Depuis 2014 et l’apparition de la marque Scrambler chez le constructeur Transalpin Ducati, plus de 35.000 exemplaires des 6 versions présentes au catalogue ont été vendus. Ce ne sont pas des petits chiffres de vente ! La marque Ducati a élevé Scrambler au rang de marque propre avec tout un univers dédié dans les filiales, un site web et un Lifestyle adapté. Les accessoires et autres vêtements regorgent dans le catalogue et pas mal de préparateurs se sont lancés avec plus ou moins de succès sur des projets de transformation de Scrambler. Cette année, on notera la disparition de la version Urban enduro remplacée par la magnifique Desert Sled et l’apparition de celle qui est ici en essai, la bien nommée Scrambler Café Racer.
Le phénomène Scrambler se développe partout et chaque constructeur cherche donc à croquer sa part du gâteau. Ducati est le seul présent avec une gamme propre et non pas juste un modèle, ce qui souligne bien l’importance attachée par la marque à la diversité des modèles. Il y en a pour tous les goûts, tous les permis et toutes les « grosses » bourses, les prix pratiqués n’ayant plus rien à voir avec les Scramblers des belles années. Effet de mode quand tu nous tiens !
D’abord, pour nos yeux de vieux motard barbu et tatoué, Scrambler et Café Racer dans la même phrase et concernant la même moto, ça revient un peu à associer Pamela Anderson et Pudeur ou discrétion….c’est assez dire qu’on ne s’y attend pas !!! Voyons donc comment Ducati a réussi (ou pas) le tour de force de marier deux genres de motos assez opposées, une pour tous les chemins et la liberté et l’autre prête à fondre sur tout ce qui roule et à frimer en terrasse.
Le Scrambler Café Racer est doté de la base moteur commune aux différentes versions, un V2 de 803cc avec 73Cv à 8250 T/Min et un couple de 68Nm à 5750T/Min pour un poids de 172kg à sec, le tout bien entendu mis aux normes euro4. Pas de quoi fouetter le chat de la mère Denis ni se relever la nuit en fait. Sur un Scrambler au grand guidon, ces chiffres sont cool mais vachement moins excitants sur un Café Racer. A voir sur la route…
Au niveau du look, Ducati a fait fort en reprenant les codes en vigueur.
Un long réservoir orné d’une magnifique peinture et garni de flancs amovibles et customisables, de belles jantes à bâtons, des échappements courts signés Termignoni, une selle de cuir travaillée dotée d’un capot de selle amovible et les fameux guidons bracelets. Sans tous ces éléments, point de Café racer. Ducati 10 Points !
Maintenant, reprenons ces éléments un par un et voyons voir leur efficacité et là, malheureusement et il est clairement écrit "Malheureusement", il faut déchanter, vous connaissez tous la maxime:"Le ramage ne vaut pas le plumage!"… C’est ici le cas aussi.
Commençons par cette superbe selle sport. Magnifique, un travail de sellerie de haute qualité à un point qu’on arrive à se demander si c’est une selle d’origine ou une réalisation d’un artisan doué de ses dix doigts.
En prenant place dessus, on se rend compte de sa forte inclinaison vers l’avant et du côté très glissant de son cuir marron surpiqué. Résultat des courses, au premier freinage, on se retrouve avec les bonbons dans le bidon !! Ouille, moment très désagréable !
Pour ramener une conquête séduite lors d’une virée sur votre destrier tout de noir revêtu, il faudra ne pas oublier de, soit enlever le capot de selle en plastic avant de partir, soit de prévoir la clé Allen de 4 pour le virer et le sac à dos pour le transporter…Cette remarque n’est pas valable que pour le Scrambler Café Racer mais bien pour tous les Café Racer du marché dotés d’un capot de selle. Le look impose parfois des sacrifices.
Les Pots Termignoni sont annonceurs d’une mélodie harmonieuse pour les oreilles averties des Ducatisti mais là aussi, déception. Suite aux normes actuelles, leur chant n’est pas en adéquation avec nos attentes. Ils ronronnent gentiment et ne vous créeront pas de soucis ni avec vos voisins ni avec la maréchaussée. F*** The Law….
