HARLEY DAVIDSON V-ROD MUSCLE 2011 : L’autre Harley

Bodybuildée

N'espérez pas passer inaperçu au guidon de la V-Rod, c'est peine perdue et même devant un garage Harley, elle attirera du monde. Il faut avouer que la V-Rod Muscle ne lésine pas sur les moyens pour se faire bien voir. Longue (2410 mm) mais pourtant l'avant semble ramassé sur lui-même, rasant le sol tel un dragster. L'impression est renforcée par les écopes du radiateur qui semblent conçues pour plaquer la moto au sol.

Que dire aussi de la ligne créée par le faux réservoir dépourvu de bouchon suivi de la coque arrière où les feux sont particulièrement bien intégrés ?

Rien, sur le plan esthétique, la Muscle est pour nous une vrai réussite. Elle se la joue version méchante moto et l'image colle tout à fait à ce qu'elle est, chaque détail semble avoir été pensé pour en faire une machine aguichante et voyante.Les échappements à la sortie très longue et carrée sont incontournables, côté design, c'est recherché.Les cylindres et les carters sont chromés, tout comme la fourche pour mieux trancher avec le noir de certaines pièces, comme les jantes mêlant noir et chrome sur notre version blanche 'Hot Denim' avec une bande anthracite sur le réservoir.Même les clignotants avant se la jouent discrètement en intégrant les branches des rétroviseurs alors que les arrière restent cachés à côté du phare.

Notons au passage que ceux-ci sont " intelligents ", se coupant d'eux-mêmes en fonction de l'angle pris et de la vitesse.Si le côté bestial est indéniable, certains puristes lui reprochent trop de plastique (pour une Harley bien s&ucirc.r), habitués à des machines toute de métal vêtues, les carénages plastiques ne font pas l'unanimité.La V-Rod est aussi gâtée avec un châssis spécialement développé pour elle, hydroformé pour diminuer le nombre de soudures et augmenter la rigidité.La vidéo de notre essai:

Gonflette ou vraiment musclée ?
Imaginez un carénage de supersport style zx10R, R1 ou autre cachant un moteur de 50cc ! Bon ok, ça se fait mais ce n'est pas franchement gratifiant pour le pilote qui risque plutôt les railleries des autres motards. (Pas qu'on n'aime pas les 50cc chez Objectif-moto, mais quand on se donne un look, il faut de quoi assumer).

Eh bien, bonne nouvelle, ce n'est pas le cas avec le moteur Revolution développé à partir des moteurs utilisés en course comme le célèbre VR1000. Développé avec Porsche, le bicylindre de 1250 cc se dote d'un refroidissement liquide, de l'injection et d'un double arbres à came pour obtenir plus de 100cv, soit le moteur de série le plus puissant chez Harley mais aussi un couple de 114Nm à 6500 tours. Oui vous avez bien lu, 6500 tours, vous allez pouvoir prendre quelques tours à son guidon et vous ne remercierez jamais assez celui qui a créé une selle avec un tel dosseret.

Pourquoi ? Parce que sans elle, quand vous ouvrirez les gaz en grand, vous n'aurez que deux options : glisser en bas de la moto ou voir vos bras s'allonger. La V-Rod Muscle est capable (sur circuit bien sûr) de dépasser les 200 km/h et il ne lui faut pas une longue distance (ou le vent dans le dos) pour y arriver. Installez-vous au guidon, enclenchez la première et tournez la poignée comme un sauvage, passez les 5 vitesses à la limite de la zone rouge (oui il y a un compte-tours sur la V-Rod) et vous aurez les yeux collés au fond du casque, 5 cms de plus à chaque bras, un bon pour le kiné... ou plus de permis.

Oui la V-Rod ne fait pas dans la dentelle et pousse très fort : un dragster de série pour faire court.Même la boîte de vitesses semble différente des autres Harleys, plus douce, plus précise sauf peut-être entre la première et la deuxième où nous avons eu à plusieurs reprises un passage au point mort.Et elle l'est bien, différente, elle est dotée d'un embrayage anti-drible vous permettant de rétrograder sans bloquer la roue arrière, plus de souplesse sur un custom et un choix inédit. Rien ne vous oblige bien sûr à la malmener mais elle permet de s'amuser et garde une belle marge de manoeuvre en cas de dépassement.Petite déception toutefois, les échappements sont tellement beaux qu'on les croyait vraiment plus " sonores " alors qu'ils jouent une mélodie trop feutrée et peu flatteuse comparée à l'aura de la V-Rod.

Pratique ou juste jolie ?
L'inconvénient d'un vrai dragster, c'est qu'il n'est pas prévu pour tourner au bout de la ligne droite et la V-Rod Muscle, sur route, elle devra bien y arriver. Et quand on voit la physionomie de la bête, le pneu arrière de 240 et le poids de 307 kg en état de marche, on est en droit de se poser des questions. La position du pilote ne vous rassurera pas non plus, vous formez simplement un V (comme V-Rod diront les comiques) : bras loin devant, les pieds aussi en avant, elle sera réservée aux grand gabarits. (Certains se sont assis dessus et ne savaient plus tenir les deux poignées en braquant à fond le guidon, c'est dire qu'elle n'est pas faite pour tous).

