Un gilet chauffant qui s’affiche à 349,95€ brigue évidemment le haut du panier. Si cette veste Heat Tech signée Alpinestars offre effectivement des performances de haut niveau, elle a su aussi nous pourrir l’hiver, notamment à cause de l’instabilité de son application dédiée.
La veste Heat Tech est supérieurement finie, vous arrive bien équipée (avec batterie au lithium, chargeur, connectique pour la moto, poche intérieure étanche, etc) et se porte confortablement car elle reste souple et fine tout en étant équipée d’une tirette asymétrique qui lui permet de se faire oublier sous celle de votre veste ou blouson de moto. En outre, son matériau alliant polyester et stretch, fait office de sous-couche thermique, ce qui est toujours pratique si vous avez vidé votre batterie ou que, comme nous, vous avez des problèmes avec l’application.
En théorie, on salive…
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Les 4 panneaux chauffants de la Heat Tech sont en graphène pour une répartition optimale de la chaleur et pour une plus grande souplesse des éléments, ce qui garantira leur pérennité. En effet, des éléments chauffants traditionnels en fibres de carbone ou en fils métalliques ont tendance à se cisailler graduellement à l’usage et finissent par se briser, les rendant incapables d’encore conduire la chaleur. Il est évident qu’un gilet chauffant chinois qu’on peut trouver entre 20 et 40€ ne durera pas longtemps. Nous en avons fait l’expérience : ledit gilet, d’ailleurs fourni sans batterie, a duré… une semaine parce que ses conducteurs thermiques ne supportaient pas la pliure ni l’étirement. D’autre part, Alpinestars a choisi de répartir stratégiquement ses éléments chauffants : 2 sur la poitrine, un dans le bas du dos et le dernier sous la nuque, ce qui est bien pensé puisque c’est un endroit critique par où le froid s’immisce souvent.
Et comme l’arrière du gilet est plus long que l’avant, ça évite aussi les remontées de froid par la ceinture. Point important à souligner, le système retenu par les Italiens comprend un capteur de température intégré dans le gilet qui vérifie en continu la température du pilote pour maintenir la température de chauffage qu’il a réglée. En somme, c’est un thermostat qui vous évite la surchauffe et c’est bien nécessaire car la Heat Tech est capable de chauffer vraiment fort. De mémoire de vieux routard habitué aux frimas hivernaux, je n’avais même jamais senti une telle puissance disponible dans un vêtement chauffant : de quoi rouler avec le sourire par -20° ! Cerise sur le gâteau : même à pleine puissance, la Heat tech résistera environ 2h15, pour 2h30 à faible puissance. On n’est pas aux 3h revendiquées par le fabricant, mais vu la chaleur dispensée, cela nous paraît très honorable. Par contre, il faut bien 3h pour recharger la batterie lorsqu’elle est vide.
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En pratique, on déchante !
Bien sûr, avant la première utilisation, on télécharge l’application dédiée « Alpinestars Heat Tech », disponible sous Android et iOS. Très belle application conviviale et apparemment simple d’utilisation, permettant en outre un réglage très fin du niveau de chauffe. Malheureusement, c’est là que les problèmes commencent… Précisons d’emblée que nous avons testé l’application avec deux GSM différents pour nous assurer qu’il ne s’agissait pas d’une incompatibilité entre l’appli et notre Samsung S24 Ultra ; de fait, les résultats sont restés les mêmes avec un Sony Xperia 1 que nous avions aussi sous la main. J’étais plein d’espoir après chaque mise à jour du Samsung, mais rien ne changea. Quant à mettre à jour l’application, bien qu’elle me le suggérât elle-même régulièrement, je n’ai jamais pu le faire parce que le processus avortait systématiquement avant même d’avoir débuté.
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A l’usage, ça donne quoi ? La seule manière d’obtenir un chauffage stable, c’est le contact filaire direct avec la moto. C’est évidemment la plus contraignante, d’autant que les bornes de la batterie peuvent déjà être encombrées par une connexion pour un chargeur, des poignées chauffantes, un traceur GPS etc. Mais du moins, dans ce cas, la veste fonctionne normalement. Dès qu’on recourt à sa batterie interne, soit par le truchement de l’application soit en utilisant le bouton extérieur nanti de trois niveaux (faible, moyen ou fort), c’est la galère. Sur notre trajet coutumier de 65km dont 50km d’autoroute, comptez deux à quatre arrêts pour relancer l’appli et donc le chauffage. Cela pourrait sembler anodin –« mieux vaut s’arrêter que geler au guidon ! », mais c’est vite exaspérant : si on va au boulot, par exemple, on a autre chose à faire que de s’arrêter tous les quarts d’heure. Et le pire, c’est qu’aucune logique n’est décelable ; les phases de fonctionnement comme les arrêts du système sont purement aléatoires. Et en utilisant le bouton extérieur sans recours à l’appli, me direz-vous ? Eh bien c’est pareil : le chauffage s’éteint sans qu’on sache pourquoi, et il faut s’arrêter pour presser le bouton… Cela vous explique qu'au total, c'est dans la vie "en civil" que la Heat Tech nous aura le plus servi. Ben oui: relancer le chauffage est plus facile dans ce cas-là que quand on est au guidon!
Donc, la veste Heat Tech est un produit de qualité aux performances et à l’efficacité indéniables, car répétons-le, le niveau de chauffage est impressionnant ; mais en termes d’expérience consommateur, c’est un désastre compte tenu de son prix. Et on en sort frustré plutôt que satisfait.