Gentille fille ou mauvais garçon.
En la voyant de loin, elle ne se remarque pas trop mais c'est quand elle s'approche qu'on détaille les points forts de cette Switchback.
Le gros phare cerclé de chrome est entouré par d'épais fourreaux de fourche eux aussi chromés donnant un aspect massif. Le garde boue avant, enveloppant, renforce cette première impression. Le pare-brise à mi-hauteur avec les deux valises apportent la touche touring et la selle semble bien accueillante, tant pour le pilote que pour le passager. La Switchback se montre sous un aspect plutôt sage de routière sympa.
Mais si l'envie vous prend de jouer les mauvais garçons, pas besoin de filer chez le concessionnaire : déclipser la bulle, retirer en un tour de main les valises et la belle se transforme, mettant en avant ses chromes, son guidon mini Ape-hanger, les amortisseurs arrières entièrement gainés et son moteur jouant les nuances entre sombre et brillant.
Oubliez bien entendu la protection avec une belle prise au vent !
Le réservoir reçoit lui une console centrale avec un gros compteur et un petit écran lcd affichant au choix les trips, l'heure, l'autonomie restante ou encore le rapport engagé et les tours minute (choix réglable au commodo gauche). Sous celle-ci et pour faire un raccord avec votre selle, un bandeau en cuir avec l'aigle Harley. Dépouillée de ses attributs de routière, son look fait nettement moins gentille fille.
300 bornes sans se fatiguer.
Comme elle le laissait présager, la selle pilote est confortable. Mieux encore, la position est quasi idéale pour aligner les kilomètres : buste droit, jambes pliées naturellement avec les pieds sur les larges pose-pieds, bras un peu relevés, on est bien installé à son guidon. Une journée de balade serait passée comme une simple formalité si la bulle eut été plus haute à moins que ce ne soit le pilote qui soit trop grand. Celle-ci dévie le vent dans le casque : impossible de rouler avec la visière ouverte qui est chahutée dans tous les sens par les turbulences et quand le thermomètre frise avec le zéro (si monsieur, on roule aussi par ces températures), c'est la buée assurée dans le casque, ennuyant en ville ou à faible allure.
La stature de la Harley Switchback pourrait aussi faire peur et il faut avouer que les 330 kg se font bien sentir lors des man&oelig.uvres sans le moteur. Et pourtant, dès qu'on roule, elle devient maniable grâce à la roue avant en aluminium coulé et un châssis assez léger pour éviter trop de lourdeur dans le train avant.
N'oubliez quand même pas le poids en entrée de virage ! Si le rythme s'accélère, et on peut le faire sans souci, il faudra penser à pousser sur les pose-pieds pour aider à contre-braquer sous peine de voir les trajectoires en courbe s'élargir en sortie mais comme vous pouvez le voir dans la vidéo, elle peut suivre à bonne allure et la plupart ne lui imposera pas ce rythme de balade.
Tant qu'on en parle, la garde au sol en courbe est plus que limite et les ronds-points risquent de vous coûter cher en pose-pieds, les virolos aussi risquent de bien les limer.
Même les suspensions semblent s'accorder pour un meilleur confort : assez souples pour gommer les chocs des mauvais revêtements sans en faire trop et nuire à la tenue de route. La Switchback peut vous emmener loin sans trop vous en demander. Côté freinage, on retrouve de classique même si l'ABS vient en renfort au simple disque avant. On n'hésitera d'ailleurs pas à utiliser la large pédale de frein arrière pour s'arrêter. Malgré la souplesse de la fourche avant, on apprécie que la moto ne plonge pas trop en cas de freinage plus appuyé.
Moteur à facettes
On ne parle bien-sûr pas des multiples touches de chrome, quoique, mais plutôt des différents aspects que ce Twin Cam 103 peut proposer. Au début de l'essai, il ne nous a pas emballé. Il possède certes un couple de 126 Nm à seulement 3500 tours/min, on le sent bien mais il est plutôt avare en sensation...Comme le dit la pub : " Ca, c'était avant "
Plus les kilomètres s'ajoutent au compteur, plus on lui trouve son charme et se plait à tourner la poignée droite (qui a dit " essorer " ?) Un coup de pied au cul, ça vous n'aurez pas mais accrochez- vous quand même au guidon si vous ouvrez en grand !
Capable théoriquement de passer les 160 km/h vous pouvez aussi monter plus haut dans les tours et atteindre rapidement les 120 km/h. Le 103, il pousse quand on le lui demande.
Côté boîte, hormis l'éternel 'clong ' en passant la première et un neutre parfois capricieux, elle se fait oublier. Agréable et souple elle demandera juste de réserver la 6ème pour les grands axes car sous les 70 km/h, la Switchback vous rappelle à l'ordre.
Et si vous n'êtes pas habitué au twin, vous pourrez toujours suivre le régime moteur sur le lcd.
Mais quelle sérénité, avec une cylindrée de presque 1700cc, vous cruisez à 120 km/h avec un moteur tournant à seulement 2600 tr/min.Côté consommation, il faut bien en parler à l'heure actuelle, il faudra garder en tête qu'un essai est souvent plus gourmand que l'utilisation normale, surtout dans la catégorie des customs.
Lors de la balade nous avons refait un plein de 14 litres à 264 kms, soit une consommation moyenne de seulement 5.3l/100 et pour tracter les 330 kg, ça nous paraî.t raisonnable. Au quotidien, nous étions monté à près de 8 l/100... moins sage ça !
Alors convertit ?
La Harley-Davidson Switchback n'est pas forcément la plus sexy des Harleys ni la plus abordable pour un débutant mais une des plus polyvalente sans doute. Beaucoup s'accordent quand même à la trouver jolie, certains la préférant dans un autre colori. Selon nous, elle s'adresse plus à un motard déjà expérimenté, à la conduite plutôt sage même si il y a de quoi s'encanailler à son guidon : un passage par le Val Joli en France en a démontré le potentiel fun.
Pour près de 17.500 euro, vous avez droit à une moto modulable avec ou sans les valises ou le pare-brise, plus besoin d'hésiter entre une routière et un custom. ça reste une somme mais vous entrerez de plein pieds dans la famille Harley-Davidson et nul doute que votre première modification sera sans doute de libérer cet échappement trop étouffé qui a subi plusieurs critiques lors de l'essai.
Importateur :
Harley-Davidson Benelux
Verryn Stuartlaan 29
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+31 70 757 4900
www.harley-davidson.com