La Bonneville est maintenant bien connue, implantée dans le paysage motard, mais reste une moto boudée par beaucoup. Elle garde sa plastique intemporelle juste modifiée via le biais des différentes versions spéciales qui jalonnent sa carrière. La T100 Black Edition se distingue de ses sœurs par sa peinture noire omniprésente jusque sur le bloc moteur. Le compteur se dote du compteur optionnel sur les autres modèles et les pots saucissons arborent le look des premières Bonneville. Il faut savoir reconnaitre que cette teinte noire lui sied à ravir, tout comme ses faux carburateurs cachant son injection rendent hommage aux anciennes et affirment l’envie de Triumph de rendre sa Bonneville cohérente. Cette moto est une invitation à la balade relax, à l’arsouille gentille et aux voyages par les voies secondaires, celles en vert sur les célèbres cartes routières. Mais suite au nouveau règlement des permis de conduire et des différentes étapes d’obtention du fameux sésame, la catégorie 35 Kw prend de l’ampleur et bon nombre de constructeurs se penchent sur ce marché via des kits de restriction de puissance sur des modèles existants de leur gamme, ce qui est ici le cas pour cette Bonneville T100. Reste à savoir qu’une moto bridée en 35 Kw n’est pas débridable ensuite, elle est et restera une 35 Kw, bon à savoir avant de faire un chèque de pas loin de 10.000 euros dans ce cas-ci. Mais ne boudons pas notre plaisir de rouler et enfourchons joyeusement cette Bonneville et partons vivre la vie de ces jeunes conducteurs bridés. En avant pour l’aventure…
De prime abord, si on ne remarque pas le sceau du bridage 35 Kw, rien ne distingue une version bridée d’une Full, ce qui est assez valorisant pour les jeunes motards obligés d’en passer par cette case puissance réduite pendant aux moins deux années. La Bonneville est une belle moto, sobre et simple comme on savait le faire à l’époque. Un moteur, un réservoir, des roues, une selle et c’est tout, point d’assistance, point d’abs, point de traction control, rien de tout ça. Il faut savoir apprécier cette conduite à l’ancienne bien que la Bonneville vous emmènera partout et tout le temps. Vous roulez et c’est tout, point de stress, elle est faite pour vous emmener là où vous le voulez en toute simplicité et avec beaucoup de plaisir. Chaque trajet se transforme en un bon coup de moto. Même en 35 Kw ? Oui, même ce bridage ne vous ôtera pas le sourire, que du contraire. Ce moteur vous surprendra par sa vigueur qui ne diffère pas de la full si ce n’est à partir de 130 Km/h où le bridage se fera sentir malgré tout. Elle prendra quasiment la même vitesse de pointe que la full mais avec un besoin de plus de temps. Le tirage de la poignée de gaz est plus court aussi, un demi-tour et vous êtes en butée. Mais la vitesse de pointe est-elle une donnée importante dans l’achat d’une Bonneville ? Que nenni mon brave, on s’en tape le coquillard comme de la première culotte de Loana, c’est à ce point inexistant comme concept. Les accélérations sont conséquentes, jouissives même et les reprises procurées par ce Twin parallèle cubant 865 cc est vaillant et même savoureux, procurant beaucoup de plaisir à son pilote sur les routes même en version 35 Kw. Je peux garantir aux jeunes conducteurs un plaisir de tous les instants au guidon de cette machine néo-rétro de bien belle facture. Ils ne souffriront pas du syndrome de manque de puissance ou de la peur de ne pas suivre les copains sur une balade, ce bridage est très bien fait, une réussite si tant est qu’on puisse nommer un bridage ainsi mais bon, ceci est une autre histoire.
