La 3/2 : moitié 1100, moitié 696, moitié Hypermotard
Commençons par un petit bout d'histoire....comme à mon habitude. La génération Monster n'est pas née de la dernière pluie.Depuis le temps que nous les voyons sillonner nos routes, avouons qu'il ne s'agit pas là du scoop de l'année. Il fut un temps où la famille était diablement bien achalandée mais aussi un brin disparate. Pensez donc, la 900, la 750, la 620, la 916, la 695, la 800 S2, la 1000 S2, la S4R, la S4Rs, etc, etc.Par la suite, la ligne s'est scindée en deux branches : les streetfighters et les monsters. En ce qui concerne l'une des streetfighters, elle a récemment fait l'objet d'un essai réalisé par votre serviteur.
Pour ce qui est de la lignée Monster, elle se réduisait jusqu'ici à la 696 et à la 1100. Nous connaissons la réputation de la " petite " 696 avec son caractère brillant ainsi que les aspects beaucoup plus exclusifs de la 1100. Cela, c'était pour l'année 2008. C'est dans ce contexte que la M 796 vient se tailler une part du gâteau. La Monster 796 est rapidement devenue LE roadster par excellence.
Les chiffres des ventes de la Monster 796 ne laissent aucune part à l'interprétation. Elle est la plus vendue, tout simplement. Mais il faut bien reconnaî.tre qu'un modèle de milieu de gamme manquait cruellement.D'autre part, la 796 bénéficie d'un look ravageur et ne laisse personne indifférent.Le manufacturier a donc comblé cette lacune et cela n'a pas été fait à la légère. Ducati a utilisé la motorisation de l'hypermotard 796 et l'a équipé de la partie cycle de la 696. Ducati a décidé de ne pas modifier la ligne générale. C'eû.t été une erreur que de vouloir perfectionner la perfection.
Quelques petits détails sont cependant intervenus. Certains évoqueront le fait que les trois machines se ressemblent trop. Réduction des frais réfléchie ou management de l'efficience . bien malin qui pourrait déterminer avec certitude où se situe la véritable raison.En tout état de cause, on aime ou on n'aime et puis on ne peut pas contenter tout le monde...La 796 c'est la gueule de la 1100 et la souplesse de la 696. D'un côté le tempérament et de l'autre la maniabilité et la fluidité.La 796 représente donc le juste milieu entre les deux extrêmes.La hauteur de selle a été modifiée et se situe à 800 mm. 10mm en moins que la 1100.
En ce qui concerne l'ergonomie en général, elle a été revue au niveau de la selle mais également au niveau du guidon. Ce dernier a été surélevé de 20 mm. Ceci peut paraî.tre peu mais l'ensemble détermine une position de pilotage totalement différente de ce que nous rencontrons habituellement. Nous y reviendrons par la suite. Le M 796, c'est une foule de détails qui attirent le regard, captent l'attention, séduisent par leur finesse et ensorcellent au point que l'on s'imagine déjà à son guidon.Un cadre treillis tubulaire de teinte rouge, des jantes noires bordées d'un liseret de toute beauté, un petit saute-vent, un double échappement magnifique, un monobras à couper le souffle, une suspension haut de gamme, un système de freinage taillé au scalpel, un moteur magnifique, en un mot, une esthétique digne d'un Modigliani.
La finition dont bénéficie la 796 se situe dans le tout haut de gamme. Et finalement, ce ne sont que quelques détails qui permettent de distinguer la 796 de la 1100.A titre d'exemple, voici des informations qui vous autoriseront à jouer les connaisseurs : la teinte des platines repose-pieds (grise pour la 1100, noire sur la 796), la taille des protections de silencieux plus volumineux sur la 796, le surpiquage de la selle de teinte rouge sur la 796.Voilà, si vous n'arrivez pas à jouer les férus de Ducati avec de pareils détails, c'est qu'il existe un problème.Ainsi que nous le soulignions plus haut, les hauteurs de selle et de guidon ont été revues afin de positionner le pilote un peu moins sur l'avant.
De ce fait, la 796 offre davantage de confort et laisse une impression d'agressivité légèrement diminuée par rapport à la 1100. La selle offre un profil assez plat et culmine à 800 mm.Nous n'avons trouvé que peu d'informations quant aux modifications opérées sur le moteur.
