Pour aller au Joe Bar
Motivé par un succès jamais démenti en 12 ans de carrière et par la Norme Euro3, Yamaha revisite sa XJR en douceur.
Il s'agit cependant d un travail plus profond qu il n en a l air a priori.Pour l occasion Yamaha nous a livré une version
" black " très chic de son gros roadster. S'il est vrai qu au premier regard, on pourrait encore la confondre avec un millésime précédent, quelques changements esthétiques sont clairement visibles comme l unique silencieux d échappement désormais catalysé et équipé d un EXUP (il a un petit look de Warrior mais en moins bodybuildé), des feux arrière à leds type R6 ancienne génération, une selle plus accueillante, des réglages de suspensions tous azimuts, et des clignos à cabochons blancs.
Vue par l arrière en tous cas, la XJR a considérablement rajeuni et embelli. De l avis de concessionnaires, il paraît pourtant que les clients potentiels demandent à obtenir des versions 2006 pour conserver le double échappement plus classique et convenant mieux d après eux- à l orientation du modèle.
Nous ne souscrivons pas forcément à cette démarche puisque le nouvel arrière nous paraît très réussi. Le tableau de bord, classieux comme le reste, n est pas des plus lisibles (surtout les voyants quand il fait soleil), mais il est néanmoins complet et propose entre autres une jauge d essence digitale, deux trips et une horloge.
Côté rangements, il faudra aller voir sous la large selle où vous pourrez ranger un (petit) cadenas de disque, vos papiers et une mini trousse à outils. Au guidon, la nouvelle position de conduite se révèle très confortable si ce n est la hauteur de selle de 795 mm qui oblige les grands gabarits à plier les jambes un peu plus que de raison. La passagère n aura elle aucune objection grâce à un haut confort d assise et aux suspensions réglables.
Et puis d ailleurs, si elle en a des objections, qu elle reste à la maison ! Non mais des fois. Fin de la séquence macho . bref, un vent de classe et un haut degré de finition souffle au guidon de cette très belle moto.
Injectée mais pas anabolisée
Pour respecter les normes anti-pollution et diminuer la consommation du gros bloc qui anime la XJR, Yamaha lui a greffé l injection de la R1 millésime 2004 et modifié les arbres à cames d admission. La question était évidemment de savoir si la proverbiale poussée des XJR des générations précédentes n y perdrait pas trop.
Disons que, si la XJR étire toujours les bras, elle le fait de manière notablement plus linéaire ce qui lui enlève un peu de sa superbe, et de son caractère. Oui, ça pousse toujours velu, mais on n a plus cette impression de coffre inépuisable qui prévalait jusque-là. Ceci dit, soyons tout de même réalistes : ce gros 4-pattes épate toujours en termes de souplesse, de couple et de reprises.
Pour pouvoir s exprimer, il lui faut de l espace pour enrouler sur le couple même s il ne rechigne pas à arsouiller à l occasion. La boîte 5 est un véritable modèle de précision et de douceur et est idéalement secondée par une poignée d embrayage hydraulique (eh oui, ça existe encore) réglable en 5 positions. On aurait cependant aimé avoir un 6ième rapport. Le bloc XJR aura tendance à vite chauffer si vous restez trop statique (en ville, par exemple).
Vous aurez alors la désagréable sensation d être assis sur un canon à chaleur sans oublier que la XJR pèse 222 kg à sec et n est pas vraiment à l aise en milieu urbain vu son gabarit. Car la belle n a rien du gabarit sylphide des street bikes de la nouvelle génération. Ici, on fait dans le gros, le lourd, l authentique, môssieu !
Du frein, du cycle et du châssis
On retrouve ici les étriers de la R1 avant qu elle cède à la mode radiale. Même si on ne parle pas de la toute dernière génération, le freinage reste néanmoins performant et très rassurant. On dirait même surprenant eu égard au gabarit et au poids de la machine. Car la puissance est impressionnante et dosable grâce à un réglage en 5 positions de la poignée de frein. Côté suspensions, on retrouve les désormais célèbres double amortisseurs Ohlins à l arrière et une traditionnelle fourche télescopique à l avant.
La nouveauté 2007, c est que tout est réglable en précontrainte, détente et amortissement, fourche comprise. Détail intéressant : on peut même modifier la précontrainte des combinés arrière sans clé à ergot, à main nue . pratique ! Maintenant, on sait aussi que la XJR, malgré son moteur enthousiasmant, ne recueillait pas trop les suffrages des plus sportifs en matière de comportement dynamique.
Qu en est-il à présent que tout est réglable ? C est incontestablement mieux : avec les réglages adéquats, la fourche assure mieux sa fonction de guidage (surtout lorsque le revêtement se dégrade), elle optimise aussi davantage le freinage parce qu on peut la configurer de manière à ce qu elle plonge moins. A l arrière, les Ohlins précédents faisaient déjà de l excellent travail . ceux-ci, bien secondés par la nouvelle sellerie, assurent d abord à l assise un confort de pullman.
Ensuite, et après recherche du bon setup, ils permettent de remettre gaz en toute sérénité, bien assistés qu ils sont par le bras oscillant. Mais alors, ça y est : la XJR tient le pavé comme le ferait une lourde sportive ?
Du calme, on n en est pas encore là : oui, elle a bien progressé et, désormais, même sa fourche (fort décriée dans le passé) donne satisfaction. Pourtant, les plus sportifs d entre vous lui trouveront toujours un tendon d Achille, inévitable en vérité : le cadre. Sur itinéraire sinueux, il se tordra toujours, tiraillé qu il est entre un bras oscillant rigide et une fourche qui ne s en laisse plus compter par le revêtement routier. Efficace et saine, oui . vive et sportive, non. Mais, à dire vrai, s attend-on à chevaucher une street bike quand on acquiert une XJR ? Nous en doutons.
Signalons aussi que nous avons changé de pneus au cours de notre essai, troquant les Pirelli Diablo Strada qui équipaient d origine la XJR contre les tout nouveaux Michelin Pilot Road 2.
Le profil plus sportif de ces derniers fait merveille sur une moto lourde comme la Yamaha qui en devient nettement plus facile à emmener sur l angle. Bien joué, Bibendum.Tout en douceurRien de révolutionnaire donc sur ce millésime 2007, si ce ne sont des adaptations techniques dictées par un souci d écologie. Cette XJR en profite pour atténuer certains défauts de comportement routier et de consommation tout en restant techniquement dans le coup mais en ne sacrifiant en rien son âme de gros roadster rétro. Les amateurs du genre ne seront pas déçus. La classe et la finition en plus par rapport à une Bandit, par exemple.