L'essai du Tricity 125 nous avait laissé sur notre faim et comme Yamaha propose désormais son scooter 3 roues en cylindrée 300cc, on lui a laissé une nouvelle chance de nous convaincre.
Le scooter trois roues n'est plus une nouveauté et plusieurs marques en ont dans leur gamme même si ça reste confidentiel : le Kymco CV3, le Peugeot Metropolis, le Gilera Fuoco et le king de la catégorie le Piaggio MP3. Oh pas que les autres ne soient pas intéressants mais comme le MP3 est très présent, quand on parle de trois roues, c'est souvent lui que l'on cite en premier. Chez Yamaha, on a aussi trois trois roues : le Niken et les Tricity 125 et 300. Le premier est une vrai moto avec un double train à l'avant, double fourche et impossible de le caler en position verticale par exemple. Le 125 que nous avions testé est plutôt limité à la ville mais qu'en est il de ce 300 ? C'est ce que nous allons découvrir pendant cet essai.
Immanquable avec deux roues de 14 pouces à l'avant qui ne sont tenues que par l'intérieur. Oui pas de fourche traditionnelle ici mais bien une fourche par roue, placée dans le sens de la route et reliées entre elles au dessus. Chaque roue peut ainsi absorber indépendamment les chocs. On n'est pas non plus sur un Can-am puisque le scooter ne dépasse pas les 815mm de large. Ca passe sans souci entre les voitures dans les files. L'avant du scooter est ainsi un peu plus haut et la bulle pourra vous protéger du vent et de la pluie bien que notre version était équipée d'une bulle sport. L'arrière du scooter est plutôt classique avec deux amortisseurs et une selle monobloc assez grande avec deux belles poignées pour le passager.
Sous la selle justement, le coffre est plus que généreux. On a pu y caser notre Hjc i100 et tout le matériel photo et vidéo. Ca se montre vraiment pratique au quotidien. On peut y placer deux casques ou une malette A4 par exemple. Par contre, on regrette de ne pas avoir de vide poche dans le tablier avant. Ca permet de ranger les clés, un GSM ou un mobile. Ici vous devrez ouvrir la selle et donc vous arrêter. C'est d'autant plus dommage qu'il y a bien une prise 12 Volt à l'avant.
Modernité oblige, le keyless vous libère d'un newman, on garde la clé dans la poche et doit juste tourner le bouton central et démarrer le scooter. Le grand écran surprend, là où certains sont passés au TFT couleur, on trouve ici un LCD. Grand et complet puisqu'on a même droit à la température (avec avertisseur sous les 3°), la consommation, une jauge, l'heure, un compte-tour (?) , le TCS (oui oui un contrôle de traction) et un voyant pour vous signaler quand on peut verrouiller le train avant. Ne vous en faites pas, j'y reviendrai. L'écran est lisible et c'est le principal.
Rien de spécial sur les commodos sauf évidemment le bouton pour bloquer le train avant. Oui, c'est une spécialité du trois roues sauf le Nikken où c'est impossible. Cependant, d'une marque à l'autre le principe n'est pas le même, certains automatiques, d'autres via une action du pilote comme c'est le cas ici. En arrivant à un feu rouge, vous allez entendre un bip et vous pouvez appuyer sur la commande qui verrouillera le train avant, ce qui vous permet de vous arrêter sans mettre le pied au sol. Il suffit d'accélérer pour que ça libère le train avant. Enfin, ça, c'est la théorie. Le blocage n'est pas ferme ce qui vous permet d'encore incliner le scooter mais d'un autre côté si vous n'êtes pas en équilibre au moment de l'activer vous allez vite avoir un souci. Faites donc bien attention de l'activer si le scooter est bien droit. Méfiez vous aussi en repartant ! C'est un peu surprenant parce que dès l'accélération le train avant n'est plus bloqué et il faut bien tenir le guidon. Ce n'est pas comme si vous pouviez rouler à très faible allure avec le scooter qui maintient son inclinaison.
Ceci ne vaut évidemment qu'à l'arrêt et au démarrage, en roulant, on ne sait pas l'activer. Mais on profite par contre de ce double train avant qui offre une très bonne tenue de route et avec les deux suspensions indépendantes permet de se sentir en sécurité peu importe l'état de la route. Même si une roue passe d'un trou, l'autre assurera la liaison au sol quoiqu'en Belgique, on arrive parfois à y mettre les deux roues...
Si vous craignez une certaine lourdeur, c'est vrai qu'il accuse presque 240 kg sur la balance mais une fois en route, le Tricity est surprenant. On ne sent pas de différence avec un scooter normal, il se faufile en ville et se joue des virages avec une facilité étonnante. On n'a pas l'impression de piloter un scooter différent d'un deux roues. Bien entendu, on a la sécurité supplémentaire mais sans perdre la facilité. Il n'y aura vraiment que si vous devez le reculer que ça sera moins facile.
