Versatile et convaincante
Depuis son lancement en 2007, la Kawasaki Versys s'est fait une place chez ceux qui recherchent un outil polyvalent sachant parler au c&oelig.ur autant qu'à la raison. Ce millésime 2010 a pour ambition de peaufiner encore le concept et d'en faire un succès commercial...
C'est vrai, depuis trois ans, bien des essayeurs ont mis en exergue les nombreuses qualités de cette Versys (pour Versatile System) sans pourtant qu'elle atteigne le succès commercial escompté, largement devancée qu'elle est par ses consoeurs ER-6 et Z750. Le succès commercial mérité pourrions-nous dire au terme de cet essai qui nous a convaincus de la pertinence du concept développé par les Verts. A créneau ouvertA la vérité, elle ne manque pas d'ambitions cette Versys car elle tient à la fois du trail (par ses débattements de suspensions et ses aptitudes au voyage) et du supermotard (par son caractère moteur et ses prestations dynamiques). Elle propose donc ni plus ni moins que la résolution de l'équation à double variable " passion + raison = Versys ". Elle ouvre en quelque sorte un nouveau créneau où on ne retrouve guère que la bien plus dispendieuse BMW F800 (10.400€), et c'est déjà une performance appréciable que de définir de nouveaux standards pour 8.090€ ABS compris, puisque l'importateur belgo-hollandais ne distribue plus de machines dépourvues de cet équipement.
Les lecteurs de Objectif-moto le savent, nous apprécions les audaces esthétiques et, en l'espèce, la Versys s'éloigne des sentiers battus avec son amortisseur déporté et sans biellettes, son profil tourmenté et ses (nouvelles) optiques plutôt inspirées . celle de derrière est d'ailleurs un héritage de la dernière Z1000. Nous la trouvions pas mal depuis 2007, mais elle fait mieux cette année grâce à un habillage différent (toutes les pièces de carrosserie changent) et aussi à une meilleure qualité perçue des divers plastiques employés. En dehors de cela, les principales modifications à noter pour 2010 sont : une bulle réglable en trois positions (clé hexagonale nécessaire), un moteur monté sur silentblocs pour éradiquer les vibrations parasites (c'est réussi !) et des poignées passager, clignotants et rétroviseurs revus et corrigés. Kawasaki ne s'est donc pas fendu d'une refonte en profondeur, prouvant par là que la marque croit en la qualité de son produit et en la pertinence des arguments qu'il promeut. Cet essai nous incite à emboî.ter le pas à la marque, car la Versys recèle de nombreux atouts.
La servante fidèle
On pourra sans doute ranger la Versys au nombre des utilitaires sans faire injure à l'ingénierie d'Akashi. Mais si elle constitue en effet une servante fidèle, ne la voyez pas comme une intendante vieillissante et dénuée de fantaisie, elle est au contraire une fille au pair pleine de charme et de tonus ! En selle, on constate que la Versys reste une moto haute que les moins de 1m75 appréhenderont avec une certaine retenue au début. La position du pilote est parfaitement naturelle et progresse sur ce millésime dans la mesure où le réservoir a été raccourci, pour le gratifier d'une posture davantage en prise sur l'avant. La recette fait mouche, car la Versys semble avoir encore gagné en maniabilité, ce dont on profite à plein en milieu urbain, un terrain où la Versys chassera fréquemment aux mains des navetteurs et autres banlieusards.
Par ailleurs, la sellerie a été optimisée pour le pilote comme pour son passager, et nous en avons vérifié le gain dans les deux cas, notre passagère estimant même avoir expérimenté sur cette Versys 2010 une des selles les plus confortables qu'elle connaisse, sentiment encore renforcé par les nouvelles poignées de maintien qui s'avèrent pratiques. En matière de confort, la bulle désormais mobile offre un petit plus, mais ne vous bercez pas d'illusions : quelle que soit la position retenue, elle ne soulagera que votre buste. La tête et surtout les bras offriront pas contre une surface maximale de résistance au vent, vous forçant à vous crisper sur le guidon et à aller piocher la bulle haute dans le catalogue des options Kawa ou dans celui d'un accessoiriste. Parce que telle quelle, on ne voit guère qu'un Lilliputien qu'elle pourrait abriter décemment...
