L’histoire de RST remonte à 1988 sous la marque Rhino, qui se contentait de produire des gants. Aujourd’hui, la griffe anglaise s’est considérablement diversifiée pour devenir un acteur de premier plan dans le secteur. Comme leur nom l’indique, les Pro Series sont synonymes de haut de gamme et l’ensemble Ranger en est le fleuron.
Pour avoir pu en parler dans les paddocks du circuit d’Estoril avec ses décideurs, nous pouvons affirmer le credo de la marque RST : produire des vêtements de haut niveau à des tarifs qui s’efforcent de rester accessibles. Dans le cas qui nous occupe, la veste Ranger est la plus chère dans la gamme (499€) à l’exception des quelques modèles équipés d’origine du système airbag développé par RST. Notez d’emblée qu’on peut aussi en équiper la Ranger, mais elle vous coûtera alors 400€ de plus… Le pantalon Ranger, de son côté, s’affiche à 369€. Hors réductions trouvables de-ci de-là, voilà donc un ensemble du segment supérieur qui vous coûterait 868€. Au vu des prestations d’ensemble du Ranger, nous estimons ce tarif plutôt démocratique et justifié. Souvenons-nous que le motard anglais, qui connaît la pluie aussi bien que nous, est un routard qui aime sillonner le continent et constitue donc un public exigeant.



Au déballage
L’impression qui prévaut, c’est que l’ensemble RST est un client de poids : avec 7kg sur la balance (en taille XXL), c’est un ou deux kg de plus que des ensembles concurrents. Un ensemble Pando Moto testé récemment divise même ce poids par deux ! Ceci dit, ce n’est pas surprenant pour qui connaît les produits anglais. Comme, RST veut cocher toutes les cases, il y a évidemment du matos à embarquer. Par exemple ici, pas de mesquinerie : la dorsale est fournie d’origine, et même la protection pectorale comme en Grands Prix est présente (pour éviter les coups de guidon en cas de chute) ! Cette exhaustivité est à souligner car elle permet au Ranger d’atteindre un haut niveau de versatilité. D’un point de vue sécuritaire, le Ranger est constitué de MaxTex balistique, entendez un matériau synthétique léger à denier élevé offrant une grande résistance à la déchirure et à l’abrasion. Néanmoins, nous devons à l’honnêteté de dire qu’avec un tel poids, le Ranger a du mal à se faire oublier, d’autant que les protections ne sont pas les plus discrètes, la dorsale notamment. Toutes ces protections sont de niveau 2 estampillées AA, ce qui signifie qu’elles sont conçues pour sauvegarder le confort, mais force est de constater que nous connaissons des protections équivalentes qui restent moins « présentes » à l’usage. Tant que l’on est au guidon, le Ranger se comporte comme n’importe quel autre bon équipement mais, une fois qu’on marche, on sent clairement les 7kg de surcharge. Ce n’est pas le genre d’ensemble avec lequel vous supporterez facilement une journée de shopping…

Baroudeur plus que navetteur
Cela dit, la vie urbaine n’est pas son orientation première : un Ranger est conçu pour découvrir le monde en deux-roues comme le font les Britanniques, et pour permettre à son utilisateur de braver toutes les conditions météo. Aller au bout du monde ne lui fait pas peur, et aller au boulot alors ? Disons que cela dépendra essentiellement de la distance à parcourir : ultra-équipé comme il l’est, le Ranger n’est pas le compagnon idéal pour faire de la ville en 125cc. Par contre, pour ceux qui empruntent l’autoroute au quotidien et qui roulent plus ou moins toute l’année, ses capacités multiples seront salutaires. Dans sa quête de polyvalence, le Ranger ne fait pas les choses à moitié et il fourmille de bonnes idées :


