La saison écoulée nous a permis de dégager des itinéraires alternatifs pour les navetteurs partant de Charleroi, Mons, Namur et Liège. Rapprochons-nous cette fois de la frontière française pour voir comment se réconcilier avec le plaisir motocycliste lorsqu'on quitte Tournai en vue de travailler dans la capitale.
Comme à l'accoutumée, nous chercherons à éviter l’inflation kilométrique et à proposer un parcours qui gomme l’ennui inhérent aux voies rapides. En l'occurrence, nos routes n'excèdent que de sept kilomètres un trajet standard empruntant l'A8/E429 (94km contre 87km) et sont faites tant de voies campagnardes que de portions de belles nationales pour accélérer l'allure. Notez que cet itinéraire "tournaisien" offre fréquemment la possibilité de reprendre l'A8/E429 à faible distance. Et puis, si vraiment le café du matin vous met trop à la bourre, rien ne vous interdit de profiter du tracé dans le sens du retour. Et pour nous accompagner, l'épatante Hyosung Bobber 125.
Capitale du "tournez-y"
Un fifrelin de culture générale pour commencer: fait fréquemment ignoré, Tournai est la commune la plus étendue de Belgique avec ses 214km²; à titre de comparaison, les 19 communes de l'agglomération bruxelloise atteignent à peine 160km². Vieille de plus de deux mille ans, c'est aussi une des plus anciennes villes belges. Son beffroi, le plus daté du pays là encore puisqu'il remonte au XIIème siècle et sa célèbre cathédrale aux cinq clochers sont inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco, pourtant ce n'est pas sur eux que nous nous sommes focalisés au départ, mais plutôt sur le Pont des Trous surplombant l'Escaut.
L'ouvrage d'art gothique datant du XIIIème siècle est aujourd'hui dans un état qui fait peine à voir. Pour permettre à cette portion du fleuve de laisser passer des bateaux de plus gros tonnage -le business, toujours le business!-, il a été décidé de remplacer ses arches médiévales. Après une consultation populaire, des années de palabres et de revirements ainsi que l'intervention de Stéphane Bern en défenseur du patrimoine, nos édiles ont enfin décidé d'un projet qui devrait respecter l'aspect originel du pont. "On ne sera sûrs qu'à la fin des travaux, nous confient des promeneurs habitant le quartier. Que d'argent investi en pure perte depuis 5 ans! D'ailleurs, les ouvriers n'apprécient pas qu'on s'attarde près du chantier. Vous avez remarqué qu'ils regardent de travers votre appareil photo?" Ma foi, c'est vrai que j'essuie des regards torves et que ma présence fait se crisper les mains sur les pelles...
Bref, gagnons notre point de départ officiel fixé à la Grand-Place, un endroit qui vaut le coup d'œil et que l'on quitte de la seule façon possible en descendant vers la spectaculaire Place de l'Evêché où l'on imaginerait sans peine Tom Hanks tournant une scène du Da Vinci Code. En bas de la rue, ce sera droite/gauche pour traverser l'Escaut par un des nombreux ponts de la ville. Première à droite ensuite jusqu'à un té où l'on prend à gauche vers un petit giratoire flanqué d'une belle église et c'est à droite jusqu'à un feu où l'on continue tout droit. La large avenue qui vous sort de Tournai est riche de stations-services et de concessionnaires automobiles multiples.
Au premier feu qu'on y rencontre, on prend à gauche et l'on suit la direction de Warchin; après être passé sous le pont de l'autoroute, comme par magie, on ondule en pleine campagne. Ce qui nous rappelle opportunément que le Tournaisis est aussi un tournez-y... Sur 16km, les (toutes) petites agglomérations le disputent à la campagne et on joue à cache-cache avec la voie ferrée menant à Bruxelles. Vous traversez alors Thieulain et la N60 pour prendre à gauche vers Grandmetz que vous parcourez en prenant à gauche vers l'église et en suivant la direction de Houtaing. A nouveau, l'itinéraire alterne campagne riante et zones rurales riches d'anciennes fermettes souvent fort bien restaurées. Parvenu à Houtaing, dirigez-vous vers l'église et son monument célébrant ses anciens combattants; vous quittez ce village fleuri (en saison, évidemment!) en prenant la direction de Mainvault.