De son côté, le tableau de bord, s'il n'est pas laid à regarder, n'offre pas d'attrait particulier et se singularise par l'absence de température moteur. On y trouve pour le reste de quoi atteindre le minimex, sans plus. Contact : la sonorité du nouvel échappement (enfin, il a juste un nouvel embout en vérité !) est feutrée. Si feutrée même qu'elle ne couvre pas le couinement caractéristique de l'injection, lequel se fait entendre jusque 50 ou 60km/h. Sur ce plan, on aurait clairement souhaité un peu plus de présence et d'agressivité, par exemple par l'adjonction d'une valve, car se faire entendre en ville est une qualité que ne partage pas vraiment la Versys. Au rayon des transmissions, l'embrayage ne suscite pas de commentaire, tandis que la boî.te, si elle bien étagée, souffre un peu d'un verrouillage perfectible. Mais rien de vraiment déplaisant. Enfin, lors du passage à la pompe, vous consommerez entre 5,5 et 7,5L/100km suivant votre type de conduite. Pour 7,5L, vous avez le droit de dévisser la poignée sur chaque accélération, et il faut avouer que la Versys rend l'exercice vraiment plaisant. Contre 5,5L, vous enroulerez " pépère " sur le couple en limitant les envolées à 6000rpm...
La bonne effrontée
De tout ce qui précède, vous tirerez nombre d'informations objectives intéressantes sur la " vie à bord ". Néanmoins, l'essentiel est encore à venir, et s'il nous fallait faire tenir en un mot la synthèse de notre essai de cette Versys 2010, nous n'hésiterions pas à choisir " réussite ". Car cette petite Kawa est une révélation pour qui ne la connaî.t pas. En effet, le moteur déjà plein d'allant de la ER-6 se voit ici optimisé pour libérer l'essentiel de ses 64cv entre 3000 et 6000rpm grâce à l'angle de calage réduit des cames d'admission et d'échappement, c'est-à-dire précisément dans une plage de régimes où l'on passe le plus clair de son temps dans le cadre d'une utilisation courante.Ce propulseur regorge vraiment de vitalité dans la plage incriminée, mais il ne manque pas non plus de souplesse (il reprend sous les 2000rpm) ni d'allonge car il sait aussi aborder la zone rouge sans défaillir. Les accélérations sont plaisantes, même lorsqu'on est habitué au gros couple des cylindrées supérieures. Des sensations qui se répètent lors de chaque rotation de la poignée droite et qui affichent le maximum d'énergie entre 5000 et 8000rpm plutôt qu'entre 3000 et 6000 comme l'affirme le dossier de presse. Disons qu'à 3000, la poussée commence à vous dérider pour vous donner la banane vers les 5000rpm.
Et puis, il n'y a pas que ce moteur pour vous réjouir : les 180 et quelques kilos à sec sont bien cachés sur la Versys, et l'épure de suspensions retenue brigue l'éméritat. La moto se manie sans difficulté et affiche un comportement dynamique des plus convaincants. Le dossier de presse explique que les ingénieurs se sont longuement penchés sur la définition des suspensions qui permettraient au (pseudo-)trail Versys de se comporter (presque) comme un vrai supermotard. Eh bien, ils n'ont pas perdu leur temps, car la Versys, bien campée sur ses jantes de sportive, permet d'attaquer sans retenue et de prendre des angles quasi indécents sans que l'ensemble se désunisse. A ce titre, c'est toute la partie cycle qui est à plébisciter, car le beau bras oscillant le dispute au cadre tubulaire pour apporter à la moto cet équilibre tant recherché entre stabilité et rigidité. Dans le même ordre d'idées, les suspensions (réglables en détente et précharge) trouvent le compromis entre l'amortissement source de confort et la fermeté garante d'une tenue de route de qualité. Le confort est certes plutôt ferme, mais il est réel et la tenue de route nous a tout simplement donné entière satisfaction : la moto ne louvoie pas à grande vitesse, elle avale les courbes sans jamais se désunir et elle négocie avec le même brio les irrégularités du revêtement routier. Que demander de plus ? Voilà une utilitaire qui peut se piloter. Collez-lui des pneus sportifs et vous verrez le travail : nous serions prêts à parier qu'en configuration d'origine, la Versys serait plus à l'aise sur une piste qu'une Z1000 !