Ses aérations sont virtuellement sans équivalent sur un équipement touring. Aux larges panneaux qui s’ouvrent sur les cuisses et sur la poitrine s’ajoutent des ouvertures réglables sur les bras et aux épaules. De grands extracteurs à l’arrière s’occupent de faire ressortir le flux d’air. Comme les doublures thermique et étanche sont amovibles, on profite à plein des aérations. On n’a pas pu les tester à la belle saison, mais gageons que traverser une ville sous 30° est dans les cordes du Ranger car avec 20° sous le soleil et tout ouvert… on a froid ! Notons encore quelques belles attentions comme une pression supplémentaire qui permet de garder le col ouvert en roulant et une autre qui empêche la tirette de descendre trop bas, ce qui serait hasardeux en cas de chute.
La doublure thermique est une sorte de doudoune portable séparément, comme n’importe quel blouson « civil ». Traditionnellement, RST propose des vêtements qui isolent bien du froid et le Ranger ne fait pas exception. A notre connaissance, les seuls ensembles encore plus chauds seraient à chercher chez Rukka où l’insert thermique est un blouson en duvet. Mais chez les Finlandais, on multiplie le tarif par trois !
Ses poches font du Ranger un véritable cargo. Six grandes poches –toutes étanches- (deux sur la veste et quatre sur le pantalon) sont encore secondées par deux poches intérieures dans la veste et par l’énorme poche dorsale, dite « porte-carte » mais qui peut aussi emporter les deux doublures étanches. De surcroît, cette poche dorsale est détachable et prévue pour être alors portée comme un sac banane. Grâce à toutes ces poches, la capacité d’emport offerte par le Ranger a de quoi vous faire oublier le sac à dos.
Le haut du dos est également prévu pour embarquer un Camelbak. On a essayé juste pour voir et nous avons trouvé que le confort en pâtissait un peu en raison de la présence de l’épaisse dorsale. Un Camelbak de petite contenance est donc préférable.
Vient alors un point délicat qui est pourtant l’une des singularités de l’ensemble Ranger. RST a fait le choix d’équiper son Ranger de deux éléments waterproof séparés (veste et pantalon). Autant savoir tout de suite que, sans eux, vous ne résisterez pas à la pluie car vous percerez rapidement. Particularité de ces éléments SinAqua, ils sont aussi respirants, ce qui leur permet d’être portés aussi bien sous la veste et le pantalon qu’au-dessus. L’étanchéité de ces deux éléments est hors de doute, mais ce choix pose question car nous pensons qu’une membrane laminée à chaud sur les surfaces eût été encore plus polyvalente et, à tout le moins, plus pratique. RST aura beau parler de versatilité ; pour nous, devoir emporter séparément ses inserts étanches et s’arrêter pour les porter quand vient la pluie, c’est une purge. Le seul avantage objectif que nous voyons au dispositif ainsi conçu, c’est qu’on peut le coupler à d’autres vêtements de moto non imperméables, comme une chemise ou un ensemble en jean.
L’ergonomie n’a pas été négligée par les concepteurs du Ranger : son adaptabilité à toutes les morphologies est un de ses points forts, tout comme le fait que les bas des jambes comme les poignets ont été conçus pour accueillir confortablement toutes les tailles de gants et de bottes.
Epinglons enfin la présence de stretch 4D dans les zones réclamant une souplesse accrue, comme c’est le cas sous les bras et aux genoux. De plus, les épaules et les genoux offrent des inserts TPU pour une résistance accrue aux impacts.
Pour conclure
Alors à l’usage, que retenir de cet ensemble Ranger ? Il séduit par la foule de petites attentions bien pensées qu’il offre à son utilisateur. On aime sa polyvalence, sa capacité d’emport et son isolation thermique. A contrario, si l’on se félicite de l’étanchéité apportée par les deux éléments SinAqua, la nécessité de les emporter à part –ou de les porter alors que c’est inutile- a fini par nous apparaître comme un défaut notoire. D’autre part, ses aérations parfaitement conçues sont un atout incontestable mais son poids le rend difficile à porter une fois que l’on quitte sa monture. En réalité, RST a pleinement raison : le Ranger est parfait pour le baroudeur dont le périple le confrontera à des conditions météo diverses. Il conviendra aussi aux routards que la distance ne rebute pas. Quant aux autres, une majorité tout de même, le Ranger est presque trop complet pour leur convenir. Il a pour eux les défauts de ses qualités en quelque sorte.