Cependant, il semblerait que la taille de la boî.te à air ait été modifiée, que le manufacturier ait pas mal travaillé au niveau des échappements et que la cartographie ait également été revue.La 796 est équipée d'un système dénommé APTC. Ce système entraî.ne une diminution de l'effort à exercer sur le levier d'embrayage mais ce n'est que la première partie de l'iceberg. Ce système permet également de descendre de vitesse haut dans les tours sans entraî.ner le dribbling de la roue arrière.
Par ailleurs, ce système de multidisque en bain d'huile gomme les bruits caractéristiques à l'embrayage à sec des anciennes Ducati.Le moteur (en L) issu de l'hypermotard 796 est refroidi par air et adopte la dénomination de " Desmodue " en rapport avec ses deux soupapes par cylindre. Le bloc développe 87 Cv ( à 8.250 Trs/Min) pour une cylindrée exacte de 803 Cc.Petite particularité en ce qui concerne la méthode de conception des carters. Ceux-ci sont moulés en utilisant la technique " Vacural ". Il s'agit de mouler les carters sous pression afin de réduire l'épaisseur des parois et, par conséquent, le poids. Selon le constructeur, ce ne sont pas moins de 4 Kg qui pourraient ainsi être gagnés. L'ensemble suffit très largement à propulser les 167 petits Kg de la 796.
Les suspensions sont de bonne qualité, c'est le moins que nous puissions dire.Le train avant bénéficie d'une fourche Showa téléhydraulique inversée mais non réglable de 43 mm de diamètre et offre un débattement de 120 mm. A l'arrière, nous trouvons un mono-amortisseur Sachs offrant un débattement de 148 mm. Cet amortisseur est, quant à lui, réglable en détente et précontrainte. Le freinage avant est assuré par deux disques de 320 mm équipés d'étriers radiaux de marque Brembo à quatre pistons.
Pour l'arrière , nous trouvons un disque de 245 mm équipé d'un étrier, lui aussi Brembo, à deux pistons. L'ABS constitue une option. D'autre part, il offre la particularité d'être débrayable.
Au niveau des échappements, nous pouvons sans conteste parler de franche réussite. Comparé à certains silencieux équipant les modèles de marques concurrentes, nous ne pouvons que constater qu'il n'y a vraiment pas photo.
Le concept est de toute beauté. Soigné, racé, de bonne facture, bien intégré aux proportions de la machine, il s'apparente à celui de la 696. Toutefois, une chambre de tranquilisation et une sonde lambda, électronique oblige, y sont venues se greffer.Côté sonorité, nous sommes à deux doigts du paradis. Les tonalités sont feutrées à bas régime mais ont tôt fait de se transformer. Dès que l'on dépasse le seuil des 5.000 Trs/Min, la machine gronde. Après, ce sont des sonorités bien plus rageuses jusqu'à la limite de la zone rouge.En ce qui concerne le cadre, il est à noter qu'une nouvelle boucle arrière vient sceller l'ensemble. Cette boucle en aluminium dispose de nouveaux points d'ancrage destinés à loger des poignées latérales.
Au rayon du tableau de bord, aucune remarque. L'ensemble est compact, bien visible et bien lisible. Les leds du shift-light viennent couronner la pièce.La machine est chaussée de Pirelli Diablo Corsa Rosso. Pneus chewingumesques s'il en est.
Tigresse aux pattes de velours
En ce qui concerne la boî.te de vitesse et le " nouveau " système d'embrayage, nous sommes sur du velours.
Le système APTC n'est plus à vanter. Nous ne pouvons que vous conseiller de le tester. Les manipulations se font en souplesse et presque sans effort.Ce système semi-novateur permet presque toutes les excentricités et notamment de descendre les vitesses même en étant un peu trop dans les tours sans entraî.ner le phénomène de dribbling.
Les vitesses passent sans aucun accroc. La boî.te est souple, bien étagée et diablement précise. La perfection passerait sans doute par l'adjonction d'un quick-shift, lequel est d'ailleurs prévu en option.Petit bémol sans doute au niveau de la transmission finale arborant un 15 x 39 un poil trop long. Le constructeur avait sans doute de bien valables raisons pour asseoir son choix mais ce dernier contribue à laisser l'impression d'un moteur un zeste trop strict.La machine est relativement confortable. Le saute-vent, bien que réduit, assure son travail avec une efficacité remarquable.
