Manga Style
Le nouvel habillage de la Z1000 SX est moderne, agressif et sportif reprenant la filiation manga des roadsters Z, un fil de conduite qu'ils suivent depuis leurs débuts. Ce style tranche radicalement avec des concurrentes comme la Honda CBF 1000 ou la Suzuki GSXF 1250 résolument plus sages. Pourtant dérivée du roadster, la SX ne se limite pas au simple ajout d'un carénage et seuls peut-être les silencieux, pourtant vêtus de noir, trahiront le lien de famille avec la Z1000. La protection se veut suffisante sans valoir celle d'une GT, et la bulle s'offre le luxe de pouvoir être réglée (manuellement et à l'arrêt) sur trois positions. Au plus bas, elle joue le look sport sans plus d'efficacité mais en position haute, elle protège plutôt bien, diminuant notablement la pression sur le casque. Forcément, vous n'êtes pas non plus derrière le pare-brise d'une grosse routière. La position intermédiaire nous laisse plus perplexes quant à son utilité mais la taille du pilote influencera probablement le jugement. Notons toutefois que la bulle réglée haute donne un profil particulier à l'avant de la moto qui ne plaira pas forcément à tout le monde.
Dessous, on trouve un tableau de bord (issu de la zx6-r) moderne et lisible même si l'indicateur de rapport engagé est manquant (dommage) et si la jauge est farfelue : sur les premiers 100 kilomètres, elle ne bouge pas, pour ensuite fondre comme neige au soleil. La coque arrière se veut effilée malgré la présence des grosses poignées bien intégrées, et se termine par un superbe feu à led. L'ensemble donne à la SX un côté sportif attirant le regard et la livrée noir et vert de notre moto d'essai a plu à plus d'un motard.
Avoir une belle gueule ne suffit pas à garantir le succès, et Kawasaki l'a bien compris. Afin de modifier (calmer) le caractère fougueux de la Z1000, plusieurs changements ont été effectués. Côté suspensions, l'amortisseur arrière se règle par une bague et est en position d'origine est prévu pour plus de confort avec un débattement supérieur. La fourche voit ses tubes s'allonger de 45mm: ils sont prévus pour supporter le poids supplémentaires du carénage. Toujours pour plus de confort, les pose-pieds sont recouverts de caoutchouc et les platines sont lestées pour diminuer les vibrations.Le réservoir passe à 19 litres pour une plus grande autonomie. Les selles sont plus confortables, plus hautes aussi et celle du passager (comme les poignées) est montée sur caoutchouc.Comme vous le voyez, les modifications sont nombreuses et la liste n'est pas finie. On est donc déjà bien loin du roadster.Pour encore plus marquer le coup, la démultiplication finale perd une dent à la couronne pour moins de brutalité et l'empattement gagne 5mm.Le poids total par contre s'en ressent, en ordre de marche il atteint les 231 kg en version abs.
Alors Sportive ? GT ?
Après une semaine passée au guidon de la SX, on pourrait dire ni l'une ni l'autre ou alors un peu des deux, un nouveau genre.Pour le côté sport : le moteur reste identique à la Z1000 avec ses 138 cv à 9600 tr/min et un couple de 11.2 mkg à 7800 tr/min. Le coeur de la ZX permet de rouler vite (trop ?), de reprendre facilement sur tous les rapports et sans mauvaise surprise : ni à-coup ni obligation de jouer du sélecteur pour dépasser. La Z1000SX pousse fort, les débutants devront prendre leurs précautions et il faudra même se méfier sous la pluie où le BT016 arrière (pourtant un bon tri-gomme) peine à garder sa motricité. La SX est aussi pénalisée pour le côté racing par son poids, lequel engendre un manque de vivacité : en combinant les 231kg à l'empattement plus long et à un énorme pneu arrière en 190/50, les changements d'angle ne sont pas sa tasse de thé. Sans être une enclume pour autant mais, si vous la comparez à une sportive, vous aurez un peu de mal à suivre. En usage plus " normal ", elle devrait amplement vous contenter.Le freinage fait appel à des étriers 4 pistons à fixation radiale qui ne seront pas assez mordants pour les fans de circuit mais qui, dans la pratique, se montrent tout à fait à la hauteur, dosables et rassurants.La fourche inversée et l'amortisseur arrière placé horizontalement par un jeu de biellettes ne seront pas non plus aussi rigoureux que ceux d'une zx10r, mais le confort reste privilégié en gardant l'équilibre entre performance et endurance. Même les petites irrégularités de la route seront gommées pour ne pas gêner le pilote. Si on veut la classer dans les GT, elle en devient la plus véloce de sa classe. Il n'y a aucune comparaison avec les vaisseaux amiraux des différentes marques mais elle pourra vous emmener loin et vite. La selle vous autorise facilement 200 kms sans trop vous faire souffrir. Les deux demi-guidons hauts placent le pilote dans une position agréable et pas fatiguante, permettant de profiter pleinement de l'autonomie. Le passager regrettera peut-être de devoir grimper aussi haut et devra faire attention de ne pas brûler les talons de ses chaussures qui sont juste au-dessus des silencieux.En mode balade, nous avons remis un peu moins de 12 litres après 236 kilomètres, soit 5 litres aux cent mais quelques jours auparavant nous n'avions fait que 265 kms avec 16 litres, soit un bon litre de plus... qui a dit qu'on roulait trop vite ?
Seuls soucis dans cette catégorie, pas d'aspects pratiques (prise pour GPS, selle confort, rangements...) et des vibrations vers les 6000 tours, malgré les efforts fournis pour les faire disparaître.A choisir, nous la classerons comme une sportivo-GT et avec la possibilité de choisir une version avec valises et top case, on tape dans le mille même si la conduite en sera modifiée, vous serez paré pour de jolies escapades.Sportive ou GT, vous risquez d'être d'accord sur un point : la boîte de vitesses ne convainc pas. Si la plupart du temps, elle ne souffre d'aucune remarque, plus d'une fois elle s'est montrée réticente à passer à la vitesse supérieure, surtout en 2ème et 3ème, nous obligeant à répéter la manoeuvre. Ceci était peut-être dû aux essais multiples qui ont échelonné les 2000 kms qu'elle avait au compteur. Mais nous nous devions d'en faire mention.
Verdict : la Z1000SX c'est quoi ?
Le moins qu'on puisse dire, 2011 commence en force avec une moto qu'on aurait bien gardée dans le garage. Plus confortable que le roadster, mais avec le même moteur, la Z1000SX offre un look plus dynamique que beaucoup de concurrentes et garde des qualités routières autorisant la balade, le trajet au quotidien et les petites arsouilles entre potes. Essayez donc d'user le pneu sur toute sa largeur, certains confrères en ont même usé les tétons sous les pose-pieds, c'est dire ses possibilités!
On la déconseillera aux débutants, les 138 cv restent bien présents et musclés, il faudra canaliser et modérer ces purs sangs mais pour les motards aguerris, elle fera de l'oeil à plus d'un : amateurs de supersport ou de roadster cherchant plus de confort, fans de GT voulant plus de dynamisme sans trop de sacrifice.Il faudra toutefois composer avec le tarif de 12.999 euro. à 13.698 euro. pour la version Tourer.
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