Un coeur pour vous faire vibrer
Nous retrouvons ici le bicylindre essayé l'année passée sur la F800R avec quelques modifications. Il perd 2 cv pour développer 85 cv à 7500 tours au lieu de 8000 tr/min. et bizarrement ce n'est pas non plus au profit du couple qui passe de 86 Nm à 6000 tr/min à 83 Nm à 5750 tr/min. Si les chiffres ne donnent pas une différence très nette, dans la pratique non plus nous n'y voyons pas de réels changements.
La GS est à la fois souple et agréable tout en gardant le peps nécessaire pour vous faire bondir de la circulation ou vous amuser dans les petits chemins sinueux avec vos amis.Bien sûr, certains le trouveront un peu juste mais il y a largement de quoi s'amuser, et en plus avec une consommation limitée. Lors de notre essai, nous avons allumé la réserve après seulement 280 kms de parcours varié (tout comme l'allure d'ailleurs), soit une consommation de 4.30 l/100 kms. On n'est pas loin des chiffres annoncés par BMW. Il nous restait ainsi encore 4 litres avant de tomber à sec.Agréable à l'usage, il l'est aussi pour les oreilles avec un Akrapovic certes bien silencieux par rapport à une version plus libre mais qui vous chante une mélodie plus harmonieuse que la F800R, une voie un peu rauque quand on monte
dans les tours.
Autant le dire tout de suite, le coloris orange, tout comme pour la F800R, ne vous épargnera pas des confusions avec une certaine marque autrichienne, du moins tant que l'on ne voit pas un des logos BMW. Passé ce détail amusant, tous semblent d'accord sur un point : la GS est belle et diablement bien finie.
Motard ou non, l'argument qui revient le plus souvent quand nous demandons un avis c'est la finition : la GS parait aboutie jusque dans les détails, pas de fils apparents, une harmonie des couleurs, des plastiques qui ne font pas cheap, un feu arrière à leds bien intégré... Tout simplement, elle plaît et même les phares asymétriques ne viennent pas gâcher le tableau. Seul un détail vient taquiner certains, la béquille centrale en option n'est, elle, pas du tout dans la ligne et fait même un peu gadget, dommage.
Le tableau de bord, ici accompagné de l'indispensable ordinateur, est complet et lisible. On y retrouve toutes les informations nécessaires : trips, consommation moyenne et instantanée, autonomie, température (qui s'offre même le luxe de clignoter quand le mercure était passé sous les 5°), vitesse moyenne, l'heure, une jauge essence (qui mettra longtemps avant de s'entamer mais part assez vite ensuite). On retrouve même un shift-light peu utile sur cette GS.
Du haut de mon perchoir, je domine la route.
La GS800 est classée dans les enduros chez BMW et, qui dit enduro, dit hauteur de selle importante. Notre modèle d'essai était pourvu d une selle taille basse, enfin basse par rapport à celle d origine qui culmine à 880 mm. Notre version, à 850 mm, nous paraissait déjà bien élevée. Du haut de mon mètre quatre-vingt, j avais peine à mettre les pieds à plat au sol ce qui entame sérieusement la confiance dans certaines manoeuvres périlleuses, dont celles à l arrêt. Il faut littéralement monter sur la GS et faire attention quand on
s'arrête surtout que les 207 kg (poids en ordre de marche) ont un centre de gravité plus haut qu e sur une moto traditionnelle, et ils auraient vite fait de vous emporter d un côté ou de l autre. Il faut également faire attention au moment de mettre la béquille : si le sol n est pas plat, il faudra parfois déplacer la moto pour trouver un bon équilibre.
Cette hauteur a néanmoins un avantage, on domine la circulation : installé plus haut que sur les autres motos, le pilote a une bien meilleure vue et peut anticiper plus facilement. Les autres usagers aussi le voient mieux ce qui n est pas négligeable dans une circulation dense. Une enduro sur la route?
Evidemment, au vu de certaines de nos photos, rassurez-vous chez BMW, nous n'avons pas confondu la GS avec une moto de cross mais force est de constater que le débattement (arrière de 230mm et avant de 215mm) permet au pilote de quitter la route pour des sentiers ou des chemins non asphaltés. Nous noterons au passage que l'accès aux réglages des suspensions est facilité sur cette GS.
Là où un roadster serait mal embarqué, la GS passera sans souci. Nous aurions pu pousser l'essai vers plus de tout terrain mais ceci n étant pas notre spécialité, nous nous sommes contentés d'un peu de hors route et la GS s'en sort ici très bien. Sachez que l ABS (en option) est déconnectable au guidon.
