Introduction
Après une absence de pratiquement dix ans, Triumph se devait de se mettre à la page dans le segment de plus en plus porteur des GT. C'est chose faite avec la Trophy. Beaucoup ont hurlé au plagiat dès les premières photos. Un clone de la RT 1200 avec une touche de Pan ! On ne peut pas leur donner tort. Les englishs auraient-ils perdu leur sacro-saint sens de l'originalité ? Voyons cela d'un peu plus près ! Look déjà vu Il faut bien reconnaître que les concepteurs de la firme de Hinckley ont certainement passé leurs dernières vacances en Allemagne. Carénage haut et large, rétros intégrés, clignotants incrustés, guidon de sénateur, doubles phares ronds, bulle arrondie, valises intégrées, même l'antenne radio est placée au même endroit. Extérieurement, la Trophy est la copie quasi conforme de la BMW à une exception près : l'échappement et la transmission sont inversés. On peut regretter que la nouvelle anglaise ne se démarque pas davantage comme c'était le cas de ses aïeules la Trophy 900 et 1200. C'est donc ailleurs qu'il faut chercher l'originalité de cette moto.
Confort et ergonomie
Enfourcher une GT n'est jamais chose facile. Il faut lever la jambe bien haut tout en la pliant pour pas heurter les valises ou le top case. Avec une selle réglable culminant à 820 mm, c'est encore plus difficile. Mais une fois assis, c'est le grand confort. La selle bien large et profonde assure une assise royale et un espace de mobilité étonnant. Le guidon relativement haut permet une position bien droite. Un peu trop car il ne permet pas de prendre une position plus " sportive ", mais ce n'est qu'un détail. Les repose-pieds placés légèrement plus en avant que sur une Pan par exemple assurent une position très confortable des jambes qui, même chez les grands, ne sont pas trop pliées. La largeur adaptée de la selle et du réservoir permet de poser les pieds au sol sans problème, même à la hauteur maximum. La vue est bien dégagée et le tableau de bord offre une excellente visibilité. On se sent prêt au voyage.
SE pour " Super Equipée "La Trophy est proposée en 2 versions. Le modèle de base est déjà très bien équipé : selle réglable, valises de 31l permettant le rangement d'un intégral, bulle électrique avec mémoire de position, vide-poche étanche, 2 prises 12V, clignotants automatiques, cruise control, traction control, réglage des feux de position, béquille centrale. En ce qui concerne la SE, c'est réellement du " full options ". A l'équipement du modèle base, il faut ajouter sur la SE et pour la modique somme de 1800 € : le réglage électronique des suspensions (6 positions), le contrà´le de la pression des pneus, un port USB, radio et HP de 2x20w à réglage automatique du volume, prise auxiliaire permettant de diffuser les instructions du GPS par les HP et un système Bluetooth pour 2 casques permettant de recevoir des appels téléphoniques. Et si vous désirez un équipement royal, voici la liste des accessoires :- poignées chauffantes - sièges chauffants - selle basse 760/780 mm - sacoche de réservoir de 15 litres - sacs pour les sacoches - top case de 55 litres et sa prise 12V - sac pour le top case - support top case - dossier passager - bulle Touring (plus large de 38 mm et plus haute de 25 mm) - prolongement de garde-boue avant - support GPS - alarme - antivol U pouvant être rangé sous la selleLes amateurs de ballades confortables comme les voyageurs au long cours y trouveront leur compte. Pour ce prix, le top case et les poignées chauffantes pourraient être compris. Au niveau des valises, nous retrouvons le système TDLS qui permet à la bagagerie de basculer d'un angle de 5° afin de ne pas influencer le comportement de la moto. La conséquence inévitable de toutes ces options est un poids conséquent : 301 kg tous pleins faits. C'est d'autant plus regrettable que le cadre ne pèse que 11,3 kg, un record dans la catégorie. Par contre, les 23 kg de bagagerie (valises + top case) alourdissent considérablement la bête. Si vous voulez vraiment vous amuser avec la Trophy, délestez-la de cet embonpoint lorsqu'il n'est pas indispensable !
