Pour qu'une moto coréenne ait de l'avenir, elle doit jouer la carte tarifaire sans sacrifier le style et en assurant la fiabilité. Cette GT650R y parvient.Pour ceux d'entre vous qui douteraient de la pérennité du projet Hyosung, souvenons-nous qu'il y a 20 ans, les automobiles Hyundai étaient aussi décriées que les... Lada. Elles avaient cependant l'intelligence de recourir à des motorisations Mitsubishi pour être sû.res de leur fiabilité. Aujourd'hui, Hyundai est, entre autres, le numéro 1 des ventes de 4X4 en Belgique avec son Santa Fe ...Certes, Hyosung est encore loin d'un tel constat et, certes, le public motard est sans doute plus difficile à satisfaire que les automobilistes. N'empêche, cette 650 est motorisée par un moteur de SV650, développé de concert avec Suzuki, et porté par les Coréens entre 78 et 80cv (difficile d'avoir des chiffres plus précis) contre 72cv au bloc SV d'origine. La fiabilité mécanique est donc assurée. Pour ce qui concerne le tarif, les Coréens ne craignent pas les comparaisons : affichée actuellement à 5190€, cette 650 est moins chère qu'une Honda CBF500 (laquelle lui rend pourtant plus de 20cv) et s'approche de certains scooters 250cc... Enfin, s'agissant d'esthétique, tous les observateurs se sont accordés, au cours de notre essai, pour reconnaî.tre à la Coréenne une signature valorisante et, ajoutons-le, une finition qui s'améliore clairement avec les années, même si elle n'est pas irréprochable en tout. Dans le cas qui nous occupe, nous avons essayé un modèle 2006 (reconnaissable à son châssis noir) et signalons l'arrivée, en 2007, d'une version décorée rouge et noir plus sportive d'aspect.
Un parfum rétro
Une fois en selle, on se retrouve dans l'ambiance des sportives des années '95-'96 . les yeux fermés, on se croirait sur une CBR 600 de l'époque... Des sportives donc bien moins radicales que celles d'aujourd'hui et " dans lesquelles " on s'asseyait plutôt que de se jucher dessus comme on doit le faire de nos jours. C'est évidemment tout bénéfice pour le confort. Ne vous laissez pas abuser par les bracelets situés sous le té supérieur : la fourche remonte si haut que l'appui sur les poignets est presque inexistant si on le compare à ce que nous imposent les sportives actuelles. Selle large et moelleuse, bon écartement des guidons, pose-pieds situés ni trop haut ni trop en retrait (et les platines sont réglables, un exploit à ce tarif-là !) et bulle de carénage protégeant efficacement le buste à défaut de mettre la tête à l'abri des turbulences. Au total, la GT 650 R permet d'avaler les bornes sans fatigue, bien mieux en tous cas qu'une CBF 500 ou qu'une GS 500. Un voyage ne l'effrayerait pas, si ce n'est qu'un passager éventuel pourrait se plaindre d'un fléchissement exagéré des jambes sur longue distance.Donc, l'esthétique de la moto est unanimement appréciée . il est même des observateurs distraits qui confondent ses phares superposés avec ceux d'une Ducati 999 ! Lorsqu'on détaille cette Comet, on découvre une finition générale satisfaisante et qui a bien évolué ces deux dernières années, en dépit de quelques lacunes comme des plastiques de carénage qui ne s'agencent pas toujours parfaitement (la jointure vissée des deux éléments de l'habillage arrière est une faute de goû.t) ou des connexions électriques qu'on aurait oublié de camoufler. Mais ces commentaires requièrent un &oelig.il averti et, pour la plupart, les badauds trouvent cette 650 très réussie et rudement valorisante pour son propriétaire eu égard à son tarif contenu.S'agissant d'équipement et d'aspects pratiques, nous signalerons un espace de rangement généreux sous la selle arrière, des crochets d'arrimage ainsi que la possibilité, en option, d'un porte-bagages d'origine. Le tableau de bord, agréable à l'&oelig.il, trahit vite ses lacunes : pas de " trip " journalier, une aiguille de compte-tours qui tremblote et qui disparaî.t la nuit parce qu'elle n'est pas rétro-éclairée, et des poussoirs pratiquement inutilisables tant ils étaient durs sur notre moto d'essai (on n'a pas pu remettre la montre à l'heure). Ceci dit, l'affichage digital a le bon goû.t d'offrir horloge et jauge précise tout en restant lisible même en plein soleil.
Contact : les Coréens ont manifestement travaillé le propulseur japonais. Il vibre plus que sur une SV et sort une sonorité plus métallique que sur la Nippone. Pour ce qui est de son caractère, le bicylindre en a plutôt perdu dans l'opération, malgré le gain signalé de 6 à 8 chevaux.
