Les premières questions reçues lors de la vision de ce Breakout 117 furent souvent les mêmes : c’est cher comme préparation custom ? Qui te l’a réalisée ?
Les réponses, à chaque fois identiques, sont les suivantes : Harley Davidson Motorcyles Company. Le Breakout est un modèle custom de série réalisée chez le constructeur de Milwaukee.
Il est clair qu’à la vison détaillée de cette Breakout, on peut penser à une préparation en bonne et due forme. Roue de 21 pouces devant avec ces bâtons fraisés et gros pneus de 130/60 et cette énorme roue arrière chaussant un gommard de 240. La moto reste sous le 1 mètre de hauteur à son point culminant, à savoir les rétroviseurs. D’autant plus que pour enfoncer le clou, la couleur Baja Orange associée aux touches de chrome présentes à foison, laissent penser à un tuning.
Détaillons ce Breakout 117 plus en détail !
Le moteur est une cathédrale. Le 117ci cube 1923cm³ avec deux gros pistons de 103.5mm de diamètre et une course de 114mm. La puissance annoncée (c’est rare) par Harley est de 102cv à 5020 T/Min et un couple de 169Nm à 3500T/Min. Le genre d’informations qui vous met le sourire aux lèvres quand vous connaissez les capacités d’accélération dont font preuve les Harley. Il s’agit toujours et encore d’un bicylindre à 45° avec 4 soupapes par cylindre et un refroidissement mixte air/huile. Le tout est homologué normes Euro5. L’alimentation en carburant se fait via le biais d’une injection électronique.
Ce moteur était jusqu’à présent réservé aux préparations spéciales maison, les CVO. Celles-ci se trouvant dotées du nouveau 121ci, la Breakout et ses frangines héritent donc ce bloc. Puissant, coupleux, ce bloc 117 apporte un vrai plaisir à l’utilisateur. Les accélérations se font franches et le rupteur arrive bien plus vite qu’on ne le pense. On passe un rapport et c’est reparti. Le casque s’enfonce, les larmes aux yeux jaillissent à cause du vent de la protection offerte qui est nulle. Mais quel pied ! Les feux rouges deviennent les arbres de noël utilisés en course de Dragster.
J’ai une pensée émue pour le conducteur de Ford Mustang Mach E qui a voulu faire un 400 mètres départ arrêté contre cette Breakout. Paix à son égo, il a compris la leçon. Une Harley Davidson est intraitable au feu rouge, surtout un modèle dépouillé de toute carrosserie et bien plus légère qu’un modèle Touring de la gamme.
La partie cycle de ce Breakout est simple à savoir un cadre, une grosse fourche de 49mm avec un débattement de 130mm non réglable enserrée dans de magnifiques T de fourche usinés. L’amortisseur arrière, caché sous l’arrière, offre un réglage en précontrainte bien pratique via une grosse molette latérale.
Son débattement est de 89mm. Il est relativement raide et le confort n’est pas le point le plus important du tableau des charges. Le cadre offre une épine dorsale en acier et participe logiquement à la stabilité de l’ensemble tout autant qu’à son look. Le Breakout est une moto basse et longue.
Pour une hauteur de 1.085m au plus haut, il se pose sur 2.37m de longueur. Cette longueur associée à la taille du pneu arrière se ressentant parfois lors de petites courbes bien serrées. Sinon, cela offre l’avantage d’une stabilité imperturbable même sous de fortes accélérations. Le bras oscillant arrière est lui garant de la bonne tenue en place de cette magnifique et surdimensionnée jante arrière.
La garde au sol, custom oblige, est de 115mm mais ne pose pas de problème particulier. Les repose-pieds placés loin devant, en position Feet first sont confortables. Ceux pour la courageuse passagère le sont tout autant mais sont fort proches de la selle passager livrée de série.
Cette selle est confortable et semble sortie de chez un artisan sellier par ses décorations. Elle cale bien le dos du pilote et a le mérite d’être présente en série pour accueillir cette passagère. Un Sissy bar en option est fortement recommandé pour ne pas créer de disputes à l’arrivée du ride. Le catalogue de la Mother Company et des accessoiristes qui se régalent sur le dos des Propriétaires d’Harley ont une large panoplie de selles customs et autres pour satisfaire tous les goûts présents dans la nature.
Le Chrome est un autre élément bien présent dans ce cas-ci. What else comme dirait le vieux beau George ? Le contraste offert en rapport de la couleur orange est violent pour la rétine et la foison de pièces installées de série sur ce Breakout laisse présager de longues heures de nettoyages et polissage après chaque sortie.
Les caches moteur, les couvercles des pot d’échappement, les caches culasses, la console centrale et encore plein d’autres rajoutent cette touche de magie qui fait de chaque Harley une machine unique. Les propriétaires rajoutent encore souvent pas mal de pièces et chaque moto devient finalement une pièce unique à l’effigie de son pilote. Et d’après nos informations prises à la source, ceux-ci se régalent tout autant de ces longues heures de nettoyage que des voyages parcourus avec leur moto. Chacun se crée son plaisir là où il le trouve.
