Celle qui méritait son nom
Thunderbird, l'oiseau de tonnerre ! Triumph ne nous en voudra pas d'estimer que le discret bicylindre 1600cc, au catalogue depuis 2009, ne justifie pas son patronyme. Mais avec cette Storm, on change radicalement de registre pour passer du custom pépère au power cruiser qui ne s'en laisse pas compter. Une découverte !
Sans aucunement cracher dans la soupe ni faire de démagogie, il faut admettre que, dans une carrière d'essayeur, toutes les machines ne s'avèrent pas passionnantes. Au gré du temps, on en vient même à oublier certains essais. Eh bien voilà qui n'arrivera pas avec cette Thunderbird Storm. Tout au contraire, cette Triumph extrapolée de la T-Bird standard est bien une nouveauté à part entière et affiche un tout autre caractère que sa placide ascendante. Un vrai bad boy qui a de quoi séduire un public plus large que les amateurs de low riding . penchons-nous sur une réussite made in UK.
Celle qui changeait tout
" Disponible dans toutes les couleurs pourvu que ce soit en noir "Pour marquer sa personnalité bien trempée, Triumph ne décline la Storm qu'en noir. Mais vous aurez tout de même le choix entre mat et brillant. En ce qui nous concerne, pour avoir vu les deux côte à côte, nous n'hésiterions pas, et ce serait la brillante à tous les coups, car le vernis accentue la dynamique de ses lignes. Ceci dit, notre Storm d'essai n'a suscité que des commentaires positifs : esthétiquement, elle plaî.t. Longue mais râblée, elle respire l'agressivité et, ce qui ne gâte rien, son ramage vaut bien son plumage.
Outre que son bicylindre vertical est passé à 1700cc, il a gagné une douzaine de chevaux (98 désormais) et voit son couple grimper à 156Nm. Si cette dernière valeur ne vous semble pas significative, sachez que c'est une quinzaine de pour cent en plus qu'une Suzuki Hayabusa... Et, comme nous le verrons à l'usage, ce couple ne passe pas inaperçu.
Par rapport à la T-Bird 1600, on note encore l'adoption d'un guidon droit Drag Bar qui accentue le côté " crapuleux ", le passage à une optique double typique de la marque britannique, et l'abandon des chromes au bénéfice d'un noir ténébreux à souhait.C'est peu de choses au fond et pourtant, il suffit de quelques centaines de mètres pour vous convaincre que la tempête (storm) souffle bel et bien dans cette T-Bird néo punk, à moins que ce soit heavy metal.
Celle qui assurait
Macrophotographie
Observée de près, la Storm ne déçoit pas car sa finition est soignée. On note de jolies jantes au dessin dynamique, un très bel ensemble guidon/pontets, de superbes rétroviseurs (et efficaces en plus), des coupoles de phares peintes (c'est chic) ainsi qu'un bloc moteur soigné. L'instrumentation se compose d'un unique cadran disposé sur le dessus du réservoir. Il est cependant trop en arrière pour pouvoir être lu sans quitter la route des yeux, c'est regrettable, même si c'est esthétiquement pertinent. Le cadran offre un peu plus que le minimum légal (les divers affichages se commandent depuis la touche " i " au commodo droit), et on apprécie spécialement de savoir en temps réel combien de kilomètres on peut encore parcourir avec le contenu du réservoir. Celui-ci est d'ailleurs une autre bonne surprise que vous réserve la Storm : les customs qui embarquent 22 litres de carburant ne courent pas les rues ! Et puisque notre consommation moyenne s'est stabilisée sous la barre des 8L/100km (mais attention : en sollicitant furieusement la mécanique...), on pourra parcourir de sérieuses étapes avant d'avoir à faire le plein. Encore un regret à ce propos : le bouchon de réservoir ne ferme pas à clef et, si vous trouvez comme nous que c'est bien dommage, il vous faudra vous frayer un chemin dans le catalogue d'accessoires dévolus à la Storm, lequel est tout de même riche de 70 références... Bref, pour verrouiller votre réservoir, il vous en coû.tera 65€. Mais allez plutôt sur le site Triumph et configurez la moto de vos rêves dans " Create my Triumph ", les Britons ont le bon goû.t de calculer le prix total pour vous. Le seul effet secondaire de cette thérapie, c'est que le tarif finit par faire peur : on peut passer de 15990€ (le prix catalogue) à plus de 22000€...
