Bmw apporte la 4ème version de sa K1600, la seconde en version B (Bagger). Dans ce cas-ci, la K1600 Grand America est une version touring du Bagger. Les valises latérales sont les mêmes, le top case vient se rajouter et apporte non seulement un emport de bagage supplémentaire mais aussi une signature stylistique propre de par les feux leds qui y sont apposés.
C’est tout ? Non, bien sûr. Je vous invite à la lecture de ce test pas comme les autres de cette moto. Tourer ? Cruiser sportif ? Paquebot ? Difficile de la classifier. Pour en avoir le cœur net, embarquez avec nous pour un road trip de 2500 km en 5 jours, histoire de pouvoir juger de ses capacités.
Commençons par clarifier la position de cette K1600 Grand America. La gamme K1600 comprend maintenant 4 modèles en son sein : la Gt, la GTL, la B et la petite dernière : la Grand America.
Le moteur est le 6 cylindres en ligne cubant 1649 cm³ et développant la coquette puissance de 160cv et un couple plus que respectable de 175Nm. De par sa position inclinée sur l’avant, il apporte un équilibre général à la moto.
Ce moteur participe au plaisir de conduire et offre à la fois force et souplesse. Reprendre en 6ème à 20 Km/h se fait sans hoquet et avec une jouissive poussée dans le dos, rien de violent mais du fort et continu. Les 162 km/h (bridage constructeur, voir plus loin) sont très vite atteints et c’est dommage voire même frustrant. Malgré tout, ce moteur est une réussite et il donne le meilleur de lui-même, apporte des sensations sportives et offre un dynamisme de conduite inattendu d’une moto pesant 560Kg avec l’équipage embarqué. Une Honda CBR600 s’en souvient encore, la stupéfaction dans les yeux de son pilote qui n’a pas su suivre la K1600 en fut la preuve. La Grand America est capable d’accélérer très fort et le châssis le permet.
Parlons-en de ce châssis, il est comme d’habitude chez BMW efficace, bien conçu et offre une agilité incroyable sur une moto de ce gabarit et de ce poids. L’appréhension légitime au moment de manœuvrer le bestiau à l’arrêt, bagages chargés et passagère embarquée fait place à une sérénité de bon aloi.
Les pieds bien posés au sol vu la hauteur de selle à 750mm, une poussée sur le commutateur R au commodo gauche, on actionne le bouton du démarreur et la Grand America recule, simple, net et efficace.
On arrive très vite à ne plus penser où et comment se garer, on manœuvre sereinement la moto tout en restant quand même attentif à ne pas se laisser embarquer par le poids, la vigilance reste de mise mais pas de crainte spécifique à avoir, seules les évolutions à basse vitesse en ville peuvent créer quelques angoisses passagères. Les suspensions de la Grand America sont celles du Bagger. Esa oblige, elles se règlent à l’arrêt pour le chargement (pilote, passager, bagages) et en roulant pour le mode (cruise, road). La mode Cruise assouplit le tout et donne l’impression d’être sur un tapis volant, la moto vole sur la route. Idéal pour cruiser sur les belles nationales viroleuses de Charentes Maritimes où nous avons emmené cette Grand America lors de notre test.
Le confort apporté par ses suspensions est de très haut niveau, pas de doute, le système est rodé depuis les années chez BMW et les différentes évolutions de cet ESA l’ont rendu très performant.
Le moteur possède lui les modes de conduite communs à la gamme et une réelle différence se ressent à la conduite en passant de l’un à l’autre. Le couple et l’arrivée de la puissance sont lissés en fonction de votre choix ou plus sportif si tel est votre souhait. Gros moment de plaisir vécu sur la D25, la fameuse route de la Coubre. Une départementale viroleuse, sinueuse serpentant entre les plages de l’océan et les dunes de pinèdes revêtue d’un asphalte impeccable. De quoi déclencher chez n’importe quel motard normalement constitué une folle envie de frotter du repose-pied. Nous l’avons empruntée plus de 10 fois sur notre séjour en testant les différentes combinaisons de mode de conduite, suspensions possibles. Verdict : un grand pied cette Grand América ! Je présente d’ailleurs ici mes condoléances aux tétines de repose-pieds qui ont succombé dans l’exercice de leur devoir lors de ce test…
Sans rire, la stabilité et aussi la facilité d’engagement en virage de cette Grand América m’ont filé la banane tout le long de ce séjour. Même la purge des 800km d’autoroute en une traite le premier jour ne nous a nullement affectés, le confort offert par la moto nous a permis d’arriver frais et dispos. Le grand réservoir d’essence de 26.5L permet des étapes de plus de 400km sans ravitailler. Cruise control sur 130km/h et on attend le passage en réserve.
Pour arriver à vider un plein sans s’arrêter, il faut aussi que l’ergonomie et le confort de la moto l’autorisent. La Grand América est définitivement une voyageuse, le confort offert par les selles pilote et passager sont dignes des meilleurs canapés.
Moelleuses mais dessinées pour un soutien de l’équipage, chauffantes pour affronter le froid, elles apportent un soutien pour les longues étapes.
La bulle réglable électriquement et avec mémoire offre une protection contre le vent, la pluie et les insectes.
La position des repose-pieds est idéale et ceux du passager sont larges, revêtus de caoutchouc. La passagère (1.73m sous la toise) se trouvait bien installée et la longue liaison de 800km ne fut pas la galère qu’elle attendait. Définitivement un bon point !
La position de conduite du pilote est de la même veine, le triangle guidon-selle-repose-pied est idéalement défini. Les plateaux supplémentaires apportent de la décontraction et permettent de se détendre les jambes sur un long trajet.
