Par une de ces longues après-midis pluvieuses comme seul le Royaume Uni connaît et lors d’un Brainstorming particulièrement déluré (sans doute la faute au gin versé dans le thé), l’idée de booster les moteurs Bonneville 900cm³ fût lancée. Pari tenu par les ingénieurs moteur qui pondirent ce 1200cm³, toujours sous la forme d’un bicylindre parallèle calé à 270° doté d’une injection électronique, 2 arbres à cames en tête et 4 soupapes par cylindre mais offrant désormais 80CV à 6550 T/Min et développant un couple de 10,7 m.kg à 3 100 tr/min. Rien de mirobolant, pas de quoi réveiller un roadster 600cm³ japonais lors de sa sieste…
Mais pour les fans de Bonneville et ils sont nombreux, cette nouvelle fit l’effet d’une bombe. Pensez-vous : une Bonneville avec des Watts !!! Prenons ensemble le guidon de cette Bonneville Bodybuildée et laissons la nous conter son histoire lors d’une semaine passée en sa compagnie.
Première surprise, l’essai concernait la T120 Black qui se révéla indisponible et fut dès lors remplacée par cette Version Rouge (Cinder Red) qui lui sied tout aussi bien. Pas mal de chromes au programme contrairement à la version black qui, forcément, se pare de noir presque partout.
Le look reste classique, dans la lignée de ses ancêtres. Des jantes à rayons, une fourche classique, un réservoir au design intemporel, une longue selle et un guidon surplombant des compteurs en apparence classique. La T120 est longue, basse et sa selle perche à une altitude de 785mm, ce qui autorisera les pilotes à partir de 1.70m à poser les deux pieds bien à plat au sol.
Ce moteur de 1200cm³ attire les regards et reste dans le ton de la gamme classique de Triumph. Bien qu’il soit refroidi par eau, il garde ses ailettes sur les culasses. Le radiateur d’eau se fond dans la masse entre les tubes avant du cadre.
Les faux carburateurs Amal renferment le dispositif d’injection et ne gâchent en rien le look bien au contraire.
Les carters moteurs sont ici en version satinés et peuvent se voir remplacer par d’autres de finitions polies ou peintes au choix du propriétaire.
Ce moteur offre une rondeur de conduite, il vibre légèrement, gronde en prenant ses tours et vous entraîne dans une montée de tours moteur avec une vigueur de bon aloi. Il est plaisant de laisser retomber le régime jusque 1500 T/Min et d’ouvrir ensuite les gaz en grand. La banane sur votre visage en dira long sur le plaisir ressenti. Il n’est jamais violent et les aides électroniques et les modes de gestion du moteur seront toujours là pour vous servir de garde-fou. Bien qu’elles ne nous semblent pas indispensables, elles font partie du package sécurité d’origine et serviront un jour ou l’autre. La consommation est raisonnable, une moyenne de 6 litres au 100km résulte de notre semaine d’essai mené tambour battant sur de merveilleuses routes secondaires en Lorraine et sous un merveilleux soleil. Que demander de plus ? Le réservoir de 14.5 litres apportera donc une autonomie de +/-250km.
Cette T120 est soutenue dans son travail de drague par une excellente partie cycle. Pas d’esbroufe, du simple et de l’efficace. Fourche et amortisseurs arrière sont issus de chez Kayaba. Les débattements avant et arrière de 120mm autorisent de belles prises d’angle aidé en cela par des pneus performants, des Pirelli Phantom au look ancien mais à la gomme contemporaine.
Les freins sont fournis par Nissin, étriers deux pistons partout. Deux disques de 310mm à l’avant et un confrère de 255mm derrière gèrent le freinage en toute circonstance et avec aisance. L’ABS gardera tout ça sous contrôle en toute discrétion mais avec prestance.
La longue selle autorisera de belles balades et votre fessier sera préservé des douleurs. Les étapes autorisées par le réservoir d’essence se feront en tout confort et décontraction, la position de conduite étant des plus relax. Le guidon bien cintré permettant un pilotage actif et un excellent ressenti de la direction. Les genoux bien calés par les protection caoutchouc ornant les flancs de ce réservoir, vous partirez pour de belles balades en compagnie de cette T120.
Point de moto sans électronique à notre époque, la T120 n’y coupe donc pas. Contrôle de traction, mappings moteur, ordinateur de bord chargé de différentes infos, poignées chauffantes d’origine installées discrètement et commandées par un bouton idéalement placé sur la poignée elle-même.
L’ordinateur de bord, n’ayons pas peur des mots, se commande via le côté gauche du guidon, par un bouton dédié. Good job ! L’éclairage aussi n’échappe pas à l’inflation des moyens via un éclairage led comme feu de jour et de feu arrière et un phare avant dont le design du miroir réflecteur apporte une gain de puissance non négligeable.
Parlons motard maintenant, assez de technique et de détails. Sur la route, cette T120 se comporte comme une moto moderne qu’elle est par sa conception, vous faisant oublier son look classique. Ne la classez dans aucune catégorie, elle n’est excellente nulle part mais en rien mauvaise non plus. Elle vous emmène avec fougue sur toutes les routes, la seule limite est le manque flagrant de protection face au vent, problème résolu facilement via le catalogue d’accessoires bien fourni.
Elle enchantera vos oreilles par la sonorité des ses pots Vance & Hines en option et le grondement de sa boite à air vous fera aimer les tunnels. Sa conduite active en mode enroulé rapide vous servira de vitamines au quotidien. Ne la brusquez pas, elle n’aime pas ça. Adoptez un rythme certes soutenu mais en privilégiant la rondeur de son moteur et profitez de belles montées en régimes sans taquiner la zone rouge. Laissez sa jante avant de 18 pouces arpenter le goudron de belles routes secondaires et l’arrière de 17 pouces propulser l’engin de manière vigoureuse, emplissez vos poumons d’air de la campagne avant de rentrer en ville avec cette T120, là où elle se faufilera avec aisance entre les voitures à l’arrêt malgré son poids de 224Kg. Certes pas la compagne idéale pour les vacances en duo, ni pour une arsouille sanglante du dimanche avant l’apéro, se dévouant pour les navettes quotidiennes, cette T120 s’épanouira en votre compagnie lors de belles balades, seul ou en duo mais à rythme mesuré, en profitant de cette belle machine.
Si j’osais, je la comparerais avec la descendante d’une autre icône de l’industrie anglaise, la Mini…. Elles font revivre toutes les deux un passé nostalgique aux amateurs de belles mécaniques en offrant la qualité et la facilité de notre époque. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, disait Antoine Lavoisier. Il avait diablement raison, La Bonneville est transformée par ce moteur 1200cm³…et c’est un vrai bonheur ! Long life to the Twin.
Lolobadboy