Le freinage est ici assuré par la célèbre firme Brembo, partenaire de longue date de la marque Bolognaise. Le freinage est bon, assez puissant pour peu qu’on tire fort sur le levier. Le frein arrière est un plus, il aide grandement à l’arrêt du Scrambler Café Racer. Pas de panique en ce qui concerne un blocage des roues, l’ABS veille ici au grain de façon discrète et efficace. L’association d’un disque de 330mm et d’un étrier M4-32 révèle ici toute sa justesse et l’étrier arrière simple piston mord un disque de 245mm de façon plus que correcte. Un manque d’attaque au levier se signalera aux gros freineurs mais ils ne sont pas la clientèle visée ici.
Les guidons bracelets sont de rigueur sur un Café Racer et le Scrambler ne déroge pas à la tradition. Point de mauvaise surprise ici, la position de conduite engendrée par ces bracelets reste conviviale et vous supprimerez les séances de kiné de votre agenda. Ils permettent un contrôle facile de la moto et même en ville, assurent une maniabilité que l’on ne soupçonne pas en voyant la moto pour la première fois. Un Café Racer gentil pour votre nuque, pas mal.
Là où le Scrambler Café Racer fait fort, c’est du côté look et coloris. Le noir métallisé associé au doré anodisé des roues rappellera à tous les fanatiques de la marque les somptueuses Ducati 900SS des seventies. Ce contraste entre ce côté sombre et la brillance apportée par le gold est un régal pour les pupilles. On pourrait passer des heures à la contempler au soleil. Encore un bon point pour ce Scrambler. Vous ne passerez nullement inaperçu à son guidon, pensez donc à soigner votre look, Signori.
Le numéro 54 dont est flanquée chaque plaque latérale est le numéro de course de Bruno Spaggiari, pilote de la marque entre 1958 et 1972. Un bel hommage pour une belle carrière.
Les belles pièces regorgent à foison à bord de ce Scrambler Café Racer : protection du coude d’échappement, pédales de frein et de vitesse, repose-pieds travaillés. Autre élément assez réussi, ce phare avant recouvert d’une mini casquette cache misère.
C’est assez fin d’avoir déporté le compteur sur la droite et recouvert le tout de cache noir qui apporte un côté lisse et bien fini, bravo pour l’idée. Les caches courroies de distribution sont magnifiques.
Les T de fourche sont aussi travaillés tout comme les bouchons alu de cette dernière.
Les superbes rétroviseurs seront au choix mis en bas ou en haut du guidon ; Il est à remarquer que si niveau look, la position basse est la plus belle, niveau efficacité, la position haute est la meilleure.
En position basse, difficile de voir quoi que ce soit et surtout si vous emmenez un passager, la vue est complètement bouchée par ses jambes. De plus, il a été remarqué pendant l’essai que ceux-ci avaient une fâcheuse tendance à bouger, en tournant sur eux-mêmes. Cette situation est pour le moins gênante surtout en ville où la rétrovision est primordiale. Le porte plaque fixé sur le bras oscillant apporte un côté perso au Scrambler Café Racer mais on déplorera un gros manque de protection du coup. La semaine d’essai fût ponctuée d’averses copieuses et variées, l’idéal pour tester la protection face aux éléments. Le Scrambler Café Racer n’est là vraiment pas à son avantage. Pour un usage quotidien et par tous les temps, d’autres déclinaisons Scrambler s’en sortiront mieux, bien mieux. En même temps, un café Racer ne s’apprécie pas sous la drache nationale, c’est un fait avéré.
Le tableau de bord et les commandes n’appellent que peu de remarques. L’écran est lisible, seul le compte-tours l’est moins. Les informations se commandent de la main gauche sans lâcher le guidon, Bravo ! Les commandes de phares sont un peu moins évidentes et il faudra apprendre à maîtriser le mouvement de l’index pour manipuler l’interrupteur de phare. Les warnings présents se déclencheront suite à une poussée de quelques secondes de l’interrupteur vers la gauche, pas trop intuitif mais bon, cela reste raisonnable comme manœuvre.
