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Yamaha XJR 1300 2015: le vintage décodé

Yamaha XJR 1300 2015: le vintage décodé

Les esprits chagrins tanceront Yamaha de crier à la nouveauté pour une machine qui fête ses vingt saisons sans arborer de refonte mécanique depuis 2006. Comment ne pas adhérer cependant à cette déclinaison inspirée qui fait l'unanimité esthétique et dont le moteur est prisé depuis ses débuts?

A n’en pas douter, Yamaha a su décoder les thèmes essentiels du courant vintage, car des changements finalement limités lui permettent de proposer une machine que tout le monde s’accorde à trouver nouvelle et réussie. C’est peu dire en effet que la nouvelle XJR vous tire l’œil ; nous l’avons constaté tout au long de notre semaine d’essai : personne ne reste de glace face à sa silhouette reconnaissable et néanmoins transfigurée. Pourtant les modifications sont parcimonieusement réparties : un échappement et une plaque numéro façon scrambler, une sellerie allégée, un garde-boue évidé, un guidon large, des feux plus petits et un réservoir affiné en plastique lequel perd au passage la bagatelle de 6,5 litres pour ne plus en accepter que 14,5…

Yamaha XJR 1300 2015: le vintage décodé
Il est (trop) petit ce réservoir, mais sa protection en cuir est délicieusement rétro.

Quand on sait que la XJR a toujours eu bon appétit et que l’arrivée de l’injection en 2006 n’y a rien changé, on se dit qu’on va voir souvent son pompiste. Ben oui, avec une consommation moyenne supérieure à 8L/100km dans des conditions normales d’utilisation, faites le calcul. Il faut dire que le plantureux moulin remonte en fait au bloc FJ 1100 apparu voici plus de trente ans, à une époque où l’écologie ne menait pas les réflexions des responsables de projets. Quant aux confrères qui évoquent des consommations à peine supérieures à 6L, ils ont dû piloter la XJR comme des vieillards asthéniques. Ah ouais, peut-être que ça aussi, c’est vintage !

Yamaha XJR 1300 2015: le vintage décodé
Notez l'adoption d'un feu avant plus petit, typique de la vague rétro.

Un exercice de style
Nombreuses sont les déclinaisons réalisées par des préparateurs sur base de XJR ; et c’est doublement normal : d’abord parce que l’approche passéiste est dans l’air du temps, ensuite par ce que cette meule embarque une cathédrale mécanique qui, si elle perdu un peu de caractère lorsqu’on lui a adjoint l’injection, continue d’afficher une personnalité exubérante, de nature à réconcilier jusqu’aux amateurs de bicylindres avec un bon gros quatre-pattes bien velouté. Chez Yamaha du reste, l’inspiration vintage est bien établie dans la gamme, et la marque aux diapasons d’égratigner au passage une certaine concurrence qui, en l’espèce, s’en tient souvent au « réglementaire » bicylindre. Rien de tout cela chez Yamaha San : on va du mono (SR) au surpuissant V4de la VMax en passant par le bi de la XV950. Un bel éclectisme auquel s’ajoute désormais ce quatre-cylindres de 1251cc schizophrénique puisque disponible en version normale (celle que nous avons essayée, et sans doute la plus aboutie) et en version Racer, soit la même en noir avec des bracelets et une tête de fourche rétro du plus bel effet (1000€ de supplément) mais imposant une position bien moins naturelle eu égard à la philosophie de la machine. Qu’il s’agisse de l’une ou de l’autre, la finition y est de haut niveau ; nous regrettons seulement l’aspect trop « plastoc » d’une instrumentation qui, d’autre part, aurait pu s’enrichir malgré le respect dû au passé.

Yamaha XJR 1300 2015: le vintage décodé
Une plaque en alu brossé aurait donné plus de cachet à cette instrumentation qui reste rudimentaire.

Yamaha XJR 1300 2015: le vintage décodé
Agressive à souhait, la version "Racer" induit une position de conduite contraignante.

