Kymco, boulot, dodo

Depuis quelques années, le constructeur taïwanais s’affirme comme un acteur majeur dans le monde du scooter et cet AK Premium entérine le constat. Avec son équipement pléthorique, le bruit rauque de son bicylindre a de quoi inquiéter la concurrence.

De près

L’appellation « Super Touring » du premier AK550, fait place ici à la mention « Premium ». Alors que certains pourraient dauber, nous pensons au contraire que ses prestations et son équipement justifient cette appellation. D’un point de vue esthétique, l’AK ne trahit pas non plus cette dénomination puisqu’il affiche un profil agressif où les arêtes affûtées le disputent aux galbes pour néanmoins préserver confort et protection. Les opinions glanées au cours de notre essai en attestent, le Kymco est réussi et il plaît.

Avec l’AK de 2018, la qualité perçue affichée par le Taïwanais progressait drastiquement et le Pemium confirme la tendance : les assemblages frisent la perfection et les périphériques ont de quoi faire de l’ombre à la concurrence. Fourche inversée renforcée par un double Té, freinage Brembo à étriers radiaux, amortisseur longitudinal, moteur participant à la rigidité d’ensemble, calage des pistons à 270° pour assurer caractère mécanique et sonorité de v-twin, courroie de transmission surdimensionnée et AIBS Bosch « cornering » qui intervient pour éviter tout élargissement de trajectoire lors d’un freinage en courbe. D’ailleurs, la dotation d’origine est assez pléthorique ; épinglons-y le démarrage sans clé, l’éclairage entièrement à diodes, la sellerie soignée d’aspect, les poignées chauffantes, la double cartographie d’injection, la connectivité ou encore la nouvelle bulle à réglage électrique. Sans oublier désormais le cruise control, très utile à tous les navetteurs.

La molette éclairée de l’ancien AK fait place à un mini-clavier d’où l’on peut notamment déverrouiller la sellerie et la trappe à essence. La soute éclairée et capitonnée est pratique, mais on a déjà vu de plus grands volumes de stockage; disons que l’AK Premium fait l’essentiel en ce sens qu’on y rangera son casque et quelques affaires.

Si l’application Noodoe ouvre théoriquement la voie à une personnalisation poussée de l’écran central du tableau de bord (vous pouvez y afficher la météo du lieu en temps réel ou des photos personnelles voire, à l’arrêt, y lire vos messages sans parler du GPS), il faut évidemment pour en profiter que votre smartphone soit apparié à l’AK Premium. Et, en l’espèce, tous les téléphones ne s’apparient pas avec la même facilité. Par exemple, avec notre Sony Xperia, c’était plutôt galère. Et tant qu’à critiquer, on a aussi du mal à comprendre pourquoi les commodos ne sont pas éclairés alors qu’une diode est déjà présente dans la poignée gauche pour attester du fonctionnement des poignées chauffantes ; avec ses 12 ( !) boutons différents le commodo gauche est difficile à utiliser efficacement quand on roule de nuit…

De loin

De loin, c’est ainsi que l’immense majorité des conducteurs de maxi-scooters devront se contenter de voir l’AK 550. Car, qu’on se le dise, si l’on excepte le très confidentiel Aprilia SRV850 disparu il y a 5 ans déjà, aucun scooter ne peut rivaliser avec le Kymco en termes de performances pures. La preuve nous en a été donnée en périphérie bruxelloise par un conducteur de T-max pourtant bien équipé, avec variateur Malossi et Akrapovic. Comme le « rascal » avait manifestement l’envie d’en découdre, un feu rouge allait pouvoir nous départager… Poignée ouverte à fond au démarrage : grâce à son variateur modifié, le Yamaha prend deux mètres d’avance mais, cinquante mètres plus loin, il est déjà derrière tandis que l’AK tout d’origine  s’arrache inexorablement. Et tout ça, dans une belle sonorité d'origine! C’est que ce bougre d’AK Premium, en dépit des 120kg tout équipé de votre serviteur, atteint allègrement les 180km/h au compteur.