Ce ne sont pas ses performances absolues qui nous font dire cela (la Comet 650 atteint 200km/h sans mal) ni sa souplesse de bon aloi, mais plutôt cette " seconde zone rouge " qui le handicape entre 6000 et 7500rpm. Expliquons-nous : alors que, profitant de sa souplesse, le bloc prend promptement ses premiers milliers de tours, il s'engourdit vers 6000rpm pour ne sortir de sa torpeur que 1500 tours plus haut. Cette inertie est curieuse, car tout se passe comme si un premier rupteur intervenait à 6000 tours : si vous êtes sur un filet de gaz ou dans une accélération raisonnable, l'aiguille du compte-tours s'arrête tout simplement de monter lorsqu'on atteint ce régime, en même temps que le moteur vous gratifie de vibrations supplémentaires. Si vous voulez profiter de son allant entre 7500 et 9500 à 10000rpm, il vous faudra ouvrir grand la poignée. C'est une caractéristique qui ne grève pas forcément les performances, mais qui nuit à l'agrément de conduite, parce que c'est du on/off. On n'a pourtant pas affaire à une injection, mais à de bons vieux carbus. Remarquez, on peut aussi interpréter cette caractéristique comme un vrai caractère moteur...En termes de comportement routier, la GT 650 R est créditée d'un bilan qu'on peut qualifier d'exceptionnel au regard de son prix de vente. Le châssis double poutre (un faux tubulaire, en réalité) en acier, auquel est suspendu le bloc qui participe à la rigidité de l'ensemble, offre à cette Hyosung une précision inattendue . d'autant que les 195kg à sec sont moins présents qu'on aurait pu le craindre. Bref, la moto est maniable (l'empattement est raisonnable) et rigide.Globalement, elle est aussi bien servie par ses suspensions. La fourche inversée (réglable en détente et en amortissement mais pas en précontrainte) assure un guidage précis dans les entrées de courbes, bien secondée qu'elle est par de volumineux tés. Elle informe correctement son pilote et n'avouera ses limites que sur les (très) grosses compressions. Signalons que la moto ne se verrouille pas sur ses freins, ce qui laisse au conducteur tout loisir pour une correction tardive de trajectoire. L'amortisseur arrière (réglable en précontrainte uniquement) nous semble moins brillant que la fourche parce qu'il n'est pas suffisamment freiné en hydraulique : il amortit bien, mais sa détente est trop sèche, procurant parfois à la moto un caractère sous-vireur que l'on compensera avec un peu d'angle supplémentaire puisque châssis et garde au sol le tolèrent sans aucunement rechigner. Si l'on s'en tient à des considérations de confort, les suspensions affichent là encore un bilan positif, confirmant notre impression originelle de moto conviviale.
Prouvant aussi que le constructeur coréen est à l'affû.t des remarques émanant de la clientèle comme de la presse, le freinage a considérablement progressé depuis les premières séries de 650 produites. Cette fois, le mordant est bien au rendez-vous et l'effort consenti au levier n'est plus excessif . le feeling des décélérations est donc devenu suffisamment fin (on y sent aussi l'influence de la Hyosung Cup organisée en Allemagne.)Nous clorons cette analyse par un mot des transmissions, pour en dire qu'elles atteignent en somme les standards japonais grâce à un embrayage assez doux et à une boî.te précise dont la course de sélecteur est peut-être un peu longue, à l'instar du " tirage " de l'accélérateur d'ailleurs.Qui a peur d'Hyosung ?Notre essai se solde par un verdict largement positif. Dans l'absolu, la GT650R est une moto réussie et, qui plus est, flatteuse pour l'&oelig.il. Si l'on prend en considération son prix de vente imbattable, elle devient une alternative crédible aux Japonaises basiques parce qu'elle offre des performances et un caractère supérieurs, avec un vrai confort et une partie cycle qui la situe indéniablement dans le haut de son créneau. La fiabilité ? Avec un bloc d'origine Suzuki, les problèmes devraient être rares et, pour le reste, les solutions retenues sont éprouvées par nature.
Fiche Technique
Hyosung GT 650 R Comet
Mécanique Moteur: 4T, 2 cylindres en V, refroidissement liquide, Double arbre à cames en tête.Cylindrée (alésage X course) : 647 cc (81,5 x 62mm)Puissance : 78cv / 9.000 rpmCouple : 68,1 Nm / 7.500 rpmAlimentation : 2 carburateursTransmissions : 6 rapports - Embrayage Multidisque en bain d'huile - chaî.ne à joints toriquesChâssisCadre: Cadre double poutre acierSuspension av : Fourche inversée réglable en amortissement et en détenteSuspension ar: mono amortisseur réglable en précontrainteFrein av : Double disque. Etriers 4 pistonsFrein ar: Simple disque. Etrier simple pistonPneu av : 120-60/17Pneu ar : 160-60/17ChiffresAngle de chasse : NCEmpattement : 1.430 mmHauteur sellerie : NCPoids à sec : 195 kgGarde au sol : 130 mmRéservoir: 17 litresConsommation moyenne: 7L/100km (en profitant copieusement du caractère du " bi ")
ImportateurFESIAL SA avenue Lavoisier 5 1300 Wavre NordTél. : 010/24.24.04 www.fesial.bewww.hyosungmotors.be
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