L'autre bonne surprise vient de son moteur. Autant le 125 n'était pas assez puissant pour le poids, autant ce 300 permet de se déplacer en ville mais aussi de prendre l'autoroute sans avoir l'impression de vraiment le forcer. Si vous en doutez, regardez la vidéo ! J'ai profité d'un passage pour justement rouler à 120 km/h et le Tricity assure sans souci. Je ne dis pas non plus qu'on partira en week-end dans le sud de la France quoique par les petites routes, ça pourrait être sympa. Il faudrait voir aussi si l'abus des grands axes ne lui causera pas du tort. Mais au moins, c'est possible, ce qui permet aussi de ne pas se sentir coincé si on doit dépasser sur une route limitée à 70 ou 90, la réserve est suffisante pour ne pas se faire peur. En plus, la consommation est presque ridicule avec moins de 3,5 litres au cent lors de l'essai malgré le passage sur les grands axes. Avec 13 litres de réservoir, on peut atteindre les 350 kms et même les dépasser. Au prix de l'essence, on ne va pas se plaindre. Et vu le poids de l'engin, c'est encore plus surprenant.
Avec 3 disques de 267 mm, le freinage est à la hauteur. Il ne faut pas hésiter à tirer les deux leviers. C'est un autre avantage du trois roues, la stabilité est améliorée en courbe mais aussi au freinage et l'abs étant aussi de la partie, même sur sol mouillé, on ne devrait pas se faire peur. Le contrôle de traction est un plus mais je n'ai pas trouvé comment l'activer. Enfin, il fonctionne tout seul mais pour perdre la motricité il faudrait un sol particulièrement glissant pour mettre à mal l'adhérence à l'accélération. On a aussi un frein parking comme sur les autres scooters. Avec les trois roues, le train avant verrouillé et le frein parking, on peut même laisser le scooter sans mettre la béquille mais comme le verrouillage n'est pas total, je ne le ferais que pour un court instant.
Comme le Tricity peut être utilisé avec un permis B, on trouve aussi un frein au pied. Il est moins mordant que les leviers si on l'utilise seul mais comme c'est une obligation, il doit être là, même si au final on ne l'utilise pas. Et pour cause, il faut vraiment levier le pied et le reposer dessus pour freiner, pas très naturel en fait. Comme en plus l'espace pour les pieds n'est pas énorme, cette pédale gâche un peu le confort. Vous pouvez aussi opter pour deux positions pour vos pieds : à plat sur le plancher ou devant contre le tablier mais avec mon mètre quatre-vingt, c'est un peu juste. Dommage, la selle offre un bon confort et si on avait gardé une bulle plus haute, je pense qu'on serait bien à l'abris du vent et de la pluie. Idéal pour les trajets quotidiens et certains l'équiperont de manchons et tabliers pour l'hiver. C'est une façon de concevoir la mobilité.
Je n'irais pas jusqu'à remplacer ma moto mais je dois reconnaitre que pour les petits trajets, pour aller bosser, aller au sport et même pour certaines courses, le Yamaha Tricity est tout à fait adapté avec sa maniabilité, la sécurité des trois roues, sa faible consommation et son grand coffre. Oui, ce n'est pas fun, il n'y a pas de coup de pied au cul, pas d'angle de malade et de freinage de bucheron mais c'est pratique. Accessible aussi en permis B, on recommande quand même de suivre quelques heures de formation si vous n'avez jamais roulé en deux ou trois roues. N'oublions pas qu'il peut atteindre la vitesse légale sur autoroute et donc ailleurs aussi et que même si il est rassurant, ça ne se conduit pas comme une voiture.
Avec un tarif de 9499 €, il est évident que beaucoup ne pourront pas se permettre d'en avoir un en plus de la moto. Tout dépend de ce que vous recherchez dans un scooter. Le Yamaha Tricity 300 vous permettra de tout faire, du quotidien à la balade, il pourra tout faire, sans se sentir limité en autonomie ou vitesse. Il ne vous donnera pas des frissons mais vous accompagnera dans vos déplacements, seul ou à deux, avec même de quoi piqueniquer ou travailler sous la selle. Pour 2000 € de moins, vous avez aussi un Xmax 300 avec la même puissance pour 183 kg mais forcément, seulement deux roues. Autre avantage du Xmax, un écran TFT qui peut même intégrer la navigation, on regrette que notre Tricity n'en soit pas équipé et à première vue, la mouture 2024 ne sera pas non plus mise à jour sur ce chapitre.