Yamaha XJR 1300 – 2013

A l'épreuve du temps

Plus intemporelle qu'aucune autre moto actuelle sans doute, la XJR fête cette année ses vingt printemps puisque la première 1200 date de 1994. La sortie de la Honda CB1100 a incité Yamaha à en placer une dans son parc presse. Pour notre bonheur et celui de Fred, un de nos lecteurs...

Sur la Grand-Place de Tournai où nous prenions quelques photos, une jeune femme en CBR 600 s'arrête et contemple la XJR. nous en profitons pour lui demander ses impressions: "Je croyais que la XJR n'existait plus. Je lui trouve quelque chose d'intimidant dans les mensurations. c'est vraiment autre chose qu'une sportive actuelle. En tous cas, j'adore son bruit. En fait, elle est magnifique!" Voilà qui en dit long sur le potentiel de séduction que présente toujours ce gros roadster qui, avec ses finitions léchées, ses freins de R1 (millésimes 2002/2003) et ses amortisseurs &Ouml.hlins n'est plus si basique que cela. Quant à son prix, qualifié de "net" par Yamaha (9990€), il reste raisonnable vu la cylindrée.

Pourquoi une XJR ?

A l'heure des méchants roadsters surarmés, de l'électronique envahissante ou, au contraire, du vintage, où se trouve encore l'intérêt d'une telle machine? Voilà une question que l'on peut poser de la même manière aux ingénieurs qui viennent de concevoir la nouvelle Honda CB1100. Une interrogation légitime tant qu'on raisonne en pure théorie car, une fois derrière le guidon, la XJR (comme la CB d'ailleurs) s'y entend pour faire voler en éclats les clichés les plus tenaces.

Une XJR n'est certes pas un prédateur des rues comme peuvent l'être les Z1000, Streetfighter et autres Superduke. il n'empêche que son gros moulin refroidi par air est depuis toujours cité en exemple en termes de gros couple velu et de facilité de conduite (calé en troisième, vous pouvez virtuellement utiliser votre XJR comme si elle était automatique). Nous avons même croisé quelques courageux qui l'emmenaient occasionnellement sur piste. il suffit d'y croire en somme...  Pure de ligne et remarquablement finie, la XJR doit d'abord séduire esthétiquement. Dès qu'on accepte son interprétation classique des plaisirs motocyclistes, elle peut s'imposer comme une évidence. vous le verrez en lisant les considérations de Fred, notre lecteur qui a saisi l'occasion de l'essayer. Alors, que gagne-t-on à rouler en XJR?

Une façon d'être peut-être, un style de vie en soi: détaché de certaines contingences, peu sensible aux modes éphémères, son propriétaire aime investir dans les certitudes et vole "au-dessus de la mêlée", laissant le soin aux teigneuses de s'empoigner pour établir une hégémonie qui ne peut être que passagère. Le pilote de XJR ne sera jamais l'adepte du vodka/Red Bull, il préférera déguster un alcool raffiné dans une ambiance cosy. Il se moque de la vitesse maximale car il sait que, ce qui importe vraiment, c'est la manière d'y arriver et pour ça, le 1251cc injecté s'y entend comme personne pour faire de chaque montée en régime un moment de plaisir savouré dans le velours de son couple vigoureux. Il gardera la tête froide parce qu'il sait aussi que la vénérable Yamaha s'appuie sur un freinage parfait, dosable, étonnamment puissant et endurant dans lequel, une fois n'est pas coutume, le frein arrière n'est pas qu'un ralentisseur. En selle, il profitera aussi d'un vrai confort que l'on peut partager sans crainte avec un passager, car les amortisseurs &Ouml.hlins s'y entendent pour négocier les aspérités routières sans les transmettre aux occupants. désormais réglable, la fourche de 43mm assure un guidage suffisamment précis en toutes circonstances. Lorsqu'il désirera occasionnellement se faire respecter par quelque roadster agressif, il saura qu'il lui faudra compter avec un poids présent mais équitablement réparti. Il s'attendra aussi à payer à la pompe le supplément de caractère offert par son moteur jamais avare de sensations, et il ne lui en voudra pas.

Qu'en dis-tu, Fred ?

