Le Hard Alpi Tour c’est quoi ?
Le concept du Hard Alpi Tour (HAT) est l’œuvre d’un homme, Corrando Capra, qui après avoir travaillé 27 ans dans l’industrie décide de changer d’horizon et fonde Over2000Riders. Passionné de moto tout terrain, il propose divers voyages et événements off-road en Italie et à l’étranger. Le plus grand événement étant le Hard Alpi Tour.
Le HAT 2014 se déroule dans la région du Piémont en Italie, les 6-7 septembre. Cette 6ème édition a accueilli 338 participants de 18 nationalités au départ à Garessio. 258 rejoindront l’arrivée à Sestriere près de 24h plus tard.
Le HAT consiste à rouler par groupe de 3 personnes et à parcourir les quelque 550km (dont 70% sur routes non goudronnées) du tracé GPS en moins de 24h avec des motos de type Trail de plus de 150kg. Le principal challenge étant la conduite nocturne sur une bonne partie du parcours.
Le HAT n’étant pas une compétition, il n’y a aucun classement et chacun est libre de s’arrêter où bon lui semble, de prendre des raccourcis et même de quitter l’événement. Le but étant uniquement d’avoir du fun et de partager un bon moment avec d’autres passionnés.
La nouveauté en 2014 est une classe « extrême » limitée à 25 équipes, qui compte 270km supplémentaires et dont la durée devrait avoisiner les 40 heures.
Condition d’admission : avoir déjà participé au HAT (et être un peu maso sur les bords) !
Les préparatifs
Ayant lu un article écrit par mon compatriote Rolf Lüthi (Moto Sport Schweiz) dans l’excellent magazine allemand « Motorrad Abendteuer » je me suis tout de suite dit, ce genre de défi un peu fou c’est tout à fait pour moi. Je m’inscris sans avoir de partenaire ni de moto.
C'est par internet que je trouve mes coéquipiers : deux frères polonais, Piotr et Januz, l’un vivant en Suisse et l’autre en Belgique.
Pour la moto ce fut une course contre la montre, puisque je rentre en Suisse seulement 3 semaines avant le HAT, ma KTM 640 Adventure n’ayant même pas encore quitté le port de Vladivostok, il me faillait trouver une alternative et vite !
La magnifique Yamaha Ténéré de 1986 que je dégotte pour une bouchée de pain et que je prépare avec amour me réserve un vilain coup à 6 jours du départ… Joint de culasse raide!
Par chance, un ami me donne sa Yamaha XT600E et j’ai juste le temps de l’immatriculer, passer le contrôle technique et installer à la hâte le support GPS, les phares à Led pour la conduite de nuit, les repose-pieds larges et les rehausseurs de guidon (encore heureux que ces pièces sont compatibles sur les 2 motos).
Je pars en catastrophe vendredi après-midi en oubliant mon inscription et en me faisant tremper jusqu’à l’os sur l’autoroute en Italie…
Un départ qui sait se faire attendre
Après avoir passé la nuit dans un bled à 50km du départ, je rencontre enfin Piotr, mon coéquipier à 7h30 à Garessio. Pour des raisons de santé, son frère a dû laisser tomber. Le briefing est annoncé pour 10h, mais commence à 11h.
En Italie on est peut-être un peu olé olé dans le timing, mais par contre on s’assure que vous ne prendrez pas la route le ventre vide ! Un repas est servi à tous les participants dans la cantine.
En attendant impatiemment notre départ sous un soleil de plomb, je me promène dans le parc moto pour observer les montures des autres concurrents.
On notera quelques présences très intéressantes comme la marque anglaise CCM, venue participer avec 3 exemplaires de sa nouvelle 450 Adventure ainsi que la marque Italienne Tacita qui va participer avec une moto électrique!
Pour le reste on a d’un côté le clan des motos récentes BMW GS et HP2, KTM 690 et Adventure 990, Triumph Tiger, etc… mais également, chose très intéressante, près de 50% de vieilles gloires des années 80-90 ; une armada de vieilles Yamaha XT et TT, plein d’Africa Twins, des BMW R80 et R100 GS, des Dominators, Cagiva Elefant, Aprilia Tuareg et Pegaso et j’en passe. Je trouve ça très sympa comme concept. Finalement ma vieille XT est tout à fait à sa place ici !
Bon revenons à nos motos ! On est tous dans le parc en attente de se mettre en ligne pour le départ. On nous avait annoncé que les départs se feraient dans l’ordre des numéros, mais un gars vient nous dire avec un mégaphone que le départ se fera par ordre de parcage.
Alors qu’une moitié des gars se précipitent dans la queue en espérant pouvoir partir plus tôt, les autres râlent… Ah, ces rizoules, ils sont nuls en organisation…
Quelques minutes plus tard, une autre personne vient annoncer que le départ se fera finalement par ordre de numéro, comme dit lors du briefing. Ces italiens! Normalement, les champions du monde dans ce domaine sont les Français, mais là je dois dire que ça râlait plutôt en allemand. Bref …
Une fois tous à la queue leu leu par équipe et après le départ, ce n’est pas encore le vrai départ, attention!
Après une centaine de mètres on arrive au centre de Garessio, et on a droit à un vrai départ avec des bannières, des photographes, un speaker et surtout….des bombasses italiennes avec des parapluies et des minijupes, comme les pros à la télé !