Pour freiner les 310Kg d’acier tous pleins fait, on compte sur deux gros disque de frein. Un disque de 300mm devant pincé par un étrier 4 pistons et un disque de 292mm derrière pincé par un étrier flottant à deux pistons. Le tout est assisté par une centrale ABS de dernière génération. On ne va pas se mentir, en cruisant, point de soucis à arrêter l’équipage. Cependant, en roulant comme le permet et comme l’y invite ce moteur 117, il ne faut pas hésiter à saisir la poignée de frein avant à pleine main et à tirer fort sur le levier. Ce levier forgé est d’ailleurs magnifique !
Ne pas hésiter aussi à pousser sur la pédale de frein arrière non plus, l’action combinée des deux freins permettra d’arrêter l’ensemble sur une distance courte.
Attention que sur ce Breakout 117, le traction control de série sur la gamme Touring ne fait pas partie de la dotation d’origine, il va falloir puiser dans le très riche catalogue d’options. C’est une option fortement recommandée, le couple moteur impose une certaine retenue sur revêtements hasardeux ou sous la pluie.
Pour parfaire ce look, le tableau de bord ne se trouve pas sur l’imposante console centrale chromée juchée sur le gros réservoir de 18.9litres. A sa place, posée sur le pontet supérieur du guidon, un mini écran digital distille les informations nécessaires et affiches les assistances engagées. Trip partiel, trip total, autonomie restant, régime moteur, horloge sont posés devant les yeux du pilote. Ils défilent via le joystick installé dans le comodo gauche. La commande du Cruise control s’y trouve aussi. Ces comodos sont simples, biens dimensionnés et font le job comme on le souhaite. Certes succinctes, celles-ci se révèlent suffisantes sur cette Breakout 117. On y trouve aussi la jauge à essence et le témoin de rapport engagé. Il est lisible de jour comme de nuit. Back to the Roots !
Pas de clé de contact, une Harley Davidson moderne se démarre par une puce que vous portez sur vous dans une poche. Seule une clé de verrou de direction est encore utilisée.
Le guidon plat est de forte section, incorpore les câbles en son sein, joli pour maintenir le look dépouillé tout en assurant la transmission de tous ces signaux électroniques. Seul bémol, la soudure à l’endroit où ce guidon diminue de section est visible et n’est pas des plus esthétiques.
Pour assumer son look dépouillé, le Breakout s’équipe d’un feu avant full Led doté de lentilles séparées. Le look du feu peut déjà surprendre par ce côté travaillé que l‘on accepterait plus sur une préparation Japonaise que sur une Harley. Son efficacité de nuit n’est pas top. A revoir ou il faudra rentrer avant le coucher du soleil, ce qui est dommage. Pour l’arrière, ce sont les classiques combinés feux/ clignoteurs bien connus qui se collent à la tâche et pas de remarque à formuler.
Pour terminer le chapitre du look, il va être difficile de passer inaperçu au guidon de ce Breakout. Les 4 coloris proposés au catalogue en série sont le Vivid Black, le Black Denim, le Atlas Silver Metallic et celui de notre essai, le Baja Orange. Ensuite, les peintures personnelles sont disponibles en option.
Au guidon de ce Breakout, il faut un temps d’accoutumance. Le train avant léger par la taille du pneu contraste avec la lourdeur de l’arrière et de son pneu de 240mm de large. Ce Breakout impose de travailler la trajectoire au guidon, en contrebraquant et en le tenant fermement pour éviter qu’il ne se relève. Sa géométrie en est la coupable. C’est assez amusant et on prend goût aux accélérations, au gros freinage et à l’entrée en courbe suivie d’une grosse accélération en sortie jusqu’au prochain virage. Fatiguant mais fun au possible.
Jouer ainsi revient à limer les bouts de repose-pieds, à faire frotter la béquille. Cette dernière est le signal d’alarme de la dernière limite à ne pas franchir sous peine de poser le reste de la moto, le coude et le casque par terre aussi.
Jouer ainsi implique aussi de passer voir votre dealer d’octanes plus fréquemment, à savoir maximum tous les 250km si vous utilisiez la pleine force de ce Breakout. Plus raisonnable vous serez, plus loin vous irez bien que jamais plus que 350km en une étape vous ne parcourrez.
Le fun et le plaisir ont un prix et ici, le Breakout s’offre à vous de base pour la somme (j’ai supprimé le mot modique) de 28995€. Il est virtuellement impossible de quitter un Showroom Harley Davidson avec une moto dépouillée de pièces, d’accessoires, ce montant est donc purement indicatif.
Rouler Bras et jambes tendues, à ras du sol sur ce Breakout imposera des sacrifices divers et variés mais aussi et surtout, du gros plaisir, du fun, de l’envie de repartir, des sensations et un cœur qui palpite à chaque feu rouge. L’envie de se regarder dans les vitrines, de défier les impudents qui se croient tout permis lors de départ arrêtés sanglants, les mouvement du châssis dans les virages, le regard envieux de certains motards et les sourires de la gente féminine sont des atouts, inclassables financièrement. Le bonheur a un prix et il n’est pas donné.
Ce Breakout 117 devrait être remboursé par la sécurité sociale tant il m’a flanqué la banane pendant une semaine. 900km de purs bons moments de moto, ça compte. Merci Harley Davidson de continuer à proposer des motos aussi fun !
Lolobadboy