Sans comparaison possible avec des roadsters, elle se montre pourtant assez facile à piloter et enchaînera les virages sans souci pour peu qu'on trouve le truc pour la faire pencher convenablement. En ville par contre, elle ne sera pas vraiment à sa place, impossible à manoeuvrer entre les voitures et les angles droits des carrefours doivent se négocier larges sous peine de vous retrouver mal embarqué et vite à la limite du pneu arrière. A sa décharge, notre moto n'avait que 1150 kms à la livraison et un pneu arrière où juste la bande centrale était un peu usée, rassurez vous, le prochain testeur n'aura plus de souci, il est bien rodé des deux côtés.La garde au sol semble limitée et pourtant, lors de notre essai, nous n'avons pas touché les pose-pieds alors que les flancs du pneu approchaient de leur limite.

Le gabarit impressionne et demandera de la dextérité pour la manier, elle est d'ailleurs tellement longue que vous ne serez pas à l'abri de quelques plaisanteries mais vous êtes le seul à savoir bloquer un rond point à deux bandes avec une seule moto.

Toujours est-il que si on ne doit pas la brusquer, elle peut sans problème vous emmener en balade toute la journée, offrant une autonomie de +/- 250 à 300 kms (selon votre agressivité sur la poignée droite). Vos épaules souffriront toutefois de la pression du vent et de la position assez éloignée du guidon. La selle au dosseret salvateur est suffisamment confortable pour le pilote mais pour la passagère, il faudra un sens du sacrifice prononcé pour qu'elle vous accompagne tant la taille du pouf n'inspire pas confiance. Pour vous consoler, si passagère vous avez, elle devra bien se tenir à vous pour rester sur la moto.

Du bon et du moins bon.
Vous le savez, chez Objectif-moto, nous sommes pour la critique objective.Nous reconnaissons donc avec plaisir que cette V-Rod sent bon la finition de luxe : des belles pièces taillées dans la masse, une peinture bien finie et classe, un look particulièrement travaillé. Nous trouvons même un vrai bloc compteur avec un compte-tours (pour mieux marquer la filiation sportive), le compteur avec son petit écran lcd et même une jauge. Le système d'alarme d'origine est toujours basé sur un système rfid se mettant donc en route dès que vous vous éloignez de la moto, même la clé ne doit pas rester sur le contacteur pour rouler, le tout dans votre poche.

Sentiment mitigé par contre pour l'ABS qui d'un point de vue visuel est parfaitement intégré au moyeu de la jante mais qui, dans la pratique, ne met pas totalement en confiance. Plus d'une fois, sur route sèche, nous l'avons senti s'enclencher, rallongeant un peu notre freinage mais avec une drôle de sensation, comme si la moto ne ralentissait pas. Ceci était notamment plus sensible sur l'avant en cas de freinage plus appuyé mais ne rassure pas vraiment le pilote. Nous ne l'avons pas testé sous la pluie où il se serait peut être montré plus convaincant. D'origine sur la moto, on s'y habituera sans problème mais les premières fois sont surprenantes (comme toute première fois).

On peut toutefois vous rassurer, les freins Brembo freinent fort et suffisent amplement à stopper rapidement la machine, même bien lancée.Au tableau des critiques, nous ajouterons la suspension. Si les amortisseurs arrière remplissent assez bien leur rôle en absorbant la plupart des chocs, la fourche inversée de 43mm qui semble pourtant de bonne facture, nous a paru bien trop molle venant taper au passage d'un casse vitesse ou d'une bosse abordés un peu trop vite. Ajouté à ce retour peu agréable, si la chaussée est en mauvais état, il faudra se méfier des virages où elle ne permettra pas de garder une bonne tenue de route, ayant tendance à rebondir.

Il nous fallait bien un point noir, si le réservoir est un faux et qu'il n'y a pas de bouchon, où diable peut-on faire le plein ?

J'avoue, j'ai dû poser la question.Tout simplement, il faut soulever la clé et dévisser le bouchon. Il n'y a donc pas de fermeture à clé et il faudra être prudent lors du remplissage de ne pas inonder les composants électriques entourant l'entrée du réservoir, ils ne devraient pas trop apprécier.Petite anecdote, une fois le plein fait, vous aurez la surprise de voir la jauge monter à 3/4 seulement... pour la première fois, vous verrez une jauge fonctionner à l'envers car c'est seulement après 2 kilomètres qu'elle affichait un réservoir plein.

Je l'aurais bien gardée...
Affichée tout de même à 19.520 euro. dans cette version bi-ton, la V-Rod muscle n'est pas la moins chère des Harleys mais se montre bien la plus véloce et la plus agressive.Même si certains purs et durs ont toujours du mal à la considérer comme une vraie Harley à cause notamment de ses plastiques et de son refroidissement liquide, elle fait bien partie de la mythique famille des Twins US. C'est toute une histoire que vous embrassez en choisissant Harley, un monde à part et un engouement différents des fans, il n'y a qu'à voir le monde présent lors des portes ouvertes des garages : une vraie concentration à chaque fois, ambiance assurée.

Pourquoi choisir la V-Rod ?

Pour rouler seul ou rarement en compagnie, réservée aux grands gabarits, elle affirme son caractère de Dragster juste civilisé. Puissante et moderne, elle est une nouvelle génération d'Harleys, peut être pas vers quoi elles évolueront toutes mais une vision plus moderne des deux-roues. Dotée de technologies modernes, elle ravira ceux qui veulent se faire remarquer et se faire plaisir en même temps.

Foi de Diabolosyl, elle mériterait bien sa place dans mon garage tant elle a de la prestance, pas la plus sportive mais avec un caractère bien trempé, elle donne dans le même registre 'moto coup de coeur' que la Rocker C, encore plus typée Harley elle, plus virile encore mais plus chère aussi.