A une époque où les constructeurs et équipementiers se plaisent à utiliser à outrance des images d’aventures lointaines pour vendre des motos trop lourdes et de l’équipement inadapté pour des aventures hors des sentiers battus, la marque Suisse IXS confiante de la qualité de ses produits, m’a confié le haut de gamme de son équipement afin que je puisse le tester dans le plus extrême de mes périples à ce jour.
Notez bien que ce que vous allez lire ci-dessous est bien loin de l’utilisation normale d’un motard moyen et donc la durée de vie de l’équipement est également différente. Je ne vais pas non plus m’encombrer de tous les détails techniques de mon équipement, vous pouvez vous-même les trouver sur le site officiel d’IXS. Ce qui nous intéresse ici c’est l’efficacité du matos sur le terrain...
Les conditions du test
Les 6500km de mon périple mongolo-russe, me conduisent de Ulan Bator, capitale de la Mongolie à Irkutsk en Russie. On longe le Lac Baïkal jusqu’à Severobaïkalsk. A partir de là ce sont 2000km de pur enduro, dans des conditions extrêmes sur la Western BAM, la voie de service qui a permis de construire la ligne de train. Pluies diluviennes, boue, nombreuses traversées de rivières, ponts détruits, traversées de rivière en camion ou sur des ponts ferroviaires, crevaisons, etc…
Lorsqu’on arrive à Tyna, les motos et le matos ont déjà beaucoup souffert. S’ensuivent 1000km dans la poussière des camions jusqu’à Yakutsk, et enfin la célèbre « Route des Os » jusqu’à Magadan. Cette piste de 2000km dans la taïga, où près de 200000 prisonniers des goulags ont littéralement laissé leurs os, est praticable à moto de juillet à septembre. De piste poussiéreuse par beau temps, elle peut se transformer en cauchemar de boue après quelques journées de pluie.
Les conditions météorologiques pendant ces 4 semaines ont été très variées, passant de 35°C à 8°C, de soleil de plomb à des journées entières sont une pluie diluvienne… Mis à part la neige, on a tout eu. Et surtout du mauvais temps !
Alors, est-ce que mon équipement IXS a été à la hauteur ? Lisez la suite pour tout savoir.
Le matos
Le matériel fourni par IXS pour mon périple est le suivant :
1 : La veste IXS Montevideo II
Lien vers la fiche technique du produit : IXS Montevideo II
La veste Montevideo est le haut de gamme Touring de IXS. Elle est disponible en 4 couleurs et 8 tailles pour 589 CHF (459 euro). Si la grise est magnifique sur le prospectus, je choisi la toute noire en connaissance de cause. La poussière des routes russes, les gaz d’échappement, la boue et l’huile auront tôt fait de la rendre dégueulasse, j’en ai fait l’expérience en 2011. Noir c’est bien, on voit pas quand c’est sale !
Le design de la veste est bien réussi et elle est équipée de 2 doublures intérieures ainsi que d’une protection dorsale, des protections pour les coudes et épaules. La qualité de finition est excellente et la veste regorge de petits détails comme des fermetures éclair même au niveau des manches pour maintenir la doublure étanche.
C’est la veste la mieux ventilée qu’il m’ait été donné d’essayer jusqu’à présent. Elle a des ventilations sur les bras et sur le torse. Deux fermetures éclair qu’on tire vers le bas mais aussi un système qui permet de rouler les poches au niveau de la poitrine pour laisser passer encore plus d’air.
L’idée est bonne, mais la mise en œuvre est laborieuse pour rouler le tissu et refermer la minuscule fermeture éclai. Simplement ouvrir les 2 fermetures éclair verticales était suffisant pour moi. Par contre, c’est dommage qu’ IXS n’ait pas fait des languettes de fermetures éclair plus grandes afin qu’on puisse les ouvrir et fermer en roulant avec les gants. La météo change rapidement, et lors d’une petite averse passagère il est toujours mieux de tout fermer même si la veste n’est évidemment pas résistante à l’eau sans sa doublure étanche. J’en ai fait l’expérience à plusieurs reprises.
A l’arrière de la veste, on trouve également une grande aération qu’on peut ouvrir au moyen d’une fermeture éclair et dérouler tout le pan arrière de la veste. Comme la météo était surtout pluvieuse, je n'en ai pas beaucoup profité.