En haut de la montée, face à deux arbres séculaires, vous atteignez la chaussée Brunehaut, et c'est à gauche, sur une portion de la "Route des Collines". A Mainvault, vous débouchez face à un gros commerce à l'enseigne jaune: ne continuez pas vers Ath mais bifurquez à gauche sur le chemin de la Planche de pierre. Vous traversez ainsi Ostiches et vous notez que les villages du cru sont abondamment fleuris à la belle saison, ce qui agrémente d'autant votre parcours. Dès que vous entrez sur le territoire de Lahamaide, vous butez sur un stop: tournez à droite.
Agréables nationales
Vous voilà sur la N529 dont la surface est usée parce qu'elle est propice au plaisir de conduite, mais qui n'est pas très cahoteuse. Et comme, de surcroît, elle est ondulante à souhait, on apprécie sa découverte et on la continue jusqu'à ce qu'un rond-point nous invite à continuer tout droit vers Lessines centre. Une fois qu'on a dépassé son bel Hôtel de ville, on descend la Grand'Rue en prenant à gauche. Nous y passons en début d'après-midi et l'impression qui prévaut est flatteuse parce que l'endroit reste bien vivant avec ses petits commerces attrayants autres que les enseignes que l'on voit dans tous les zonings commerciaux. Pour ceux d'entre vous qui choisiraient de s'y attarder, l'Hôpital Notre-Dame à la Rose est un must.
Il s'agit d'un couvent-hôpital tout droit sorti du Moyen Age mais aussi d'un des plus anciens hôpitaux d'Europe: chapelle, cloître, jardins, couvent sont des lieux où souffle l'esprit d'un autre temps. Les visiter vous transporte jusqu'au XIIIème siècle, cette période faste dont les historiens ont fait la "première Renaissance". Précisons pour les amateurs qu'on n'y accède que du mardi au vendredi et uniquement de 14h à 18h.
En bas de la Grand'Rue lessinoise, on prend à gauche vers Bois-de-Lessines jusqu'à un giratoire où l'on virera à gauche en prenant garde de passer en contrebas de l'église. Parvenu à un té, c'est à gauche vers Bever centrum par la N249. On traverse alors Tollembeek, bien connu des amateurs de balle pelote, jusqu'au té suivant où l'on choisit la droite vers Enghien, pardon Edingen avant d'obliquer de suite à gauche vers Galmaarden. Butant sur un nouveau té, on reprend à droite vers Tollembeek et, à hauteur d'une petite chapelle blanche, on tourne à gauche vers le passage à niveau. Encore un rien de culture pour préciser, puisque cela reste peu connu, que ces minuscules lieux de culte qui abondent dans nos campagnes sont les descendants des lares compitales romains, des divinités secondaires censées veiller sur la sécurité de la circulation sur les voies romaines, spécialement à hauteur des carrefours (compitus en latin).
