Royal Enfield ne révolutionne pas le monde tu trail et pourtant cette nouvelle Himalayan 450 est un bon avant pour la marque.
Cette année, je me suis fait un petit kif en mettant au planning 3 motos de petites cylindrées. Non pas encore les 125cc mais j'avais prévu le Triumph Scrambler 400X, la CF-Moto MT 450, la Honda NX500 et cette Royal Enfield Himalayan 450.
Avant tout, je dois être honnête avec vous, c'est ma première Enfield. Oooouuuhh Oui, je sais mais nous n'avions pas eu l'occasion de tester avant cette année et en 2024, deux essais avec la Shotgun et cette Himalayan. C'est donc mon avis de testeur habitué plutôt que de fan de la marque, pas qu'elle ne me plaise pas mais comme néophyte.
Pour le look, pas de doute, on est bien sur un trail, une vrai baroudeuse même avec des jantes à rayons de 21 et 17 pouces (attention, seules deux couleurs sont tubeless), des pare chutes sur les côtés du réservoir munis de crochets d'arrimage, petit sabot, protection de fourche... Je suis plus étonné de ne pas voir des protège-mains mais vous pouvez en ajouter en accessoire.
Un feu rond LED à l'avant et surprise, pas de feu arrière, les clignotants font office de feu aussi, original et plutôt bien vu, ça affine l'arrière de la moto sous le porte paquet.
La partie cycle est aussi prévue pour vous permettre de sortir de l'asphalte, on y reviendra. A l'avant, la fourche Showa de 43mm offre un débattement de 200mm tout comme le mono-amortisseur. On ne peut malheureusement pas régler la fourche. Avec une garde au sol de 23 cm, ça devrait vous autoriser pas mal de folies. La selle est réglable facilement à 825 ou 845 mm et en option, vous pouvez l'avoir à 805mm. Avec mon mètre quatre-vingt, pas de souci pour poser les pieds au sol.
Il y a juste une chose à prendre en compte, la béquille latérale penche assez fort la moto. C'est un peu marrant parce qu'une des critiques de la version précédente était une moto trop droite sur la latérale et comme Enfield a écouté les clients, pour cette nouvelle, ils ont poussé le curseur un poil trop loin. Ceci dit, il y a une béquille centrale facile à utiliser et qui sera sans doute celle qui sera le plus souvent le support de votre Himalayan.
Pour continuer sur le matos embarqué, on note un seul disque à l'avant mais de 320 mm avec un étrier 2 pistons et un 270mm avec un piston à l'arrière. L'ABS est déconnectable pour les amateurs de off-road.
Je me pose donc sur la selle et premier constat, c'est vrai que comme la tour de Pise, elle est quand-même bien penchée et j'imagine que certain(e)s auront difficile à la relever. Au guidon, des commodos un peu étrange avec deux boutons ronds sur chaque poignée et un petit joystick à gauche et un M à droite. Hé oui, on est bien sur une moto moderne malgré ces boutons étonnants. Le gauche sert en fait à l'éclairage, le droit à démarrer.
Le joystick par contre vous sert à piloter l'écran TFT couleur de 4 pouces pour notamment piloter votre téléphone mais bien plus encore. Le M à droite vous permet de choisir un des 4 modes de conduite. Quoi ? 4 modes pour 40 cv, ils sont fous ! On se calme, il y a bien 4 choix possibles mais c'est un mode Performance, avec ou sans ABS et un Eco avec ou sans ABS (bah oui, ça fait 4 modes).
Revenons à cet écran plutôt révolutionnaire (surtout pour Royal Enfield) mais même pour d'autres marques, il propose bien des options que d'autres non pas. Vitesse, rapport engagé, compte-tour, consommation c'est assez classique mais il peut aussi gérer la réception d'un appel ou la musique de votre téléphone. Mieux et là il faut trouver l'astuce : avec l'application Enfield, il peut afficher la navigation. Je dois avouer qu'au début, j'étais frustré de ne voir que dans le bas du cadran des informations style flèche boule assez sommaire. Mon Beeline fait mieux et je me disais que j'avais quand-même vu autre chose sur le net. Un appui long sur le bouton M va changer la donner parce que cette fois, il affiche une vrai carte dans l'écran, en plus des informations de roulage.
