La gamme Ducati est scindée en 2 gros clans niveau motorisation. D’une part, le V4 et tout ce qui va avec comme puissance, couple, agrément et d’autre part, la gamme V2 qui fait de la résistance. Cette gamme V2 est-elle encore nécessaire, bienvenue au sein du large catalogue Bolognais ? C’est ce que nous allons essayer de voir au travers de notre essai de la Streetfighter V2, petite sœur de l’exubérante Streetfighter V4.
Pour le look, Ducati a refondu la Streetfighter lors de l’arrivée de la V4 et la petite V2 profite à son tour de ce relooking. Le résultat est probant, elle apporte de l’agressivité même en statique. Les lignes sont tendues, annonçant clairement que cette Streetfighter n’est pas là pour rire. Si vous prenez le temps de détailler les photos, chaque élément a été conçu pour le sport.
Les carénages sont dessinés pour apporter de l’aide au train avant. Des ailerons en option rajoutent encore de l’appui. Pour les moins fortunés, ils sont disponibles en plastique noir et pour les autres, en carbone vernis brillant.
Le réservoir permet d’enserrer la moto avec les cuisses. Les superbes jantes forgées apportent une touche de classe à l’ensemble.
Le phare avant full Led participe à l’identité de la gamme Streetfighter et c’est valorisant pour le pilote de la petite V2 car de loin, il est quasi impossible de voir la différence, c’est tout bonus pour l’égo.
Il faut souligner ici les efforts fournis par Ducati lors de la conception de la Streetfighter V2. Même si le châssis et les trains roulant proviennent de la Panigale 955, le bras oscillant est rallongé de 16mm pour offrir plus de stabilité au détriment de la maniabilité. Pour notre part, cette version est très homogène et il n’y a aucun soucis sur ce point. Chose frappante lorsqu’on connaît Ducati, c’est l’effort mis sur la finition.
Les pièces sont belles, biens finies. La peinture claque au soleil, les petits caches plastiques noirs rajoutés sur la V2 permettent de cacher la misère, point de fils volant visibles, c’est très propre et donne une image de qualité. C’est vraiment une belle avancée pour la firme, nous n’entendrons plus les remarques sur les fils et autres colliers apparents.
Le moteur est le bicylindre 955cm³ avec une puissance de 153cv à 10750T/min et un couple de 101,4Nm à 9000T/min. refroidi par eau via deux énormes radiateurs assez exposés aux éventuels graviers et autres joyeusetés rencontrées sur nos route, ils permettent de tenir le moteur dans des températures de fonctionnement idéales et surtout de dissiper les (nombreuses) calories qui en sortent.
Il est doté de deux injecteurs par cylindre et sous le contrôle d’un Ride by Wire. La boîte de vitesse à 6 rapports est dotée du DQS (Ducati Quick Shifter) en version Up & Down. Feeling mitigé car il donne des à-coups si utilisé sous les 5000T/min, zone dans laquelle on évolue en usage normal, c’est dommage. L’embrayage est à glissement limité et les rétrogradages à la volée sont permis et carrément jouissifs.
La partie cycle se compose donc d’un cadre monocoque en aluminium faisant office de boîte à air et d’un monobras oscillant dans la même matière. Rigidité, légèreté sont les maîtres mots. La fourche inversée Showa de type BPF (Big Piston fork) aux tubes de 43mm offre les réglages en Précontrainte, Détente et compression. Du très beau et bon matos embarqué qui permet de régler sa suspension aux petits oignons en fonction du pilotage, du pilote et de l’état de la route ou du circuit. L’amortisseur arrière provient de la gamme Sachs avec un débattement de 130mm et triple réglages aussi. Il est placé sur le flanc gauche en position quasi horizontale. Les suspensions sont efficaces mais peuvent sembler difficiles à définir correctement au vu de toutes les possibilités de réglages offertes. Faites attention, le mieux est parfois l’ennemi du bien et il est très facile de se perdre dans les multitudes de choix.
De base, la tenue de route ne nécessite aucune remarque, c’est de très haut niveau. L’amortisseur de direction non réglable placé transversalement devant le pilote apporte sérénité à l’ensemble et les sorties de virage sur les gaz sont plus néfastes aux pneus qu’au châssis.
Accélérer fort, c’est bien mais freiner c’est tout aussi important. Les Ducati ont toujours été sur ce point d’excellentes motos. Brembo, le fournisseur attitré de la marque Bolognaise est encore une fois arrivé avec une solution en parfait adéquation avec la Streetfighter V2. Les étriers M4.32 à fixation radiale pour l’avant pincent des disques semi-flottant de 320mm de diamètre. L’arrière est un étrier 2 pistons mordant un disque de 245mm.