Quelques jolies paires de jambes et tout le monde a de nouveau le sourire et la confusion du départ c’est de l’histoire ancienne. Voilà comment on règle les problèmes en Italie, et ça marche en plus !
En route
Les premiers kilomètres se font sur une route asphaltée, dans de petits villages très pittoresques. Y’a pas à dire, l’Italie c’est quand même joli.
Le système de trace du GPS ne fonctionne pas vraiment comme je l’avais prévu, et je me trompe de route déjà après moins de 10 km…
J’ai oublié de préciser que mon coéquipier roule avec une GS 1200 ADV qui, déjà lourde à la base est en plus équipée de top case et box en alu, et tenez-vous bien… il transporte encore ses 2 pneus route qu’il ne voulait pas jeter.
Au fur à et mesure des kilomètres, j’apprends à connaître ma petite XT600E que j’utilise pour la première fois. Si elle est loin d’être excitante à conduire, elle fait très bien le boulot, malgré son âge et le fait que j’aie des pneus de route. Son grand avantage est qu’elle est vraiment légère et avec mes modifications, très agréable pour rouler debout.
On passe 2 check points avant d’arriver à la tombée de la nuit dans une grande salle où le souper nous est servi. Après une bonne assiette de pâtes accompagnée de thé chaud et de 2 sandwichs, on s’apprête à reprendre la route quand on croise 2 amis qui sont partis avant nous. On a loupé une partie d’environ 30km tout au début, et d’après leurs dires c’était assez difficile parce qu’il y avait de la boue. Un type en GS s’est d’ailleurs cassé la clavicule en tombant…
Notre progression est beaucoup plus lente que je ne pensais, notamment du fait que quasi toutes les routes sont des cols de montagne pleins de virages en épingle, ce qui nous permet pas de rouler vite.
La moitié du HAT se déroulant de nuit, l’éclairage est un point très important et certains concurrents n’y sont pas allés de main morte en montant jusqu’à 4 phares multi led et même des projecteurs.
Je me suis contenté de 2 phares d’appoints à led de 20W chacun achetés sur ebay. La consommation électrique est minimale et le résultat est excellent.
Les heures passent et la fatigue commence à se faire sentir. De plus, la température chute rapidement et je dois rajouter des couches et mettre mes gants chauds pour continuer.
De nuit, il est encore plus difficile de ne pas se perdre et on se trompe à nouveau. L’occasion de boire un red bull, de faire le plein et on repart en arrière, en croisant des gars qui sont également en train d’aller dans la fausse direction. Malgré nos avertissements, ils ne nous croient pas et décident de continuer…
Après une bonne vingtaine de kilomètres, on rejoint la bonne piste et vers 2h30, on arrive au check point suivant.
Ici encore, on a droit à un ravitaillement composé de sandwiches et boissons chaudes. Dans ce petit chalet de montagne, ceux qui ne sont pas en train de manger, dorment à même le sol ou sur des chaises.
Je m’endors sur ma chaise pendant 1 heure avant d’être réveillé par Piotr. Des types sont partis et on a un peu de place pour se mettre par terre. On dort encore 2 heures et quand on s’apprête à partir vers 6h, on croise un groupe de Belges qui arrivent maintenant. Eux n’ont pas eu de bol ! Une crevaison pour commencer puis un caillou qui a fendu le carter d’un moteur qui a perdu toute son huile et a serré. Ils ont attendu 4 heures dans la nuit que quelqu’un vienne chercher la moto. L’organisation n’ayant pas prévu un système de rapatriement en cas de panne, c’est un privé qui est venu avec son bus… Quelle poisse !
Le soleil se lève lentement et on reprend la route. Il nous reste plus de 250km à parcourir.
Les paysages sont magnifiques et on passe devant plusieurs anciennes fortifications militaires datant de l’époque de Napoléon. D’ailleurs une partie de ces routes ont été construites par Napoléon pour déplacer ses armées.
Vers 13h on arrive au dernier point de ravitaillement pour un excellent petit déjeuner avant de repartir. La cerise sur le gâteau sera la montée du col de l’Assiette. Les paysages sont magnifiques et on roule avec un grand soleil. A partir du sommet, ce n’est plus qu’une vingtaine de kilomètres jusqu’à l’arrivée que nous rejoignons après 24 heures et 20 minutes !
Wow… enfin !
A partir de là, nos routes se séparent et il me reste près de 5 heures pour rentrer chez moi… C’était un weekend incroyable. Le Hard Alpi Tour est un événement atypique et très réussi.
Informations pratiques :
Site de l’organisateur : http://www.over2000riders.com/en/
L’inscription coûte 150 euros et inclut 3 repas avec les boissons ainsi que la carte FIM.
Départ à Garessio et arrivée à Sestriere
Pneu d’enduro recommandé + outils pour réparer une crevaison, il n’y a pas d’assistance !
L’inscription se fait par équipes de 3 personnes avec des motos immatriculées d’un poids minimum de 150kg
Autonomie en essence : 120km
Les stations services italiennes en dehors des autoroutes n’acceptent quasi jamais les cartes de crédit et maestro, donc pensez à prendre des petites coupures en euro
Eclairage supplémentaire à LED fortement recommandé
Habits chauds + bons habits contre la pluie
Mon équipement :
Veste IXS Montevideo II, pantalon IXS Caracas II, casque X-Lite X551 Adventure, sac étanche Enduristan XS 6.5
Les tests de mon équipement vont suivre dans les mois à venir
Merci à IXS et Enduristan
Zimi