Par conséquent, la tenue de route en est directement influencée. La machine est littéralement vissée sur la route. Le constat est identique dans toutes les circonstances.La 796 tient le parquet et le tient même à deux mains ou plutôt deux roues.Parallèlement, les suspensions travaillent à merveille et contribuent largement à gommer les imperfections de la route.
Le train avant affiche une rigueur digne d'un jésuite. Il en est de même de la partie cycle. Rien à reprocher et heureusement car c'est en partie grâce à elle qu'il est possible d'exploiter la machine.Là aussi, nous sommes à deux doigts de la perfection.L'ensemble débouche sur une machine compacte, stricte et rigoureuse à souhait. La direction et la tenue de route s'avèrent sans reproche.
La direction est précise et autorise les changements de direction rapides. La machine est vive et laisse l'impression qu'il est possible de dépasser ses limites.L'empattement est relativement court avec 1.450 mm et la géométrie présente une direction que l'on peut qualifier de fermée avec 24 °. seulement.En ce qui concerne le freinage, nous trouvons bien entendu du tout haut de gamme avec un matériel Brembo en monte radiale.Le résultat est à la mesure des attentes. C'est puissant, endurant . en un mot performant. De plus, le dosage est relativement aisé et renvoie un feeling précis.
Un monstrueux compromis
Evidemment, le moteur n'est pas un modèle du genre en terme de souplesse.Cependant, nous nous y sommes rapidement acclimatés. Quelques démarrages plus tard, nous avons pris la mesure de la machine et tout se passe pour le mieux. Dès les 3.500 Trs, la machine se comporte de magistrale façon.
Ce que nous redoutions, c'est-à-dire le parcours en ville, se révèle être une partie de plaisir. La 796 s'avère facile à placer, joueuse avec juste ce qu'il faut de nervosité et de répondant. Toutes ces qualités viennent s'additionner à un rayon de braquage tout à fait correct et à une maniabilité accrue par une position de conduite relativement haute.Evidemment, nous nous trouvons en appui sur les poignets mais la position est supportable si nous la comparons à ce que nous rencontrons habituellement sur des machines sportives. Pas de quoi en faire un drame.Sur ce parcours spécifique, la machine marque des points et sort son épingle du jeu de manière très honnête. Nous n'irons pas jusqu'à dire qu'elle a été taillée pour la ville mais que les futurs acquéreurs se rassurent, la 796 ne vous décevra pas le moins du monde.
En parcours autoroutier, la machine nous fait savoir qu'elle ne se trouve pas sur son terrain de jeu idéal. Nous sommes relativement bien abrités derrière le saute-vent et la puissance se trouve à l'appel mais nous nous ennuyons vite et n'avons plus qu'une idée en tête : trouver la première sortie et chercher de petites routes sinueuses.Enfin, nous y voilà. Petites routes de campagne (en bon état ... si si cela existe encore), pas trop de circulation, un temps magnifique. Que demander de plus ?La 796 se trouve sur son terrain de prédilection. Première partie où nous enroulons à l'aise et où la machine arbore son côté aisé à prendre en main, son agilité, sa souplesse.Sur ce genre de trajet, le passager ne se plaint pas trop même si les jambes sont un peu repliées. Mais bon, ça passe...Nous nous prenons alors à balader et même, de temps à autres à admirer le paysage et à humer l'air frais. Quel plaisir !Seconde partie toujours sur le même type de routes. Seule différence : la rotation de la poignée de droite un tantinet plus prononcée.La 796 est loin de décevoir. Elle répond au quart, que dis-je au seizième de tour. L'embrayage aidant, nous pouvons nous permettre quelques petites fantaisies qui, d'ordinaire nous auraient occasionné quelques frayeurs.Effectivement, pas de dribbling au rendez-vous. La direction est précise et le châssis est suffisamment rigide pour supporter la puissance développée par le bloc moteur.Les freins sont puissants et endurants mais aussi dosables.La machine ne demande qu'à s'exprimer et l'ego a tendance à se surdimensionner tant la machine pardonne et encaisse.