Ils n’entravent pas trop la garde au sol si vous respectez le mode d’emploi de cette Grand América. Soyons honnêtes, pour faire le kéké, BMW possède d’autres modèles au sein de sa gamme mais un motard reste un grand enfant. Dès lors, nous n’avons pas su nous empêcher de taquiner cette Grand América et de la pousser dans les petits coins avec comme résultat beaucoup de plaisir.
Passons à l’équipement embarqué. L’électronique est de pointe comme sur tous les modèles Bavarois. Le compteur, pardon l’ordinateur de bord est complet et se commande en toute simplicité via le Controler situé sur la poignée gauche. Cette molette permet d’activer, de régler les différentes options radio, modes de conduite, GPS, poignées et selles chauffantes.
Les fonctions apparaissent clairement au tableau de bord entre les 2 compteurs. Ils se révèlent lisibles même au soleil, c’est un vrai point positif résultat de la marche en avant de la technologie des écrans.
Petit aparté pour le système E-call présent à bord (en option encore).
Système d’aide d’urgence en cas de chute, il vous relie à une centrale qui vous localisera et vous enverra l’aide adéquate en cas de problème. Malgré notre conscience professionnelle aiguë, nous n’avons pas été jusqu’à chuter pour vérifier son bon fonctionnement. Nous faisons amplement confiance aux ingénieurs maison à ce sujet. On vous invite à vous rendre sur le site BMW pour lire l’impressionnante et très longue explication à ce sujet ; Sachez que ce système sera dans un futur proche obligatoire.
La Grand América est équipée d’une installation audio qui se commande au guidon très simplement mais qui pêche par un manque de puissance. Passé les 100km/h, le son est inaudible pour le pilote et certainement pour le passager. Son usage est à réserver pour les balades tranquilles sur petites routes. Radio, Mp3, info trafic, rien ne manque à part une paire d’enceintes à l’arrière.
Si la différence entre la K1600 B et la Grand América semble se limiter au top case, c’est trompeur. Les détails stylistiques sont partout. Cela va des échappements qui offrent 2x 3 sorties, du nombre de nervures dans les plateaux, du chiffre 6 partout omniprésent.
Le Top case n’est pas amovible, offre une capacité de chargement raisonnable d’un casque ou, comme ici, d’un délicieux plateau de fruits de mer
et possède un fond en moquette épaisse, une prise 12 V (format Din comme toujours chez BMW) et est éclairé, ce qui est bien pratique.
Le dossier pour le soutien du passager est idéalement dessiné et peut se parer d’extensions pour soutenir les bras de votre passager.
Les valises embarquent chacune 1 casque intégral mais positionné sur le flanc avec un risque de griffes sur le casque, pas top.
La différence avec les K1600 GT et GTL se marque ici encore par la forme et le volume de la bagagerie.
Autre différence mentionnée plus haut, le bridage de la vitesse maximale à 162Km/h. oui, vous lisez bien : 162km/h ! Et pourquoi ça, ma bonne dame ? Le dessin spécifique de ce top case et des valises semble apporter un léger mouvement de l’arrière de la moto à haute vitesse. BMW est un constructeur qui ne prend pas les choses à la légère d’où leur réaction. Si cela peut sembler bizarre qu’une K1600Gt passe très facilement la barre des 200km/h, la Grand América n’est clairement pas destinée et conçue pour le même usage.
La vision de leur développement est claire pour BMW, la Grand América chasse sur les terres des gros Baggers américains tout en gardant son identité de BMW. Néanmoins, la question peut se poser de savoir comment un constructeur capable de motos comme une S1000RR en version HP4, d’une GS qui a marqué l’histoire et avec un savoir-faire pareil ne réussit pas à offrir cette stabilité. Pour être totalement honnête, le cas s’est fait ressentir une seule fois. Sortie de virage rapide en solo sur mode cruise, un gros coup de gaz, arrivée dans la zone du bridage et là, quelques légères oscillations de l’arrière. Rien de dangereux, rien de gênant. Une fois chargée et en duo, jamais cela ne s’est jamais reproduit !
Revenons-en à ce road Trip de 2500km en Grand América. Le plaisir fut au rendez-vous du 1er au dernier kilomètre. Cette moto nous a permis de longues étapes en tout confort et sans fatigue. Elle a autorisé de belles balades dynamiques malgré son gabarit et le poids total embarqué.
Le 6 cylindres et son souffle ont régalé le pilote et impressionné ma passagère. Le plaisir de voyager en moto fût bien présent et il faut l’admettre, malgré le prix de 30.000€ de notre modèle d’essai, la tentation de la garder dans mon garage pour aller visiter le monde dès que possible est apparue dans un coin de ma tête. D’autres motos le feront aussi bien, plus sportivement, plus économiquement soit…. Mais la BMW offre un package de qualités réunies qui se révèlent des atouts lors de voyages, c’est aussi et certainement dans cette magnifique couleur Austin Yellow (avis personnel), un eye catcher indiscutable. Partout où l’on se garait, des motards venaient la voir et les discussions démarraient de bon cœur. Un pilote de Honda Goldwing (le nouveau modèle à boîte DCT valeur : 37.000€) a même reconnu qu’il aurait dû attendre avant d’acheter ! sacré compliment quand même…
Pour notre part, nous n’avons pas encore le bon usage d’une telle moto, il faut avouer qu’elle est destinée aux voyages réguliers. Sa raison d’être est de dévorer l’asphalte en duo et par routes viroleuses, de vous remplir la tête de belles images tout en vous offrant le confort et la sécurité qu’on peut attendre d’une moto de ce prix. Mais les enfants grandissant et les temps libres augmentant petit à petit, cette BMW K1600 Grand América attire notre attention, vieillir a parfois du bon !!!
Lolobadboy et Rébécca.