On ne le répétera jamais suffisamment: notre fabricant national de casques fête son centenaire en 2019. Le plus ancien manufacturier mondial est belge! Alors pourquoi diable acheter ailleurs? Une question d'autant plus légitime que ce nouvel intégral, non content d'être abordable, se révèle performant.
Durant la présentation à la presse de la gamme du Centenaire, à la mi-février, les responsables de la marque belge avaient clairement énoncé le plan prospectif de Lazer pour les prochaines saisons : investir résolument le créneau du « premium entrée de gamme » (des casques démocratiques mais full options, si vous préférez) en produisant des volumes importants en IMAC (Impact Modified Alloy Composite, une résine thermoplastique de la dernière génération) et en limitant le recours aux fibres et au carbone à quelques modèles seulement. Du point de vue esthétique, nous avons eu l’opportunité de nous entretenir avec le jeune designer français en charge du développement graphique des actuelles et des prochaines générations de Lazer ; et Aurélien Lemère d’enchaîner : « Nous voulions d’abord sortir de l’esthétique assez ronde qui prévaut majoritairement depuis quelques années ; notre plan est d’affiner et de fluidifier les lignes et les décos retenues.
Nous cherchons aussi une cohérence stylistique entre les divers modèles de notre gamme : par les proportions et l’agressivité contenue, nous souhaitons que nos casques provoquent une émotion et dégagent une forte impression de sécurité. Dans l’immédiat, nous préférons une certaine sobriété mais je sais déjà que je pourrai davantage ‘’me lâcher’’ pour les saisons à venir. » Alors certes, le Rafale est fabriqué en Chine, mais qu'on ne s'y trompe pas: tous les Lazer sont entièrement développés à Mont-Saint-Guibert.
Déballage
Présenté dans une boîte spécifique au centenaire, le Rafale est un casque compact (il y a deux calottes en fonction des tailles). Pour des raisons évidentes de compression des coûts, il n'existe qu'en deux variantes: uni noir mat (129€) ou décoré en 4 coloris mats différents (149€). On le voit, un tarif qui reste très démocratique. N'allez rien conclure hâtivement de sa construction injectée: les polycarbonates de la dernière génération sont plus légers et plus résistants aux impacts comme au vieillissement. Malgré des plastiques un peu rigides, comme celui du protège-nez, les finitions sont de bonne facture. L'écran solaire intégré descend bien bas; la visière est de type racing, c'est-à-dire plate, et est pré-équipée pour recevoir un pinlock (non fourni).
De même, le Rafale a été conçu pour pouvoir héberger un intercom et il a le bon goût de n'économiser ni sur les aérations ni sur la bavette aérodynamique ni sur un mécanisme intuitif de (dé)pose de la visière. Le revêtement interne est doux et se fait oublier sur le visage; il profite aussi du Morpho System Plus qui permet d'adapter, si besoin est, la coiffe et les coussinets de joues à la morphologie de chacun. Le joint de visière est tout neuf et un mouvement spécifique du mécanisme des crémaillères vient y plaquer la visière pour davantage d'étanchéité. Enfin, les bigleux -comme moi- ne sont pas snobés et leurs lunettes trouvent aisément leur place dès qu'on a ôté deux petits coussinets spécifiques à hauteur des tempes. Notons que le Rafale s'équipe d'un mécanisme d'ouverture de secours permettant de le déchausser plus facilement après un accident.
Emballage
Eh bien oui, pour un casque à 149€, le Rafale nous emballe depuis 3000km. On vous explique pourquoi...
Notre taille XL accuse 1500g sur la balance. Si c'est effectivement plus lourd que des intégraux haut de gamme en fibres ou en carbone (qui vous coûteraient entre 3 et 10 fois plus cher, soit dit en passant), le Rafale compense par un équilibre qui le fait oublier sur la tête: on roule, mais il ne vous pèse pas. Le champ de vision est bien dégagé sur les côtés, ce qui est essentiel, un peu moins dans la verticalité sans que ce soit jamais gênant.
Quand on roule, et notamment sur autoroute, on est frappé par l'excellente aérodynamique du Rafale: même sur une machine vintage n'offrant aucune protection, la stabilité du nouveau Lazer étonne; comme son équilibre, c'est un gage de confort. Et à grande vitesse sur une sportive, le constat est identique. Si on y ajoute la douceur du revêtement interne, le confort devient une des qualités marquantes de ce Rafale. Dans la même veine, son niveau sonore est tout à fait honnête voire mieux lorsque sa bavette est en place.
Rien à redire du mécanisme Quick release: on place et on enlève la visière avec beaucoup de facilité. Effectivement bien plaquée sur son nouveau joint, la visière ne souffre pas d'infiltrations d'eau, ce qui est assez rare pour être souligné. Les courants d'air à l'intérieur du casque sont très limités eux aussi, ce que nous avons bien apprécié cet hiver.
Enfin, les aérations ne sont pas là que pour décorer, même si la frontale est un peu moins convaincante que celle de la mentonnière, laquelle aide bien à désembuer les lunettes par exemple. Notons aussi que le choix d'une boucle micrométrique s'explique par les préférences des motards européens qui trouvent en général le dispositif plus pratique que la boucle Double D, c'est Lazer qui l'affirme.
Des bémols? Deux, si on ergote: comme la calotte du Rafale n'existe qu'en deux tailles, il se pourrait que les plus "grosses têtes" d'entre vous la trouvent un peu étriquée. Nous ne parlons pas d'un intérieur trop petit (de XXS à XXL tout le monde trouvera à s'y loger) mais d'une calotte qui ne couvrirait pas de façon optimale le bas de la tête, générant par là quelques courants d’air au niveau des oreilles. A essayer au préalable...
En second lieu, c'est le mouvement de la visière dans les crémaillères qui a attiré notre attention: quand on l'ouvre, elle se soulève d'abord uniquement du côté de l'ergot avant que le reste suive. Si bien qu'à terme, on peut craindre que ce déséquilibre finisse par abîmer le mécanisme ou la visière elle-même. Contacté à ce sujet, Lazer nous a informé que le dispositif équipe déjà des modèles vendus à 100.000 exemplaires sans que les propriétaires s'en soient plaint.