La première fois que nous avons aperçu cette Hypermotard 698 Mono RVE en photos, notre cœur endurci de vieux motard a fait "boum" dans notre poitrine. Quelle machine, quelles lignes fluides et à la lecture de la fiche technique, notre esprit de passionné de monocylindre s’en trouva chaviré. 84.5cv à 9750T/Min ? Il y a une erreur dans ta fiche technique, Monsieur Ducati. Que nenni, ce nouveau bloc est capable de sortir cette coquette puissance une fois doté de sa ligne Termignoni non homologué ou 77.5Cv en version ligne d’origine. Si ces valeurs ne feront pas frétiller le sourcil d’un pilote de Panigale V4S, elles ont de quoi émoustiller sévèrement tout passionné de supermotard. Surtout si on rajoute un poids en ordre de marche de 163Kg.
Avant d’en prendre le guidon avec nous, il va falloir passer par la case technique car ce moteur en vaut la peine. A la fin de cette lecture, vous aurez compris le tour de force, le génie des ingénieurs Italiens pour le coup. Allez, c’est parti.
Ce bloc Monocylindre est nouveau. Il se trouve être dérivé du bloc moteur Superquadro de la 1299 Panigale, le 1285cc. Grâce à la distribution desmodromique, ce bloc moteur de 659CC monte en régime jusque 10250T/min, ce qui est impossible aux autres blocs monocylindres. La puissance de 77.5 cv à 9750T/Min et le couple de 63Nm à8000T/Min sont les plus élevés dans la catégorie. Le piston de 116mm de diamètre est de type Racing et affiche une valeur d’alésage record pour un moteur de série. La course extrêmement courte de 62.4mm font que cet ensemble est doté d’un rapport incroyable alésage/course de 1.86. Un coefficient jamais atteint avant sur un bloc moteur destiné au grand public. Il est accessible en version A2 pour les jeunes permis. Bien, très bien mais dommage pour eux de passer à côté des sensations délivrées par ce moteur.
Ce moteur est servi par une boîte de vitesse à 6 rapports avec un Quickshifter disponible en option sur la version de base et de série dans le cas de notre version d’essai en finition RVE. Plusieurs pièces mobiles du moteur sont traitées en finition DLC, pour augmenter la résistance et limiter l’usure dans le temps. L’embrayage est en bain d’huile et sous l’assistance d’un anti dribble. Le plateau à glissement limité vient réduire la pression sur les disques et évite ainsi de bloquer la roue arrière lors de rétrogradages sous forte charge.
Pour le look, point de sobriété dans cette version RVE. Ça claque au soleil, ça brille. Les lignes sont tendues et affutées comme un couteau de combat. Les signatures lumineuses des feux avant et arrières sont propres à ce modèle. Un Led double C pour l’avant avec un rappel pour l’arrière. A noter que le feu arrière utilise la technique Ducati Brake Light. A partir de 55KM/h, le feu flashe en cas de freinage d’urgence. Pratique pour éviter de se faire percuter sur un gros freinage en entrée de virage. Tout dans le design de la Ducati 698 Hypermotard Mono RVE respire le sport, la performance absolue.
Les notions de confort et d’ergonomie n’ont pas été invitées à la table lors de la conception. Les flancs et les écopes sont posés autour du bidon d’essence de 12 litres de capacité. Elles vont être courtes les étapes entre deux pompes à essence.
La longue selle est plate, vient jusque sur l’avant du réservoir et se montre dure comme une bûche, quoique j’ai déjà connu du sapin plus tendre. C’est clair qu’au bout de 50 km, un arrêt s’imposait pour soulager notre fondement qui a été rarement aussi mis à mal sur une moto de série. Solution, un cuissard de cycliste sous le jeans et hop, on atteint les 100km. Cette selle culmine, c’est le mot exact, à 905mm du sol.
Petites gambettes s’abstenir ! La selle basse à 890 mm n’est pas d’une grande aide pour les moins bien lotis d’entre nous. Pour mon 1,82m, c’est juste. Pas moyen de poser les deux pieds à plat au sol en même temps.
Pour offrir un écrin de choix à ce bloc moteur de folie, Ducati a sorti les outils et nous pond un cadre tubulaire en acier avec différentes sections et épaisseurs aussi. La partie arrière est boulonnée sur le cadre principal. Bien vu pour une moto qui risque de se prendre des gamelles sur circuit. On réduit le prix de la chute. Ce cadre loge en son centre le bloc moteur tout en utilisant celui-ci comme élément porteur. Niveau rigidité, on arrive ainsi à garder une partie cycle saine malgré les dimensions. Ce cadre ne pèse que 7,2Kg.
La partie cycle n’est pas en reste avec une nouvelle fourche Marzocchi à tubes Aluminium de 45 mm de diamètre. Elle est dotée de tous les réglages possibles et offre un débattement de 215mm. L’amortisseur arrière vient de chez Sachs, entièrement réglable aussi. Son débattement est de 240mm et certains réglages sont accessibles par une molette.
Le bras oscillant double est en aluminium moulé, pèse 3,9Kg et offre une finition brossée, magnifique. Niveau géométrie, la Ducati 698 Hypermotard Mono RVE combine un angle de colonne relativement ouvert de 26,1°et une chasse de 108mm avec un empattement de 1443mm. C’est court, le poids est réparti avec 48,5% sur l’avant et 51,5% sur l’arrière. Une machine à jouer dans les virages quasiment parfaite au niveau de l’équilibre.
Pour passer la puissance au sol et garder l’ensemble sur la route ou sur la piste où elle a sa place, les jantes de 17 pouces à 5 doubles rayons en Y sont présentes. Valves coudées de série, elles chaussent du 120/70 devant et du 16+0/60 derrière. Les Pirelli Diablo Rosso IV ont la lourde tâche de garder l’ensemble debout sur le bitume.