Les maitres-cylindres Brembo eux aussi sont radiaux et offrent différentes possibilités en écartement, de quoi permettre à toutes les mimines de saisir les freins en toute sécurité et confiance. Pour augmenter cette confiance dans le freinage, Bosch est venu offrir sa centrale ABS dotée du Brake Cornering. Ayant dû saisir les freins pour éviter une inattendue rencontre avec une voiture brûlant un feu rouge, l’efficacité de l’ensemble n’a pas été mise en doute, seuls les Pirelli Diablo Rosso 4 ont eu chaud et ont exprimé leur désapprobation par un cri de douleur.
La vie à bord est un point important pour une moto qui va vous servir au quotidien comme pour d’éventuelles balades et/ou sorties sur circuit. La selle est longue, plate et confortable. Oui, oui, confortable ! Sur un trajet de 200km, elle nous a étonné par le bon accueil réservé à notre fessier. Culminant à 845mm du sol, elle permet aussi au moins de 1,70m de prendre possession de la Streetfighter V2 sans se retrouver en dangereuse posture à chaque arrêt. Le guidon en alu à section variable n’induit pas un appui exagéré sur les poignets et comme il n’y a aucune protection au vent, la vitesse aidant, la position est agréable même sur long trajet.
Lors de notre essai, la canicule a frappé notre pays et cette absence de protection face au vent s’est montré un fabuleux atout pour notre confort.
Les repose-pieds en alu taillé dans la masse sont avancés par rapport à la Panigale et ne plient donc pas trop les jambes du pilote.
Seul le proéminent carter d’embrayage viendra vous embêter lors des roulages par sa position et aussi par la chaleur qu’il dégage. Mon pantalon s’en souvient et en porte les marques.
Point désagréable s’il en est, c’est la chaleur dégagée par la ligne d’échappement. Le tube fait une boucle en dessous de la selle et malgré le pare-chaleur, les évolutions en ville sont très pénibles et il faut rouler pour ne pas être incommodé par les remontées d’air brûlant provenant de la dissipation calorique de l’énorme ligne. C’est horrible, il n’y a pas d’autres mots ! Nous en sommes arrivés à éviter la ville pour ne pas subir cette torture.
Dernier point, cette Streetfighter est livrée d’origine en mode biplace. La selle passager est fort petite et les repose-pieds placés fort haut. Il faudra beaucoup d’abnégation ou d’amour à votre passager pour vous suivre sur une balade. Elle a le mérite d’être présente mais il faut juste être honnête, la Streetfighter V2 se déguste en solitaire. Pour le duo, Ducati offre d’autres modèles bien plus adaptés.
Une moto moderne développant la coquette puissance de 153Cv se doit d’être équipée des aides à la conduite les plus modernes et efficaces du marché. La Streetfighter V2 ne fait pas exception à la règle et Ducati a puisé dans son large catalogue d’assistances embarquées pour les installer à bord. On ne va pas les détailler une par une car elles sont connues maintenant mais en gros, il y a le DTC (Ducati Traction control), le DWC (Ducati Wheeling Control), l’EBC (Engine Brake control), l’ABS. Ces différentes aides sont paramétrables soit via les modes Road, Rain et Sport soit chaque assistance peut encore être paramétrée séparément pour vous offrir une solution à la carte. Attention ici aussi à ne pas se perdre dans les moultes possibilités offertes. Pour faire, court, le mode Road est celui utilisé le plus souvent en usage quotidien, le mode sport plus brut et moins assisté est orienté circuit. Quand au mode WET, il augmente le niveau d’intervention des assistances et lisse la puissance moteur quand les conditions climatiques le nécessitent. Ce qui donne un missile Sol-Sol de 153Cv exploitable par presque tout un chacun.
Presque car une moto telle que la Streetfighter V2 nécessite un certain bagage technique pour en tirer la quintessence sans mettre la cabane sur le chien. La puissance peut vite déborder le pilote trop fougueux. Les assistances donnant un tel sentiment de sécurité doublée d’une facilité de maîtrise, on peut vite se trouver dans une situation compliqué si l’on ne garde pas la tête froide et le poignet droit raisonnable. L’écran TFT est clair, lisible mais se trouve placé bas en dehors du champ de vision du pilote et implique de baisser fortement la tête, ce qui n’est pas toujours idéal.
Bon, la technique c’est une chose mais rouler en est une autre. Sur la route, derrière le guidon de cette Streetfighter V2, qu’en est ‘il ?