Plus besoin d'ajouter un autre GPS, Google Maps s'en charge. L'écran est lisible et pratique même si le joystick est très délicat surtout en roulant et avec des gants. De toute façon, la saisie d'une adresse se fait sur votre GSM. Par contre, et là, c'est peut être moi qui ne suit pas doué mais il faut relier la moto en wifi au GSM et la 4G pour la navigation. L'autonomie de votre mobile risque de suivre. Heureusement qu'une prise UCB C est prévue sans quoi, il sera compliqué de l'utiliser longtemps. En tout cas, c'est une bonne leçon à suivre pour d'autres constructeurs.
Il y a beaucoup de réglages possibles pour cet écran, il change même en fond noir pour la nuit ou les endroits sombres et même ça on peut le paramétrer. Ecran analogique ou numérique avec des multiples choix mais même en lisant le manuel, il me faudrait la moto à disposition pour tout tester. On retrouve néanmoins la consommation, l'autonomie, le voltage de la batterie, la température et le tout en français s'il vous plait.
Démarrage du mono cylindre, le nouveau Sherpa de 451 cc a doublé sa puissance par rapport à l'ancienne ! Bon, OK, on n'arrive qu'à 40 cv à 8000 tours/minute et un couple de 40 Nm à 5500 tours. On est d'accord, ça reste modeste même si pour un proprio de la première, ça va le choquer. Au moins, on a assez de puissance pour rouler seul ou à deux et prendre l'autoroute n'est pas un souci non plus. Ca ne sera pas son terrain favori mais pour l'avoir pris plus d'une fois pendant l'essai, il se montre à la hauteur. La protection de la bulle pourrait mieux faire déviant le vent sur mes épaules et le haut du casque mais c'est mieux que rien et on peut en trouver une plus grande en option.
Ce moteur donc est assez sympa avec une sonorité qu'on apprécie assez vite. Un poum poum poum du mono cylindre qui file la banane. J'ai bien entendu tenté le mode Eco mais je crois qu'il est vraiment réservé aux longs trajets sur les grands axes parce que sur les petites routes, il va vous obliger à plus jouer du sélecteur pour le relancer et le Performance est bien plus agréable à utiliser. La boîte de vitesse est étonnamment douce (encore une idée préconçue qu'elle ne le serait pas) et on passe les rapports très facilement. Mieux encore, Royal Enfield a ajouté une aide au démarrage. Très visible si vous démarrez la moto sur la béquille centrale, ce système vous permet de ne pas caler au feu rouge. Ca peut paraître con mais il faut savoir que la plage d'utilisation d'un mono est plus réduite et que pour démarrer, il faut se trouver suffisamment haut dans les tours pour ne pas caler. Pas besoin de le faire hurler pour autant mais ça demande un bon dosage et avec cette aider, c'est bien plus facile.
Un autre point fort de ce Sherpa c'est sa consommation avec environ 3,6 litres au cent et même en prenant l'autoroute, je n'ai pas dépassé les 4 litres. Autant vous dire que les 17 litres du réservoir vous permettent de belles étapes. Pas étonnant qu'on peut lire ou voir des aventures de certains partis faire des longs trips au guidon de l'Himalayan. Ce qui est bien aussi c'est qu'après une première vidange à 500 kms, on passe à 10.000 kms ou une fois par an. Là, c'est un bon point face à la MT450 par exemple surtout que l'huile, ce n'est pas donné.
Avec un poids de 196 kg à vide (181 kg à sec) on a une moto maniable et légère entre les mains. La 450 se balance d'un virage à l'autre sans difficulté et c'est un vrai plaisir à partir dans les petits chemins de campagne. On risque même de rouler parfois plus vite que d'habitude vu les suspensions qui gomment pas mal les défauts de la route et tout en restant confortables elles offrent une bonne tenue de route. Certains la trouvent trop lourde ! Des spécialistes sans doute parce que pour moi, c'est très bien comme ça. Il faudra même faire attention au freinage parce qu'un seul disque et deux pistons, c'est un peu juste si on roule vite.