Passer la puissance, c’est bien mais il faut aussi parfois freiner. Rassurez-vous, Brembo a envoyé au charbon un étrier M4.32 à fixation radiale pincer un disque de 320mm devant. Le maître-cylindre radial qui l’accompagne est du même acabit et les freinages du bout de l’index sont un régal. Le levier est réglable en 5 positions afin de contenter tous les index des futurs pilotes. Pour l’arrière, un disque de 245mm est pincé par un étrier à simple piston.
Tout ceci est bien entendu sous le contrôle sévère d’une centrale inertielle 6 axes Bosch. Roulis, tangage sont immédiatement détectés et pris en charge. 4 modes de conduites sont disponibles (Sport, road, Wet, Urban). Les différentes assistances sont les DTC (Ducati Traction Control), EBC (gestion frein moteur), ABS et DWC (Ducati Wheeling Control) qui est déconnectable. Redoutable d’efficacité, il permet de s’amuser avec différents niveaux d’intrusion. L’ABS est doté du Slide By Brake qui autorise les glisses latérales de la roue arrière au freinage. Cette Ducati 698 Hypermotard Mono se révèle être un sacré jouet.
Avec une carrosserie quasiment absente, il est difficile de cacher fils, durites et autres sondes. Ducati a malgré tout fourni un effort (pour une fois) et cela reste discret. La finition générale est très bonne, les stickers ne bougent pas et les assemblages sont bons. Seules quelques vis rouillées sur l’échappement font tache au milieu de la moto. Dommage sur une machine qui ne totalise pas 4000Km. Et quelques centimètres de gaine isolante en plus n’auraient pas grevé le budget non plus, c’est dommage de voir réduit à néant les efforts pour des détails mais qui sont bien visibles.
Qui dit mécanique d’exception, dit entretien exigeant. C’est finalement raisonnable avec une intervention annuelle ou tous les 15.000Km et un contrôle du jeu aux soupapes (intervention plus lourde) tous les 30.000Km. Cette moto n’est pas destinée aux gros rouleurs mais plus à être rangée à côté d’une autre moto dans votre stand, enfin garage.
Pour lire les informations disponibles pour la conduite, un écran LCD de 3,8 pouces est placé devant vous près du guidon. Oubliez-le pendant la conduite, il affiche les modes mais les infirmations ne sont pas fort lisibles en roulant. Ses fonctions sont commandées au guidon, côté gauche par un bouton poussoir.
Le guidon en aluminium est large, 806mm de bout en bout. Il est quasiment plat et est à diamètre variable, ce qui associe légèreté et flexibilité sans entraver la résistance. Les maîtres cylindres sont radiaux et dotés de pots en matière transparente. Joli design en tout cas.
Voilà, la théorie est finie. Allons rouler avec superbe Ducati 698 Hypermotard Mono RVE.
Bon, il faut commencer par grimper sur la selle. Vive les bottes Enduro pour gagner des centimètres. Une pichenette sur le bouton démarreur et le moteur claque. La band e sonore est terrible au point que j’ai dû vérifier que mon exemplaire essai était bien doté de la ligne Termignoni sport homologuée et non pas de la Racing. Quelle musique, les jappements du bloc à bas régimes font place à un grondement ravageur passé les 6.000T/Min. Quel concert, oubliez les protections auditives ! Je me suis régalé à chaque passage de rapport, à chaque coup de gaz. Le moteur prend ses tours comme une passionaria Italienne, ça ne laisse pas de place au calme, c’est vivant. Les routes sinueuses sont vos amies, les sorties de virages en rentrant un rapport propulsent la Ducati avec force vers la courbe suivante qui vous saute littéralement à la tronche. Un coup d’index sur le frein, un regard, elle se place et c’est repartie de plus belle. Alors, l’ergonomie, le confort, les voyages, on s’en fout. Cette moto est faite pour attaquer, tordre la poignée, bouffer du pneu mais surtout, vous donner du plaisir. Les navettes quotidiennes se transforment en championnat du monde de mon quartier et chaque trajet se déroule sous chrono. Les visites à un ami distant de 60 km auront été jouissives en passant par Virginal, Ronquières… Les quelques étapes d’autoroute auront montré la vitesse de pointe possible mais inutile. Je me sens encore désolé pour avoir flingué, il n’y a pas d’autres mots un train de pneus sur ma semaine d’essai. En usage privé, cela fait cher mais cette moto ne vous invite pas à rouler relax. C’est un Pur-sang pas un Percheron. Pas de duo, pas de voyages, pas de confort mais du plaisir, du plaisir et encore du plaisir.
Citons quelques points forts : Esthétique de course, moteur de compétition, électronique de pointe, partie-cycle, prise en main et maniabilité.
Quelques points faibles : Tarif de 13.790€ sans options, Ergonomie, écran ridicule, et pour finir : pas dans mon garage !!!
Cette moto est addictive. Elle ne sera pas votre moto principale si vous aimez voyager, rouler en duo. Placée à côté d’une autre moto adaptée à vos besoins, cette Ducati 698 Hypermotard Mono RVE est un antidépresseur à deux roues, une cure de jouvence, un soleil dans l’hiver. Exigeante en soins, facilement apprivoisable, elle ne se livrera totalement qu’aux plus avertis d’entre nous. Frimeuse, allumeuse mais terriblement efficace et attachante, Ducati réalise un sacré bond en avant en nous apportant cette 698 Hypermotard Mono RVE.
Arrivederci, bella ragazza....
Lolobadboy