La suspension est simple, fourche inversée au débattement de 150mm sans aucun réglage et l’amortisseur arrière offre la même course et ne se règle que sur quelques crans en précontrainte. Là, le bât blesse et pas qu’un peu ; Quittez l’asphalte lisse des autoroutes ou des grands boulevards des cités et empruntez le réseau secondaire aux belles courbes, terrain de prédilection des Café Racer, vous le regretterez amèrement. La suspension ne sait pas absorber les chocs de manière homogène et le désaccord flagrant entre avant et arrière vous sautera aux yeux. Votre postérieur aussi se souviendra de cette expérience au vu des coups de selle qu’il subira. Il faudra passer par la case adaptable pour améliorer cette suspension ou alors se contenter de rouler de terrasse en terrasse. C’est un gros point noir de ce Scrambler Café Racer. Il vous faudra impérativement rendre la main et revenir à un rythme raisonnable où le Scrambler Café Racer sera à son avantage.
Bon, sur la route et en arsouille, ça dit quoi le Scrambler Café Racer ?
Le V2 offre des accélérations en adéquation avec sa dénomination Scrambler, pas vraiment en accord avec Café Racer. Il accélère bien mais manque de caractère, c’est lisse comme la joue d’un gamin de 7 ans. Il offre un regain de vigueur vers les 5000T/min et grimpera vers la zone rouge en grognant enfin comme il se doit. Policé le bloc moteur, on vous dit. Sa tenue de route est sans surprise, il est stable et ne bouge pas dans les courbes si vous le menez avec la retenue qui s’impose. Le réservoir de 13.5 litres assure une autonomie de 250km ;
Les suspensions ont déjà été abordées plus haut et le freinage aussi. Il est à noter que ce Scrambler Café Racer est destiné comme toute la gamme Scrambler principalement à de jeunes motards sans trop d’expérience ; Ces minots pourraient être effrayés par la puissance d’une monster 1200 S (bientôt à l’essai dans nos colonnes) et par la force d’un freinage offert par des Brembo M50 ; tout est ici fait pour faciliter la vie du pilote en herbe. Les pneus sont des excellents Pirelli Diablo 2, plus que suffisants ici. Les différents points noirs notés dans les paragraphes précédents ne le seront vraiment que pour un motard expérimenté qui est en attente d’un vrai comportement de Café Racer. Il ne le trouvera certainement pas sur ce Scrambler Café Racer. Tout comme il se foutra bien de la prise USB en dessous de la selle et d’autres menus au tableau de bord (T° extérieure par exemple). Ces points là et ce comportement ici relevé l’ont été en fonction de la clientèle visée, les newcomer. Friands de look et d’image, ils sont la cible clairement désignée de la gamme Scrambler. Peu friands de longues journées de moto et de longues distances par tous les temps, ils rouleront de bar en bar, du barbier au sushi Bar en passant par le Mac Store. Ce Scrambler Café Racer leur semblera donc la parfaite évocation de la moto de sport.
Prenons ce Scrambler café Racer pour ce qu’il est, un bel objet de désir. Les regards se tournent vers vous au feu rouge tout comme en passant devant les terrasses peuplées de jolies filles. Enroulez relax à son guidon, profitez de la chaleur du soleil sur votre peau, du souffle du vent sur votre visage, ne taquinez pas la zone rouge du compte-tours (pas fort lisible en plus). Utilisez ce Scrambler Café Racer pour de belles balades tranquilles avec une petite accélération de temps en temps, oubliez vos attentes sportives, ce n’est pas la moto adéquate dans ce cas. Le Scrambler Café Racer est une moto polyvalente avec usage ville et/ou balade, pas une moto affutée chasseuse de chrono. Les puristes du Café Racer, passez votre chemin, elle n’est pas pour vous ; Ducati offre d’autres motos pour vous.
Artistes, hédonistes, amateurs de beaux objets, le Scrambler Café Racer est fait pour vous…
A 11.290 € le bout, c’est comme une toile de maître, c’est cher mais quand on aime, on ne compte pas…
Lolobadboy
https://scramblerducati.com