Pour le reste de cette Bonneville T100 35 Kw, rien de différent en rapport aux autres modèles de la gamme Triumph classique. La suspension est la même, la hauteur de selle idem. Les freins ne diffèrent en rien non plus et les éléments de carrosserie sont interchangeables, c’est dire. Dans le cas de cette série Black Edition, une couche de noir bien profond recouvre un maximum la moto : cadre, fourche, bras oscillant et même les superbes jantes à rayons en sont recouvertes. Les quelques touches de chrome présentes ressortant encore plus et sous un rayon de soleil, cette moto est belle, très belle. Un bel objet pour épicurien en tout cas, à n’en point douter. Pas moyen de passer inaperçu à son guidon, elle dégage un capital sympathie et rend les arrêts en ville plaisants, des conversations s’engageant assez facilement. Elle rendra le motard sympathique aux yeux du badaud piéton et même les agents du service sécurité de notre spot photo ont craqué, ils nous ont laissé pénétrer le site juste après quelques mots échangés et un grand sourire ainsi que la promesse de pouvoir s’asseoir dessus.
Parlons-en de la conduite de cette Bonneville T100 35 Kw. Elle est intuitive, basse de selle et même sans les magnifiques et longues jambes d’Adriana Karembeu, vous poserez les pieds au sol. Le poids assez conséquent, dû au métal présent partout sur la moto, ne vous gênera aucunement si ce n’est pour la hisser sur sa béquille centrale, moment délicat où le coup de rein sera généreux pour la lever, combinaison de ce poids et de la faible hauteur de cette béquille. La faible hauteur associée à un grand guidon au cintre idéal garantit une facilité de conduite et une maniabilité souveraine en ville. Les pneus de faible section sont la preuve d’un boudin de 180 mm de large n’est pas obligatoire sur toutes les motos.Les suspensions garantissent un confort de bon aloi renforcé par le côté moelleux de la selle d’origine aux formes délicieusement rétro. Les repose-pieds conducteurs et passagers garnis de gros caoutchouc siglés absorberont les néfastes vibrations pour ne distiller que les Good Ones. Sortons de la ville et emmenons notre passager vers les routes de campagnes sinueuses et là, bonne surprise, en respectant l’usage pour lequel elle est conçue, cette Bonneville T100 est plaisante, amusante et terriblement dans le coup. L’absence totale de protection face au vent n’est absolument pas castratrice et tant que l’allure sera cool, vous roulerez sans en subir les conséquences même en casque Jet. Tout en elle permet un usage quotidien au même titre qu’un roadster moderne mais avec une touche de classe en plus. The British Touch Of class en fait.
Parfaite alors, cette version 35 Kw de la Bonneville T100 ? Non, hélas. D’abord, pour être clair, en Belgique, une moto bridée en 35Kw le restera sans recours aucun. Ce qui placera l’acheteur potentiel devant un sacré dilemme, 9940 euros sans option pour rouler légal deux ans voire 4 en fonction de son âge, c’est cher. Il faudra ensuite changer de monture pour passer aux modèles non bridés. Ce qui à l’heure actuelle avec un marché de la moto neuve loin d’être en forme va certainement pousser les clients potentiels à se poser la question entre l’achat d’une occasion de 35 Kw pour passer les deux années nécessaires au guidon d’une moto peu chère et garder ses sous pour l’achat du modèle de son choix ensuite ou alors, investir dans une moto neuve de belle qualité et performante en 35 Kw et la garder. S’il est un conseil à donner au sujet de cette Bonneville T100 Black Edition 35 Kw (ouf !!!), c’est d’investir et ensuite de la garder, le bridage n’est pas trop pénalisant en usage normal et vous permettra de bien belles balades, de beaux voyages et même quelques arsouilles de bon aloi, le propriétaire d’un roadster moderne l’ayant constaté à ses dépens lors de notre semaine d’essai. La puissance n’est encore heureusement pas la donnée la plus importante pour éprouver du bonheur en moto et certainement plus en cette époque de radarisation intensive de notre réseau routier. Cette Bonneville vous donnera envie de la chevaucher et de partir au vent, rouler, brûler de l’essence, d’aller voir le monde et de rentrer ensuite avec ce grand sourire des motards heureux et l’envie de repartir illico, chaque prétexte étant bon pour la sortir du garage. Miss Bonnie, vous êtes toujours In…