En résumé : - en ce qui concerne la ville, la 796 tient le haut du pavé mais n'a pas été réellement conçue à cet effet. - sur autoroute, la 796 a tendance à s'ennuyer, comme nous d'ailleurs- sur route sinueuse : nickel- en duo : acceptableEn tourisme : la 796 offre de belles possibilités en fonction des options disponibles.Elle est à recommander pour autant que vous utilisiez les chemins de traverse.
La séductrice
La 796 offre davantage de sensations et se montre plus performante que la 696. Cependant, elle bien plus facile à exploiter que la 1100.La partie cycle est hyper rigoureuse, tout autant que le freinage et que les suspensions.
Le freinage est irréprochable. Non content de ce résultat, le constructeur a décidé de lui adjoindre (sur option) un système ABS. Ce système ABS débrayable rend un feeling très précis et très agréable.En outre, il s'avère très efficace en cas d'urgence et s'efface en conduite plus sportive. A 700 &euro., pourquoi se priver ?
La 796 c'est aussi l'agilité, la précision au niveau de la direction Le comportement de la machine est rassurant et invite le pilote à la confiance. Même si le moteur semble rechigner à bas régime, il explose littéralement dès les 6.000 Trs.Le frein moteur est quasi inexistant mais cela n'est pas bien grave, compte-tenu de la qualité des freins.
La 796, c'est aussi une &oelig.uvre d'art à part entière. Taillée pour la performance mais aussi pour le confort autant que pour l'arsouille, elle ne cède rien à l'esthétique.Cette machine se montre accessible en termes de prise en main et ce, tant pour les débutants que pour des pilotes avertis.Pour ces derniers, elle dévoilera sans conteste ses plus beaux atours et leur permettra de tester leurs propres limites.
La 796, c'est finalement la séduction à l'état pur. Ce sont un moteur performant, des suspensions haut de gamme, des freins du même acabit, une esthétique soignée et surtout réussie, une sonorité caractéristique, et bien d'autres qualités encore telles l'impression de sécurité qu'elle laisse au pilote, une impressionnante polyvalence et une tenue de route exemplaire en toutes circonstances.
En un mot : elle a tout pour plaire.Un seul regret toutefois par rapport à cet essai : le moment de remettre la clé au concessionnaire. Un instant un peu similaire au film Sister act et plus particulièrement à l'instant où elle est obligée de remettre son chèque à une &oelig.uvre caritative.
Nous tenons la clé fermement, le concessionnaire la tire à lui, nous résistons, il force, nous grimaçons, il fronce les sourcils. Bon ok, nous la lui cédons .....mais à contrecoeur.Budget/Plaisir : 9/10Au quotidien : 8,5/10Sport : 9,5/10Duo : 8/10
Débutant : 9/10Ditch
DUCATI Monster 796 - 2013 - 9.590 €
DUCATI Monster 796 - 2013 - Chassis :Cadre : Treillis tubulaire en acierRéservoir : 15 litresHauteur de selle : 800 mmEmpattement : 1450 mmPoids à sec : 167 kg Train avant :Fourche téléhydraulique inversée Ø. 43 mm, déb : 120 mm2disques Ø. 320 mm, étiers radiaux à 4 pistonsRoue AV : 120 / 70 - 17"Transmission :Boite à 6 rapportsTransmission secondaire par chaine Train arrière :Mono-amortisseur, déb : 148 mm1disque Ø. 245 mm, étrier à 2 pistonsRoue AR : 180 / 55 - 17" Moteur :Bicylindre en L à 90°., 4 tempsRefroidissement : Refroidissement par airInjection Ø. 45 mm1 ACT, desmodromique2 soupapes par cylindre803 cc (88 x 66mm)87 ch à 8250 tr/min8 mkg à 6250 tr/min Vous trouverez toues les informations utiles sur le site WWW.ducatinortheurope.be.A partir de ce site, il vous est possible de trouver le concessionnaire le plus proche de votre domicile. En ce qui nous concerne, nous avons bénéficié d'une machine issue du garage DUCATI SAMBREVILLERue de Velaine, 1575060 TAMINES071/77.77.67L'accueil y est particulièrement soigné. La sympathie et le sourire sont au rendez-vous.
"