La gamme Mid-size du constructeur BMW se composait en terme de roadster de la bien connue et vieillissante F800R. Apparue il y a 10 ans, elle n’a jamais pu soutenir la comparaison avec ses concurrentes en chiffres de vente. A tort car la F800R était une moto attachante, remplie de qualités mais malheureusement pour elle dotée du look BMW de l’époque qui n’a pas séduit les jeunes. La F800R est souvent la seconde moto d’un ménage, posée dans le garage à côté de la GS de Monsieur.
La BMW F900R reçoit donc la lourde tâche d’attirer et de conquérir le cœur de jeunes motards ou de motards revenant vers la moto après une interruption. BMW se dote des moyens de ses ambitions et la F900R a bénéficiée de tout le savoir du constructeur Germanique. Les points d’attention de la F800R ont été assimilés, revus et le résultat est plutôt flatteur sur papier. Regardons cela en détails.
Le look de la F900R n’a clairement plus rien avec la F800R. Le look particulier de l’ancien modèle a rebuté pas mal de potentiels motards. Point de ça avec la F900R. Epaules larges, réservoir trapu et à la bonne place, selle dessinée façon streetfighter mais permettant le duo. Une grosse fourche inversée et un long bras oscillant bien dimensionné, tous les éléments sont présents pour obtenir une belle moto.
Posée au soleil, cette version bleue se livre à notre regard. Il y a un air de R1250R dans son avant, ce qui est un compliment. Le gros train avant, le dessin des jantes et la ligne d’échappement basse et courte suggèrent la puissance même à l’arrêt. La finition est digne des grandes sœurs de la gamme. Les plastiques sont de belle qualité et parfaitement ajustés. Le feu avant joliment dessiné est composé de Leds et éclaire fort. En option, le mode Automatique vous détachera de la basse besogne de changer de position d’éclairage.
La finition des peintures et les matériaux utilisés rassurent sur la durée dans le temps. Seul un détail visuel agaçant vient rompre ce charme si l’on se place à droite de la F900R : les deux écrous du support moteur dans le cadre.
Ceux-ci tranchent en regard de la belle finition noire du cadre. Un capot ou un capuchon pour cacher cette misère aurait été bienvenu. On chipote mais c’est flagrant au regard. D’autant plus que pour le reste, les durites recouvertes de gaine, les différents passages de câble offrent une image de qualité que l’on n’attend pas forcément sur une moto de cette gamme de prix. Chez BMW, on est adepte du collier usiné en lieu que du simple Colson.
Et quid du moteur ? Fini le bloc 800cc de chez Rotax, place à la version réalésée du bloc venant de chez Loncin équipant les F850GS. Du chinois sur une teutonne ? Oui mais Loncin est un fournisseur reconnu de blocs moteurs pour BMW et les niveaux de qualité demandés par BMW sont respectés et les contrôles de qualité restent bien dans la norme germanique. Pas de crainte à avoir de perdre un boulon en roulant, la F900R est produite et assemblée en Allemagne.
Ce bloc développe 105 cv à 8500 tr/mn et un couple de 92 Nm à 6500 tr/mn, coquette puissance et joli couple. La puissance n’est pas tout, il faut aussi voir comment elle est distillée et quelles sensation le motard va-t-il ressentir au guidon. Pas de mensonges entre nous, amateurs de gros caractère, passez votre chemin ! Par contre, le motard a la recherche d’un moteur amusant, docile et utilisable au quotidien pour aller bosser, sortir le samedi avec madame et rouler le dimanche avec les potes trouvera en cette F900R la compagne idéale. Au bout de la semaine en sa compagnie, les souvenirs sont agréables. Ce moteur est volontaire, coupleux, la boîte à air grogne et il prend ses tours avec fougue. Mais car il y a un mais, il est trop policé, formaté pour assurer une facilité à tous les utilisateurs. Sa consommation mesurée de 5.2L/Km aidera à ne pas passer à la pompe trop souvent malgré les 13 litres du réservoir.
Les vibrations du moteur sont contenues, l’injection bien calibrée le rendent convaincant. Ce bloc moteur a une belle carrière devant lui. Les choix de BMW au niveau de son orientation lui ouvrent les portes de roadsters Mid-size avec lesquels il va falloir compter dans le paysage motocycliste. Capable d’accrocher plus de 200Km/h en pointe, il est volontaire et ne rechigne pas à la tâche. Sa sonorité n’est pas des plus flatteuses par contre, ce qui est compensé grâce à l’échappement bas et court.