Bon allez, il fallait bien que le bât blesse quelque part. S'il est un poste qui nous a moins convaincus sur cette nouvelle Versys, c'est le freinage. Certes, l'ABS n'est pas en cause, bien que nous le trouvions trop intrusif sur le frein arrière. Non, le problème, c'est que les étriers axiaux Tokico à double piston commencent un peu à dater eu égard aux critères de freinage d'aujourd'hui : on aura beau écraser le levier, on trouvera toujours que cela manque un peu de puissance. Remarquez, on ne risque pas de se faire surprendre par une décélération trop incisive... Mais tout de même, là nous restons indubitablement sur notre faim.
On l'engage ou pas?
Il n'empêche que la Versys a su nous convaincre de sa pertinence. Elle est confortable et pratique (bagagerie complète, bulle haute, poignées chauffantes, etc disponibles chez Kawa), vraiment très efficace, et dotée en prime d'un moteur qui n'est pas avare de sensations. A la côtoyer au quotidien pour aller travailler autant que pour se balader ou pour s'amuser, on se dit qu'elle offre sans doute tout le nécessaire pour satisfaire de nombreux motards plus moins expérimentés qui y trouveront une alternative non seulement à d'autres catégories de moyennes cylindrées, mais même à certains gros cubes moins faciles et bien plus chers. A ce compte-là, on lui pardonne son freinage légèrement paresseux.
Fiche technique
Kawasaki Versys 650, 8.090€ en mai 2010
SPECIFICATIONS MOTEURMoteur Bicylindre en ligne 4 temps à refroidissement liquideCylindrée cm³. 649 cm³.Alésage x course 83 x 60 mmTaux de compression 10.6:1Distribution Double ACT, 8 soupapesType d'alimentation Injection : 2 Keihin &phi.38 mmAllumage DigitalDémarreur ElectricLubrification Sous pression, carter semi-sec
TRANSMISSIONSBoite de vitesses 6 rapportsTransmission finale Chaî.ne à joints en XRapport primaire 2.095 (88/42)Rapport internes: 1 ère 2.438 (39/16)Rapport internes: 2 ème 1.714 (36/21)Rapport internes: 3 ème 1.333 (32/24)Rapport internes: 4 ème 1.111 (30/27)Rapport internes: 5 ème 0.966 (28/29)Rapport internes: 6 ème 0.852 (23/27)Rapport final 3.067 (46/15)Embrayage Multidisque en bain d'huile, à commande manuelle
PARTIE-CYCLECadre Cadre " diamant " en acier haute résistanceDébattement avant 150 mmDébattement arrière 145 mmPneu avant 120/70ZR17M/C (58W)Pneu arrière 160/60ZR17M/C (69W)Angle de chasse/chasse 25Ëš / 108 mmAngle de braquage gauche /droite35Ëš / 35Ëš
SUSPENSIONSSuspension avant Fourche télescopique inversée à tubes de 41 mm avec (côtédroit) réglage progressif en détente et en préchargeSuspension arrière Monoamortisseur déporté, à réglage progressif en détente (13positions) et en précharge (7 positions) FREINSFrein avant Double disque en pétales semi-flottant de 300 mmDouble pistonFrein arrière Simple disque en pétales de 220 mmSimple piston DIMENSIONSDimensions (L x L x H) 2,125 mm x 840 mm x 1,330 mmEmpattement 1,415 mmGarde au sol 180 mmHauteur de selle 845 mmPoids tous pleins faits 206 kg (KLE650C) 209 kg (KLE650D)Réservoir 19 litres
PERFORMANCESPuissance maxi 47 kW {64 PS} / 8,000 rpm. 25 kW {34 PS} / 6,500 rpm (25 kWkit)Puissance maxi avec RAM Air 61 N.m {6.2 kg&fnof..m} / 6,800 rpm. 50 N.m {5.1 kg&fnof..m} / 3,000 rpm(25 kW kit)Couple maxi 61 Nm {6.2 kgf.m} / 6,800 rpm
Importateur : Kawasaki Motors Europe, Benelux Branch, West Point Park 't Hofveld 6 C21702 Groot-Bijgaarden, Tél. : 02/481.78.24
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