Motorisation pur plaisir
Si l'esthétique ne sort pas de l'ordinaire, c'est au niveau de la motorisation que l'anglaise se distingue. Le tricylindre de 134ch et de 120Nm de couple à 6.450 tours/minutes qui nous avait déjà séduit sur la Tiger fait également des merveilles sur la Trophy avec toutefois un étagement différent des rapports pour un plus grand confort sur longs trajets. Plus serrés au niveau des trois premiers, et davantage de type " overdrive " pour la 6ème afin d'améliorer la souplesse d'utilisation à 120 km/h. Triumph a également travaillé sur la transmission afin de réduire les vibrations, augmenter la souplesse et le confort d'utilisation. La transmission finale par cardan se fait très discrète et le passage des rapports ne nécessite qu'une légère impulsion sur le sélecteur. L'accélérateur ride by wire permet un dosage chirurgical de l'accélération tout en réduisant la consommation (moyenne de 5,7 l durant l'essai) et le niveau de pollution. Il autorise la présence d'un cruise control et d'un traction control, de plus en plus incontournables dans cette catégorie.
Sur la route, la Trophy est très agréable à piloter. Le " trois pattes " est d'une très grande souplesse tout en délivrant le punch nécessaire aux accélérations dignes de machines plus sportives. Malgré son poids conséquent, la Trophy est très maniable. La mise sur l'angle se fait sans problème et il faut vraiment le vouloir pour la pousser dans ses derniers retranchements. Au début, le rayon de braquage un peu long peut surprendre. La position haute du guidon demande également un certain temps d'adaptation, surtout lorsque la conduite se fait plus sportive.
Partie cycle à la hauteur
Triumph y a apporté un soin tout particulier. Outre le châssis " poids plume ", une fourche inversée WP de 43 mm réglable en détente et un amortisseur arrière réglable en précontrainte et détente offrent un grand confort. Le système TES (Triumph Electronic Suspension) permet 3 réglages différents en fonction du type de conduite (Normal - Sport - Confort) et de la charge (pilote seul - pilote + bagages - pilote + passager - pilote + passager + bagages). Le tout est réglable en voyageant dans le menu accessible gr âce à une commande située sur le commodo gauche. Un conseil : afin d'éviter les surprises, procédez aux réglages à l'arrêt avant le départ. Ces différents réglages apportent réellement un plus sur nos piètres revêtements.
Au rayon freinage, l'avant est assuré par deux étriers de frein Nissin à 4 pistons et un étrier arrière à 2 pistons. Le tout est contrà´lé par un ABS non déconnectable. Le système combiné est original dans la mesure o๠lorsque le pilote actionne le levier avant, seuls les pistons avants entrent en action. Lorsqu'il appuie légèrement sur la pédale, seuls les arrières sont concernés. Une pression plus forte permet à deux étriers avants d'entrer en action. Enfin, si la pédale est écrasée, c'est le freinage intégral. Bien que les freinages soient exemplaires, l'arrière manque un peu de mordant. Mais ceci explique certainement cela. L'ABS reste discret mais se montre efficace lorsque c'est nécessaire.
Ordinateur embarqué
Le nouveau tableau de bord est impressionnant. Entre les deux cadrans circulaires traditionnels, un grand écran monochrome (dommage) fournit au pilote une multitude de données. Son éclairage s'adapte automatiquement et il est personnalisable dans la mesure où vous décidez de ce qui doit être affiché grâce à deux menus paramétrables. C'est bien nécessaire car les infos sont très nombreuses : heure, rapport engagé, température, alerte verglas, température moteur, témoins de selles et poignées chauffantes à 2 niveaux de puissance, de cruise control, de jauge à essence, totalisateurs journaliers avec variantes de distances parcourues ou restant à parcourir, consommation moyenne, vitesse moyenne, autonomie restante, pression de pneus, temps de roulage, ....La Trophy est également " connectable " grâce à deux puces Bluetooth. ce qui permet d'installer deux kits interphone ou un interphone et un GSM.En ce qui concerne la radio, bien que n'étant pas un fana de cette option sur une moto, ou alors à l'arrêt et en sourdine, je dois reconnaître que la qualité sonore est excellente. La connexion USB située dans le vide-poche gauche vous permet d'écouter vos airs favoris, le titre s'affichant sur l'écran. S'il faut " chipoter " un peu afin de s'y retrouver au départ, l'utilisation de l'ordinateur de bord est relativement intuitive et aisée à partir de deux commandes situées à gauche. A quand le GPS intégré et l'écran tactile ?
Le plaisir de conduire
Au-delà de tout cet équipement pléthorique, la Trophy est réellement une moto qui procure une sensation de sécurité et de plaisir. Elle s'adapte à toutes les situations gr âce à son moteur polyvalent capable d'accélérations décoiffantes comme de ballades tranquilles ou de voyages au long cours. Le confort du pilote et du passager est royal. notamment au niveau l'espace disponible. La bulle d'origine protège parfaitement et les remous venant de l'arrière sont tout à fait supportables, même à grande vitesse.