Rien de dramatique bien entendu mais je n'aurais pas dit non à un deuxième disque ou un ou deux pistons de plus. Je n'ai pas testé sans l'ABS, il faut dire que ma moto n'en a pas non plus, ça ne serait pas vraiment une surprise du coup.
Comme vous le savez, on est plutôt route chez nous mais de plus en plus, je m'amuse à prendre les petits sentiers, les routes qui ont perdu leur asphalte et je dois avouer que j'aimerais bien en connaître d'autres pour tester les machines sur des portions roulantes et sans trop de risques. Oui, j'évite de casser une moto d'essai quand même et la mienne n'est forcément pas prévue pour ce genre de découverte. Comme j'attendais vos remarques, oui, j'ai emmené l'Himalayan sur certains chemins et outre ses capacités de franchissement que je ne peux pas tester, je peux quand-même dire que les suspensions font vraiment bien le boulot et la motricité est étonnante.
Là où habituellement je m'applique pour ne pas me faire surprendre, je me suis surpris (oui quand-même) à justement ne pas faire si attention que ça. La motricité est excellente et la maniabilité de la moto m'ont permis de passer à ces endroits tout en regardant le paysage. Oui, sur ce point je suis plutôt bluffé par sa facilité d'utilisation.
Bon, je ne vais pas non plus dire que tout est parfait. Le monocylindre vibre et encore plus sur autoroute (même si je sais qu'elle n'est pas trop faite pour). J'ai même été surpris après avoir étendu mes jambes un moment de remettre mes pieds sur les poses pieds et de les sentir trembler à ce point. Oui, c'est logique pour un seul cylindre mais on ne s'y habitue pas forcément en une semaine. Et j'espère que ça n'engendre pas de souci sur le reste de la moto.
La protection est limitée même si la bulle fait de son mieux. Elle n'est pas réglable et pas bien grande.
La moto qu'on a reçue en avait déjà vu des vertes et des pas mûres et un fameux paquet de boue mais le noir mat un peu blanchi du moteur donne une impression de "vieux". Un ami me demandait justement si c'était bien une nouvelle moto ou si je testais une ancienne moto. Ce n'est qu'un détail visuel mais ce n'est pas valorisant pour une moto de 8000 kms (oui elle a pris des bornes cette moto de démo). Et même pour des non motards (des moultards comme les moldus?) ça donne une impression d'ancienne et ça freine les ardeurs. Un coup de WD40 devrait remédier à ça mais quand-même, c'est dommage.
Le joystick est assez sensible, voir trop et parfois on doit s'y reprendre à plusieurs fois pour arriver dans le bon mode. On ne peut pas non plus afficher toutes les informations d'un simple clic, il faut choisir celles qu'on veut voir. J'aurais préféré comme sur d'autres à juste naviguer avec le joystick et passer d'une info à l'autre. Un détail je vous le concède surtout quand on voit la navigation. Enfin, voit c'est vite dit, il ne passe pas bien à la caméra si vous avez visionné la vidéo. Je vous rassure, à l'œil, ça ne se voit pas du tout.
Puis bon, je fais des remarques, c'est vrai mais c'est sans doute parce qu'elle me plaît aussi et qu'à quelques points près, elle a vraiment un potentiel sympathie, un côté authentique et baroudeur qui ne me laissent pas indifférent. Et le plus beau dans tout ça, c'est son prix parce que pour une moto à 5.999 € en version unie non tubeless, c'est vraiment un budget super intéressant. Notre moto d'essai est la Hanle Black Tubeless à 6.599 €, la plus cher de la gamme, c'est fou ! Même la blanche camouflage est à 6549 € en tubeless aussi. Ca laisse de la marge pour des protège-mains, une bulle touring et un top case, non ? Ca la place au prix de la Triumph 400X et en dessous de la MT ou la NX, à réfléchir !