A single origin for a single goal
Pour ceux qui nous lisent régulièrement, vous vous rappelez probablement l'essai de la XB9SX la saison passée. Si nous voulons faire simple, la XB12 est la même machine mais avec un plus gros moteur. La 12 cube en effet 1203 cc contre " seulement " 984cc pour la 9, elle y gagne ainsi quelques chevaux pour arriver à 93 cv à 7000 tours (face à 84 cv à 7500 tours) et un couple de 104 Nm à 5500 trs/min (et 81 Nm à 6750 trs/min pour la 900).
Les deux seules autres différences : un poids augmenté de seulement 2 kg soit 179 kg à sec (ce qui reste très léger) et un freinage avant encore plus mordant avec un étrier 8 pistons (au lieu de 6) Les autres solutions techniques, elles, ne changent pas : 14,5 litres d'essence dans le cadre, l'huile logée dans le bras oscillant, le disque de frein périmétrique, la fourche inversée Showa de 43 mm. Erik Buell nous avait pourtant bien concocté des machines de caractère, des idées originales (peut-être trop justement)
Enfin concernant notre essai, sur un plan technique, seul le moteur est vraiment différent.
Equipement limité
Tout comme sur la XB9SX, la selle est ferme et n'invite pas aux longs trajets, en même temps, ce n'est pas sa vocation non plus. Le petit saute-vent au-dessus des deux phares ronds, toujours protégés par une grille, a son efficacité, du moins jusqu'à 100-110 km/h où la pression sur le buste et le casque reste raisonnable. Au-delà vous devenez un parfait paravent et vu que vous êtes encore loin des limites de la moto, prenez un abonnement chez votre kiné.
Rappelons-nous que la 9 avait une méchante tendance à plafonner vers les 180 km/h (sur circuit bien sûr), la 12 vous permettra elle d'aller faire mumuse à côté des sportives sur vos circuits préférés, tant que ça tourne en tout cas.Le tableau de bord et les commodos restent inchangés et donnent toujours un aspect plastique peu valorisant. Sur notre version SX, on retrouve avec plaisir les protège- mains, pas tant pour le côté esthétique mais pour la protection offerte contre le froid lorsque le mercure frise le zéro comme lors de notre essai.
Dans son coloris bleu, le réservoir devient transparent, tout comme le saute-vent. L'ensemble donne un look peu commun à une moto de série, associé aux clignotants et feu arrière à led, la Buell attire les regards. D'origine, elle semble pourtant passée par la case tuning. A chaque sortie, on vient la voir, c'est qu'elle avait une fameuse aura et un pouvoir de séduction incontestable, notre bête en voie de disparition.
La puissance et la maîtrise
Plus de sensations, plus de pêche, il est évident que la 1200 allait se montrer plus véloce. On espérait un peu autre chose que notre ressenti lors de l'essai, nous la définirons finalement comme plus " brutale ". Elle n'en est pas mauvaise pour autant mais la différence est assez marquante et ne se résume pas à juste quelques chevaux de plus. Les 93 cv sont bien présents et disponibles sur une plage qui nous semble plus large, plus de souplesse permettant de descendre un peu plus dans les tours alors que la 9 cognait plus rapidement. Elle demande toujours un temps d'adaptation pour ne pas se faire surprendre dans un rond point ou pour ne pas allumer le pneu arrière en retapant trop tôt la première mais elle pardonne un peu plus ce type d'erreur.D'un côté plus souple, mais il faudra aussi gérer les gaz à l'accélération pour ne pas délester systématiquement le train avant à chaque fois qu'on ouvre un peu trop, il faut aussi rester délicat dans les courbes, la réponse brutale à la poignée risque de vous surprendre et elle perd en stabilité sous des excès d'optimisme.Une fois le fonctionnement assimilé on s'en amuse, on freine fort avant, on penche, on garde les gaz jusqu'au bon moment et on ouvre en grand à la sortie (pas avant sinon gare à la casse). Vous nous demanderez : quelle différence avec une autre moto ? Simplement, une sonorité monstrueuse pour un pot d'origine, un coup de pied au cul pour vous arracher les bras. Ils doivent bien avoir pris quelques centimètres sur notre semaine d'essai. Et cette sensation de faire bloc avec votre monture, comme le cow-boy sur son mustang...
En gardant exactement la même partie cycle, nous comprenons mieux pourquoi elle nous semble plus brutale. Il faut encaisser le couple avec les mêmes suspensions. Elles sont efficaces mais mises à mal dans les enchaînements de virages surtout si le rythme s'accélère. Evidemment, ici, nous comparons avec la 900 et pas avec une moto plus traditionnelle. L'empattement de 1320 mm reste une référence quasi absolue et la vivacité des Buell XB n'est plus à démontrer. Vous pourrez, avec un peu d'expérience, suivre dans les virolos des motos bien plus puissantes même si au début, ça ne vous paraîtra pas évident.
Il faudra toutefois se méfier du freinage. A l'arrière, la pédale reste toujours aussi dure et permet de ralentir légèrement la moto alors qu'à l'avant c'est tout l'inverse, c'est mordant, agressif tellement que ça peut vous mettre par terre en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire. N'y touchez pas en virage, lâcher les gaz est une meilleure idée : la moto va se relever si vous prenez le levier de frein et de façon brusque. Ceci ne nous avait pas marqué sur la 9 qui semblait plus docile sur ce point. Avec les 8 pistons de la 12 (hérités de la sportive 1125R), le freinage en devient délicat, c'est presque un stoppie assuré à chaque arrêt et par temps humide, la prudence sera de rigueur.
Dommage, au revoir Buell
C'est avec une larme au coin de l'oeil que nous avons ramené notre XB12SX chez le concessionnaire à la fin de l'essai. Ce n'est pas forcément parce qu'elle nous a ému à ce point mais plutôt parce que nous faisions ici le dernier essai d'une Buell. Il en reste bien quelques- unes disponibles, vous pourrez donc ainsi, comme nous, vous poser la question du choix entre la 9 et la 12. Une moto de solitaire, au confort un peu spartiate mais avec un caractère bien trempé et la sensation de toujours rouler sur une moto d'exception.Les deux modèles ont leurs avantages et leurs inconvénients : plus de caractère pour la 12, encore plus " méchante " mais plus souple alors que la 9 se veut moins véloce mais plus facile à utiliser.Nous ne pouvons que trop vous conseiller d'essayer les deux avant de vous décider mais ne traînez pas.
Si la production est arrêtée, rassurez-vous, Harley garantit une livraison des pièces pour les 10 ans à venir ainsi que le service dans leurs concessions.Toutefois, tout espoir n'est pas perdu, du côté des terres natales des XB, leur concepteur Erik Buell n'a pas quitté le monde de la moto et a déjà créé Erik Buell Racing qui, pour le moment, se limite à la production et au développement de machines de course, réservées aux circuits.Mais du circuit à la route, il n'y a plus qu'un pas et les rumeurs sur certains investisseurs vont bon train dans le milieu des passionnés de la marque.