Une certaine stature
Au premier coup d'oeil, on comprend qu'elle n'est pas là pour chasser du chrono ou faire l'aspi au premier venu, au contraire, vu la carrure, deux sportives peuvent se coller dans le sillon de l'Adventure. Il faut avouer qu'avec 990 mm de large, les tubes de protection à l'avant, autour du gros réservoir, et les valises à l'arrière ne font rien pour affiner la bête.La GS prend ici des dimensions à faire peur tant aux automobilistes vous voyant débouler dans leur rétro qu'aux motards (certains du moins) se demandant comment on fait pour la manier ou simplement comment grimper sur la selle. Eh oui, à 890 mm au minimum mais surtout à cause de son embonpoint et de la bagagerie, la selle ne s'offre pas à qui le veut et, même avec un mètre quatre-vingts, le déboîtement de la hanche n'était jamais bien loin.
On pourrait croire qu'une fois en selle, vous êtes sauvé mais il vous faudra en plus être capable de manoeuvrer le grand guidon en gardant une main sur chaque poignée...Oui la GS Adventure, ce n'est pas pour les petits ni pour aller chercher les croissants le dimanche matin... quoique !
Voyageuse au long cours
Vous l'avez déjà compris, l'Adventure c'est le trail version GT ou l'inverse, une tourisme pouvant lâcher l'asphalte sans souci.Elle est pile poil ce qu'il nous fallait pour la première partie de notre périple : après les 500 kms en Yamaha SuperTénéré, place à la balade des 5 pays avec la BMW R1200 GS Adventure.
Mais la pluie de ce 25 juin a bien failli tout gâcher et les deux premières étapes se firent presque uniquement par autoroute. Couillet - Maastricht sous et sur l'eau et, bonne nouvelle, l'Adventure est étanche, le pilote un peu moins. Toutefois, prenez garde, la monte pneumatique est étroite : 110 à l'avant et seulement 150 à l'arrière ! Les pneus ont fort à faire avec les 256 kg sans le pilote et ils n'aiment pas les réparations et joints dans les bretelles d'autoroute, lesquels nous ont valu quelques guidonnages pas rassurants.Heureusement que l'ABS et l'antipatinage sont efficaces sinon la sortie aurait tourné au plus court.
Une fois lancé, un petit clic sur le bouton " ESA " suffit pour passer les suspensions en mode confort et ainsi gommer les irrégularités de l'asphalte. Comme pour la K1300R que nous avions testée, n'oubliez pas de repasser en monde normal si vous attaquez les petites routes.Ce mode confort permet de voyager longtemps sans fatigue : une grande bulle réglée au plus haut, des coffres suffisamment accueillants et une autonomie à faire pâlir certaines petites citadines à 4 roues. Seule la selle vous fera rendre les armes après un bon 200 kms et l'arrêt à Maastricht sera le bienvenu. Après une petite pause, nous prenons la direction de Montschau en Allemagne (célèbre pour son marché de Noë.l) pour un trajet mixte autoroute et petites routes locales avec une dernière partie pleine de virages en tout genre, de quoi tester la maniabilité de la GS.
Après une halte gastronomique à l'entrée de Montschau (enfin de la saucisse noyée sous une sauce curry ou peut-être aux oignons... blurp!), on devait faire route vers Martelange, mais c'était sans compter sur la batterie de notre Garmin Zumo qui nous a lâché à l'arrivée de l'étape. Heureusement, on peut compter sur la solidarité motarde et on remercie " La Fouine et Mini " de nous avoir servi de guide pour le reste de la journée. Rassurez-vous, la GS a bien une prise 12 Volt mais sans le RAM-mount, impossible de brancher le Zumo (ou alors, il nous manque un accessoire).
Entre l'Allemagne et le Luxembourg, nous avons ainsi pu tester le mode " sport " dans les beaux virolos de la région et s'ils ne sont pas trop serrés, l'Adventure nous régale par sa précision. Seulement quand on parle d'épingles, d'angles droits, le tableau se corse : le gabarit et le poids sur l'avant se font sentir alors qu'étonnamment la direction semble légère. Elle préfère de loin les grands espaces et les courbes rapides où elle se place comme sur un rail. Le même souci apparäît quand il faut enchaîner les virages où il faut balancer le poids de l'un à l'autre. On profitera du contrôle de Martelange pour un premier ravitaillement, même s'il nous restait de la marge. L'ordinateur de bord, commandé au commodo gauche, nous informait d'une consommation de 5.7 litres et le réservoir en contenant 33, l'autonomie affichée est de 600 km... colossal (voir génial pour ce type de sortie).Il fait enfin sec, on va tester le côté sport de notre GS Adventure en repartant vers Beauraing et ensuite Givet par les petites routes.
Véloce mais sans plus
Il faut l'avouer, quitte à nous attirer les foudres de ses fervents défenseurs, cette GS Adventure nous a un peu déçu : lourde à l'arrêt et à basse vitesse, peu évidente dans les tournants trop serrés et pas à son aise dans les files à cause de sa taille. Heureusement, elle excelle sur les longs trajets, armée de son top case et des valises inox, elle vous emmènera loin et vite. La partie cycle fait merveille, les 3 modes de suspension réglables d'un seul bouton au guidon couvriront toutes vos demandes. Le système ABS avec ses disques de 320mm ne souffre d'aucune critique et en prime vous avez l'antipatinage pour éviter toute dérobade du pneu arrière, confirmé lors de cette sortie sous la pluie.
Et heureusement qu'il est là parce que le Twin de 1170 cm³. annonce 110 cv à 7750 tr/min et si vous êtes trop généreux avec la poignée droite, il vous viendra bien en aide. Et croyez-nous, quand une bête de 256 kg se cabre sous vos fesses, on se sent tout petit. Il en a de la santé ce Boxer et bien protégé, on doit garder un oeil sur le compteur.Nul doute que la GS " normale " devrait facilement faire oublier les points négatifs énoncés au début de ce paragraphe, nous le vérifierons lors d'un prochain essai.
Une spéciale pour vos spéciales
Un avis mitigé au final : elle a bien rempli son rôle pour notre grosse sortie : 600 km sur une journée sans trop de fatigue, ce n'est pas donné à toutes les motos encore moins avec la pluie pour compagne. Il lui manque, selon nous, le côté fun qui permet de se lâcher de temps en temps. Idéale en duo pour peu que pilote et passagère puissent monter sur la selle, on la déconseillera aux débutants : trop lourde et pourtant puissante. Les motards qui aiment les longs trajets y trouveront leur bonheur avec en plus la possibilité d'emprunter des sentiers non asphaltés, ceci n'étant pas notre spécialité nous nous sommes limités à du hors-piste pour super débutants comme vous pouvez le voir en introduction de notre vidéo. Nous laisserons le soin aux spécialistes de commenter ses aptitudes au rallye-raid, elle est après tout prévue pour ça. Prévoyez quand même un budget de 15.500 euro pour la GS Adventure de base.
Celle de notre essai avec les options vous en coûtera 18.690 euro..
Eh oui, les options sont douloureuses...