Si Harley se met au trail avec la Pan America, BMW ne leur ferait pas la nique en proposant un custom ? En présentant le concept de la R18, je ne pense pas que beaucoup ont vraiment cru qu'ils la produiraient vraiment un jour et pourtant, c'est bien cette moto hors du commun, la R18 first édition, que nous avons pu tester pendant plusieurs jours.
Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il ne font pas les choses à moitié : 2,4 mètres de long, presque 1 mètre de large et 345 kg en ordre de marche. Des dimensions qui pourraient sembler classiques pour un custom mais ça en impose, surtout quand on associe le logo BMW à une moto noire et chrome. Parce que du chrome, il y en a, du guidon aux échappements, aux jantes à rayons et un tas d'autres pièces que vous prendrez plaisir à lustrer. Une selle mono, basse à seulement 690 mm et en option seulement une deuxième pour une passagère. Pas de chaine ni courroie, la R18 se paye un cardan, visible sur la partie arrière, un autre choix surprenant.
Et pourtant, ce n'est pas encore tout ça qui attire l'oeil même si la plupart des passants, peu connaisseurs, étaient surpris de voir que c'était une BMW. Non, ce qui va d'office interpeller ceux qui la regardent, motards ou pas, c'est son moteur. Pensez-vous, vous avez devant vous le plus gros Boxer de la production bavaroise : 1802 cc. Si la cylindrée est presque courant dans les big customs, le choix du Boxer et de ses cylindres à plat peut surprendre. Quel look! Deux cylindres de 900cc de chaque côté, c'est juste immense !
Il n'est d'ailleurs pas qu'impressionnant visuellement mais dans les chiffres aussi. La R18 vous propose pas moins de 91 cv à 4750 tours seulement et surtout un couple de 158 Nm à seulement 3000 tr/min. BMW annonce même qu'entre 2000 et 4000 tr/min, vous avez toujours plus de 150 Nm. Autant vous dire que ça va vous allonger les bras ! Côté accélération, il y a vraiment de quoi se faire plaisir et user le pneu arrière à une vitesse indécente. Il est même surprenant de voir un bouton mode, sur un custom, c'est rare. Et comme BMW aime se faire plaisir, les modes sont : Rain (oui, il vaut mieux pour gérer le couple) mais surtout Rock & Roll. Si, carrément, un mode Rock pour la puissance max et Roll si vous souhaitez vous ménager un peu.
Et malgré cette démesure, votre custom BMW ne consomme qu'environ 5.5 litres au cent. Heureusement, le réservoir de 16 litres serait rapidement vide, surtout que la réserve de 4 litres est aussi comprise dans ces 16 litres. Du coup, j'ai quand-même pu faire presque 250 kms avant de passer à la pompe, sans pour autant l'avoir ménagée.
Clé dans la poche, je me pose sur la selle, j'allume la moto et le petit écran du compteur s'allume. Pas très grand mais lisible, il offre les informations nécessaires ou presque. La jauge est aux abonnés absents, c'est bien dommage. Un coup sur le starter et ... waw, quel balancement ! Logique avec un moteur pareil mais waw, ça vibre, à la rotation de la poignée la moto se dandine, impressionnant.
Il faut être grand par contre, le guidon est large et pour manoeuvrer à faible allure, il faudra bien le tenir des deux mains. C'est peut être le point le plus ennuyeux de la R18, en ville ou sur un parking, il faut un peu de savoir-faire pour ne pas se faire peur. Et pour la garer, BMW a même pensé à vous soulager le travail, du moins si vous optez pour l'option marche arrière. En passant, si vous la testez, pensez à demander comment ça fonctionne...(voyez dans la vidéo pourquoi)
La plus grande prouesse est sans doute de l'avoir rendue amusante à piloter. On la balance facilement d'un virage à l'autre, on ne touche pas au premier rond point et on prend son pied à enrouler comme un sauvage en faisant vrombir le Boxer. On aurait pu craindre le contraire mais quel engin. La partie cycle n'est pas innocente avec une grosse fourche inversée et une imitation hardtail à l'arrière. Esthétiquement, c'est beau mais en roulant, on apprécie. Enfin, tant que la route est lisse ou presque parce que sur de nombreuses bosses, le coup dans le guidon se ressent bien et plus d'une fois j'ai décollé de la selle, ce n'est pas agréable du tout. Si sur un custom, ce n'est pas si rare, je me dis quand même que comme elle existe en version touring avec une bulle et ses valises, elle gagnerait à avoir un peu plus de confort. Ca serait par contre au détriment de la tenue de route. On ne peut pas tout avoir.
Forcément, côté freinage, il a fallu penser puissance, vu les accélérations et le poids, BMW n'a pas lésiné avec pas moins de 3 disques 300mm avec des étriers 4 pistons. Sans surprise et ils remplissent leur rôle à merveille si on anticipe quand même un peu. L'ABS est bien entendu de la partie mais malgré tout, je me suis étonné d'allumer le pneu avant sur un gros freinage d'urgence, un exercice imposé par une gentille madame dans sa voiture qui ne m'avait pas vu. Merci BMW... pas certain qu'avec un autre custom, ça se serait passé aussi bien.
Evidemment, si custom rime souvent avec personnalisation (non je sais, ça ne rime pas), BMW n'est pas en reste avec les options ou les différentes pièces proposées comme les différents accessoires, siglés Roland Sands Design par exemple. Ce n'est d'ailleurs pas la seule option de notre moto d'essai : un bouchon verrouillable (un peu mesquin non ?), le phare avant Pro, les poignées chauffantes, l'aide au démarrage en côte, le cruise control, la marche arrière, la selle haute, l'alarme... Bref, 3095 € d'options à ajouter aux 22.850 €.
Oui ça fait beaucoup quand-même. L'aide au démarrage en côte peut se montrer pratique vu le poids, le phare pro offre une visibilité de jour comme de nuit et peut même éclairer l'intérieur des virages. Et encore, si vous la configurez sur le site de BMW, vous constaterez que les pièces usinées noires comme les couvre-culasses ou les embouts de guidon ne sont pas comprises dans le prix mentionné.
Mais vous savez quoi ? En fait, on s'en moque! Cette R18 n'est pas un choix raison, n'est pas un choix pratique, c'est la passion qui vous guidera. Avoir un custom qui étonne, une moto qui interpelle même celles et ceux qui ne sont pas motards. La R18 se fait remarquer et en prime, elle est amusante à piloter même si je préfèrerais un peu de souplesse pour ne pas rebondir sur certaines bosses. Mais si on aime, on lui pardonnera bien.