Comme les suspensions, la selle passager est ferme mais pas dure, de sorte que l'une comme les autres permettent de rouler relativement longtemps sans fatigue notoire. Disons que l'on peut enquiller un plein sans se plaindre. Enfin, ça c'est vrai du pilote, pas forcément de son passager . en effet, le strapontin qui lui est dévolu, outre qu'il est trop dur, s'incline vers l'arrière quand la moto est fort chargée, de sorte que le passager éprouve toutes les peines du monde à rester en selle, mis à mal qu'il est par la force centrifuge consécutive au gros couple. Bien entendu, Triumph a la solution : un élégant sissy bar facturé... 459€. C'est vrai qu'avec la Storm, on n'est pas loin d'une moto d'égoïste . il faut reconnaî.tre d'ailleurs qu'elle est encore plus belle quand on lui enlève son siège passager. Mais là, nous sommes peut-être trop radicaux. Optez donc pour le sissy bar et, pour prouver votre bonne foi à Madame, ajoutez-y les valises latérales en cuir. Ainsi, vous pourrez voyager en couple. Mais attention, le kit vous coû.tera 858€.
Celle qui décoiffait
Cathédrale mécaniqueRetravaillé comme il l'a été, le bicylindre vertical affirme un peu plus Triumph en tant que motoriste inspiré. De 2500 à 5500rpm, soit sur la moitié de la plage utile, ce moteur est habité par la foudre : il en donne au moins autant qu'une V-Rod de chez Harley-Davidson, et la poussée ressentie évoque ni plus ni moins par moments qu'une V-Max de la nouvelle génération. Ce bloc propulseur est une incontestable réussite qui vous donnera le sourire à chaque accélération. Ce qui ne gâte rien, il s'avère raisonnablement souple pour un bi et acceptera de reprendre sous les 2000rpm sans trop regimber. Pour peu qu'on soigne ses passages de vitesses au niveau de l'embrayage, le 1700 vous garantit un effet catapulte sur chaque rapport. Et cette bonne santé se manifeste aussi en termes de vitesse de pointe : nous avons atteint le 200km/h au compteur (larguant au passage une R1 2008 !) sans que ce sacré moulin ne donne de signe de fatigue. De plus, sa démultiplication bien choisie lui permet de cruiser sans forcer le compte-tours : à 160km/h, en 6°. sur autoroute, on est encore à trois mille tours de la zone rouge . belle longévité en perspective, donc.
La boî.te est suffisamment douce et, à l'exception d'un embrayage tant soit peu viril, les transmissions se font oublier . à l'image de la courroie arrière bien plus discrète qu'un cardan et moins contraignante qu'une chaî.ne. Un bon choix, assurément. Bien entendu, la pression du vent se fait sentir dès 100km/h et il faut signaler que Triumph n'a pas prévu de pare-brise pour la Storm. Cela se comprend du reste, car une bulle déparerait forcément la ligne de la belle noire.
D'un point de vue dynamique aussi, la Storm vous en donne pour votre argent. Son cadre tubulaire en acier à double tube central assure à la moto une rigidité suffisante à laquelle se joignent les suspensions qui travaillent plutôt efficacement si l'on se souvient que l'on est sur un custom. En pratique, la Thunderbird Storm tient bien le parquet, ne se dandine pas et affiche même une bonne volonté évidente au moment de plonger en courbe. Rien à voir avec une sportive, certes, mais rien à voir non plus avec une V-Rod Muscle par exemple, laquelle demande pratiquement de " prendre rendez-vous " avant de pouvoir s'inscrire à la corde. Rien de tout cela avec cette Storm intuitive qui vous arrache aux courbes avec une vigueur étonnante. Si étonnante d'ailleurs qu'il ne faut pas méconnaî.tre l'importance du couple au moment de tartiner les gaz, sous peine de voir votre trajectoire s'élargir. Mais au fond, il n'y a rien que de très normal là-dedans, si l'on n'oublie pas que l'on parle d'une moto de plus de 300kg, et dont l'empattement atteint 1615mm. De leur côté, les freins (une spécialité Triumph depuis longtemps) font honneur à la marque : en couplant l'avant mordant et l'arrière énergique mais sans excès, on obtient des décélérations vraiment convaincantes, avec en prime la sécurité supplémentaire apportée par un ABS sachant se faire oublier.