Mais regardez les quelques photos "presse" de BMW, elle s'autorise bien plus qu'un gentil sentier. Aux mains d'un expert, bien entendu.
Sur la route aussi, on en profite grandement. Quand toutes les autres motos ralentissent à cause d'une chaussée dégradée, d'un passage à niveau, d'un dos d'âne (pas trop méchant quand même), la GS en rigole et son pilote aussi. Elle passe au-dessus des séquelles de l hiver sans mettre la conduite en danger et ce, même dans les virages. Il faut aussi avouer que la roue avant de 21 pouces à rayons (17 pouces à l AR à rayons aussi) et le grand guidon participent à la maniabilité de la moto.
Des atouts pour le voyage
La GS800 présente comme nous l'avons écrit plus haut bien des avantages pour des longues excursions : une grande autonomie, un moteur exploitable au quotidien comme en excursion. Nous rajoutons une position agréable tant qu'on ne dépasse pas les limites autorisées sur autoroutes, au-delà, la bulle se montre moins efficace et la pression du vent devient vite lassante. Au rayon des options, vous penserez aux poignées chauffantes en les accompagnant si possible de protège mains (pas disponibles en option) : élément presque indispensable, 40 kms d'autoroute par 2°. a suffi à nous blanchir 3 doigts de la main droite malgré les poignées chauffantes en action, il faut croire que le vent est dévié en partie sur les mains.
La GS800 est aussi équipée d'un porte-paquet qui se révèlera très utile pour vos escapades. Il est également possible de lui ajouter un GPS assez facilement avec une alimentation toute proche du guidon, ce qui vous évite de faire passer les fils jusqu'à la batterie. Ajoutons à la liste, une selle certes dure mais qui reste confortable pour le pilote et la passagère, du moins si elle arrive à y grimper.
Satisfait à 100%? Non pas vraiment...
Nous ne touchons pas encore au bonheur complet, certains détails fâchent.Passons sur la hauteur de selle qui est normale pour un trail mais le confort des suspensions, notamment de la fourche (une inversée de 45mm), a un prix : trop de souplesse pour amortir les bosses se traduit aussi par une moto plongeante quand on saisit un peu trop fort les freins et la sensation n'est pas agréable quand on vient de si haut. Il faut franchement se méfier en cas d'arrêt d'urgence.Tant que nous parlons des freins, notons aussi que la GS est moins bien dotée que la F800R avec des disques de 300mm (320mm pour la F800R) et des étriers à 2 pistons au lieu de 4 et ça se ressent quand on veut freiner plus fort. Nous avons plusieurs fois senti l'ABS en action sur la pédale de frein arrière et en usage plus sportif, nous devions absolument anticiper le freinage pour éviter de mauvaises surprises.Autre point noir que nous voulions mettre en avant : l'emplacement de la trappe à essence. On se retrouve avec un faux réservoir en plastique, ce n'est pas bien grave mais à chaque fois que nous avons dû faire le plein, nous n'avons pu éviter ni éclabousser la selle n de subir les récriminations de madame...Ne concluez pas que la GS800 est une mauvaise moto, que du contraire mais plus nous apprécions une moto, plus nous somme chagrinés de certains détails comme les commodos propres à BMW mais qui cette fois nous ont semblé particulièrement difficiles à utiliser, surtout les commandes des clignos et leur arrêt. Heureusement un arrêt automatique est prévu parce que dans certaines situations, il était délicat de presque devoir lâcher les gaz pour les éteindre.Doivent avoir de grandes mains les Teutons!
Notre conclusion ?
Affichée à 10.400 euro de base et avec les 1595 euro d'équipements supplémentaires de notre machine d'essai, la GS800 n'est pas donnée. En contrepartie, vous bénéficiez d'une belle moto, très bien finie, utilisable au quotidien, par tous les temps et tous les chemins mais aussi en balade du week-end et même en arsouille façon supermotard avec les potes du dimanche. Le moteur est tout aussi polyvalent, peu gourmand et d'une belle autonomie avec assez de watts pour toutes les utilisations.Il ne reste plus qu'à comparer avec la grande soeur, la 1200 GS ou attendre une éventuelle K1300 GS (on peut rêver, elle en deviendrait probablement le trail le plus sportif).
Et malgré les défauts avancés, nous avons bien eu du mal à la rendre, nous l'aurions bien gardée quelques années de plus pour sa polyvalence, mais à côté d'une moto plus sportive pour les sorties plus musclées dirons-nous. Tout de même, on n'est jamais content...