En option, on peut également acheter une poche qui se fixe dans le dos pour y mettre votre Camel Back. Bonne initiative, dommage seulement qu’IXS n’ait pas pensé à faire passer le tuyau dans la veste pour le faire ressortir devant, comme le fait Scott par exemple. Pour ma part, j’avais mon pack d’hydratation dans mon sac à dos. Dans le bas du dos, il y a encore une grande poche pratique que j’ai utilisée pour ranger la doublure étanche.
Une fois toutes les aérations ouvertes, vous pouvez rouler confortablement par des températures supérieures à 30°C.
Je me suis rapidement retrouvé à devoir fermer des ventilations en cours de route, parce que la météo n’était pas si exceptionnelle en Russie cet été. En fait, dès qu’il fait plus frais, on se rend vraiment compte de l’efficacité des différentes ventilations.
Le concept d’étanchéité d’IXS est le même que la plupart des autres marques (BMW y compris) à savoir une veste non étanche avec une doublure intérieure qui assure l’étanchéité.
Ce système m’inspire méfiance depuis un précédent voyage de 6 mois avec une veste Rev’it qui fonctionne sur le même principe… Après une heure de conduite sous la pluie, l’eau s’infiltrait à travers les coutures. En plus, une fois que la veste est détrempée, elle devient lourde et prend des plombes pour sécher.
Depuis, par principe je prends toujours avec moi une veste de pluie que je porte par dessus la veste de moto.
Durant ce périple, j’ai eu plusieurs journées de 12 heures sous une pluie incessante et là, pas question que je prenne le risque de savoir si la veste va être étanche ou non pour vos beaux yeux, surtout qu’en général je ne savais jamais si j’aurais un toit pour dormir.
Le principe de la membrane étanche intérieure est bien sympa pour ceux qui rentrent à la maison le soir et qui peuvent sécher leur veste… Mais quand tu te retrouves à des centaines de kilomètres de la civilisation et que tu ne sais ni quand la pluie va s’arrêter ni quand tu dormiras à nouveau dans un endroit chaud, tu ne peux pas te permettre d’avoir une veste détrempée!
Par conscience professionnelle, j’ai tout de même testé l’étanchéité de la veste vers la fin du voyage. Sans doublure, il est clair qu’elle n’est absolument pas étanche. En quelques minutes, on est trempé. Bon, on conviendra que c'est normal.
Comme les orages arrivent très vite, il faut avoir la doublure à portée de main et s’arrêter immédiatement pour la mettre. IXS a presque trop bien fait la chose et mettre la doublure nécessite un peu de temps, parce qu’il y a 2 fermetures éclair qui la maintiennent à l’intérieur, des boutons et, chose plus étonnante, 2 fermetures au bout des bras.
Les 2 poches extérieures avant, qui ne sont pas étanches d’après les données de IXS, sont toutefois relativement résistantes à l’eau. J’ai roulé à plusieurs reprises pendant quelques heures sous la pluie sans que mes affaires soient mouillées. Je dois aussi dire que lors de mes divers tests, la membrane étanche à bien fait son boulot, j’étais sec dessous. Par contre, défaut de ce système, la veste devient très lourde une fois détrempée, et pour la sécher, il faut espérer du beau temps le lendemain.
Les 2000km de la "route des os" se trouvent très au nord, à la latitude du Cap Nord, et on a régulièrement roulé à des températures inférieures à 12°C. Par ces températures, je roulais confortablement avec la membrane étanche, la membrane thermique et des sous- vêtements thermiques.
J’ai encore utilisé la veste lors des 24 heures du Hard Alpi Tour en Italie en septembre, et de nuit dans les montagnes du Piémont on a eu des températures de 7-8°C. Là également, avec des sous vêtements thermiques, ça passe. Pour des températures inférieures sur de longues distances, il va falloir penser à mettre une couche supplémentaire.
Par rapport à la concurrence
Durant ce trip, j’ai pu comparer les performances de ma veste avec celle de mes 2 compères qui disposaient d'une Rev’it et d'une Klim. La Rev’it fonctionne sur le même principe que la IXS, mais la membrane intérieure n’était pas vraiment étanche, tout comme celle que j’avais en 2011. La Klim par contre c’est un autre principe. La veste est étanche. Elle possède uniquement une doublure intérieure pour le froid. Et quand on dit étanche c’est 100%, même après 12 heures sous la pluie. Le revers de la médaille, c’est qu’elle coûte le double de ma Montevideo II !