Ces performances de haut niveau pour un scooter nous amènent à parler de consommation et d’autonomie. Et ce ne sera pas une déception car grâce au passage à Euro5, le Premium s’est contenté d’une moyenne de 4,2L aux cent kilomètres, soit près de 2 litres de moins que l’AK en version Euro4. Certes ce dernier avait un avantage de 3cv, mais à l’usage quotidien, cela ne se sent pas. En prenant garde de ne pas essorer la poignée et en se calant à 110km/h compteur sur autoroute, on gagnera d’ailleurs encore près d’un litre. Remarquez qu’avec le potentiel mécanique du gros Taïwanais, rouler à l’économie n’est pas forcément facile !

S’agissant de confort, l’AK Premium n’a pas à rougir face à quelque concurrent que ce soit. Il a ses particularités, comme un revêtement de selle plutôt ferme qui se fait sentir après une centaine de kilomètres ; mais, dans l’ensemble le bilan reste résolument positif, notamment grâce à la nouvelle bulle électrique qui parvient à abriter complètement le pilote une fois placée en position haute. En réalité, les Taïwanais ont ciblé le meilleur des deux mondes pour leur AK Premium: sportif par son comportement et ses performances, mais pratique et confortable au quotidien. Le carénage effilé laisse les mains dans le vent, mais l'efficacité des poignées chauffantes (réglables sur trois positions) est telle que vous n'aurez jamais froid aux mimines. En ce qui le concerne, votre passager ne se plaindra pas non plus car il a à sa disposition une assise large qui, paradoxalement, lui semble moins dure qu'au pilote. De plus, la position de ses jambes est idéale pour concilier le confort et la résistance aux accélérations très franches dont est capable l'AK. Enfin, il dispose aussi de poignées pratiques et ne se dit pas gêné par les turbulences sur autoroute.

Les suspensions de l'AK 550 Premium présentent toujours un (léger) manque de freinage hydraulique sur l'amortisseur arrière mais encore faut-il préciser qu'en termes d'efficacité routière, cela a peu d'incidence. La tenue de cap n'en souffre pas, et la motricité non plus; c'est juste la sensation de "ramasser" dans le bas du dos les inégalités marquées du revêtement, parce que sur les petites bosses, on ne remarque rien de particulier. Et le guidage, alors? La fourche s’acquitte parfaitement de sa tâche pour assurer la stabilité. On remarque bien une certaine paresse pour aller chercher les points de corde dans des pifs-pafs serrés, mais c’est plutôt dû à l’empattement. De même en ce qui a trait au freinage: d'abord, la fourche inversée encaisse sans problème la puissance de décélération des étriers radiaux Brembo, sans s'avachir et sans que cela occasionne de difficulté à guider l'engin qui ne se verrouille pas sur ses freins.

De surcroît

Avec son confort en hausse sensible, sa consommation mesurée, son équipement et ses performances de premier plan, l’AK 550 Premium s’avère le compagnon privilégié des navetteurs désireux d’aller travailler en deux-roues motorisé sans être à la merci des éléments, comme on peut l’être sur une moto. Pour ce public, le Taïwanais garanti 5 ans est une alternative de premier choix. Et, après 700km parcourus au guidon de cet AK Premium, on peut affirmer que Kymco consolide sa place dans le clan des fabricants de scooters susceptibles de faire référence. L'AK Premium est un produit abouti, beau, performant et d'une efficacité comparable à celle T-max. Affichant un confort certain et des aspects pratiques préservés, ne méconnaissons pas non plus que son tarif reste attractif pour qui veut s'offrir un scooter au sommet de la catégorie, puisqu'en fonction des versions disponibles du T-Max, l'AK Premium est de 1500€ à 3800€ moins cher. Et à propos de dodo, le Kymco au réveil, on le retrouve devant chez soi…