Une inspiration que les designers du cru sont allés quérir dans le monde des superbikes de la fin des seventies, à l’instar de Kawasaki avec ses ZRX. Cela confère à la XJR, en dépit de la pureté de ses lignes, une réelle agressivité latente mise en exergue sur notre version bleue, sans conteste la plus réussie. Bonne nouvelle : depuis l’an dernier, la XJR a perdu 5kg grâce à sa boucle arrière simplifiée et… à la disparition de sa béquille centrale, ce qui obligera à recourir à un support d’atelier pour le sempiternel graissage de chaîne. Enfin, c’est plus beau dit-on…
Du côté de la partie cycle, les périphériques sont reconduits tels quels, et l’on sait donc d’emblée que la XJR profitera d’une suspension douce qui favorise le confort même si c’est parfois au détriment de l’efficacité. Confort ? Vous avez vu le strapontin arrière ?
Vous trouverez chez nos confrères des avis largement négatifs concernant la place dévolue au passager. Seulement, nombre d’entre eux se sont contentés de rouler seuls et d’extrapoler. En réalité, la selle arrière est nettement plus accueillante qu’il n’y paraît et notre passagère coutumière s’est estimée fort bien traitée par une assise moelleuse, suffisamment grande et par des pose-pieds idéalement placés. Seul bémol d’après elle : des remontées de gaz d’échappement, à certains régimes, directement dans le casque. Du point de vue du pilote, le confort est total avec une particularité : l’assise plus basse de votre passager rend la nouvelle XJR un peu plus paresseuse que la version précédente en entrée de courbe ; un peu comme si, en raison de ce surpoids bas perché, l’arrière peinait à suivre l’avant. Ceci dit, le phénomène disparaît dès que l’on roule seul. Autre relatif désagrément au passif de la nouvelle sellerie : toute possibilité de rangement sous la selle disparaît. Pour éviter de transporter votre cadenas dans le sac à dos (lourd et dangereux !), vous l’arrimerez sans doute comme nous à la platine repose-pied passager, effaçant au passage son coloris noir mat…

Yamaha XJR 1300 2015: le vintage décodé
La selle customisée s'avère confortable pour ses deux occupants.

Yamaha XJR 1300 2015: le vintage décodé
Aperçue chez l'importateur, la version gris mat sied mieux à la XJR que le noir également disponible.

Une dotation bien connue
La XJR 2015 reconduit le double amortisseur Ohlins fixé sur le costaud bras oscillant cette fois teinté de noir. Ils font toujours bien leur office, mais on a connu les produits suédois plus confortables que sur cette XJR où leur manque de freinage en détente rend la moto bondissante sur les reliefs torturés de nos routes, et on éprouvera bien des difficultés à atténuer cette caractéristique en chipotant aux réglages disponibles.

Yamaha XJR 1300 2015: le vintage décodé
Les Ohlins arrière ne sont pas exempts de reproches.

De son côté, la fourche reste un peu molle; de sorte qu'elle filtre bien les irrégularités mais n'est pas la plus sûre garante d'une trajectoire au scalpel, surtout lorsqu'on ne roule pas sur un billard. Elle présente aussi une certaine raideur si l’on souhaite entrer en courbe sur les freins, de sorte que la XJR n’est pas la compagne idéale de celui qui aime improviser son pilotage, d’autant que son poids est là pour tempérer vos ardeurs tant à l’attaque sur routes sinueuses qu’en ville ou lors de manœuvres serrées. Soulignons aussi que le buste redressé tamise quelque peu la remontée d’informations en provenance du pneu avant, ce qui n’est pas un avantage en termes de pilotage. Autant vous le dire d’emblée, ceux d’entre vous qui connaissent les roadsters sportifs actuels devront se (re)faire au pilotage d’une vraie classique qui affiche par ailleurs le cachet du plus gros moulin à air actuel. Qu’est-ce à dire ? Qu’on enroule plus qu’on n’attaque, qu’on évite les corrections de trajectoires osées, qu’on n’oublie pas l'absence de toute assistance électronique –même pas un ABS, ça c’est une vraie lacune !- et qu’on sait qu’on ne suivra pas une sportive dans une portion sinueuse.

Yamaha XJR 1300 2015: le vintage décodé
Une position de conduite naturelle, mais qui nuit au retour d'infos.

Et pourtant, vous savez quoi ? Nous croyons sincèrement que le pilote d’une XJR 2015 n’a cure de ces limitations. D’abord parce qu’il dispose d’un quatre-cylindres à la forte personnalité et qu’il en tire un plaisir de conduite sans cesse renouvelé ; ensuite parce que ce moulbif est si conciliant qu’on se surprend souvent à exploiter son allonge et sa souplesse peu communes pour rouler en mode « full automatique » nécessitant un minimum de changements de vitesses. Enfin, ne méconnaissons pas le charme typiquement rétro d’une machine qui permet de renouer avec les plaisirs basiques du pilotage d’une « vraie » moto comme on les faisait avant, ou presque... D'autre part, la sonorité feutrée mais rauque et profonde de l’échappement réconcilie aussi les amateurs d’autres architectures moteur avec le 4-pattes, ce qui n’est pas négligeable pour un motard, comme chacun sait.