Notre lecteur, essentiellement automobiliste, est venu à la moto voici un an. Il est donc bien placé pour décrire ce qu'apporte la conduite de la XJR. Vas-y, mon Fredo, contact !

Automobiliste depuis 22 ans, c'est le premier mai de l'année dernière, deux mois après avoir fêté mes 40 ans, qu'au hasard d'une conversation j'envisageai pour la première fois de monter sur une moto. Deux heures de test dans une moto-école, sur une Kawasaki ER6, suffirent à me convaincre définitivement du plaisir que je pourrais retirer de la pratique de la moto. Pourtant jusque-là, je n'avais jamais eu ni scooter ni mobylette. N'ayant pas le permis moto, mais souhaitant rouler au plus tôt, je me suis acheté une Yamaha YBR 125 toute neuve, que mon permis auto me permettait de conduire. Une petite chute plus tard, je me suis inscrit à une journée de formation "ma&icirc.trise moto" dans une école de pilotage afin de mieux ma&icirc.triser les freinages. Une journée passée sur une vieille Honda CB 750 "Seven fifty"... Très vite gagné par le virus, je passai mon permis moto en novembre 2012, revendis ma Yamaha pour acquérir une Kawasaki ER5 d'occasion et faire mes premiers kilomètres de "vrai motard" sur cette moyenne cylindrée. Bref, mon expérience de la moto se limite à un peu plus d'une année, et moins de 8000km parcourus. En janvier dernier, au Salon de la moto du Heysel, j'ai littéralement craqué devant la Yamaha XJR1300, me promettant que si je devais m'acheter une moto neuve ce serait celle-là et aucune autre. Un style très dépouillé comme je l'aime, du chrome, une ligne magnifique, une impression de puissance et de solidité. Un vrai coup de foudre !

Alors bien entendu, quand Objectif-Moto m'a proposé de l'essayer, j'ai eu à peu de choses près la même réaction que si j'avais gagné le gros lot à la loterie... La réaction de mes proches par contre, fut bien moins enthousiaste : "Tu n'as pas l'expérience pour ma&icirc.triser une moto de cette cylindrée, c'est bien trop dangereux, trop puissant, trop lourd, ...", mais qu'importe, tout cela ne suffit ni à me faire peur, ni à me dissuader de saisir cette opportunité. Et puis, outre le challenge, c'était une manière de vous éclairer sur ce qu'une telle machine peut apporter à un automobiliste si lassé de la congestion du trafic qu'il... prend désormais le train. Le grand jour arrivé, me voici donc assis aux commandes de la XJR de mes rêves... Première sensation marquante dès le démarrage : le vrombissement du moteur qui résonne à l'oreille. C'est du sérieux, et ça s'entend, même pour un profane ! Lorsque j'enclenche la première, la manette d'embrayage bien serrée, je sens immédiatement que la puissance de cette machine ne demande qu'à être l&acirc.chée. Il faudra y aller prudemment...

Quelques rues sinueuses, carrefours et ronds-points passés, je m'étonne de la facilité de conduite. La moto se faufile dans les ruelles avec une agilité étonnante, et je m'y sens curieusement plus à l'aise que sur ma Kawa ER5, pourtant réputée idéale pour les débutants. La XJR me permet même de faire un arrêt d'urgence, et de poser les pieds au sol sans aucun problème quand un piéton surgit devant moi. il faut dire que ça freine autrement que tout ce que j'ai connu. On m'avait tellement rab&acirc.ché qu'une grosse cylindrée serait trop lourde, pas assez maniable, trop puissante, que je m'étais préparé aux pires difficultés, surtout dans les zones 30 et 50 km/h, en ville. Vaines frayeurs, car tout se passe à merveille. Me voilà enfin sorti de la ville, sur une nationale qui alterne les longues lignes droites, et les virages que j'enroule avec une facilité qui continue de me surprendre. J'y vais toujours prudemment bien entendu, craignant le mauvais tour que m'ont prédit ceux qui connaissent mon expérience limitée de la moto mais déjà, j'ai eu le temps, lors de l'un ou l'autre dépassement de me rendre compte que les performances de cette machine n'ont rien à voir avec les quatre machines sur lesquelles j'avais fait mes armes. Arrivé sur l'autoroute, j'enclenche les vitesses les unes après les autres pour m'engager dans la circulation, et sans que j'aie eu le temps de m'en rendre compte, je sens que le vent tente de m'arracher à la machine. Un bref coup d'oeil sur le compteur me fait comprendre pourquoi : en quelques secondes j'avais déjà atteint les 160km/h, et la machine ne demandait qu'à aller plus vite, affichant à peine 6000 tours/minute !