Pour répondre à cette question, la semaine d’essai en sa compagnie s’est révélée assez surprenante. Loin des nos craintes en matière d’ergonomie, de gestion de la puissance, la Streetfighter V2 s’est montrée complaisante, agréable et surtout apte aux navettes quotidiennes pour peu que le sac à dos soit votre ami. Point d’emport de bagage possible sur cette V2. Le moteur est souple pour peu que le régime moteur reste au-dessus des 3500T/min pour éviter les cognements désagréables des gros pistons. Les accélérations sont dosables et l’interfile s’est montré amusant grâce à la combinaison gestion moteur et châssis. Se sortir d’un embarras via une rotation de la poignée droite, sensation assez plaisante de voir arriver la cavalerie et de pouvoir ouvrir les gaz sans crainte. Le freinage est puissant mais progressif suite à l’usage de plaquettes de frein moins agressives que sur la Panigale. Il suffit de tirer sur le levier et la Streetfighter freine court. La position de conduite n’est vraiment pas mauvaise du tout et les trajets quotidiens n’ont pas été pénibles sauf pour les remontées de chaleur. Lors de balades sportives, la Streetfighter V2 se montre une redoutable concurrente sur la route et les choix de Ducati se montrent gagnants. Ce V2 a encore de beaux jours devant lui et pourrait même être finalement un bon choix pour qui ne cherche pas le dernier carat niveau puissance.
Une moto sportive de 153Cv pour 200Kg tous pleins faits n’est pas à vraiment dire une moto de débutant et on pourrait légitimement se poser la question de sa place sur la route de nos jours. Entre la circulation extrême, les contrôles de vitesse omniprésents et la bienséance écologique, d’autres motos pourraient se montrer plus aptes mais toutes ces considérations n’ont aucun poids face à l’émotionnel qui régit souvent l’achat d’une moto. Le cœur d’un motard reste encore et malgré tout, le décideur final lors de la signature du chèque. On connaît les défauts d’une moto et on les accepte car on sait le plaisir que l’on va en retirer à chaque mise en route. Alors, ici dans le cas de la Streetfighter V2, les frais d’exploitation, les pneus qui crient pitié en mode arsouille et les petits défauts inhérents à sa conception, on reste sur une moto utilisable au quotidien capable de se transformer en une combattante redoutable d’une rotation du caoutchouc droit. La banane sur le visage du pilote et les onomatopées criées dans le casque laissent d’excellents souvenirs lorsqu’on rentre au box. Box ? Oui, car la Streetfighter V2 a sa place lors de Track Days et autres événements sur circuit. Ce n’est pas une super sportive mais elle permettra la découverte du circuit à son propriétaire. Elle offre deux visages, calme et détendue en bas du compte-tours et teigne dans les hauts régimes. Le réservoir de 17 litres permettra lui une autonomie de près de 300km avec un plein pour qui se montrera raisonnable avec les gaz. Le point le plus délicat est le prix de vente, il vous faudra déposer la coquette somme de 16.990€ sur le comptoir de votre Ducati Store adoré. Délicat car oui, une Ducati se personnalise sans fin et la liste des accessoires et leur prix peut immédiatement et vertigineusement faire grimper le prix vers des sommets que votre banquier n’appréciera pas du tout. Juste la ligne d’échappement Akrapovic titane chiffre déjà à 4689,30€ et je ne parle pas encore des nombreux autres petits accessoires et autres pièces qui exploseront le budget. En voici quelques-uns :
– Embouts de guidon en aluminium usiné dans la masse.
– Bouchon du réservoir en aluminium usiné dans la masse.
– Levier d’embrayage et de frein repliable siglé Ducati.
– Support de plaque d’immatriculation en carbone.
– Paire de clignotants à LED dynamiques.
– Ligne d’échappement complète Akrapovic titane : 4689,30 €
– Silencieux racing Akrapovic titane: 3212,78 €
– Cache échappement carbone et titane: 292,32 €
– Kit d’ailerons en carbone: 1218 €
– Kit d’ailerons en plastique: 264 €
– Support de plaque d’immatriculation en carbone: 401,94 €
– Garde-boue avant carbone: 315,25 €
– Garde-boue arrière carbone: 302,53 €
– Protection/déflecteur de compteur en carbone: 207,06 €
– Protection d’amortisseur arrière en carbone: 159,22 €
– Porte-talons en carbone: 138,71 €
– Cache selle arrière monoplace: 341,04 €
– Saut de vent: 231,42 €
– Bouchon de réservoir aluminium usiné dans la masse: 234,89 €
– Rétroviseur en aluminium: 155,29 €
– Grille de protection de radiateur d’eau: 73,54 €
Cette Streetfighter V2 n’est excellente nulle part mais très bonne partout. Plus à l’aise sur la route que sur le circuit, elle offre confort et possibilité d’usage quotidien et permet quelques excursions sur circuit. Pour le motard aimant le V2 Ducati sans supporter la position plus extrême imposée par la Panigale, elle sera la compagne idéale pour dessiner de belles trajectoires sur nos sinueuses routes ardennaises et vous accompagnera sur la route du travail au quotidien. Vivante, confortable, joueuse et efficace, elle comblera vos attentes pour peu que vous acceptiez ses défauts. A vous de voir où se situent vos priorités. Nous, Cette Streetfighter V2 nous laisse un très bon souvenir et les moments passés à la contempler ont rempli notre mémoire de très belles images.
Faites-vous votre propre idée en allant l’essayer mais attention, c’est dangereux, La Ducati Streetfighter V2 est addictive….
Lolobadboy
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