Il y a quelques années déjà, j'ai lancé l'idée un peu débile de réaliser l'essai d'une sportive en mode touriste. Comprenez par là qu'à contrario de certains essais où on ne conçoit pas l'essai d'une sportive sans parler de perfs, de circuits ou de wheeling et stoppie. Pourquoi ? Parce que !
Parce qu'on peut aimer le look sans se prendre pour un pilote de GP et cette saison, sans avoir pu mettre la main sur une supersport, c'est le S1000R de BMW qui va y passer.
Et qu'on ne me dise pas que ce n'est pas une sportive ! 165 cv pour 199 kg, ça devrait suffire comme explication. Un méchant 4 cylindres avec une puissance perchée à 11.000 tours, avec un couple de 114 Nm à 9250 tours, le tout dans le châssis de sportive de sa soeur la 1000RR. Un écran spécial sport, un mode sport pro, un shifter... comment voulez parler de tourisme avec une telle machine entre les mains? Et pourtant, je vais essayer. Inutile de vous dire que vous ne verrez rien de répréhensible dans la vidéo 😉
Je m'installe aux commandes et je sens déjà le côté sportif du S1000R, le confort, ce n'est pas forcément son truc même si j'ai connu bien pire. Petit appui sur le bouton central, merci le keyless, et le magnifique écran TFT 6.5 pouces s'illumine. A la main droite, je retrouve la molette qui équipe quasiment toutes les BMW actuelles et qui me permet de parcourir les menus. Une vue détaillée et complète de votre moto, la pression des pneus, la jauge, le rapport engagé enfin tout et même plus. Vous pouvez même coupler votre smartphone pour commander celui-ci ou bénéficier de la navigation. Il y a de quoi passer du temps à tout regarder dans les différents menus et écrans puisque même les suspensions sont ici gérées électroniquement (en option sur notre moto d'essai). Ah oui, écrans au pluriel parce qu'il existe un mode sportif avec moins d'informations mais d'autres apparaissent pour le plaisir des pilotes : force de freinage, DTC (action du contrôle de traction) et bien entendu inclinaison gauche / droite. C'est sympa mais n'oubliez pas de photographier vos exploits, tout se remet à 0 si on éteint le moteur.
Avec les différents packs d'options, que je détaillerai plus loin, on a aussi les poignées chauffantes, le cruise control, le phare adaptatif et Pro... Plus complet, ça devient compliqué !
Tout ça, sans une partie cycle à la hauteur, ça ne servirait à rien. On choisit sa hauteur de selle (810, 830 ou 850mm), on règle le guidon et on choisit entre suspension sport ou route (en solo ou duo). La fourche de 45mm et un mono-amortisseur derrière collent littéralement la moto au sol. En courbe, le S1000R est comme sur un rail et peu importe le rythme adopté. C'est juste incroyable le boulot qu'on fait les ingénieurs BMW. Le mode sport durcit encore un peu l'ensemble pour encore plus de rigueur. La facilité de le mettre dans la courbe et de la balancer dans le virage suivant n'a pas de prix. Evidemment, le confort s'en ressent et les routes en mauvais états deviennent vite moins agréables. En même temps, on n'est pas sur une GT.
Si j'étais bien parti en mode touriste, j'ai quand même fait un petit tour du côté des barrages, pas pour en découdre avec un kéké en manque de circuit mais ça tourne bien et ce sont des beaux paysages. (mais si, je vous jure) Et qui dit gros moteur, dit gros freins ! Enfin, ça vaut mieux sinon on risque fort d'avoir un gros souci au bout de la ligne droite. Du coup, on retrouve sans surprise du Brembo avec deux disques de 320mm et des étriers fixes à 4 pistons avec un 220mm à l'arrière, assistés par un ABS qui a la bonne idée de ne pas être trop intrusif. Ah pour sûr, ça freine, il faudra même être prudent quand on saisit les freins. Il y a du mordant sous la poignée et vu le poids plume de la machine, c'est plus que suffisant, en tout cas pour l'usage dont j'en ai fait. Après, je ne me fais pas de souci, vu le matos embarqué et le sérieux de la marque, on peut taper dedans.
Tellement bluffé par l'efficacité de la machine que je n'ai même pas parlé de son look. Il faut dire qu'il est minimaliste, le phare est intégré dans une petite tête de fourche, le sabot moteur est en option ou dans le pack Dynamic. Dans notre version sport, ce gris se marie à merveille avec le châssis arrière qui passe en couleur cuivre. La selle arrière, parce qu'il y en a une, s'intègre dans une coque arrière ajourée de part et d'autre et surprise, pas de feu arrière ! Ce sont les clignotants qui rempliront la tâche. C'est beau, c'est épuré, j'aime bien moi.
Oui, je le reconnais assez bien, c'était un chouette essai, une vrai balade plaisir avec une moto légère, très facile à piloter et rassurante. Pas besoin de se creuser la tête quand on hausse le rythme, elle prend les tours comme les tournants, avec une facilité à faire pâlir beaucoup de motos. Il ne faut pas se battre avec le guidon mais il faut quand-même garder un œil sur l'état de la route, du moins éviter celles trop défoncées pour ne pas le regretter trop vite. J'ai même été surpris en la rentrant dans mon garage avec un angle de braquage étonnant. Habituellement, je dois manœuvrer plusieurs fois pour la mettre dans le bon sens alors qu'ici, je n'ai pas eu de souci, un point que je n'avais pas relevé en roulant. En même temps, on n'est plus au niveau de faire des huit sur un parking.
Il y a bien des petits points qui vont me freiner, heureusement, si je devais acheter toutes les motos qui m'emballent, je serais mal. Le réservoir avec seulement 16,5 litres sera vite vidé, du moins ça dépend de votre générosité avec la poignée droite mais la consommation tourne facilement autour des 6 litres. Pour tout dire, malgré ma promenade de santé, j'ai allumé la réserve à à peine 150 kms lors du premier plein. J'ose à peine imaginer en utilisation plus sportive.
J'aime le shifter, j'aime le bruit au passage des rapports mais j'aime moins quand il se trompe entre la 2 et le neutre ce qui m'est arrivé quelque fois. Il faut reconnaitre qu'une moto comme celle-ci n'est pas toujours soignée par les collègues. Non je n'ai pas dit des sauvages.
Et puis, et puis... le budget me pique ! Si au départ, le BMW S1000R peut paraître abordable avec un tarif de 15.880 €. Vu le monstre de technologie, on peut le comprendre. Mais à cela, il faut ajouter quelques options : le style sport pour la couleur, le pack confort (avec par exemple le keyless, les poignées chauffantes, le cruise control), le pack dynamic (avec le shifter pro, le spoiler moteur, le mode pro, le DDC pour les suspensions...), le RDC (pour le contrôle de pression des pneus). Et si vraiment, mais vraiment vous l'aimez, payez lui le pack M. Oui monsieur (ou madame), un pack M Motorsport qui vous permet même de vous offrir les jantes carbone mais là, on est dans un autre monde. Quand on aime, on ne compte pas ! Ca fait des années que j'essaye de le faire comprendre à mon banquier, en vain !