Pepingen; la campagne flamande, c'est bien aussi... L'ancienne maison communale de Vlezenbeeek
Vous voilà de nouveau face à un té; opérez un gauche/droite qui vous conduit dans la Munkbaan. Certes, c'est une voie à circulation locale, mais nous vous incitons cependant à l'emprunter parce qu'elle s'avère bucolique à souhait avec son inattendu moulin à eau toujours opérationnel. On débouche sur un té où l'on choisit la droite par une route rurale et sinueuse qui nous conduit à la Vollezelestraat, en vérité la N272, que l'on emprunte vers la gauche. A nouveau, nous profitons ainsi d'une nationale à découvrir qui s'avère riche de virages et étonnamment vallonnée à travers des communes comme Herfelingen ou Kester, qu'on ne présente plus à ceux qui apprécient le motocross, et que l'on parcourt jusqu'à son centre en montant vers l'église après avoir traversé la N285. On prend ensuite à droite vers Pepingen sur des voies alternant pâturages et vergers; jusqu'à un stop où ce sera à droite vers Hal par la N28. Au feu suivant, on optera pour la gauche vers Elingen. Cela reste agréablement sinueux, on traverse le village et on continue vers Vlezenbeek. Se propose alors un té assez dangereux car on pense y avoir la priorité, puisqu'on occupe la voie principale, alors que le lieu est régi par la sempiternelle priorité de droite. On prend à gauche et l'on continue vers Vlezenbeek centrum.
Au giratoire suivant, on choisira évidemment la direction de Bruxelles, où l'on entrera via Leeuw-Saint-Pierre. Vous y aurez donc le choix de monter sur le ring ou de continuer vers le centre ville en traversant Anderlecht.
Hyosung Bobber 125: au bonheur des... automobilistes!
Avec des machines cubant jusqu'à 650cc, le constructeur coréen a à son actif des motos abordables aux prestations très correctes. Mais, qu'on se le dise, les Hyosung d'aujourd'hui n'ont plus grand-chose à voir avec celles d'hier tant elles ont progressé en finition et qualité des périphériques. Ce Bobber 125, c'est d'abord une bouille craquante qui reprend les particularités du genre: arrière court, empattement long, grand guidon et pneus épais. Tout au long de nos dix jours d'essai, cette esthétique n'a cessé de rallier tous les suffrages. Et puis, ne méconnaissons pas qu'on dispose ici d'une rare architecture moteur: un V Twin de 125cc d'origine Suzuki avec 3 soupapes par cylindre et développant 14cv; et un V Twin dans un Bobber, il n'y a pas à dire, ça fait rudement authentique, comme un petit air de Milwaukee!
Cette 125 dégage donc une belle qualité perçue, qui sera sans nul doute appréciée de ceux qui pratiquent les standards automobiles. Comme l'Hyosung est toute menue avec sa selle "culminant" à 710mm du sol, un pilote de grande taille craint un peu de s'y installer. A tort car chacun y trouve sa place; on note juste des repose-pieds hauts parce que la garde au sol de 150mm doit permettre de prendre de l'angle. Les moteurs Hyosung ont toujours été valeureux et celui-ci, qui affichait 1700km au compteur, ne fait pas exception. Linéaire mais sans faiblesse, il emmène son pilote au-delà de 110km/h avec aisance et sans manquer d'une certaine allonge. On note qu'il vibre très peu et que les suspensions sont sans sécheresse, dispensant un confort assez étonnant vu l'orientation de l'engin, et les 250km effectués d'une traite à l'occasion de cette balade l'ont confirmé. Le châssis induit un comportement prévisible qui rend la conduite sereine et le petit Bobber a le bon goût de ne pas se désunir si le revêtement se dégrade; chose évidemment très rare en Belgique... En plus, il se révèle plus agile que sa géométrie et ses gros pneus ne le laissaient à penser et son freinage est tout à fait à la hauteur avec son étrier triple piston à l'avant. Ce Bobber apparaît donc comme une des 125cc les plus séduisantes du marché. Il est à vous pour 4299€ et accessible sans permis à tous les automobilistes pourvu qu'ils aient une expérience de deux ans au volant.
Hyosung Aquila GV 125 S Bobber en bref
V Twin 4-temps, 124,7cc, refroidi par eau, injection, simple ACT, 3 soupapes/cyl, 14cv à 8500rpm, 5 vitesses. Pneus: 120/80-16 et 150/80-15. Freins: disques 270mm et 250mm. Fourche classique et 2 amortisseurs réglables en précontrainte. 167kg, hauteur de selle 710mm, réservoir 13L, consommation mesurée: 3,9L/100km.