Tiens en passant, quelques détails pour finir : la Storm vous offre un vrai klaxon qu'on n'est pas gêné d'actionner, l'éclairage en plein phare est excellent, la sonorité du gros bicylindre est satisfaisante car pas trop étouffée, et il subsiste sur la Storm ce qu'il faut de good vibrations pour se faire plaisir.
Celle qui pouvait voir venir
En guise de verdictAu fond, l'amateur de sportives que je suis ne pourrait mieux transposer ses impressions d'essai qu'en vous disant ceci : si j'avais à acheter un custom, ce serait sans doute la T-Bird Storm. A ce propos, une anecdote significative : alors que notre moto d'essai nous attendait chez TC Moto, à Zaventem, un client visite le show room dans l'espoir d'y voir une Rocket III. Le concessionnaire, sachant que nous ne viendrions pas tout de suite la chercher, lui propose d'essayer la Storm. De retour après une demi-heure, ce client signa d'emblée le bon de commande. C'est vous dire le pouvoir de séduction de ce cruiser qui sait s'extraire des normes.
Bon, assez parlé, nous avons une Speed Triple à essayer ! Quand on vous disait que la carrière d'essayeur n'avait pas que de bons côtés... Budget/Plaisir : 7/10 . Au quotidien : 7/10 .Sport : 6/10 .Duo : 5/10 .Débutant : 3/10. Rudy
Fiche technique
Triumph Thunderbird Storm - 15990€ en aoû.t 2011Moteur et transmission Type Bi-cylindre parallèle calé à 270°., à refroidissement liquide à double arbre à cames en têteCylindrée1699 cm3Alésage/Course107.1 x 94.3mmSystème d'alimentation en carburant : Injection séquentielle multipoint électronique, injection progressive selon l'ouverture de la poignée de gazéchappement : En inox de type 2 en 1 en 2 avec double paroi. Catalyseur de grande capacité, silencieux chromésTransmission finale : Courroie crantéeEmbrayage : Multi-disques à bain d'huileBoî.te de vitesses : 6 rapports, engrenage hélicoïdal du 2ème au 6ème rapportCapacité en huile : 4.2 litres
Partie cycleChâssis : Cadre Acier tubulaire, double tube centralBras oscillant : Double en acier tubulaireRoueAvant : Alliage Aluminium supress " coulé ", 5 bâtons, 19 x 3,5 poucesArrière : Alliage Aluminium supress " coulé ", 5 bâtons, 17 x 6 poucesPneu : Avant120/70 R19 Arrière200/50 R17SuspensionAvant : Fourche Showa de 47mm avec fourreaux de fourche en noirArrière : Double amortisseur showa à ressort chromé, avec réglage en précontrainte sur 5 positions. Débattement de 95mmFreinsAvant : Double disque de 310mm avec étrier Nissin à 4 pistons - ABS disponibleArrière : Disque de 310mm avec étrier deux pistons Brembo - ABS disponibleAffichage/Fonction des instruments : Compteur de vitesse analogique avec compte-tours intégré, écran LCD pour l'ordinateur de bord, la jauge à essence et horloge.
Dimensions et capacités Longueur : 2340 mmLargeur (guidon) : 880 mmHauteur sans les rétroviseurs : 1120 mmHauteur de selle : 700 mmEmpattement : 1615 mmInclinaison/Chasse : 32º./151mmCapacité du réservoir de carburant : 22 litresPoids (tous pleins faits) : 339 kgPerformance (mesurée au vilebrequin selon 95/1/CE) Puissance maximale : 98cv / 73kW à 5200 Tr/mnCouple maximal : 156Nm à 2950 Tr/mn www.triumph.co.uk
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