Le châssis quant à lui est profondément revu sur la F900R. 211Kg prête à rouler, elle n’est pas des plus légères, la faute en revient au cadre pour lequel l’acier a été choisi. Il est rigide et assure la stabilité de l’ensemble mais grève le poids. Les manœuvres à l’arrêt moteur coupé s’en ressentent. La fourche inversée non réglable et l’angle de chasse induisent une sensation de lourdeur ainsi qu’une désagréable sensation de tomber en virage. Une fois accoutumé à ce phénomène plus dérangeant que dangereux, la conduite de la F900R est amusante et saine.
Le long bras oscillant offre lui stabilité grâce à la valeur d’empattement ainsi obtenue. Motards confirmés ou débutants, tout le monde se sentira à l’aise. C’est toujours un bon signe lorsqu’une moto se révèle homogène.
Le petit guidon monté sur notre machine d’essai impose une position sur l’avant sans souffrance pour le pilote mais avec résultat un meilleur guidage de l’avant. Pour notre 1,82m, le dos reste droit, la largeur est parfaite pour nos épaules et vider un plein d’une traite (250km) n’a généré aucun désagrément. L’écran tft 6,5 pouces joue un inattendu rôle de saute vent, le 120Km/h sur autoroute est jouable sans passer voir votre kiné.
La selle posée à 815mm permet aux plus petits d’entre nous de poser les pieds bien à plat au sol. Plusieurs hauteurs de selle sont disponibles en option usine et une selle confort est présente au catalogue accessoires.
Cette selle est bienvenue, une douleur dans notre fessier est apparue au bout de 150km, non pas à cause de la forme de la selle mais clairement à cause du rembourrage.
Notre gabarit et notre poids approchant du quintal n’y sont certainement pas étrangers, un motard plus léger n’en souffrira pas ou alors moins rapidement que nous. La découpe de la selle permet de poser ses pieds au sol de façon naturelle. Bon à savoir, contrairement aux autres roadsters concurrents, le duo est ici possible. La place dédiée au passager est suffisante, la mousse accueillante et les poignées passager de série font que les longues balades en amoureux ne seront pas cause de rupture. Il est amusant de constater que malgré son design sportif, le duo n’a pas été oublié, bien joué BMW.
Passons au long paragraphe des aides électroniques, assistances et autres bidules électroniques équipant notre exemplaire d’essai. Pour les réfractaires à cette débauche de technologie, la version de base se contente de l’ABS et de l’ASC et deux modes de conduite Road et Rain. Suffisant pour certains, pas assez pour d’autres. Pour la seconde catégorie, on peut rajouter l’ESA mais uniquement sur la suspension arrière, on y reviendra plus loin. Donc, le techno fan rajoutera les modes de pilotages PRO, l’ABS PRO (en mode virage), le DTC, le DBC, le MSR, le shifter, l’éclairage adaptatif de virage. Il rajoutera de même un sacré paquet d’Euros sur la table car les packs associés ou non, feront grimper l’addition. Utiles ou futiles, ces assistances se montrent bien adaptées à la F900R et rassureront le jeune conducteur. Le shifter est plaisant à condition d’être en conduite sportive haut dans les tours moteur. L’ABS Pro permet à la F900R de ne pas se relever lors de la prise des freins en virage et permet aux plus aguerris de rentrer jusqu’au point de corde sur les freins et de remettre les gaz en grand pour sortir de la courbe. Les modes de pilotage Pro permettent de basculer vers un écran sport au guidon amusant à voir. Il présente les angles pris en virage à gauche comme à droite, la force de freinage exercé et le taux d’intervention du DTC. Futile donc forcément très attirant pour les plus sportifs d’entre nous. L’option Keyless équipait notre modèle d’essai.
En ce qui concerne l’éclairage adaptatif de virage, il allume des leds de faible capacité en fonction de l’ange pris en courbe pour éclairer l’intérieur de votre virage. Franchement, il n’est pas indispensable, je n’ai jamais remarqué son entrée en service malgré les angles pris en virages (41° max pour votre serviteur).
Revenons un instant sur les suspensions. L’ESA maison est une option d’usine. Associé au mode PRO, il permet un réglage fin et personnalisé. En version de base, cet ESA offre les modes Road et Confort. Pour être franc, des doutes étaient présents au sujet de la présence de l’ESA uniquement sur l’arrière.
Soyons franc, c’est une des options qui équiperait notre moto si nous avions à signer le bon de commande. Il apporte un vrai plus au niveau confort, les sensations et réactions sont sensibles en passant de l’un à l’autre. La fourche non réglable participe au bon guidage de la F900R et accepte la valeureuse mission de garder le cap sur nos routes défoncées. Mission réussie ici aussi.
