Milestone sur un filet de gaz
Le studio italien, spécialisé dans les jeux de courses, nous sort l'opus annuel de sa franchise MotoGP. N'en déplaise à certains et en dépit de quelques manquements, ce jeu évolue suffisamment pour justifier sa présence dans votre ludothèque.
S'il est évident que ce MotoGP 15 n'est pas révolutionnaire -un jeu de courses reste un jeu de courses!-, ses concepteurs ont tout de même tenu à l'améliorer sur plus d'un terrain. Pour le dire globalement, la réalisation pèche encore dans certains domaines (gestion des chutes, sonorité des motos, traitement des alentours des pistes) mais le gameplay a de quoi ravir les amateurs avec, entre autres, une bonne dizaines de modes de jeu différents.
De bonnes évolutions
Oui, on pourra soutenir que les Italiens ne se sont pas foulés en reprenant textuellement les commentaires déjà connus dans la version 14 du journaliste Rémy Tissier, en faisant faire les mêmes gestes aux pilotes qui chutent quelles que soient les circonstances de leur embardée ou en peuplant moult tribunes de silhouettes 2D inanimées. Pourtant, ne nous y trompons pas: visuellement, le jeu progresse nettement, et c'est essentiel sur les consoles NextGen; d'autre part, ceux qui ont, comme nous, la chance de connaître certains des circuits du championnat du monde, s'apercevront vite que leur modélisation a elle aussi fait un bond en avant par rapport aux millésimes précédents du jeu. Certes les décors ont toujours leur part de fantaisie (trop d'arbres, par exemple) mais les tracés se rapprochent enfin vraiment de la réalité, notamment dans la gestion des déclivités, largement mieux rendues dans MotoGP 15 que dans n'importe quel autre jeu de moto. Peut-être que pour le gamer lambda, ce réalisme accru n'a pas d'importance, mais pour le motard et pour le pilote occasionnel, c'est essentiel!
Pas mal
Au rang des nouveautés, l'apparition des pilotes de légende ou simplement d'anciens protagonistes vient pimenter les modes de jeu. Quel plaisir de chevaucher la Rothmans Honda de Wayne Gardner et de s'arsouiller avec Doohan, Kocinsky, Schwantz, Cadalora ou Biaggi! Alors non, tous ces pilotes n'ont pas forcément couru ensemble; il n'empêche que s'y frotter est rudement gratifiant pour les amateurs, d'autant plus que la gestuelle des stars est respectée et donc reconnaissable. Bien joué, Milestone!
Dans le même ordre d'idées, on peut revivre des moments d'anthologie de leurs mémorables carrières ou, plus près de nous, tenter de répéter les exploits réalisés par Marquez et consorts au cours de la saison 2014. Le mode carrière est toujours aussi immersif et prenant; on peut à présent décider de monter sa propre écurie et personnaliser sa moto, encore un bon point. Et puis, le rendu du pilotage est assez fin (dès qu'on quitte le niveau très facile...) ce qui rend les sensations plutôt convaincantes. Notons à ce propos que le passage d'une catégorie à l'autre nécessite de l'attention, car on ne peut se permettre de piloter une MotoGP comme on pilote une Moto3. Et les légendaires 500 2-temps vous pardonnent encore moins vos excès d'enthousiasme!
Passons sur les 30 (belles) photos que vos progrès débloqueront au fur et à mesure, mais insistons sur la quinzaine de vidéos disponibles, plus longues que par le passé, et dont certaines sont tout bonnement somptueuses, par exemple grâce à de subtils ralentis.
A peaufiner
C'est vrai, on peut aussi formuler certains regrets à l'encontre de la nouvelle production Milestone. Outre ce que nous signalions plus haut, focalisons-nous un instant sur les bugs: sur notre exemplaire Xbox One, la console "plante" systématiquement entre les qualifs et la course, ce qui allonge considérablement le temps d'attente puisqu'il faut relancer tout le jeu. D'ailleurs, et c'est vrai depuis des lustres, les temps de chargement plombent un peu la patience du joueur ; enfin, c'est sans doute un mal nécessaire...
Par ailleurs, on peut signaler que l'IA se montre parfois plus dangereuse qu'un Marquez complètement déchaîné: les pilotes n'hésitant pas à vous bourrer dedans comme des cyclistes en plein sprint. Plus à un niveau de détail, concluons en regrettant la gestion plus que discutable des dégâts occasionnés aux machines ainsi que le fait que les réglages disponibles au stand -avec l'aide de votre ingénieur, SVP!- ne modifient pas si franchement le comportement des machines.
Chaquered flag
Disons-le, nous craignions un peu de nous retrouver avec un "MotoGP de plus" qui n'aurait rien apporté à ces prédécesseurs. Ce n'est pas le cas, et nous nous félicitons finalement d'avoir joué celui-ci. Le seul vrai point noir de notre exemplaire, ce sont les bugs -et de nombreux utilisateurs en ont signalé- mais ses qualités sont nombreuses: la carrière est prenante, les motos sont fort bien modélisées, les circuits ressemblent de plus en plus aux vrais et se frotter aux vieilles gloires en deux-temps (pas avant Lawson/Rainey/Schwantz cependant) est tout de même jouissif. On attend 2016 avec impatience...
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