Dunlop SportSmart Mk3

Le sportif tous temps

Avec son histoire de plus de 130 ans et son passé étroitement lié au monde de la course, Dunlop a toujours soigné ses pneus sportifs. En trois ans, le manufacturier a d'ailleurs complètement renouvelé son offre dans ce créneau. Et ce SportSmart Mk3 est ambitieux puisqu'il se propose de bafouer toutes les règles.

Le fabricant d'origine anglaise, propriété de l'Américain Goodyear mais qui produit en France (c'est ça la mondialisation!) nous propose donc le D213 GP Pro pour un usage exclusivement piste, le D212 GP Racer pour les Track Days et un peu de route à l'occasion et le SportSmart TT pour une répartition équitable route/piste. Le Mark 3 que nous testons ici se destine en priorité aux roadsters musclés et sportives qui taillent la route et se muent en pistardes de temps à autre, mais avec l'ambition de ne plus sacrifier la longévité ni le grip par temps humide sur l'autel de l'efficacité. S'il y parvient, le SportSmart Mk3 pourrait révolutionner ce segment très important puisqu'il représente 25% des ventes totales. A en croire Dunlop, son nouveau pneu devrait engendrer pour son utilisateur ni plus ni moins qu'une nouvelle manière de piloter puisqu'il lui apportera une confiance accrue dans toutes les conditions. C'est ce que nous allons voir...

Théorie et pratique

C'est sur une VFR 800 Vtec que le SportSmart Mk3 sera mis à l'épreuve. Le potentiel dynamique de la Honda est amplement suffisant pour juger de ses aptitudes sportives et, comme la VFR pèse ses 213kg à sec, elle donnera une bonne idée du confort et de la longévité du pneu. Enfin, son Vtec de la première génération (le plus brutal et le plus... fun!) nous en apprendra beaucoup sur la motricité et le grip dispensés par le nouveau gommard Dunlop. Une fois n'est pas coutume, procédons en nous confrontant pas à pas au dossier de presse:

Enseignements de notre essai: 100% vrai

En effet, la montée en température du Mk3 ne traîne pas. Lors de nos mesures, 4km de route ont suffi à faire passer nos pneus de 16° (température de départ en statique) à 44° pour l'avant et 41° pour l'arrière, soit pratiquement leur température nominale de fonctionnement sur route laquelle s'établit sur nos trajets habituels à 46° (avant) et 44° (arrière). L'évacuation efficace de l'eau est réelle aussi; on s'en aperçoit au guidon car le pneu donne confiance sur le mouillé ainsi qu'en suivant la moto pour constater ce qu'évacue le pneu arrière. Enfin, pour avoir observé des MK3 sortant de piste sur une supersport, nous avons constaté une usure très régulière du pneu sans profusions de bouloches ni cloques consécutives aux freinages.

Enseignements de notre essai: 80% vrai

Précisons que la technologie multigommes n'est présente que sur le pneu arrière. Chez Dunlop, les deux gommes ne sont pas posées l'une à côté de l'autre; une lamelle de la gomme centrale de traction (plus dure) s'étend jusque sous la gomme d'épaulement (plus tendre). Cela vise tant à favoriser les échanges thermiques pour mieux chauffer les flancs lorsqu'ils ne sont pas sollicités qu'à augmenter la stabilité sur l'angle grâce au surplus de fermeté qu'apporte la gomme centrale. En pratique, cette stabilité en virage est effective mais la montée en température des flancs lorsqu'on roule en prenant peu d'angle (autoroute, milieu urbain) n'est pas optimale puisque les flancs présentent alors une dizaine de degrés de moins que la bande centrale. Dans ces conditions, certains pneus concurrents font mieux.

Enseignements de notre essai: 90% vrai

Dunlop recourt ici à de la rayonne (une sorte de cellulose) à l'avant comme à l'arrière; cette matière rend le pneu efficace plus tôt. De fait, quelques kilomètres de route suffisent à sentir le pneu accrocher au bitume. Par contre, deux alertes nous ont montré qu'à froid, les Mk3 n'aiment pas la peinture des passages piétons! La marge de sécurité alléguée sur les surfaces mouillées est réelle.

Enseignements de notre essai: 70% vrai

Nous l'avons déjà dit, l'adhérence sur surfaces mouillées met grandement en confiance et la silice n'y est évidemment pas étrangère. Il en va de même pour les rapides montées en température. A l'inverse la longévité n'est pas être une caractéristique primordiale du Mk3 et nos mesures d'usure en attestent. Il faut cependant tempérer cet aspect puisque le Mk3 reste un pneu sportif offrant du grip en toutes circonstances; sur notre VFR, le train de pneus devrait durer environ 6000km. Ce serait limité pour un pneu routier, c'est honorable pour un sportif.

 Dynamic Front Formula (DFF)

Processus de conception des pneus avant qui garantit une réduction de l’effort au guidon, une meilleure remontée d‘informations et plus de maniabilité pour une confiance inégalée du pilote.

Enseignements de notre essai: 70% vrai

Venant d'une monte de Michelin Pilot Road 4 nettement plus routiers, la réduction de l'effort au guidon n'est que légère et la maniabilité est effectivement en progrès mais sans que ce soit exceptionnel; disons qu'on sent le passage à un pneu sportif. Dunlop le reconnaît d'ailleurs: "Sur le Mk3 en l'occurrence, nous avons volontairement accepté de perdre un brin d'agilité pour gagner en stabilité".  Cependant, la remontée d'informations vers le pilote n'est pas optimale; cela est dû au fait que la carcasse du Mk3 est plutôt dure, nuisant ainsi au confort et à la "lecture" du profil routier. A ce point de vue, le Mk3 fait penser à un Bridgestone.

On constate donc, au terme de notre essai, un respect à plus de 80% des arguments avancés par le dossier de presse Dunlop; un résultat incontestablement valorisant pour le Mk3.

Mais encore

Ce SportSmart Mk3 illustre parfaitement les nouvelles voies empruntées depuis belle lurette par le manufacturier: on y retrouve la neutralité globale des dernières productions Dunlop. Ainsi, les prises d'angle sont très progressives et la stabilité sur les freinages n'appelle aucune critique, le Mk3 ne se désunissant pas, même sur des freinages en zones bosselées. Si la stabilité et le grip sont irréprochables sur le sec -on est bien aidé par les montées en température très rapides-, c'est surtout sur le mouillé que le SportSmart Mk3 marque de gros points car le sportif Dunlop parvient à s'y comporter comme le ferait un (bon) pneu routier. En termes de surcroît de confiance au guidon, c'est gagné. Alors sans doute est-il exagéré de proclamer que le Mk3 va modifier votre façon de piloter, mais il est justifié par contre de dire qu'il ouvre de nouvelles perspectives dans la façon de piloter sous la pluie. Ma foi, être un pneu sportif vraiment polyvalent, c'est déjà un bel accomplissement!

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