Le freinage ne souffre d’aucune critique, les motos BMW sont et ont toujours été d’excellentes freineuses. 2 étriers radiaux à 4 pistons pour l’avant et 1 étrier double pistons pour le disque arrière. L’ABS calibré aux petits oignons n’intervenant que lorsque c’est nécessaire ont permis de planter des freinages de trappeur sur des entrées en virage optimistes. Le mode PRO renforce cette capacité de freinage et se montre rassurant pour les jeunes motards.
Le tableau de bord mérite son moment de gloire. Cet écran Tft se monte sur plusieurs modèles de la gamme Bavaroise. 6,5pouces de taille, luminosité automatique en fonction de l’éclairage ambiant, lisibilité idéale dans toutes les conditions météo, cet écran est bien né.
Les fonctions offertes sont multiples et si vous l’associez à l’application BMW Motorrad Connected, il servira d’interface pour le GPS intégré dans l’App, vous assistera pour vos appels téléphoniques couplé à un intercom. Le maniement de cet écran se fait par le Multi controler situé sur la poignée gauche. Après quelques minutes, sa manipulation se révèle instinctive et il est difficile de revenir en arrière une fois testé. C’est à ce moment-là qu’on se pose la question du GPS posé en accessoire sur la F900R. Il devient superflu comme investissement, votre serviteur n’en possède d’ailleurs plus sur sa propre BMW. Mention spéciale pour l’application qui enregistre vos trajets, les statistiques de ceux-ci et pleins d’autres données telles que : vitesse maximale (déconnectable), intervalles d’entretiens, suivi et rappels de mesures (pression des pneus, etc.). L’application permet de créer ou même d’importer des routes avec différents critères de choix comme un GPS classique. La différence est que votre smartphone reste au fond de votre poche et que toutes les informations de guidage apparaissent sur votre écran Tft. Du fait de sa présence d’origine sur la F900R, il vous ouvre la porte à un suivi rigoureux de votre machine. Sa lisibilité est garantie sous tous les angles. Il possède en son sein un shift Light qui vous avertit du bon moment pour passer le rapport supérieur.
Ce Shifter Up & Down BMW est un gadget amusant qui ne fonctionne réellement bien qu’à partir de la moitié supérieure du compte-tours sur ce moteur. En ville et à bas régimes, point de plus-value donc.
La monte pneumatique d’origine se compose d’excellents Bridgestone S21 destinées à des motos bien plus sportives, donc pas de soucis pour la tenue de route de cette F900R. Grip, montée en température rapide et stabilité sont au rendez-vous.
Le challenge qui attend la BMW F900R est de taille, il ne s’agit ni plus ni moins d’attirer de nouveaux motards dans le giron de la marque à l’hélice et de fidéliser les possesseurs de la gamme 800 tentés d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs au moment du remplacement de leur monture. La F900R s’est dotée de tout ce qu’il faut pour réussir ce challenge. Un look viril et contemporain sans être extrême, un moteur vaillant sans être invivable, une partie cycle classique mais de bonne facture. Elle offre une homogénéité que peu de ses concurrentes du marché proposent. Pour un tarif de base inattendu chez BMW de 8.800€, vous aurez une moto bien équipée, belle et bien finie. Les points d’attention de la F800R (pot haut, look décalé, réservoir sous la selle) ont été revus, la copie rendue par BMW est réussie avec mention Très bien.
Avec la politique maison de grouper les options sous forme de packs (Actif 770€, Confort 455€, Dynamic 775€ et Touring 660€), vous allez pouvoir personnaliser votre F900R comme vous le souhaitez. Attention que ceci a un prix, notre moto d’essai équipée full options se négocie contre la coquette somme de 12.055€. En restant raisonnable tout en piochant parmi les options, il est possible de se concocter une très belle moto à prix raisonnable. Disponible en 3 couleurs et finition sport, la F900R est valorisante pour son pilote, elle attire le regard. Plusieurs fois, il nous est arrivé de devoir répondre à pas mal de questions à son sujet, ce qui est encourageant. Les retours se montrent positifs et un jeune nous détaillait sa vision de ce qu’il en ferait, preuve que cette F900r a du potentiel auprès d’une clientèle qui ne pensait pas à BMW auparavant.
La BMW F900R mérite votre attention et même un essai, elle se livrera à vous et la séduction pourra opérer. Adeptes du brutal, elle n’est pas faite pour vous. Pour tous les autres, franchissez le pas et la porte d’un concessionnaire BMW pour faire connaissance, vous ne le regretterez pas. Pour votre serviteur, la semaine s’est montrée plaisante. C’est assurément une très bonne moto, jolie et attachante.
Lolobadboy