il alourdisse le blouson, mais il n'en est rien et le Laxey reste léger malgré ses attributs "toutes saisons". Au déballage, la qualité perçue est incontestablement au rendez-vous et le soin apporté aux finitions est évident: zips (des YKK, le top en la matière), pressions, coutures, tout ici rencontre les exigences que l'on peut avoir avec un blouson vendu à 419,99€. La doublure thermique alvéolée est légère et, une fois ôtée, elle révèle une doublure fixe en Mesh destinée à optimiser la circulation de l'air et donc à limiter la transpiration. L'adaptabilité du blouson se limite à des pressions aux niveaux des poignets et de la taille, mais c'est amplement suffisant puisque le Laxey profite par ailleurs du Body Fit, entendez une coupe ajustée pour que le blouson reste proche du corps, ce qui est essentiel pour un vêtement de moto. Aux épaules et aux coudes, vous bénéficiez de protections Protect Flex OMEGA, développées par Segura en s'inspirant des carapaces du règne animal: c'est très souple, très léger et apte à diluer les forces d'impact en cas de chute. Notez que ces protections de niveau 1 peuvent très facilement se muer en niveau 2 en leur accolant une couche de Protect Flex ALPHA qui sont, quant à elles, alvéolées comme les nids d'abeilles. La poche pour une dorsale est prévue mais la protection sera à acheter à part, ce que nous trouvons toujours mesquin de la part des fabricants.
Autre registre avec la (sur)chemise Sierra. Elle fait un beau couple avec le Lady Laxey parce que, comme ce dernier, elle passe très facilement pour un vêtement « civil ». Avec ces deux nouvelles créations de Segura, inutile de rester à côté de votre moto, vous resterez élégant en ville aussi. Et nous trouvons que c’est un argument de vente supplémentaire : un vêtement offrant toute la technicité requise et sachant rester discret, c’est une indéniable qualité. Certes, les chemises de type bûcheron, on connaît ça ; certains conducteurs de customs en sont friands. Mais Segura va plus loin : d’abord la Sierra n’est pas noire et rouge comme toutes les autres, elle offre un motif de type tartan rouge et marine. Tant qu’à avoir le look bûcheron, autant que ce soit un bûcheron écossais… Comme de coutume, les finitions sont ici de haut niveau et, comme pour mieux prouver que la Sierra est bien une veste de moto déguisée en chemise –et pas l’inverse !-, elle se dote d’un passant à la taille permettant de la solidariser avec un pantalon. De plus, elle se dote d’une doublure thermique qui ne la cantonne pas seulement à l’été et, qui plus est, elle est également nantie d’une membrane étanche. Bref, la Sierra est une authentique veste mi-saison que vous utiliserez facilement quatre à six mois par an. On est donc loin du gadget réservé aux fashion victims.
Au guidon… ou sur le siège passager
Première constatation pour le Lacey, le cuir de buffle est suffisamment fin pour que votre blouson reste très souple à porter. De plus, le Body Fit fait effectivement du Lacey une sorte de seconde peau; revers de la médaille, le blouson taille plutôt petit et le M est préférable au S à moins que vous n’affichiez une authentique taille de guêpe. A contrario, rouler sur une moto n'offrant pas ou peu de protection ne fera pas flotter votre Lacey, confirmant par là son confort. Les zips YKK se manient sans effort et laissent une belle impression de robustesse. Du côté des poches, c'est très satisfaisant avec deux grandes poches intérieures (qui sont bien présentes sur les deux doublures) et trois poches extérieures auxquelles vient s'ajouter une poche portefeuille à hauteur de poitrine. Madame n'aura donc pas trop de mal à emporter les petits objets de son quotidien. Les discrètes protections se signalent en effet par leur grande souplesse, si bien qu'on n'a tout simplement pas l'impression de porter une veste de moto.
Bien que la présence d'une doublure thermique fasse du Lacey un blouson "toutes saisons", ne comptez tout de même pas rouler avec lui en plein hiver. Par contre, les jours frais de printemps et d'automne ne devraient pas vous décourager: rouler par une dizaine de degrés n’engendre pas de souffrance notable. A l’inverse, dans une ville ensoleillée et estivale, la doublure Mesh fait son effet et vous évite une sudation excessive. A noter dans ce dernier cas que la doublure thermique est très compacte et se range aisément dans un sac à dos. Concernant le col Mao, il protège peu du vent puisqu'il ne monte pas sur le cou: écharpe ou tour de cou indispensables! Pour l'anecdote, sachez que sous la pluie, le cuir de buffle se tire plutôt bien d'affaire puisque 30km de flotte ne l'ont pas percé. Un bon point de plus, donc.
La chemise Sierra quant à elle se rit des eaux célestes grâce à sa membrane étanche. Sa respirabilité est excellente et bien que sa membrane thermique ne soit pas amovible, elle ne devient pénible qu’au-delà de 25°/28°. Bien entendu, les pressions apparentes sont doublées d’une discrète mais très robuste fermeture éclair (une YKK elle aussi) ; aucun risque donc que votre chemise s’ouvre et vous fasse jouer les parachutes sous l’effet du vent.
Notons que les protections offertes par la Sierra sont identiques à celles qui équipent le Lacey ; ici aussi la dorsale est en option. On en apprécie, plus encore que sur un blouson de cuir, la grande souplesse. Par contre, en termes de poches, la chemise est un peu moins nantie que le blouson car ses deux poches extérieures sont nettement plus exiguës. Terminons en soulignant que la Sierra n’est pas faite de simple tissu mais de polycoton breveté par Dupont et embarquant du kevlar pour une résistance maximale à l’abrasion et à l’échauffement. Encore une fois, il s’agit d’une vraie veste plutôt que d’une chemise…
Au bout du chemin
Nous conclurons en insistant sur l'élégance que dégagent le blouson Lacey et la chemise Sierra et sur le confort réel qui les caractérise. Au guidon, ils se font tous deux oublier et nous en avons spécialement apprécié la polyvalence, avec même une petite préférence pour l’originalité de la Sierra. Alors certes 430€ et 240€, ce n'est pas donné, mais ça ne choquerait sans doute pas chez certains autres équipementiers dont les critères de qualité n'excèdent pas ceux de Segura, et c’est un euphémisme.