Conclusion
La veste Montevideo II de IXS est un produit de haute qualité pour un prix tout à fait correct. Par rapport à la concurrence qui fonctionne sur le même principe de doublures intérieures, elle est d’après moi le meilleur rapport qualité/prix sur le marché. Je l’ai lavée en machine après mon périple et elle est encore comme neuve.
IXS devrait équiper les fermetures éclair de languettes plus longues afin de faciliter leur manipulation avec les gants en roulant. Le sac dorsal optionnel pour la poche d’hydratation est une bonne idée, mais mal réalisé. Celle-ci devrait être intégrée dans la veste. Enfin, pour moi, l’idéal serait qu’elle soit étanche sans avoir besoin d’une doublure intérieure.
En bref:
+ Excellent rapport qualité/prix
+ Design moderne, bonne coupe, 4 coloris et 8 tailles différentes
+ Finitions de qualité
+ Excellent système d’aération pour l’été
+ Polyvalente, c’est une veste utilisable confortablement de 10 à 35°C
- Languettes des fermetures éclair trop petites pour être manipulées avec les gants
- Le système de doublure étanche n’est pas idéal pour de l’aventure extrême, IXS devrait sortir une veste étanche comme le fait Klim
- Sac optionnel pour Camel Bak pas bien conçu
2 : Le pantalon Caracas II
lien vers la fiche technique du produit: IXS Carcas II
Le pantalon Caracas II est prévu pour aller avec la veste Montevideo II. Il est disponible en 2 coloris et diverses tailles pour 389 CHF (299 euro).
J’ai choisi la version noire pour les mêmes raisons pratiques que concernant la veste. La poussière, la boue, la graisse de la chaîne, tout ça va se retrouver sur votre pantalon. Avec un pantalon noir on paraît moins sale qu’on l’est réellement.
Sur le même principe que la veste, le pantalon possède une doublure étanche et une doublure thermique, toutes 2 très bien maintenues par des fermetures éclair et des boutons. Des protections aux genoux et aux hanches, des renforts en cuir vers l’intérieur et au derrière sont là pour vous protéger. Des sangles permettent de maintenir le pantalon serré sur les chevilles.
Le système de réglage de la ceinture intégrée est très pratique et vous permettra de compenser si vous prenez ou perdez du bide.
Deux fermetures éclair par jambe permettent d’ouvrir des ventilations sur les cuisses et les genoux, mais celles-ci sont peu efficaces par rapport aux ventilations de la veste.
J’ai souvent roulé sous la pluie sans mettre mon pantalon k-way par dessus, un peu par flemme il faut le dire, mais ça m’a permis de tester l’étanchéité de la doublure plus en profondeur que pour la veste. Je dois dire qu’elle a fait son boulot à merveille. Je n’ai jamais eu de l’eau dans le pantalon sauf par très forte pluie et conduite assise, où l’eau s’accumule sur votre entrejambe et finit par rentrer et vous tremper les... boules!
A ce jour, je n’ai encore jamais porté la doublure thermique. Même par température inférieure à 10°C mon sous-vêtement thermique sous le pantalon était suffisant.
Comparaison avec la concurrence
Ici encore, j’ai pu comparer mon matériel IXS avec le matériel Rev’it et Klim de mes compères. Le Rev’it n’était pas étanche, mais pour sa défense, il avait quelques trous suite à diverses chutes et le Klim fut comme la veste, 100% étanche dans toutes les situations et cela sans doublure intérieure. Bien évidemment, ici encore le prix du pantalon Klim est le double du Caracass II, donc on ne peut pas vraiment les comparer.
Conclusion
Simple et efficace. Les pantalons Caracas II n’en jette pas autant que la veste d’un point de vue visuel, mais ils font très bien leur job dans toutes les conditions. On pourrait espérer une meilleure ventilation et des poches un peu plus spacieuses et plutôt situées sur les côtés que devant, parce qu’en position assise c’est un peu gênant si on veut caser un truc volumineux. Le pied serait une poche étanche.
En général on peut dire que c’est un excellent rapport qualité/prix. Il est certes moins performant que le Klim, mais à moins de la moitié du prix, je ne vois rien à redire. Il a pleinement rempli sa fonction pendant mon périple et est encore en bon état.
En bref
+ étanche (sauf en cas de conduite prolongée sous une forte pluie)
+ Confortable
+ Système de ceinture pratique
+ Bon rapport qualité/prix
- Poches trop petites et pas étanches
- Système de ventilation pas très efficace
A suivre dans la partie 2: Les gants IXS X Adventure et les bottes IXS X GTX Ultra Evo 2