Yamaha XJR 1300 2015: le vintage décodé
Quoique feutrée, la mélodie du bloc XJR séduit.

Et puis, si l’on excepte les suspensions bondissantes sur mauvais revêtements, le confort est au rendez-vous. La sellerie est impeccable et offre un dosseret de bon aloi pour s’y caler sur les accélérations très franches, voire carrément étonnantes, dont sont capables les valeureux 98cv du bloc XJR. Evidemment, comme les canassons sont omniprésents sur (pratiquement) toute la plage de régimes exploitable, la machine répond à la moindre sollicitation, bien servie par une injection au dosage parfait. Du côté des transmissions, tout est relativement doux et se fait donc oublier, à l’exception notoire du passage de la première (et surtout à froid) dont le « klonk » brutal surprend au début. On se croirait presque sur un vieux bicylindre bavarois, c’est dire… Rien de rédhibitoire là-dedans, on se console aisément en profitant de la position de conduite revue par l’adoption du guidon plus large (et plus gros), lequel induit un buste redressé et des commandes, aux leviers réglables d’ailleurs, tombant idéalement sous les mains. Que les grands gabarits parmi vous notent que le dosseret, qui permet donc de se reculer, évite aussi à vos genoux de toucher les culasses protubérantes, lesquelles nous ont déjà coûté quelques pantalons brûlés par les générations successives de XJR !

Yamaha XJR 1300 2015: le vintage décodé
Alerte pour les échalas: les culasses protubérantes mettent en danger vos pantalons!

Concluons cette revue dynamique par un mot de freinage. Les étriers double piston de la nouvelle XJR ne sont autres que ceux qui équipaient déjà la première génération de R1, voici 18 ans. Encore une touche vintage, pardi ! Ceci étant, ce matériel archi-connu nous a semblé paradoxalement plus performant que jamais sur cette XJR qui conserve pourtant ses disques de 298mm hérités des millésimes précédents. Mordant, endurant et progressif, ce freinage sied à merveille à la mécanique généreuse de la XJR.

Yamaha XJR 1300 2015: le vintage décodé
Freinage parfait mais apport du nouveau revêtement de fourche peu évident.

Retour à l’atelier
De toute évidence, nous ne prétendrons pas que la nouvelle XJR est dénuée de points faibles : son poids, ses suspensions et son châssis perfectibles, son absence d’ABS difficilement compréhensible sur le modèle renouvelé lui imposent quelques limitations. Il en va de même pour sa consommation qui, jointe au réservoir raboté, limite considérablement son autonomie.
Et pourtant… Nous pensons que tout cela ne pèse pas grand-chose aux yeux du possesseur d’une XJR. D’une part parce qu’elle provoque une émotion esthétique à laquelle tout motard est très sensible et de l’autre parce que son moteur reste une référence en termes de caractère d’un quatre-cylindres. Sans compter le plaisir de posséder une machine qui focalise si bien les codes de la mouvance vintage.

Yamaha XJR 1300 2015: le vintage décodé

Yamaha XJR 1300 2015: le vintage décodé
Sans en avoir l'air, le bloc compteurs protège jusque 140km/h.

Yamaha XJR 1300 2015: le vintage décodé
Les plaques alu font bel effet mais sont sensibles au frottement des bottes.

 

Yamaha XJR 1300 2015: le vintage décodé

Rude42
Je suis motard et rien de ce qui est motard ne m'est étranger. Motard dès l'âge de huit ans et journaliste/essayeur moto depuis 1988. Une expérience tout à votre service...

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Commentaires

  1. je roule avec une XJR depuis 1995 ,la 1200 et suis passer à la sp 1300 dont je possède 2 exemplaires !!l une à 120000 km et sans jamais aucuns problèmes ;( si ,pièce usure comme roulements bras oscillant )

  2. Entièrement d’accord avec cet article, mon essai m’a laissé les mêmes (bonnes) impressions. Merci pour l’avis sur le passager, c’est rassurant. En bleu avec le pot Akra, elle est parfaite.

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