La peur du gendarme, mais surtout la difficulté de rester accroché au guidon au-delà d'une certaine vitesse, me font ralentir dans les limites de la légalité. A cette vitesse, c'est grisant, mais il manque quelque chose à cette moto pour qu'on puisse apprécier toute sa puissance : des protections, un saute vent, ou quelque chose de ce style qui la rendrait plus aérodynamique. Mais justement, c'est ce style "naked bike" qui m'a séduit, alors je ne voudrais pour rien au monde "casser" sa ligne en lui ajoutant un pare-brise. De retour dans ma jolie ville de Tournai, je déambule dans les rues aux pavés irréguliers. Là encore, le comportement de la moto se révèle irréprochable. On est secoué bien s&ucirc.r, mais la tenue de route est là. Elle tient bien au sol. C'est là qu'on se rend compte enfin de son poids, et dans cette situation, il se révèle plutôt être un atout plus qu'un handicap, d'après moi, car je m'y sens bien plus en sécurité que lorsque je fréquentais les mêmes pavés au guidon de sa petite soeur, la YBR 125. Je décide ensuite de partir à l'assaut d'une route que j'ai arpentée des dizaines des fois : "La route des collines", une succession de virages, entre les collines de Frasnes, Ellezelles, Flobecq, Lessines. Le genre de route qu'on trouve dans les Ardennes, et sur lesquelles on croise des dizaines de motards. J'ai beau conna&icirc.tre cette route par coeur, j'ai l'impression de la redécouvrir aux commandes de la XJR. Le plaisir est décuplé par rapport à celui éprouvé lors de tous mes passages précédents. Les reprises, les démarrages en côte, les virages pris à la corde, sont un vrai délice à son guidon.

Comme toujours dans ces cas-là, le temps passe trop vite, et il est déjà temps de rendre cette belle machine que j'aurais volontiers gardée pour moi. J'en garderai le souvenir d'une moto alliant puissance et facilité de conduite. A condition d'adopter un comportement raisonnable et de ne pas l&acirc.cher les chevaux trop vite, cette moto m'a paru tout à fait à la portée d'un "pilote" aussi peu expérimenté que moi. Après ce premier contact, difficile de revenir sur une moyenne cylindrée. Mais je suis plus que jamais conquis et conforté dans ce que j'avais ressenti en la voyant : si je dois acheter une moto neuve, ce sera celle-là et aucune autre ! Fred

Fiche technique

Yamaha XJR 1300 - 9990€ en juillet 2013

Moteur TypeQuatre-cylindres en ligneDistributionDouble arbre à cames en tête. quatre soupapes par cylindreRefroidissementAirCylindrée1 251 cm3Alésage x course79 x 63.8 mmCompression9.7:1AlimentationInjectionPuissance98 ch à 8 000 tr/mnPuissance au litre78.3 chCouple11.1 mkg à 6 000 tr/mnTransmission EmbrayageMultidisque en bain d huileBo&icirc.te de vitessesManuelle. 5 rapportsTransmission finaleCha&icirc.nePartie-cycle CadreDouble berceau tubulaire en acierSuspension avantFourche télescopique. &Oslash. 43 mm. 130 mm de débattementSuspension arrièreBras oscillant. deux amortisseurs &Ouml.hlins réglables en précharge. 120 mm de débattementFrein avantDouble disque &Oslash. 298 mm. étriers 4 pistonsFrein arrièreSimple disque &Oslash. 267 mm. étrier 2 pistonsPneu avant120/70 x 17Pneu arrière180/55 x 17Dimensions Longueur2 715 mmLargeur765 mmHauteur1 115 mmHauteur de selle795 mmEmpattement1 500 mmPoids245 kg tous pleins faitsRéservoir21 litres

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