Bibendum revient dans la course
Un nouveau Michelin, c'est toujours un événement. Avec le Power Cup, le manufacturier français nous propose un pneu racing homologué pour la route et appelé à remplacer le Power One sorti en 2009.
Lors de sa sortie, on a pu lire dans la presse que ce Power Cup se posait en concurrent direct du Pirelli Diablo Rosso Corsa, un excellent pneu certes, mais bien plus routier que ce nouveau Michelin. En vérité, les concurrents directs du Power Cup se nomment plutôt Bridgestone R10 et Pirelli Supercorsa Pro. En effet, Michelin revendique pour lui des prestations dignes d'un pneu slick, comme l'indiquent d'ailleurs les 5 petits pour cent entaillés dans sa surface, laquelle reprend le design inspiré qui caractérisait le Power One.
Un peu de théorie
Reportez-vous aux divers tableaux illustrant cet article pour en apprendre davantage, mais sachez déjà que le Power Cup a bénéficié, en 2 ans de développement, de l'expérience de plus de 200 pilotes sur les circuits de 7 pays . une genèse qui laisse planer peu de doute sur le potentiel sportif du nouveau boudin. Mais, comme le souligne le dossier de presse : " En matière de hautes performances, Michelin a pris le parti d'abolir les frontières. De la piste à la route, il existe un même faisceau d'exigences. Les solutions qui permettent de décrocher des victoires sur les circuits et les enseignements enregistrés profitent aux pneus de série. " Entendez par là que le Power Cup est aussi censé combler les attentes des routards à tendance sportive, et nous verrons ce qu'il en est.
A l'avant, l'utilisateur a le choix entre une carcasse standard, profilée pour le circuit et homologuée route, et une carcasse encore plus performante sur piste, avec deux choix de gommes. A l'arrière, 3 types de gommes sont proposés. Avec son taux d'entaillement de 5%, le Power Cup présente une surface au sol quasi identique à celle d'un pneu slick. D'autre part, l'optimisation de la sculpture à travers la technologie NST " Near Slick Technology " améliore l'aire de contact au sol et procure ainsi un maximum d'adhérence. Le centre de la bande de roulement, sans sculpture, garantit quant à lui un meilleur niveau de traction en sortie de courbe. Sur le pneu avant, l'angle des nappes est plus ouvert, ce qui accroit la rigidité de la carcasse et la stabilité du pneu.
Le Power Cup bénéficie en outre de huit nouvelles gommes (trois à l'avant, cinq à l'arrière) qui permettent au pilote de choisir le pneu le mieux adapté aux conditions de piste : Power Cup A (gomme tendre), Power Cup B (gomme intermédiaire) ou Power Cup C (dure). Nous avons logiquement choisi de tester un train de pneus en gomme intermédiaire, puisque c'est la plus susceptible de couvrir un maximum de situations, tant sur piste que sur route.Enfin, le Power Cup intègre naturellement la Two Compound Technology (2CT), c'est-à-dire une gomme plus dure au centre de la bande de roulement pour plus de longévité, et plus tendre aux épaules, pour une adhérence maximale sur l'angle.
Et un peu de pratique
Notre jeu de Power Cup équipera donc notre ZX7R 2002 (115cv à la roue) qui mêle allègrement la piste à une utilisation plus quotidienne de la route sur le trajet du boulot. Dès les premiers tours de roue sur route, les Power Cup se signalent doublement : par leur maniabilité d'abord (ils surclassent en la matière les Bridgestone S20 montés précédemment et testés dans nos colonnes) et par leur rigidité structurelle ensuite. Bref, la moto gagne en vivacité mais perd en confort car le pneu retransmet fidèlement les imperfections du revêtement routier. Notez que, sur piste, cela devient un avantage car la transmission des infos est évidemment importante.Cette rigidité de la carcasse impose d'ailleurs d'adapter la pression pour prendre la piste : si l'avant se contentera du 2 à 2,1kg habituel, 1,5kg à l'arrière semble judicieux pour permettre au pneu des déformations qui l'amèneront plus vite à température et lui conserveront plus aisément cette température de fonctionnement.
Michelin promet pour son Power Cup un temps de chauffe réduit à sa plus simple expression, et c'est une promesse tenue : un tour de piste suffit à l'amener à ses performances nominales. On peut donc très vite titiller l'angle maxi . si du moins on ose, car le Power Cup a tendance à chauffer plus vite que son pilote... Chacun le sait, la ZX7R est une sportive saine et précise, mais lourde . elle s'accommode donc très bien du profil pointu du pneu avant et s'inscrit en courbe sans effort. Virages lents et parabolique sont avalés avec la même précision, générant pour le pilote la même confiance. Comme la remontée d'info est constante, la Power Cup ne surprendra pas son pilote, mais l'avertira de la proximité de ses limites, par exemple sur des relances vigoureuses en sortie de courbe. De même, l'avant se montre intraitable sur les freinages, si appuyés soient-ils.
De nos parcours routiers en cette année peu estivale, nous avons appris que la technologie NST a pour résultat que le Power Cup n'apprécie que très modérément la pluie. Sur les chaussées humides ou détrempées, il faudra rendre la main et veiller à ne pas prendre trop d'angle puisque les épaules des pneus sont dénuées de sculptures. Autant le savoir ! De toute manière, le Power Cup chauffe moins bien sur la route et s'y comporte donc avec moins de brio qu'en piste. Oui, il est homologué, mais c'est uniquement parce que certaines compétitions l'exigent... Alors, l'utiliser sur route comme nous l'avons fait sur un millier de kilomètres, oui, mais en prenant le temps d'en appréhender les particularités pour éviter toute mauvaise surprise.
Et la longévité pour conclure
On le voit, le Power Cup met en confiance sur piste, et dans toutes les phases de pilotage car il offre un grip de première qualité, une grande stabilité et une vivacité qui fait croire la ZX7R plus légère de 30kg. Sur route, son bilan n'est pas mauvais, mais il grève un peu le confort, et il n'aime pas la pluie. Reste alors à envisager sa durée de vie et là, nous serons un peu moins enthousiastes... En tenant compte que notre Kawa n'a rien à voir avec les puissances démoniaques transmises par les superbikes d'aujourd'hui, nous ne pouvons extrapoler avec la ZX7R (ou avec une 600 actuelle, c'est comparable) qu'une durée de vie d'environ 3000km sur route ou de 400km sur piste. Voilà qui rend d'autant plus chère la journée de roulage !
Avant de conclure, signalons encore que Michelin a récemment lancé un nouveau site très efficient destiné à ses clients sportifs : sur www.michelin-power.com , vous bénéficiez de conseils " personnalisés " sur base de votre moto, du circuit que vous allez fréquenter et de la météo qui y est prévue. De très nombreux circuits internationaux sont intégrés au site et les infos fournies sont très utiles (choix du pneu, pression, etc.) Bien vu, Bibendum !
Rudy
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